
Un classique de Pâques : Jésus de Nazareth
Le film Jésus de Nazareth de 1977 a marqué mon enfance. Sans cette œuvre incontournable de Franco Zeffirelli, Pâques n’aurait été pour moi qu’un gros lapin en chocolat. Aujourd’hui encore, j’ai de la difficulté à penser à Jésus sans l’imaginer avec les traits de Robert Powell. Mais pourquoi ce film a-t-il eu un tel impact?
J’ai grandi dans une famille de tradition catholique, mais sans plus. Nous allions à l’église une fois par année, à Noël. Tout ce que je savais de Pâques m’avait été enseigné à l’école dans les cours de catéchèse. Or, mis à part quelques notions floues, je n’ai malheureusement pas retenu grand-chose. On y faisait surtout du coloriage. Disons que l’imagerie commerciale de Pâques, les œufs colorés et les sucreries attiraient beaucoup plus mon attention.
Un pèlerinage devant ma télé
Réalisé à l’origine pour la télévision italienne à la demande du pape Paul VI, le film est en réalité une minisérie en quatre épisodes d’une durée cumulée de six heures. Il comprend une distribution internationale digne des meilleurs péplums. Pendant longtemps, il est diffusé par des chaines de télévision du monde entier durant les jours précédant Pâques — le Québec ne faisant pas exception. Très fidèle à la Bible, le film relate la vie de Jésus en plusieurs scènes clés, de sa naissance à sa Résurrection, en passant par ses grands miracles. Bande sonore majestueuse inspirée des musiques d’Orient, décors impressionnants et réalistes, scènes de foules spectaculaires: l’œuvre a tous les ingrédients du film à succès, sans pour autant laisser de côté la profondeur spirituelle et la finesse qu’exige son sujet.
Sans le savoir, en regardant ce film, je m’embarquais pour un petit pèlerinage. Je m’édifiais en écoutant les enseignements de Jésus, qui me paraissaient soudain plus réels que dans les petits dessins de mon cours de catéchèse. Je me souviens m’être déjà enfermée dans une pièce pour regarder seule la scène de la crucifixion et pleurer à l’insu de ma famille. Le regard transcendant de Jésus — on dit que Powell ne cligne jamais des yeux dans le film, et c’était voulu —, jumelé à ses paroles, dont je percevais la sagesse éternelle, me remuait l’âme.
Jésus de Nazareth, unique lien significatif avec Jésus et seule expérience pascale de ma jeunesse, a ainsi préparé le terrain pour ma conversion, vécue dans la trentaine. Rien de moins!
Découverte d’un trésor
Plus tard, quand j’ai renoué avec la foi, l’expérience de Pâques dans toute sa splendeur a été l’une des plus grandes révélations de ma vie d’adulte. Je connaissais la douce beauté de Noël avec la crèche, les cantiques, l’amour vécu en famille, mais la bouleversante et lumineuse liturgie pascale, la joie qui exulte après la longue période de recueillement du carême: quelle découverte!
Les différentes cérémonies de la Semaine sainte à l’église m’ont aidée à comprendre, encore mieux qu’un film, le sens de la vie et de la mort de Jésus. Et, surtout, de sa Résurrection! Au final, j’ai été davantage émue par l’intensité et la profondeur de la liturgie que par la mise en scène télévisuelle qui avait d’abord éveillé mon intérêt.
«LE» film sur Jésus
De nombreux films dans l’histoire du cinéma se sont appliqués à illustrer la vie du Christ, chacun avec un caractère et un angle particulier. Il y en a (presque) pour tous les gouts. Toutefois, si vous n’avez qu’un seul film sur Jésus à regarder dans votre vie, allez-y avec une valeur sure: Jésus de Nazareth. Certains ont tenté de me convaincre de la supériorité de la série The Chosen, mais rien n’y fait, je reste fidèle au film de mon enfance. Je reconnais plusieurs qualités à la récente série américaine, mais je trouve son Jésus et ses intrigues secondaires trop… humains, pas assez divins.
Dans tous les cas, ces œuvres de cinéastes ont pour effet — si elles sont bien réalisées — d’élever notre regard vers quelque chose de plus haut et de plus grand que nous-mêmes, de susciter notre intérêt pour les choses éternelles. En cela, le classique de Zeffirelli est un film unique à la valeur étonnamment sanctifiante!