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Photo: Marie Laliberté

Jennifer Viger et Sandwich sans nom – Montréal

En 2018, âgée de 25 ans, Jennifer crée Sandwich sans nom. Au départ, la mission est composée de trois ou quatre bénévoles qui font et distribuent des sandwichs aux personnes itinérantes des quartiers de Montréal. Aujourd’hui, l’organisme a doublé ses effectifs, mais les itinérants augmentent aussi toujours en nombre.

Le Verbe : Comment cette œuvre est-elle née?

Jennifer Viger : À l’invitation d’une amie, je me suis jointe un jour à l’abbé Claude Paradis pour visiter les itinérants dans les rues de Montréal. J’ai beaucoup échangé avec eux; je les ai apprivoisés. Plus tard, une autre amie m’a initiée à la distribution de sandwichs. Et j’ai eu la piqure.

Pour la deuxième mission, j’invite des gens, et huit bénévoles se pointent. Puis, ce sont les Franciscains de l’Emmanuel qui nous rejoignent. Pour Frère Charbel, je suis une sœur pour les itinérants. Pour Frère Denis, j’apporte les valeurs de saint François dans la rue. C’est vrai, ces valeurs-là sont en moi, elles ont toujours été là.

Plus jeune, j’ai connu des moments très difficiles dans ma vie. Grâce à la rencontre de quelques personnes, à la Bande FM, entre autres, j’ai pu trouver un lieu, une communauté. Sans eux, j’aurais pu me retrouver à la rue moi aussi. Les itinérants, je les comprends.»

Une mission avec Sandwich sans nom, ça ressemble à quoi?

Avec les bénévoles, on se rassemble au sous-sol de l’église et l’on prépare les lunchs. On donne aussi des gants, des bas, des chandails. Avant de quitter pour les rues, on se réunit pour quelques consignes. On part ensuite en groupe de trois ou quatre rejoindre les itinérants. Les plus expérimentés sont chef d'équipe.

On sait où les trouver. Sur l’avenue Mont-Royal, ce sont les Inuits, coincés à Montréal parce qu’on leur a payé un billet pour venir se faire soigner ici, mais qu’on ne leur a pas payé le billet de retour. Souvent, il y a de la maladie mentale. Ils sont si heureux de recevoir un lunch. Ils nous disent merci dans leur langue. On a de beaux échanges avec eux. Il y a le centre-ville, le métro Beaudry, le métro Atwater. Frère Emmanuel connait beaucoup de spots. On vient d’en trouver un nouveau: le métro Lionel-Groulx.»

Ce qui fait la différence de notre mission, c’est la qualité de l’écoute et le temps donné généreusement: interagir, écouter, encourager, développer une amitié. L’itinérant est mon égal, mon frère, ma sœur. Je transmets cette façon d’être. Pour moi, c'est une maternité spirituelle: je veille, j'encourage, j’éduque. Comme une maman, je vais encourager le bénévole à donner lui-même le café à l’itinérant pour qu’il surmonte ses craintes.

On prend le temps de parler avec les itinérants. Le sandwich est un prétexte, car ils ont soif d'écoute et d'attention. Ils ont été ignorés toute la journée; on leur a donné de l’argent, mais on ne leur a pas parlé.

Il faut arriver doucement vers eux. La rue, c’est leur maison. Tu n'arrives pas devant eux avec tes gros sabots. Frère Denis nous a beaucoup aidés dans cette approche.

Dans le fond, c’est d’actualiser la parole du Christ: «Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli». (Mt 25,35)

En 2018, Sandwich sans nom distribuait 26 sandwichs mensuellement. En 2024, c’était 55. La mission a lieu tous les 3e lundi du mois. L’objectif est de parvenir à faire plusieurs distributions par mois. L’organisme est situé au sous-sol de l’église Saint-Jean-Baptiste au 4240, rue Drolet à Montréal.

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Brigitte Bédard
Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.