
Lucie Denicourt et Halte rencontre – Magog
À 71 ans, Lucie a décidé de fonder Halte rencontre avec le soutien de son mari. Cette halte accueille les personnes seules de tous âges. À travers différentes activités, elle vise à les encourager à découvrir leurs talents et à les mettre à profit en développant des projets au service de la communauté.
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Le Verbe : Comment cette œuvre est-elle née?
Lucie Denicourt : Mon mari, Guy, et moi, on se baladait tranquillement à vélo quand une femme m’envoie un grand sourire. Ça m’a rendue toute joyeuse. J’ai partagé cela avec mon mari, et il m’a dit qu’il avait été touché lui aussi. J’ai réalisé toute l’importance du sourire. Ça m’a donné envie de commencer à faire l’accueil à l’église le dimanche.
Je ne m’attendais pas à ça, mais j’ai accueilli des jeunes qui ne connaissaient rien à la religion ou à Dieu. L’un d’entre eux venait de faire une tentative de suicide. Sans hésiter, je l’ai recruté pour faire de l’accueil avec moi. Un autre jeune venait de la DPJ. Il était toujours tout recroquevillé. Je suis allée le voir et je l’ai invité à faire l’accueil avec nous. Il était baptisé, mais rien d’autre. Il priait avec beaucoup de ferveur, mais ne connaissait rien. Il a soudainement voulu faire la catéchèse même si ça devait lui prendre trois ou quatre ans. Un garçon de 13 ans!
Après quelques dimanches, on s’est retrouvé avec un groupe de jeunes. Tous avaient eu des adolescences difficiles. On les a vus reprendre gout à la vie, se renouveler totalement. Ça m’a donné une telle joie de voir ces transformations que j’ai voulu transmettre la joie de donner à d’autres!
Pourquoi créer une halte?
J’ai consulté des statistiques et j’ai été très surprise d’apprendre que ce sont les jeunes âgés de 15 et 24 ans qui souffrent le plus de solitude, avec les personnes de 75 ans et plus. J’ai senti l’impact que pouvait avoir un simple sourire. J’ai eu envie d’aller vers les gens qui étaient seuls, tristes, isolés, mais en dehors de l’Église. Je suis allée voir les organismes communautaires. Je ne connaissais rien au communautaire. J’ignorais que des gens manquaient de nourriture à Magog! Ça m’a transpercé de voir ça!
Je suis allée voir mon curé et il m’a offert le sous-sol de l’église. La Halte rencontre est un projet «hors des murs» de l’église, communautaire. Que les personnes croient ou non ne change rien. C’est une affaire d’amour, d’accueil fraternel sans jugement, dans la joie. Dans le fond de mon cœur, c’est une famille. C’est tout!
Depuis le début, en janvier 2025, à chaque rencontre, c’est une personne de plus qui arrive et qui amène un ami. La dernière fois, un homme du groupe m’a confié tous ses problèmes familiaux. Un jour, une femme est venue après avoir lu l’article sur la Halte dans le journal local. Elle a dit: «J’ai parfaitement le profil des gens que vous visez! Je suis seule au monde! Je n’ai rien ni personne!»
Mon but, c’est que ceux qui viennent pour vivre la fraternité deviennent un jour des bénévoles afin de goûter à la joie de voir la transformation chez les autres. Si Dieu le veut, ça arrivera! Pour l’instant, on jase, on s’amuse à jouer aux cartes, à des jeux de société. On y va avec le gout des gens.
Je leur ai parlé de développer leurs talents, en montant une pièce de théâtre, par exemple. L’un nous a dit qu’il joue du violon, un autre qu’il dessine, l’une a chanté dans une chorale autrefois. Ils sont pleins de talents! Il y a beaucoup de personnes qui sont retraitées actuellement et qui pourraient tellement donner! Nous voulons, par cette implication, leur faire prendre conscience qu’ils sont importants, qu’ils ont de la valeur, que nous avons besoin d’eux. La Halte rencontre, je le crois, aura des répercussions. Une petite roche qu’on lance dans l’eau et qui fait des vagues…
La Halte rencontre accueille les mardis et les jeudis de 13h30 à 15h, au 900, rue Sherbrooke, Magog, derrière le presbytère Saint-Jean-Bosco, à la salle Gilles-Gingras.