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Deux missionnaires africains sur la Côte-Nord
Sur l’écran de mon ordinateur apparait le visage souriant du père Gérard Tsatselam, originaire du Cameroun. Il est missionnaire dans une contrée toute blanche nimbée de mystères et traversée par des légendes issues du fond des âges : la Côte-Nord. Le père Gérard n’est pas seul à parcourir ce très vaste territoire. D’autres hommes d’Église venus du même continent ont laissé derrière eux familles et amis pour la même mission. Parmi eux, le père Nnaemeka Cornelius Ali, né au Nigeria. Le Verbe a fait leur connaissance afin d’en apprendre un peu plus sur la rencontre improbable entre des ecclésiastiques africains et le peuple innu.
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The Chosen, une série catholiquement correcte
*** AVERTISSEMENT : Cet article comporte une pléthore de divulgâcheurs. *** Je l’admets, j’ai levé le nez sur la série chrétienne The Chosen pendant plus d’un an. Et maintenant, je l’avoue, je suis accro et je #bingeJesus régulièrement. Je croyais que ce serait une petite série proprette avec une belle morale chrétienne, mais non. La distribution est incroyable, les acteurs excellents. Jésus (Jonathan Roumi) est crédible, attachant, profond : il rit, il danse, il fait des blagues, il est imprévisible et ne dit jamais de quoi demain sera fait (un running gag dans la série), il rappelle à l’ordre ses disciples surprotecteurs et orgueilleux qui ne
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Je suis nostalgique de nos vieilles amours
Mon mari dit que je suis nostalgique de nos vieux jours. Faut comprendre que c’est un poète, mon mari. Il dit ça parce que je deviens émue chaque fois que je vois un couple de vieux amoureux qui prennent leur marche en se tenant la main, que j’ai systématiquement le cœur lourd de penser qu’on ne vivrait peut-être pas ensemble aussi longtemps… Voilà. C’est pour ça qu’il dit ça. Chaque fois, c’est immanquable, je prends une voix aigüe, la même que lorsque je parle à mes bébés, et je lui dis : « Check! Ça, c’est toi pis moi, dans 50 ans ! »
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Jesse Mac Cormack : apprendre à donner
Jesse Mac Cormack est de ces musiciens qui prennent leur temps. Même s’il a lancé son premier EP Music for the Soul en 2014, il aura fallu attendre six ans pour Now, son premier disque de longue durée. Il a su se faire connaitre entretemps et attiser le désir des mélomanes avec Crush (2015) et After the Glow (2016), tous deux sous l’excellente étiquette montréalaise de Secret City Records (Patrick Watson, Alexandra Stréliski). C’est également à titre de réalisateur que Jesse Mac Cormack collabore à plusieurs albums, dont Le silence des troupeaux, le plus récent de Philippe Brach. Il a généreusement accepté de se confier au Verbe dans cette période de déconfinement. Qu’est-ce qui
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De la Syrie au Canada : l’appel de Dieu à l’étranger
Lorsqu’elle est partie, en 2012, Denise Sioufi ne savait pas qu’elle ne reverrait pas la Syrie. Bagages pour deux semaines en main, sa famille et elle pensaient revenir après le mariage auquel ils étaient invités au Liban. Mais comme beaucoup d’autres Syriens, la guerre ne leur a pas laissé le choix. Portrait d’une jeune syrienne dont la foi a su persister au-delà des frontières. À l’âge de 12 ans, Denise se reconstruit donc une vie au Liban. Quatre ans plus tard, alors qu’elle commence à s’y sentir chez elle, la demande d’immigration au Canada de ses parents est acceptée. Si
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Blanche en terrasse, Lamontagne en terroir
Voilà la chaleur de l’été qui s’installe. Quelle joie de pouvoir à nouveau profiter des terrasses récemment « déconfinées » ou simplement de nos balcons. J’étais justement en train de bénéficier du soleil dans ma cour arrière lorsque j’ai eu l’idée de cette chronique. Quelqu’un qui connait bien mes affinités avec la poésie québécoise venait de m’offrir une bière aux accents de pamplemousse, la Blanche Lamontagne. Je me suis alors demandé qui, parmi les amateurs de bière, connait l’identité de Blanche Lamontagne? Je vous propose ici de la découvrir. Sur l’étiquette de cette bière brassée par la microbrasserie gaspésienne Pit Caribou, on peut lire :
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Edmond J. Massicotte, illustrateur de l’âme d’un peuple
Edmond-Joseph Massicotte (1875-1929) est un artiste-illustrateur de grand talent: il a su représenter avec brio les racines profondes du Québec traditionnel. La façon la plus simple de découvrir l’œuvre de ce Montréalais d’origine est d’ouvrir le livre Nos Canadiens d’autrefois, publié en 1923. Cet ouvrage est une synthèse de l’œuvre de Massicotte qui illustre les traditions populaires des Canadiens français. Chacune des douze illustrations composant le recueil est commentée par un auteur contemporain de la publication, dont Lionel Groulx, Marius Barbeau et le frère Marie-Victorin. Tous ces personnages influents appartiennent à la mouvance du régionalisme canadien-français. Les élites sociales de l’époque,
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Dérives libertaires
À 14 ans, Camille Kouchner apprend que son frère jumeau est agressé sexuellement par leur beau-père, un professeur d’université très en vue dans les beaux milieux parisiens. Son frère souffre, mais il refuse de parler et demande à sa sœur de garder ce lourd secret. La familia grande (Seuil, 2021) ne raconte pas seulement l’histoire glauque d’un inceste et l’éclatement d’une famille, il décrit les valeurs troubles d’une « gauche caviar » – ce sont les mots de l’auteure. Un portrait à charge, certes, qui n’a cependant rien d’un pamphlet idéologique. Avec beaucoup de sensibilité, elle montre le versant sombre d’une pensée libertaire très
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La grande victoire de notre survivance
Les Américains ont leur Guerre d’indépendance, les Français leur révolution (ou le baptême de Clovis, si vous préférez), mais nous, les Québécois, quelle histoire avons-nous à nous raconter pour nous rendre fiers de nos origines et nous donner le gout d’aller vers notre pleine maturité? Des récits qui laissent perplexes Je suis navré de voir comment certains nationalistes, à la recherche de ce mythe fondateur, font des choix qui laissent perplexes. Un mythe fondateur, ou «récit national», est un évènement ou une lecture de l’Histoire susceptible de rassembler et de mobiliser un peuple. Or, on propose souvent par exemple la
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Crise de la santé ou de la vérité ?
Je faisais mon bilan de la dernière année l’autre jour. Et puis ça m’a sauté au visage : je ne connais aucun mort, ni même aucun grand malade de la covid. Non pas qu’elle n’existe pas ! Mais dans mon cas, je n’ai pas été touché personnellement par cette crise médicale, ni dans mon corps, ni dans celui de ceux que j’aime. Pour moi, comme pour beaucoup d’autres, j’ai surtout vécu la crise par le biais des mesures et des médias. J’en déduis que, pour une bonne part d’entre nous qui ne travaillons pas dans le système de la santé,
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Jeanne Mance : mystique, infirmière et… gestionnaire
Le 29 avril 2021, la vénérable Jeanne Mance a été intronisée au Temple de la renommée médicale canadienne. La réputation de Jeanne Mance comme fondatrice de Montréal n’est plus à faire, mais cette reconnaissance souligne l’apport indéniable de cette femme laïque à la médecine de son époque. Dans l’Église catholique, Jeanne Mance est surtout connue comme une des figures fondatrices de l’Église du Canada. L’histoire générale retiendra également d’elle qu’elle fut une des pionnières de la Nouvelle-France. Quant aux Montréalais, ils voient dans la figure de Jeanne Mance, avec Paul Chomedey de Maisonneuve, la fondatrice de leur ville. Qu’une femme
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#MeToo, le mariage et Dieu
Lui ne m’a pas reconnu. Ça se comprend : c’était il y a 14 ans déjà. Comment me reconnaitrait-il à travers les allées du Métro, les charriots et les masques ? Sans compter ma poussette… Il ne sait probablement pas que j’ai maintenant un fils ! Je le trouvais beau. Je venais d’avoir 15 ans, c’était un gros party et j’avais pas mal trop bu (pour me donner le courage de lui parler). J’ai été tellement malade ! J’avais la tête qui tournait, les idées confuses. Et je me suis retrouvée avec lui. Je n’étais pas vraiment contre. Je l’aimais bien et j’espérais qu’il
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Marc Tousignant: un père presque parfait
De l’extérieur, certaines histoires paraissent idylliques. Curieuse, je suis allée voir un père de famille « parfaite » pour mieux comprendre c’est quoi le truc. Regard sur la paternité assumée d’un homme qui a décidé de bâtir sa maison sur le roc. Marc est papa sept fois. Le matin, il se lève avant tout le monde pour s’assurer d’une douche bien chaude. Ensuite, il prend un temps, iPod en tête, en compagnie du Tout-Autre. Après, il descend à la cuisine pour faire le lunch de sa grande fille. Ce matin, il a fait son fromage. Entre deux brassées ? Pratique d’accordéon. Je lui
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La sècheresse
Dans l’univers niché des sciences de l’espace (espace comme dans « ça prend de la place » et pas comme dans « la lune et les étoiles »), on trouve une branche dédiée à la diagonalité. C’est-à-dire l’étude des choses placées à angle par rapport à la perpendiculaire. Les livres dans une bibliothèque, les oranges dans un présentoir, etc. Cette science théorique trouve son application dans plusieurs idées pratiques, comme les stationnements à angle, là où les rues sont trop étroites. Ce modèle s’est multiplié, au point où l’on sait maintenant qu’une voiture obliquée prend moins d’espace que la même voiture perpendiculaire, le nez
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Martin Steffens : « Nous sommes profondément des êtres de relation ! »
Le philosophe français Martin Steffens est l’auteur de plusieurs livres, dont le tout récent Faire face : le visage et la crise sanitaire (Première partie, 2021), coécrit avec Pierre Dulau. Lors de son dernier passage à On n’est pas du monde, nous l’avons interrogé sur le masque en tant que symbole d’une crise qui est loin d’être seulement sanitaire. Le Verbe : Martin Steffens, même s’il y a quelques différences entre le Québec et la France dans l’application de mesures sanitaires, dans les deux cas, il y a eu couvre-feu, interdiction des rassemblements, limitation des déplacements, etc. Mais dans ce livre, c’est surtout la question
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De l’autre côté des murs : rencontres à l’Aumônerie communautaire de Québec
Contrevenir à la loi. Être en état d’arrestation. Vivre hors de la société, dans un univers soumis à d’autres codes. En ressortir transformé ou avec des séquelles. Tenter de reprendre en main sa liberté et de se réinsérer autrement dans la société. Rencontrer l’Aumônerie communautaire dans ce processus douloureux pour retrouver confiance en sa dignité, malgré le crime commis et le jugement d’autrui. Voilà ce que Stéphane et Natacha ont vécu. La première rencontre de Stéphane Bouchard avec la coordonnatrice de l’Aumônerie communautaire de Québec, Caroline Pelletier, n’est pas allée de soi. L’ex-détenu vient de passer 15 mois derrière les barreaux
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Le racisme vu par deux Québécoises d’origine haïtienne
Durant la dernière année, le thème du racisme a souvent fait les manchettes. Que ce soit pour parler de l’affaire George Floyd ou de l’affaire Verushka Lieutenant-Duval, en passant par la polémique entourant l’existence du racisme systémique au Québec, la problématique du racisme suscite maints débats, parfois passionnés. Mais qu’en pensent les personnes qui sont directement concernées par cette réalité, à savoir les personnes issues des « minorités visibles » ? On peut facilement tomber dans le piège de penser que les « minorités visibles » parlent toutes d’une même voix. Cependant, les choses sont plus complexes et on observe, à l’intérieur même des communautés
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Carl Bergeron : « Comme le génie, la sainteté est le témoignage d’une vocation plus haute de l’humanité »
Né en 1980, Carl Bergeron est l’auteur de Voir le monde avec un chapeau (Boréal, 2016) et d’Un cynique chez les lyriques. Denys Arcand et le Québec (2012). Il vient de publier La grande Marie ou le luxe de sainteté (Médiaspaul, 2021), un essai d’une rare densité sur Marie de l’Incarnation et le destin de la nation. Entretien. Le Verbe : Qu’est-ce que la « grande Marie », une mystique catholique pur jus, a encore à nous dire sur nous-mêmes, Québécois sécularisés que nous sommes ? Carl Bergeron : Marie est une sainte récente (canonisée seulement en 2014), dont l’œuvre colossale est « en réserve » : pour la culture québécoise, qui pousse parfois le
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Désirs de célibataires
Au Québec, quatre personnes sur dix sont célibataires. Mais au fait, qu’est-ce qu’un célibataire ? Répondre à cette question n’est pas si simple, car, malgré quelques grandes lignes communes, la palette de couleurs du célibat apparait très variée : choisi, subi ou consenti ; jeune, veuf ou divorcé ; laïc, prêtre ou consacré, etc. Après avoir discuté avec quatre femmes et deux hommes célibataires, force est de constater qu’il est complexe, voire quasi impossible, de parler du célibat sans parler du désir de relation. Comme si ces deux réalités qui nous semblent souvent contraires ne peuvent faire route l’une sans l’autre. Regard sur ceux
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Olivier, à fleur de peau : la réadaptation du cœur d’un grand brulé
Le 26 avril 2006, à l’âge de 22 ans, Olivier Lessard tombe dans une flaque d’essence en feu. Il se transforme en torche humaine. Il venait pourtant de rencontrer Dieu et songeait même à lui donner toute sa vie. Histoire d’un ressuscité. Adolescent, il avait mis le bon Dieu de côté, mais pour faire plaisir à sa grand-mère, il s’était inscrit au parcours Alpha de sa paroisse. « C’était vraiment intéressant ! J’ai été touché par Dieu. Une flamme s’est rallumée en moi, et ça m’a amené à me questionner sérieusement. Je n’avais plus envie de vivre une vie sans Dieu, centrée sur le
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Les dieux de la glace
Article paru dans le numéro Sport de la revue La vie est belle. Réactualisé et mis à jour le 8 juin 2021. Le sport, c’est sacré. Le sport rassemble et divise. Le sport promeut la paix et la rivalité. Le sport, c’est aussi et surtout le miroir de nos bipolarités : nous sommes peureux et courageux, pacifiques et guerriers, individualistes et collectivistes. Car le sport a quelque chose d’étrangement social et religieux. Et si le sport est le miroir de la société, il ne faut pas se surprendre de trouver quelques fantômes dans le forum et quelques prières d’avant-match. La religion faisant partie – parfois
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Raconter ses péchés pour être aimé
Dernièrement, j’ai été particulièrement touchée par deux entrevues, fort différentes de prime abord, mais en réalité tout à fait convergentes : la dernière chronique de Simon Lessard à On n’est pas du monde à propos du psychologue Conrad W. Baars et le témoignage de Clémentine à Tout le monde en parle. Simon Lessard a expliqué que, selon Conrad W. Baars, l’un des plus grands problèmes psychologiques de notre temps consiste en une « privation émotionnelle », c’est-à-dire un manque d’amour gratuit et inconditionnel. Le témoignage de Clémentine illustre cette thèse parfaitement, elle qui, par manque d’amour, s’est faite sugar baby, jusqu’à se voir entrainée malgré elle dans le réseau de la
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La pédagogie de la Visitation avec Marie de Lovinfosse
Il y a des visites exaltantes et des visites libératrices. Des visites qui changent une vie et des visites qui donnent la vie. Celle entre Marie et Élisabeth, racontée au début de l’évangile de Luc, revêt toutes ces qualités. Le Verbe a demandé à une passionnée de la Visitation, sœur Marie de Lovinfosse, de nous commenter ce récit biblique qui nous invite à transformer toutes nos relations. Vos recherches doctorales portaient sur le thème de la visite de Dieu. Que signifie cette expression? C’est un thème immense! Dans l’Ancien Testament, le mot grec episcopei, «visite», a un sens plus diversifié que dans le Nouveau Testament.
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Le Talmud : la clé pour comprendre le judaïsme
Les 17 et 18 mai derniers, les Juifs ont célébré la fête de Chavouot (ou Pentecôte) qui marque le don de la Torah au peuple d’Israël. Cependant, Moïse n’a pas seulement transmis une Torah, mais deux ! En effet, les Juifs ont reçu simultanément une Torah écrite et une Torah orale (le Talmud). Mais qu’est-ce que cette « Torah de la bouche » ? Le don de la Torah a eu lieu, selon la tradition juive, en l’an 2448 du calendrier hébraïque, au 15e siècle avant l’ère chrétienne, soit il y a plus de 34 siècles. Ce don s’est incarné symboliquement par les Dix Commandements lors