
J’aurais pu énumérer les prises de paroles mémorables de François, ou encore ses grands gestes politiques, qui ont fait la une de bien des journaux depuis 2013, mais non. J’ai préféré choisir huit attitudes, huit petits gestes tout simples, mais qui m’ont profondément touchée. Ils révèlent pourtant son cœur de père et sa façon d’être et d’aimer comme le Christ.
- Le silence- C’est une leçon pour la femme vive et loquace que je suis : faire silence et prier avant de parler ! J’en prends bonne note. Le soir de son élection, le 13 mars 2013, le tout nouveau Pape de 76 ans s’incline devant la foule à la place Saint-Pierre. Avant de procéder à la bénédiction rituelle, François demande qu’on prie pour lui. Il incline doucement la tête et le silence retentit… jusque dans mes entrailles. 
- L'humilité- Alors que le cérémoniaire entraine le Pape vers un confessionnal de la basilique Saint-Pierre pour confesser des fidèles, François bifurque et se dirige plutôt vers un autre confessionnal où il s’agenouille devant un prêtre et se confesse. Je pense tout de suite à ces paroles de Jésus : « Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère ». (Mt 7:5) Ce n’est pas tout de le dire, encore faut-il le faire ! 
- Le pardon- En juillet 2022, je dois couvrir la visite papale de François au Canada, mais la COVID-19 a d’autres plans : je suis finalement le tout devant mon écran. Deux images me saisissent jusqu’aux larmes : le baiser des mains et la prière au cimetière. Dans la première, François porte la coiffe traditionnelle, comme s’il guerroyait contre l’abus de pouvoir, et embrasse les mains d’un leadeur autochtone. Dans la seconde, le Pape prie dans son fauteuil roulant, au beau milieu du cimetière de Maskwacis. 
- Le respect- Sur la place Saint-Pierre, la veille du jour de l’an 2020, François me fait un cadeau : il se fâche carrément. Une fidèle, dans son enthousiasme, lui agrippe si brusquement la main qu’il en a manifestement mal. C’est un cadeau de voir que le Pape est un homme comme les autres. Ce n’est pas parce qu’on est pape qu’on doit supporter le manque de respect. Même Jésus s’est énervé : « Combien de temps devrai-je vous supporter ? » (Mt 17:17), disait-il à ses disciples. Le Pape aussi. - Le pape François perd son calme face au geste brusque d'une fidèle 
- La tendresse- Mon cœur de mère fond chaque fois où François, faisant fi du protocole des audiences publiques, laisse les enfants venir à lui. L’un se faufile et trouve refuge dans les jupes de François, un autre repart avec sa calotte papale, un autre encore joue avec son crucifix et résiste aux agents de sécurité pour finir sa course assis confortablement sur le trône pontifical. « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » (Mt 19:14) Ce ne sont pas que des paroles, apparemment. - Un enfant enlace le pape François en plein discours sur la place Saint-Pierre - Vatican : un garçon vient s'assoir à côté du pape François en pleine audience 
- L'amour- Le 6 novembre 2013, sur la place Saint-Pierre, François enlace Vinicio Riva, un Italien souffrant d’une maladie rare et incurable qui provoque des excroissances douloureuses. « Le Pape n’a pas eu peur de moi et m’a embrassé. Pendant qu’il me caressait, je n’ai senti que de l’amour », confie-t-il le lendemain. François d’Assise et d’autres saints, comme le Christ avant eux, ont eu assez d’amour pour enlacer les lépreux… François montre le même accueil ! 
- Le service- Il est de coutume de procéder au lavement des pieds le Jeudi saint pour imiter le geste de Jésus envers ses apôtres. En 2024, François, de son fauteuil roulant, lave les pieds de 12 femmes détenues dans une prison de Rome. Il sèche leurs pieds, puis les embrasse tendrement. Plusieurs femmes pleurent. Moi aussi. Je n’avais jamais vu un pape s’agenouiller devant des femmes. 
- L'écoute- Le 1er février 2023 reste gravé dans ma mémoire. Je vois le regard de François, tétanisé comme moi, en écoutant le témoignage de survivants du massacre en Ituri (République démocratique du Congo) survenu dans la nuit du 1er février 2022. Des femmes, des enfants et des hommes révèlent leurs membres mutilés et racontent leurs histoires d’une horreur insupportable. « Il faut que le monde sache ce qui se passe ici. […] En écoutant vos témoignages, on ne peut que pleurer en silence », laisse tomber François. Le silence, encore, retentit. 
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D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.
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