On passe à la vitesse grand V!

Comment trouvez-vous notre nouveau site web?

Je donne mon avis
Fermer

La paresse systémique

« Libérer la paresse », un livre rassemblant diverses contributions et dirigé par Nathalie-Ann Roy et Geneviève Morand, sortait dernièrement.

Il fait partie d’une suite : les au-teu-rices (c’est comme cela que c’est écrit), avant de promouvoir le farniente, ont libéré aussi leur colère et leur culotte. Quel est le rapport ? Iels (pour reprendre leur pronom préféré) se sont donné comme mission d’abolir les méchants tabous de notre société judéo-chrétienne et de faire l’éloge, un livre à la fois, des péchés capitaux.

Vous me connaissez : qu’est-ce que j’aime autant que lire des livres que je n’aime pas ?

Fatigue systémique

Première surprise à la lecture, quand on finit par déchiffrer le langage inclusif, les néologismes et le franglais, on comprend que le livre ne parle pas vraiment de la paresse, mais d’épuisement. Épuisement professionnel, familial, dans les relations toxiques, etc.

Pourquoi tout le monde est fatigué de même ? C’est la faute à qui, ou à quoi ? Je ne garde pas plus longtemps le suspens : le coupable, ce serait la société! On serait face à une fatigue systémique.

Et c’est là que la paresse entre en jeu, comme LA solution.

La révolution paresseuse

Il faut faire la révolution paresseuse, commandent nos au-teu-rices! Envoyer promener notre culture de performance, embrasser celle du rien foutre. Se donner le droit de ne pas réaliser son plein potentiel. Se masturber à profusion et multiplier les siestes. (Leur solution, pas la mienne, je précise.)

J’ai été surprise de voir que le livre n’élabore pas davantage sur la culture judéo-chrétienne. Aucune définition du péché capital ou même de la star de ce livre, la paresse. Mais nos au-teu-rices auraient gagné à lire la Bible : iels y auraient découvert la paresseuse par excellence. Le modèle absolu du farniente. Qui, selon vous?

Marie, la sœur de Marthe! Il y a de la grande visite chez elle, Jésus et ses disciples. Et elle, qu’est-ce qu’elle fait ? Rien. Elle reste assise à terre, aux pieds de Jésus, pendant que Marthe se tape tout le travail. La bouffe, le ménage, le service, s’assurer que tout le monde est confortable… Tout ça pendant que Marie se « pogne le beigne »!

Marthe a raison de se plaindre. Sauf que Jésus la rabroue : « Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part. »

Eh ben! Le roi de la révolution paresseuse, ce serait Jésus finalement ? C’est vrai qu’il nous promet souvent le repos : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. »

Un problème de Marthe systémique

À moins que… à moins qu’on ait tout pris à l’envers? Comment Jésus pourrait-il féliciter Marie de commettre un péché capital?

C’est peut-être Marthe qui pèche par paresse ? Après tout, être paresseux, c’est ne pas faire ce qu’on est supposé faire.

Imaginez que le but de la vie serait de contempler le paysage en haut d’une montagne. Qui serait paresseux ? Celui assis au sommet, en train de contempler justement, ou celui qui repousse toujours l’ascension parce qu’il a du linge à plier, du ménage, des bas à repasser, sa cuisine à rénover, name it! Ou pire : celle qui boude en bas de la montagne en se frottant la moule à répétition.

Je pose mon diagnostic : en fait, le problème de notre société c’en est un de Marthe systémique. Autrement dit, de paresse systémique.

Ce contenu n'a pas été chargé automatiquement puisqu'il provient d'un fournisseur externe qui pourrait ne pas respecter vos préférences en matière de témoins.

Laurence Godin-Tremblay
Laurence Godin-Tremblay

Laurence termine présentement un doctorat en philosophie. Elle enseigne également au Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal. Elle est aussi une épouse et une mère.