
Anges et anges gardiens: de la tradition chrétienne à la spiritualité «new age»
Depuis plusieurs années, les anges reviennent au gout du jour. On doit ce regain de popularité notamment aux spiritualités alternatives, connues sous le terme englobant de «nouvel âge». Celles-ci leur accordent une large place, mais selon une vision très différente de celle héritée de la Bible et de la tradition chrétienne. Quelles sont ces différences et pourquoi les anges ont-ils été récupérés par ces courants?
Les anges de la tradition chrétienne sont des êtres purement spirituels, invisibles et immortels. Même s’ils sont parfois représentés avec des ailes, ils ne disposent pas d’un corps matériel. Pour autant, ce sont des êtres à part entière, et leur intelligence est très supérieure à la nôtre. Ils ont également une volonté propre. À ce titre, ils ont la liberté de choisir entre le bien et le mal, comme les humains. D’ailleurs, seuls les «bons», qui ont choisi de servir Dieu, sont appelés les anges; les autres portent plutôt le nom de démon.
En contact permanent avec Dieu, les anges le servent et remplissent différentes missions, notamment celle d’intermédiaires entre Dieu et les humains, entre le ciel et la terre. Le mot ange signifie «messager» (du grec angelos). Ces messagers interviennent à de nombreuses reprises dans la Bible. Ainsi, dans le Nouveau Testament, c’est l’ange Gabriel qui annonce à Marie qu’elle va concevoir un fils par l’action de l’Esprit saint, et qu’elle lui donnera le nom de Jésus. Peu après la naissance miraculeuse, un ange s’adresse également en rêve à Joseph. Il doit quitter Bethléem avec sa famille pour se réfugier en Égypte, car le roi Hérode veut assassiner tous les nourrissons de Judée.
Au 20e siècle, la place qu’occupent les anges et les démons dans le catholicisme s’amenuise, sans doute sous l’influence du matérialisme, qui domine de plus en plus la société. Si tout est dorénavant matière, le monde des purs esprits n’a plus lieu d’être. L’enseignement de l’Église demeure le même, mais la perception semble altérée. Le surnaturel ayant de moins en moins la faveur, la dévotion angélique a tranquillement été reléguée à la piété populaire.
Une place à prendre
Cet apparent désamour de l’Église pour les anges a laissé une place vacante que les courants ésotériques, comme le nouvel âge, ont pu occuper. Ces courants s’inspirent en effet de diverses traditions religieuses et mythologiques (celtiques, germaniques, hindoues, etc.), et le christianisme n’y échappe pas. Ils peuvent ainsi offrir une réponse aux personnes plus attachées aux concepts mystiques qu’à Dieu lui-même.
L’ange du nouvel âge, du fait de ses inspirations diverses, est toutefois très différent. Tout d’abord, l’ange aurait une forme corporelle lui permettant d’être vu sous certaines conditions. Dans la tradition chrétienne, l’ange peut revêtir une forme humaine pour être vu, mais il n’a pas de corps propre, il est immatériel. On voit l’inspiration, mais la différence demeure.
De plus, comme il n’existe pas de distinction entre le bien et le mal dans le nouvel âge, les bons anges et les démons sont amalgamés sous le concept général de l’ange gardien. On reconnait ici la tradition catholique selon laquelle Dieu confie chaque personne à la protection d’un ange gardien, et ce, pour toute la vie.
La relation qu’une personne peut entretenir avec les anges diffère également. L’Église encourage les croyants à demander leur intercession ou leur protection, mais dissuade l’invocation directe. Dans de très rares cas, l’ange peut se manifester sous une forme lumineuse ou matérielle, mais c’est toujours selon la volonté de Dieu, non celle de la personne.
En revanche, dans les spiritualités du nouvel âge, on cherche ce contact direct et sensible avec son ange gardien. L’ange est invoqué par le biais d’un rituel fait de parfums, de couleurs, voire d’incantations particulières. Il est alors possible de demander à l’ange une guérison mentale ou physique, ou même une partie de ses pouvoirs. Contrairement à l’ange de la tradition chrétienne, il ne dispose pas d’une volonté propre. Il est perçu comme un simple esprit supérieur, tenu d’obéir à qui l’invoque. Il tient plus du génie que de l’ange, et l’invoquer a ainsi une vocation purement utilitaire. On possède son ange comme un bien matériel.
Les adeptes du nouvel âge n’invoquent pas seulement les anges pour obtenir des pouvoirs, mais également pour communiquer avec les défunts. Or, toutes les traditions chrétiennes interdisent de rechercher ce type de contact, car les anges ne répondent pas à ces demandes. Et si l’on obtient une réponse qui ne vient pas d’un ange, c’est qu’elle vient de son opposé… C’est contre ce risque que l’Église met en garde.
Il faut toutefois noter que même si l’ange du nouvel âge est très différent, l’essor de cette spiritualité a permis à la dévotion angélique de reprendre de l’ampleur chez les catholiques. Ils sont nos protecteurs et nos gardiens, il serait bête de s’en passer!