Photo: Marie Laliberté

Jade Bédard et Histoires d’espoir – Montréal

Jade Bédard, 32 ans, est intervenante en milieu scolaire. Elle vient de créer l’organisme Histoires d’espoir avec une amie photographe et vidéaste, Kristina Bastien. À l’aide d’un court-métrage, Histoires d’espoir raconte le parcours de familles récemment arrivées au Québec. Elles sont immigrantes régulières ou en processus de demande d’asile. Le but? Donner de l’espoir aux immigrants découragés et sensibiliser les Québécois à leur réalité. Leur foi en celui qui demande d’accueillir l’étranger pousse les deux cofondatrices à agir concrètement.

Ce contenu n'a pas été chargé automatiquement puisqu'il provient d'un fournisseur externe qui pourrait ne pas respecter vos préférences en matière de témoins.

Le Verbe: Comment cette œuvre est-elle née?

Jade Bédard: Lorsque la covid frappe, je dois soudainement télétravailler. J’accompagne individuellement les familles, mais je n'ai plus de projets. Je suis comme morte! J'ai besoin de développer quelque chose et c’est là que je pense à Joy et à sa famille, arrivée du Nigéria. Je lui demande de raconter son parcours migratoire en se filmant avec son téléphone; le résultat est bouleversant. Kristina me dit que c’est trop beau pour qu’on fasse ça avec un téléphone. Il faut mettre cette histoire en valeur. Comme c’est son métier, elle décide de filmer Joy.

  • Photo: Marie Laliberté

Pourquoi raconter ces histoires?

Mon travail consistait à accueillir les parents des élèves immigrants. Je leur posais des questions sur leur parcours migratoire afin d’aider l'école à mieux connaitre ces élèves. L’enfant avait-il vécu la guerre? Avait-il des traumas? Quelles difficultés la famille avait-elle traversées?

J’accompagnais aussi les familles dans leur processus d’intégration au Québec. J’allais souvent les visiter à leur domicile. Je voyais toutes leurs difficultés, les barrières sur leur parcours. La situation des demandeurs d’asile est grave: les familles n’ont pas accès aux mêmes ressources que les immigrants ordinaires. Il y a une multitude d’embuches dans leur intégration, sans compter les traumas, les deuils et le choc culturel.

J’étais témoin de leur persévérance, de leur débrouillardise, de leur résilience et de leur incroyable courage. Ce sont des personnes extrêmement fortes, malgré des épreuves souvent traumatisantes. Je voyais qu’elles faisaient tout ce qu'elles pouvaient pour s'intégrer au Québec.

À l'inverse, j'entendais autour de moi des commentaires négatifs comme: «ils n'apprennent pas le français», «ils ne veulent pas s'intégrer», «ils profitent du système» ou «ils ne font rien».

Mon but premier est d’aider les familles immigrantes en leur donnant l’occasion de raconter leur histoire. Cette histoire peut ensuite devenir source d’espérance pour d’autres familles immigrantes découragées.

Le deuxième s'est développé tranquillement dans mon cœur à force d’entendre les commentaires négatifs. Ces gens-là aussi doivent entendre leur histoire, ils devaient être sensibilisés. Je crois vraiment que la meilleure sensibilisation, c'est le partage de vécus. On entend le cœur de la personne, ce qu'elle vit dans son quotidien, comment elle le vit, comment elle arrive à surmonter ces épreuves. Entendre des histoires authentiques et réelles redonne toujours espoir et ouvre notre esprit.

Pour en savoir plus :

Cinq familles ont déjà raconté leur parcours, cinq autres sont à venir. Jade et Kristina aimeraient se consacrer entièrement à ce projet. Histoires d’espoir est affilié au Centre Multi-ressources de Lachine et peut émettre des reçus de charité aux donateurs.

Brigitte Bédard
Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.