Nos articles
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Qui ne croit en rien croit en tout
Ce vendredi, j’ai une journée chargée. J’enseigne la logique au Grand séminaire de Montréal le matin et je donne une conférence à l’UQAM en après-midi, dans le cadre d’un colloque de philosophie. J’entre au séminaire à 8h00, un peu avant le cours. C’est calme, il n’y a presque personne. La déco me donne un peu l’impression d’être revenue en arrière dans le temps, surtout le tapis. J’aime bien en un sens. C’est confortable et chaleureux. Je commence mon cours de logique par une citation attribuée à G.K. Chesterton, question de faire discuter un peu les étudiants: «When men stop believing in
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Finalement, je n’aime toujours pas travailler
Dans un autre billet, j’ai confié qu’adolescente, je n’aimais pas travailler. Et malgré la conclusion de ce dernier texte, je crois encore qu’un adolescent ne devrait pas en un certain sens aimer travailler. Je m’explique: c’est qu’un jeune ne doit pas prioritairement apprendre le travail, mais plutôt le loisir. «Apprendre le loisir? Pas besoin! C’est facile! Tous les jeunes aiment le loisir!», me répondrez-vous. Pas du tout en fait. Mais il convient pour le voir de distinguer loisir et divertissement. Et même, avant cela encore, travail et loisir. Travail et loisir On appelle «travail» aujourd’hui tout ce pour quoi on
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Quand le Christ réveille les «wokes»
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. Depuis plus d’un an, le mot woke est partout dans les médias, et ce n’est pas pour parler de cuisine. Qu’est-ce que ce mouvement qui suscite les critiques et les passions? Est-il aussi «éveillé» qu’il prétend l’être? Quelle lumière le christianisme peut-il jeter sur cette réalité? À l’origine, le terme woke, qui
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George Weigel: «L’Église a une dette envers certains de ses critiques les plus amers»
George Weigel est l’un des plus importants commentateurs américains du catholicisme et des affaires de l’Église. Théologien, distinguished senior fellow de l’EPPC (Ethics and Public Policy Center) de Washington, il publiait récemment L’ironie du catholicisme moderne. Il nous fait le bonheur de cet entretien. Le Verbe: Dans ce livre, vous apportez un éclairage nouveau sur un sujet d’une grande importance pour l’Église: sa relation avec la modernité. Quelles étaient vos motivations pour écrire un tel ouvrage à ce moment-ci? Qu’est-ce qui, dans le climat actuel, vous a fait penser qu’une telle réflexion était nécessaire? George Weigel: J’ai écrit ce
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Petite histoire de la dévotion au Sacré-Cœur
On connait tous les petites images en carton représentant le Sacré-Cœur de Jésus qui ornaient jadis presque chaque chaumière canadienne-française. Au-delà de cette pratique de piété populaire et du côté un peu kitch de la chose, Le Verbe a pensé profiter de la fête liturgique du Sacré-Cœur de Jésus pour découvrir les origines de cette dévotion typiquement catholique. Le cœur est le muscle qui a pour rôle de réguler la circulation sanguine en pompant le sang partout dans notre corps. Même ceux qui n’ont pratiquement aucune notion de médecine (incluant l’auteur de cet article) savent que le cœur est essentiel
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Salomé Leclerc : un peu plus vers la lumière
Les derniers temps d’arrêt imposé, particulièrement dans le monde artistique, ont été plus que bénéfiques pour certains. Un peu comme l’occasion d’une introspection qu’on repousse trop souvent, on a eu le temps de prendre le temps. C’est dans cet état d’esprit que Salomé Leclerc a ainsi profité du confinement pour créer un quatrième album: Mille ouvrages mon cœur. Le Verbe a rencontré l’auteure-compositrice-interprète, alors que sa tournée reprenait vie, pour discuter avec elle de ce nouvel opus, des thèmes qu’elle y aborde et de son cheminement personnel et artistique des dernières années. Le Verbe: Les thèmes de la nature et
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Brigitte André : « Ce que j’ai vécu au pensionnat m’a rapprochée de Dieu »
Je rencontre Brigitte André dans sa demeure, à Maliotenam, une réserve innue située à quinze minutes de Sept-Îles. Accueillante, souriante, rien ne laisse imaginer le long et pénible chemin de croix que cette dame a connu. Victime du pensionnat, elle s’est accrochée à Dieu plutôt que de lui tourner le dos. Benjamine d’une famille de treize enfants, Brigitte est née à Maliotenam. À l’âge de 2 ans, elle quitte son village natal pour aller s’installer, avec sa famille, près de Schefferville, où son père travaille dans la mine. Jusqu’à l’âge de sept ans, Brigitte connait la vie traditionnelle dans le bois :
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«J’ai rangé mon avortement dans la case d’un acte médical»
Marie-Ève Caouette espérait fonder une famille, mais pas tout de suite, pas de cette façon-là. Son parcours de vie ne suivait pas ses ambitions. Mais finalement, lâcher les rênes du contrôle s’est avéré ce qu’il y avait de mieux pour elle. Marie-Ève a toujours rêvé de fonder une famille. Avec des parents convertis au catholicisme, un grand frère prêtre, son chemin semblait tracé d’avance. Mais la passionnée de basketball a du mal à trouver l’homme avec qui passer sa vie. « Quand tu mesures six pieds un pouce et que tu regardes la plus haute tête dans l’église… les choix sont
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Un restaurationnisme catholique ?
Dans un récent entretien, le pape François abordait une diversité d’enjeux et formulait de fermes correctifs à l’égard de certains courants de l’Église. Plusieurs questions ont été touchées. Il a notamment abordé le conflit russo-ukrainien, naturellement, mais il a aussi et surtout parlé de l’état de l’Église catholique dans deux pays bien particuliers, l’Allemagne et les États-Unis. Les propos du pape François sur la situation différenciée du catholicisme dans ces deux sociétés ont quelque chose de très intéressant, et on peut raisonnablement penser que ses réflexions n’ont pas été présentées de façon arbitraire. D’un côté, l’Église catholique en Allemagne connait
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«Ceci n’est plus du pain ni du vin»
Dans une église à moitié vide, un prêtre en chasuble aux motifs dorés prononce des paroles étranges : « Ceci est mon corps livré pour vous. Ceci est la coupe de mon sang versé pour vous. » Ce mystère a-t-il encore un sens pour le monde contemporain, alors que tant de martyrs, au fil des siècles, ont donné leur vie pour l’honorer ? Nicolas Buttet, prêtre suisse, spécialiste de l’eucharistie, en décrit toute la sacralité : « À [la consécration], c’est comme si deux millénaires d’histoire étaient balayés et que nous étions contemporains de Marie et de Jean au pied de la croix. » Un sacrifice d’amour
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Saint Nectaire, l’homme de Dieu
Un texte d’André LaRose Présentement à l’affiche dans un seul cinéma au Québec, le film L’homme de Dieu (v.o.a. Man of God) relate l’histoire d’un prêtre orthodoxe grec, saint Nectaire d’Égine (1846-1920), thaumaturge, reconnu pour sa piété, son humilité, sa fine connaissance des Écritures — et des cœurs — et sa proverbiale bonté envers autrui. Un mot d’abord sur la réalisatrice. Yelena Popovic, originaire de la Serbie, émigre aux États-Unis à la fin de son adolescence et devient mannequin. Grâce à ses contacts à Hollywood, elle commence à écrire des scénarios pour des films à l’âge de 22 ans. Poursuivant sa
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Gilbert Keith Chesterton: le joyeux apologète
Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), écrivain et journaliste anglais, fait certainement partie des grands apologètes catholiques dont l’Église avait besoin. Il intervient à une époque charnière où le scepticisme, l’agnosticisme et le matérialisme commencent à imprégner de plus en plus la culture anglaise. Les avancées des sciences naturelles – pensons à la théorie de l’évolution de Darwin – l’apparition de la critique historique et l’industrialisation ébranlent l’échafaudage de la société assise en apparence sur un socle religieux. « Sous la surface d’un conformisme religieux fait de respectabilité, il y a un remous de doute et d’incertitude. Presque tous les intellectuels étaient aux
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Je n’aimais pas travailler
À 14 ans, mon père m’a dit qu’il était temps pour moi de trouver un « petit travail », question de devenir plus responsable et d’apprendre « la valeur de l’argent ». J’ai été engagée au McDonald… et renvoyée après 3 mois. Il parait que je manquais de dynamisme et que je ne souriais pas assez aux clients. L’été d’après, j’ai obtenu un travail dans un magasin de vêtements pour jeunes filles. Je peux me vanter d’avoir été la seule employée de toute l’histoire de ce Garage à n’avoir jamais travaillé sur le plancher. Parait que c’était mieux de me garder à l’arrière, à défaire des
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Repenser notre soif de communion avec Sébastien Doane
« Que tous soient un » (Jn 17,21). Ce rêve de Jésus pour ses disciples n’est pas si aisé à réaliser. Loin d’être automatique et uniformisante, la koïnonia des premiers chrétiens devait assumer la diversité et les tensions. En nous initiant à sa manière fascinante de lire la Bible, Sébastien Doane, professeur adjoint à la faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, retouche notre idéal de communion en lui donnant une couleur non pas « fleur bleue », mais bien plus « rouge sang » ! À quoi avez-vous pensé premièrement quand nous vous avons proposé de parler de communion pour cette entrevue ? Mon côté
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L’essentiel selon Ginette Reno
Je vous partage ici quelques réflexions sur le bouleversement des valeurs sociales. Un rapport nouveau, ou du moins nouvellement affirmé, entre la personne et la société québécoise mérite d’être mis en perspective. C’est qu’il ne faut oublier la complexité de la vie humaine et la richesse de l’être humain en lui-même. Mais tout débute par une petite anecdote… Je passais récemment devant l’hôpital Pierre-Boucher à Longueuil. Sur la façade, on affiche toujours en grand la photo du porte-parole de l’établissement. J’y ai alors découvert le nouveau visage de la campagne de la fondation, celui de Ginette Reno, auquel était accolé
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Docteur Strange et la question du bonheur
Le dernier film de Marvel, Docteur Strange dans le multivers de la folie, plonge tête première dans la sorcellerie et nous révèle, sans le savoir, une grande vérité de foi. Ancienne adepte de films d’horreur, j’ai aimé les références du réalisateur Sam Raimi à Evil Dead (L’Opéra de la terreur en version québécoise, 1981), son propre film, devenu depuis un classique du genre. Les clins d’œil au légendaire Carrie (Brian De Palma, 1976) étaient encore plus savoureux. Fan de Marvel — maman de six enfants de 13 à 23 ans oblige ! — j’ai grandement apprécié le concept du voyage à travers le
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Grégoire Ahongbonon : l’homme qui libère les captifs de leurs chaines
En Afrique, les personnes souffrant de troubles mentaux sont « les oubliés des oubliés ». Parfois littéralement enchainés durant des années par leurs parents, ils sont relégués au rang de sous-homme. Grégoire Ahongbonon, cet ancien réparateur de pneus né en 1952 au Bénin, consacre sa vie à leur rendre à la fois la liberté et la dignité. Le Verbe s’est entretenu avec lui lors de son récent passage au Québec. « C’est une honte pour l’humanité ! Une honte ! » Grégoire Ahongbonon lance ce cri du cœur tout en me montrant des photographies à peine supportables d’hommes et de femmes enchainés à des troncs d’arbres.
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La dime : pour que les bottines suivent les babines
La dime est-elle morte de sa belle mort ? Depuis son abolition en France, dans la foulée de la révolution de 1789, s’est-elle éteinte dans la conscience des chrétiens devenus « modernes » ? Donner 10 % de son revenu est-il dépassé ? Irréaliste ? Et si se dépouiller d’une partie de son avoir permettait une chose très simple : laisser Dieu être Dieu dans sa vie ? Dans l’Ancien Testament, on payait la dime pour l’entretien du temple, des prêtres, ou on donnait les premiers fruits de la récolte, en guise de reconnaissance à Dieu. Dans les évangiles, Jésus ne remet pas en question la dime ni le
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Le Dieu des réfugiés
Je prends place dans l’avion et reçois un texto d’un ami avec qui je participe à un groupe de prière virtuel : « Priez pour Dyma, un jeune chrétien que je mentore et qui conduit un groupe de réfugiés de Dnipro vers la frontière. Les avions de chasse russes planent au-dessus d’eux et on n’a plus de nouvelles. » La prière, c’est étrange, même pour un croyant ; est-ce que Dieu entend ? Et si oui, pourquoi fait-il grâce à l’un, pendant qu’un autre se fait tirer une balle dans la nuque ? Quand je suis embarqué dans l’avion pour Bucarest, le 15 mars dernier, l’invasion russe
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25 écrivains pour cultiver la vie intérieure
Voici quelques mots au sujet du tout récent et très inspirant livre d’Emmanuel Godo, Les Passeurs de l’absolu. Un livre à lire, à méditer et surtout, un livre qui nous invite à lire encore ! Pour cultiver la vie intérieure… D’emblée, le titre Les Passeurs de l’absolu me ravit ! Ils sont « des écrivains dont la vocation principale est de rappeler à leurs semblables que la vie est une formidable aventure spirituelle » (p. 9). Emmanuel Godo convie le lecteur à découvrir (et dans plusieurs cas, à redécouvrir) vingt-cinq auteurs rassemblés autour de cette quête intérieure. Vingt-cinq ! Voilà qui est impressionnant, et l’on pourrait redouter avec raison
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De la dénonciation au pardon
Je viens de me lever après une nuit médiocre, passée aux côtés de mon nouveau-né. On est en plein mois de juin, c’est la canicule, le soleil qui passe à travers la fenêtre m’éblouit. Je tente de me réveiller en faisant défiler les nouvelles sur mon fil d’actualité Facebook. Soudainement, le visage d’un oncle apparait. Je lis les mots « décédé », « covid ». Pour moi, c’est la fin du monde : il y a six ans, j’avais porté plainte contre lui pour agression sexuelle. Le procès devait avoir lieu dans les prochaines semaines. Je fige. Tout ça pour rien? La charité mal placée
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Guerre, crise alimentaire et ultrariches : un temps pour le pain quotidien
Du 22 au 26 mai, dans la chic station de ski de Davos, en Suisse, se retrouveront grandes fortunes, capitaines d’industries et de multinationales, chefs d’État, ministres et experts influents en vue du 51e Forum économique mondial. Cette grand-messe annuelle réunit les gagnants de la mondialisation pour discuter de l’avenir de la planète avec l’objectif de construire un monde meilleur, et ce, grâce à un capitalisme de partenariat. L’édition 2022 du Forum se tient dans un contexte sans précédent marqué par plusieurs facteurs socioéconomiques et environnementaux déséquilibrés et très alarmants. Les images et les nouvelles préoccupantes de l’Ukraine bombardée continuent de faire la une de
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Espérer contre toute espérance
« On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies. » – Luc 21, 10-11 Ces temps-ci, avouons-le, l’ambiance est de mort. Menaces climatiques, sanitaires et nucléaires s’accumulent. Et pourtant… rien de réellement nouveau sous le soleil du printemps. La mythologie raconte qu’à l’origine du monde, Pandore ouvrit une boite de laquelle sortirent tous les maux qui accablent l’humanité : maladie, guerre, misère et folie. Seule Elpis (« espoir » en grec) ne put s’échapper, la jeune femme ayant refermé le couvercle à temps. Toute l’Antiquité s’est ensuite demandé
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D’un désert à l’autre : sur les traces de Charles de Foucauld
Mati (pseudo) est une consacrée d’origine française qui vit dans le désert du Sahara depuis 22 ans. Dr Ciriaco Piccirillo, lui, est un immunologue qui habite en plein centre urbain montréalais. Si rien ne semble réunir leurs vies, elles trouvent pourtant un point de convergence : le silence intérieur et l’accueil du prochain, vécus à la suite de Charles de Foucauld, canonisé ce 15 mai. Le muézine fait retentir sa voix, il fait encore nuit. C’est l’appel à la prière pour les musulmans. La journée de Mati commence, pour elle aussi, par un temps de recueillement, à l’écoute de l’évangile. Juste à côté
