L’équipe de rédaction du magazine Le Verbe vous présente 8 livres traitant des conséquences positives et négatives de la technique et du progrès technologique dans nos vies. Bonne lecture !

Après avoir dressé un tableau bien sombre des effets de la télévision (TV Lobotomie, 2012), Michel Desmurget récidive dans cet ouvrage en analysant l’impact des écrans. « La “révolution numérique” est-elle une chance pour la jeune génération ou une sombre mécanique à fabriquer des crétins digitaux? » Le neuroscientifique répond à la question en explorant les effets des écrans sur l’apprentissage, la santé et le sommeil, par exemple. Il analyse également plusieurs discours publics sur le numérique. Si elle est alarmante, cette synthèse est aussi nécessaire pour rendre notre usage plus libre et raisonné. Desmurget propose aussi quelques clés d’utilisation avec les enfants, qui, selon lui, « vous remercieront d’avoir offert à leur existence la fertilité libératrice du sport, de la pensée et de la culture, plutôt que la stérilité pernicieuse des écrans ». (Ariane Beauféray)

Après nous avoir parlé de ses séjours à Jérusalem ou à Pyongyang, le célèbre bédéiste québécois nous fait voyager dans le temps pour nous parler de sa jeunesse. Ayant vécu à Québec, Delisle a passé trois étés à travailler à l’immense usine de pâtes et papier où son père était aussi employé. Ce qui marque le lecteur lorsqu’il aborde ce récit illustré d’un trait simple et efficace comme seul Delisle sait le faire, c’est de voir les machines imposer leur rythme aux travailleurs. D’ailleurs, l’incursion dans l’univers ouvrier – avec ce que ça implique de dialogues tantôt salés, tantôt touchants – saura émouvoir le néophyte autant que le lecteur qui connait bien ce milieu. (Antoine Malenfant)

Chroniqueur au New York Times, Ross Douthat nous livre dans cet ouvrage une critique sociale décapante. Pour l’auteur, nous sommes entrés dans une période de décadence, marquée par la stagnation, la stérilité, la sclérose et la répétition. Douthat soutient que, malgré les apparences, les développements technologiques conséquents stagnent depuis la fin des années 1960. Hors du milieu des communications et du divertissement – pensons au téléphone intelligent –, les inventions de notre époque pâlissent devant celle d’alors et améliorent peu notre qualité de vie. Ce plaidoyer conservateur pour une culture du dépassement technologique fondée sur l’espérance chrétienne a de quoi bousculer les préjugés les plus solides. (Benjamin Boivin)

Écrit en 1938, Trente arpents est un monument de la littérature québécoise. L’histoire se situe au tout début de l’industrialisation. On y rencontre un Québec agricole délaissant de plus en plus la terre au profit de la ville et du confort qu’elle promet. L’ouvrage, divisé en quatre saisons, suit le parcours d’Euchariste Moisan, qui passe tranquillement de la grandeur et des promesses du début à la déchéance finale. Homme de la terre, marié à elle autant qu’à sa femme, il ne parvient pas à s’adapter à l’urbanisation et à la modernisation des techniques agricoles. Jeune, il accusait son oncle, propriétaire de la terre dont il hérite à sa mort, d’être réfractaire devant le progrès; vieux, c’est son fils qui l’accuse du même refus. Et la roue tourne. (Jessye Blouin)

Comment gérer l’utilisation des jeux vidéos ? L’essai qui répond à cette question s’adresse d’abord aux parents et aux éducateurs. Prêtre dans le diocèse de Verdun en France, fan de musique métal et de jeux vidéos depuis sa jeunesse, Bertrand Monnier invite à ne pas craindre ce monde numérique. Au contraire, il encourage les adultes à plonger dans cet univers culturel incontournable de notre temps afin de créer un espace de dialogue avec les jeunes et de comprendre leur recherche de sens dans le monde désenchanté dont ils ont hérité. (Brigitte Bédard)

S’adressant aux adolescents, l’enseignant Philippe Galarneau veut les sensibiliser à l’impact d’un monstre à cinq têtes – Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft – dont les tentacules s’immiscent dans les méandres de nos vies privées sans nous en demander la permission. Comment ces géants d’une industrie sans foi ni loi ont-ils étendu leurs empires pour influencer nos comportements et ébranler nos démocraties ? Soutenu par un excellent lexique, l’essai rend accessible une réflexion sur les enjeux éthiques que soulève la vente de nos données. Et surtout, il a le mérite de nous rendre lucides sur ce qui se passe quand on formule des commentaires sur les réseaux sociaux ou quand on donne toute son attention à TikTok. (Sarah-Christine Bourihane)

Dans ce récit autobiographique paru en 1939, Saint-Exupéry raconte les aventures extraordinaires que lui et ses compatriotes vivent alors qu’ils sont pilotes pour l’Aéropostale, cette ligne aérienne qui achemine le courrier de part et d’autre de l’Atlantique. Bien plus qu’un carnet de voyage, c’est un petit traité existentiel que déploie l’écrivain français. L’habitacle métallique où il est pris quelque part entre ciel et terre lui offre un contact complètement neuf avec le monde et les êtres. Si l’outil qu’est l’avion fait connaitre à l’être humain des dépassements merveilleux, il lui fait aussi rencontrer des périls nouveaux qui mettent en évidence sa nature limitée. Ce qui le sauve, c’est le lien qui l’unit à ses semblables et fait de l’étranger un frère. (Anne-Marie Rodrigue)

Publiée au sortir de la pandémie, cette plaquette est une charge éloquente contre la place toujours grandissante des écrans dans la vie des enfants. La chercheuse et conférencière Catherine L’Ecuyer livre un argumentaire convaincant pour briser un par un ces mythes tenaces sur l’utilité, voire la nécessité, des technologies en éducation, à l’école comme à la maison. Loin du pamphlet réactionnaire, l’ouvrage propose une vision éducative simple, appuyée sur une conception réaliste de l’être humain et qui vise son épanouissement. Un ouvrage essentiel pour comprendre les tenants et aboutissants des écrans dans notre vie et argumenter avec votre directrice d’école. (James Langlois)