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Devrait-on se sacrifier pour la planète?
Plusieurs répètent aujourd’hui: «il faut faire des sacrifices pour la planète», sans toujours s’entendre sur la teneur de ces éventuels sacrifices. De recycler davantage à limiter le nombre de naissances, disons que le spectre des suggestions est large. Que comporte vraiment une telle injonction, et que peut-on en tirer? C’est un précepte général en philosophie selon lequel, avant de se pencher sur les questions particulières, il faut remonter aux plus universelles. Avant même de déterminer dans le concret quelle action l’homme doit accomplir pour la planète, il importe de délimiter son rapport général aux autres créatures matérielles, selon le but
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8 films pour sortir de soi
Le sacrifice incompris Pour toujours Devant ces femmes qui font le libre choix de la vie monastique, la cinéaste est déconcertée. Comment peut-on promettre obéissance, pauvreté et chasteté, et ce, pour toute la vie? Comment peut-on joyeusement faire une croix sur la gloire, les avoirs, la carrière, la vie de couple et tout ce que le monde a à offrir? Et surtout: pourquoi? C’est ce que tente d’éclaircir ce documentaire honnête et sensible. Les religieuses rencontrées ont peu de mots pour satisfaire la réalisatrice. «Pour vraiment comprendre notre vie, il faut la vivre», déclare l’une d’elles. Documentaire d’Alina Marazzi, Italie,
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Louis-Guillaume Piéchaud, l’orfèvre de Dieu
De grand-père en fils en petit-fils, l’orfèvrerie est pour Louis-Guillaume Piéchaud un héritage paternel. L’art religieux est intimement lié à l’histoire familiale, puisqu’il est issu d’une lignée de sculpteurs depuis quatre générations. Passeur d’un héritage parfois millénaire, l’orfèvre se montre respectueux de la tradition et assume même un style d’inspiration médiévale avec émaux et cabochons de pierre un peu brute. À l’opposé de l’art contemporain et de la culture du jetable, il recherche l’intemporalité. Une belle pièce l’aurait été il y a 500 ans et devra l’être encore dans 500 ans. À l’impossible, l’orfèvre est tenu! Tailleur d’images Le renouvèlement d’un tabernacle
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L’Institut Philanthropos fête ses 20 ans d’existence!
C’est en Suisse, au cœur de la ville de Fribourg – qu’on appelle joliment la Rome francophone – que se trouve l’Institut européen d’études anthropologiques, surnommé Philanthropos. Fondé en 2003 par un groupe d’intellectuels catholiques en réponse à l’appel du pape Jean-Paul II pour la formation de la jeunesse, Philanthropos, qui fête ses 20 ans cette année, est désormais une référence en la matière et se démarque à tous les égards. L’approche se veut intégrale en offrant une année universitaire basée sur trois piliers: intellectuel, communautaire et spirituel. L’enseignement est centré sur l’anthropologie philosophique et théologique (60 crédits) et est
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Les marchés de Noël: entre l’Allemagne et la Provence
Les marchés de Noël gagnent en popularité d’année en année partout au Québec. La forme la plus connue nous vient des pays germaniques, le fameux «marché allemand». Il en existe cependant une autre, issue cette fois du sud de l’Europe. Elle est plus récente, mais peut-être plus directement liée à Noël. Vous connaissez? Les marchés de Noël tiennent probablement leur origine des marchés d’hiver européens, qui se déroulaient chaque année en décembre autour des églises. Celle-ci étant au centre du village, c’était le lieu idéal pour que les marchands y établissent leurs étals. Le marché d’hiver était traditionnellement plus important
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Les mille-et-un combats de l’abbé Pierre
Un texte d’Alexis Drapeau-Bordage L’Abbé Pierre : Une vie de combats arrive dans les cinémas québécois le 22 décembre prochain. Réalisé par Frédéric Tellier et sorti en France depuis novembre, il s’agit du premier long métrage représentant l’homme de foi français depuis son décès en 2007. Le Verbe a vu le film en projection de presse et a rencontré son acteur principal, Benjamin Lavernhe, de passage à Montréal pour une tournée de promotion. À l’écran, le célèbre prêtre, cofondateur d’Emmaüs (mouvement d’aide contre la pauvreté et l’exclusion), y est incarné par Benjamin Lavernhe. Un rôle qui vient avec une grande responsabilité considérant l’ampleur du personnage : « on
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Le Caravage romancé de Michele Placido
Texte de Marie C. Beaulieu Orna* Entériner l’image du créateur marginal et instable, incompris de l’Église, l’un de ses principaux mécènes, constitue l’écueil quasi inévitable à la réalisation d’un film biographique sur le peintre Caravage. Dès les premières scènes, on comprend que le scénario du Caravage de Michele Placido pose les fondements d’une version mythifiée du maitre italien. Exilé à Naples à la suite d’une accusation de meurtre, le Caravage tente, avec le soutien de l’influente famille Colonna, d’obtenir la grâce de l’Église lui permettant de revenir exercer à Rome. Afin de statuer sur cette requête avec discernement, le pape
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COP28: abandonner les énergies fossiles sans changer nos modes de vie?
Après 13 jours de travail, suivis d’une dernière nuit de négociations acharnées, un nouvel accord mondial de lutte contre les changements climatiques a finalement été adopté à la 28e Conférence des Parties des Nations unies (COP28). Si cet engagement est louable, est-il par contre réalisable? L’accord de Dubaï reconnait la nécessité de réduire « rapidement, profondément et de façon soutenue les émissions » de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, et appelle les états à « effectuer une transition hors » des énergies fossiles. Cet engagement renouvelé pour la préservation de notre
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De Steubenville peut-il sortir quelque chose de bon?
Après douze heures de route dans le Nord-Est américain, nous voici enfin arrivés au Leonardo’s Coffeehouse, moyeu de la communauté catholique de Steubenville, capitale mondiale de la vitalité catholique – dans nos cœurs en tout cas. Avec mon ami et collègue Louis Roy, nous sommes venus récolter le témoignage de cette petite bourgade sur les rives du fleuve Ohio dont la laideur n’a d’égal que le dynamisme chrétien, dont la pauvreté n’a de rivale que le pouvoir d’attraction. Nous avons traversé les plates autoroutes du pays à la recherche d’une rencontre, d’une expérience humaine fondatrice, nous qui nous sommes amourachés
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Quand la tête se sacrifie pour le corps
Parce que le corps est un microcosme, c’est-à-dire une petite version du cosmos, il recèle plusieurs symboles qui nous permettent de parler de celui-ci. L’auteur Matthieu Pageau, dans son livre The Language of Creation : Cosmic Symbolism in Genesis, donne un large éventail d’exemples. Probablement prééminente est la relation entre la tête et le corps. Ce symbolisme est tellement primordial qu’il est même utilisé dans les langues naturelles : si on dit que « X est à la tête de Y », on comprend immédiatement ce qu’on veut dire. Tête-corps D’abord, la tête est une médiatrice entre l’esprit et le corps. L’esprit, qui est
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Vous êtes animal (et plus encore)
Texte de Félix Lamontagne Ce sont les mots qu’on peut lire en énormes caractères sur une affiche dans le métro de Montréal : « Vous êtes animal ». On y voit la tête d’un homme à côté de celle d’un paon au plumage coloré et majestueux. J’admets que la publicité est intéressante, l’image provoque. Ce qui l’est moins, c’est l’idée de réduire l’humain à la pure animalité. Ça me semble dérangeant, voire malsain. Heureusement, il ne s’agit pas de propagande, mais d’une simple annonce pour une pièce de théâtre, à savoir une fiction qui met en scène un Charles Darwin
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Jérémie McEwen, le mécréant sympathique
Ce n’est pas tous les jours qu’un essai sur la foi se retrouve dans les coups de cœur des libraires québécois… à un point tel qu’il a dû être réimprimé à peine quelques semaines après sa sortie. Jérémie McEwen, prof de philo au Collège Montmorency, se doutait bien qu’il touchait quelque chose en publiant Je ne sais pas croire (XYZ, 2023) l’été dernier. Mais il n’aurait jamais pu appréhender des échos aussi favorables. Le Verbe a parcouru la 20 d’est en ouest pour rencontrer l’auteur et creuser encore un peu avec lui la question de la foi. Tous les clichés sont
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Détresse des agriculteurs: cultiver le sacrifice
Les nouvelles générations d’agriculteurs ont mis la main à la charrue sur une terre qui n’a à peu près rien à voir avec celle de leurs parents. Mondialisation, fusions, mégafermes, monocultures, endettement: la liste des enjeux s’allonge chaque année. Dans ce contexte, Le Verbe a voulu savoir comment se portait cette génération d’agriculteurs, et à quels sacrifices ils devaient consentir pour répondre à leur vocation de nourrir le monde. Trouver des agriculteurs pour témoigner, c’est chercher une aiguille dans une botte de foin. Ce n’est pas qu’ils ne sont pas bavards, c’est seulement qu’ils préfèrent se taire plutôt qu’être incompris.
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Pape François : dix ans de paradoxe
Entretien avec Loup Besmond de Senneville Il y a dix ans cet automne, le pape François faisait paraitre l’exhortation apostolique Evangelii gaudium, souvent qualifiée de programmatique pour son pontificat. Le prétexte était parfait pour poser quelques questions à Loup Besmond de Senneville, correspondant de La Croix au Vatican, sur les dix ans d’un pontificat à l’image de notre époque: intense, décoiffant et traversé de paradoxes. Le Verbe : Le texte d’Evangelii gaudium, première grande marque écrite du pape François, enjoint les chrétiens en particulier à ne pas sombrer dans une dynamique autoréférentielle. Pourtant, force est de constater que la démarche réformiste
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Grandeur et misère de la vie de parents
Il est huit heures. L’heure du coucher, de la routine du dodo. Chacun des parents rencontrés s’affaire à la tâche pour essayer d’endormir les marmots et de libérer un peu de temps. Précieux temps qu’ils acceptent de donner au Verbe pour jaser des trésors chèrement acquis dans la paternité et dans la maternité, à travers les sacrifices et les beautés de leur vie de parents. Solène et Emmanuel «Offrande caractérisée par destruction ou abandon», lit Solène, alors qu’elle cherche une première définition du mot «sacrifice». Solène et Emmanuel n’aiment pas particulièrement ce concept, qui fait hérisser les poils et délier
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Notre-Dame des Douleurs, Kibeho, 1981-1989
Du 28 novembre 1981 au 28 novembre 1989, durant exactement huit ans, la Vierge Marie est apparue de nombreuses fois à trois jeunes filles à Kibeho, au Rwanda. Les messages et visions qu’elles ont reçus sont un appel incisif à la conversion et la réconciliation pour éviter la guerre et guérir de ses conséquences. Alphonsine Mumureke a 15 ans quand elle voit pour la première fois la Vierge Marie dans le réfectoire du collège des filles où elle est pensionnaire. Il est environ 12 h 35 lorsque ses consœurs de classe la voient se lever soudainement puis se diriger dans l’allée centrale et se mettre à genoux,
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Alfred Pampalon, saint patron des toxicomanes
Il existe un protecteur du ciel pour toutes les causes. Celui des alcooliques et des drogués est un jeune prêtre de Lévis : Alfred Pampalon. Déclaré vénérable par le pape Jean-Paul II en 1991, il est prié par des gens d’ici comme de France, de Belgique ou des États-Unis, et cependant, on entend peu parler de lui. Voici un morceau méconnu de notre patrimoine de sainteté. Alfred Pampalon nait à Lévis en 1867. Son père est maçon et constructeur d’églises; sa mère, une femme pieuse, meurt à 45 ans juste après avoir donné naissance à un douzième enfant. Âgé de cinq ans à
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#Girlmath : comment calculer comme une fille
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. C’est pire d’année en année. Dès les premiers jours de novembre, des publicités nous annoncent les soldes du Vendredi fou, du pré-Vendredi fou et du pré-pré-Vendredi fou. Chaque compagnie tente de nous allécher avec ses rabais, de nous inciter à dépenser beaucoup et maintenant. Peut-être serez-vous tentés de faire des girl maths pour justifier vos
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Les crèches du monde au marché de Noël de Cap-Santé
Texte et photos de Alexis Drapeau-Bordage Une quarantaine de crèches du monde seront présentées les 25 et 26 novembre prochains au marché de Noël d’antan de Cap-Santé. Elles font partie d’une collection de plus de 300 pièces appartenant à Jasmin Houle, frère du Sacré-Cœur. Bien que la tradition des crèches du monde soit une habitude du marché de Noël depuis sa création, il s’agit de la troisième année où sa sélection y sera visible. Frère Jasmin est particulièrement heureux de pouvoir exposer dans la chapelle, ce qui n’a pas été possible l’année dernière. « Il y avait des inquiétudes, car c’est
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Lutter contre l’impuissance
De plus en plus, nous sommes rapidement et largement informés des catastrophes qui surgissent dans le monde entier : guerres en Ukraine et au Moyen-Orient, crises migratoires, bouleversements écologiques, inflation, attentats, etc. Si nous sommes plus informés des troubles qui affectent l’humanité, nos capacités de les régler demeurent toutefois assez limitées. Pour plusieurs, cette situation suscite un sentiment de stress, d’impuissance et même de découragement : que faire devant des problèmes qui nous dépassent et nous angoissent ? Deux avenues à explorer. Zones d’influence et de préoccupation Que sont les zones d’influence et de préoccupation et comment leur donner leur juste place? La
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David Goudreault : «Ma blessure originelle, c’est le manque de foi.»
Sherbrooke. L’automne est doux. Les feuilles tapissent le décor. Dans un café du centre-ville, David Goudreault cherche la formule idéale. Regard allumé, sourire au coin des lèvres. Ses tâtonnements l’amusent. À l’issue d’une année consacrée à l’écriture d’un nouveau spectacle, l’écrivain, slameur et travailleur social, accorde au Verbe cet entretien. Le Verbe : Lorsque nous t’avons approché, tu semblais enthousiaste à l’idée de nous accorder cette entrevue. Est-ce juste? David Goudreault: C’est particulièrement intéressant de faire une entrevue avec vous parce qu’on sort de l’actualité. On sort de la promotion du dernier livre ou du nouveau spectacle pour prendre un
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Jeanne Mance, 350 ans plus tard
Texte de Annabel Loyola Jeanne Mance est morte il y a 350 ans cette année. Les Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph m’ont proposé d’écrire un texte à cette occasion. Elles trouvent mystérieux que je sois née à Langres, la ville qui l’a vue naitre et grandir, et qu’à quelques siècles d’intervalle, j’aie immigré à Montréal, la ville qu’elle a cofondée. Cette femme m’a inspirée au point que je lui ai consacré les quinze dernières années de ma vie. J’ai (co)produit et réalisé quatre films qui rendent hommage à sa vie et à son œuvre. C’est arrivé comme ça. Ni mariée, ni veuve,
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Qui possède les moyens d’une paix durable?
Le 11 novembre chaque année, nous soulignons l’armistice, soit la fin de la Première Guerre mondiale. En faisant mémoire des pertes humaines sans précédent qu’a causées ce conflit, on est parfois tentés de s’astreindre à de pieuses considérations sur le sacrifice encouru par de jeunes militaires partis défendre courageusement la patrie. On méditera sinon l’absurdité de cette guerre en se promettant, la main sur le cœur: «jamais plus». Et pourtant, on se sait aux prises avec nos propres conflits encore aujourd’hui. Tire-t-on alors les meilleures conclusions de ce véritable suicide civilisationnel? Contexte historique Entre 1914 et 1918, c’est un monde
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Kevin Lambert: le Zola de Montréal?
Le roman Que notre joie demeure de Kevin Lambert fait sans cesse les manchettes ces derniers temps. Depuis la réponse abrupte de l’auteur au premier ministre Legault l’été passé jusqu’à l’épineuse question des «lecteurs sensibles» ressortie pendant la course au Goncourt, il semble maintenant être de tous les concours littéraires. Il vient d’ailleurs de remporter le prestigieux prix Médicis. On voit rarement autant de battage médiatique autour d’un livre, encore moins d’un livre québécois. À notre tour d’en parler un peu. La curée C’est à Zola que j’ai tout de suite pensé en ouvrant Que notre joie demeure. Avec ce
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