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L’école Bedford et l’État (pas très) laïc

Scandale dans les médias : le ministère de l’Éducation a rendu public un rapport dénonçant les pratiques de 11 professeurs à l’école primaire Bedford, dans Côte-des-Neiges à Montréal. Violences physiques et psychologiques envers les élèves, application de méthodes jugées désuètes, intimidation envers certains collègues, etc.

Et malgré tout, j’y vois du bon dans cette histoire.

Rassurez-vous : je ne suis ni sadique ni illuminée. Je reconnais, évidemment, la majorité des évènements à Bedford comme mauvais. Et je compatis avec les élèves et les professeurs du « clan minoritaire », certains parfois eux aussi d’origine maghrébine. Tout de même, deux points positifs ont retenu mon attention.

D’abord, petit point marginal, mais qui vaut tout de même la peine d’être soulevé : le rapport dénonce un enseignement plus traditionnel, qui utilise, par exemple, des cahiers plutôt que des Ipad.  Ou encore qui met à l’étude les fables de la Fontaine. Traitez-moi de vieux jeu, mais pourquoi pas?

Ingérence islamiste

Cela dit, ce qui m’a surtout frappée dans cette histoire, c’est d’observer l’idéal de laïcité québécois confronté, voire contredit. Je ne me réjouis pas de l’ingérence islamiste dans nos écoles publiques. Ingérence qui s’est faite sentir soit directement, avec la visite de représentants de la mosquée; soit indirectement, à travers le refus d’enseigner l’éducation sexuelle, le choix de limiter la science ou encore l’interdiction pour les filles de jouer au soccer.

(Remarquez que ce n’est pas propre aux musulmans : j’ai habité en Italie et on me présumait lesbienne dès que je mentionnais être une joueuse de soccer. Ce que je ne suis pas, au risque de décevoir la gente féminine.)

Dans tous les cas, je m’oppose à l’influence islamiste dans nos écoles. Pas tant pour les conséquences potentielles, contrairement à la plupart des chroniqueurs, mais parce que je crois l’islam fondamentalement faux. Notamment, je pense que Mohamed est un faux prophète.

Mon désaccord intellectuel ne fait évidemment pas de moi une islamophobe, comme mon désaccord avec les athées ne me rend pas athéophobe. 

L’illusion d’une école « neutre »

Mais revenons à nos moutons. Une école complètement imperméable à la religion, c’est une illusion. Quand j’entends les défenseurs de la laïcité soutenir que l’école ne doit enseigner que la « vérité scientifique », les mathématiques ou la grammaire, et ce, sans entrer dans la morale ou la religion, je sourcille.

Notre vision de la vie influence toute notre personne, tous nos choix, tous nos comportements. Peu importe que cette vision dépende d’une religion plus traditionnelle ou plus « séculière », comme l’est l’athéisme aujourd’hui.  

Une école athée

Le ministre responsable de la laïcité, Jean-François Roberge, a déclaré dans les derniers jours que l’école devait être le rempart à l’obscurantisme religieux. D’accord, mais dire que le sexe est une catégorie sociale et qu’il se trouve sur un spectre infini, ce qui est enseigné présentement, ce n’est pas de l’obscurantisme ? Et faire comme si Dieu n’existait pas, c’est la vérité ultime ? Parce que nos écoles québécoises ne sont pas neutres, me semble-t-il, mais athées dans leur fonctionnement et leur contenu. La neutralité est un mirage.

Orienter un système d’éducation sans prendre position sur les questions fondamentales, c’est impossible. On doit proposer une vision de l’univers et de son origine, qu’on le fasse consciemment ou non.

Normalement, il vaudrait mieux le faire de façon consciente, pour éviter la double ignorance (croire savoir ce qu’on ne sait pas), situation dans laquelle se trouvent nos écoles en ce moment. Elles prétendent n’enseigner que « le savoir », sans aucun système de croyances en amont. Nos écoles, encore une fois, sont athées et l’athéisme, c’est une croyance.

Convertissez-vous les uns les autres

Certains chroniqueurs de droite demandent, en commentant l’histoire de Bedford, une assimilation des musulmans par le Québec. Or assimiler, c’est convertir.

En fait, tout le monde veut convertir tout le monde. C’est normal et même sain. Je me souviens encore d’une amie en philosophie. Après une longue journée de conférences, nous nous sommes retrouvées au restaurant. Au moment où j’allais croquer mon burger, elle me lance : « je pensais que tu étais une bonne personne ». S’ensuit une longue conversation pour me convertir au véganisme.

Je n’ai rien contre le véganisme. Mais si Dieu ne voulait pas qu’on mange les cochons, pourquoi il les a faits en bacon ?

Dans tous les cas, bien que j’avoue avoir été profondément ennuyée d’être dérangée pendant que je me sustentais, j’admire le courage et l’intérêt de mon amie pour ma pauvre personne. Bien sûr qu’elle a raison de vouloir me convertir si elle croit de tout son cœur au véganisme !

J’ai bien tenté de la convertir au christianisme, de mon côté. Il fallait bien que je lui rende la pareille et que je lui montre que je l’aime assez pour lui partager, moi aussi, mes convictions.

Speed dating religieux

Il existe toutes sortes de cafés, aujourd’hui. Des cafés pour faire de la poterie, pour flatter des chats, des cafés dans le noir, etc. Pourquoi pas un café de speed dating religieux?

Tu t’assois et tu places un écriteau devant toi : catholique, musulman, athée, végan, peu importe. Plutôt que de feindre que tout le monde peut se mettre d’accord dans la vie politique et éducative, même en ayant une vision du monde complètement à l’opposé, on devrait se confronter un peu plus les uns les autres. Pas derrière un écran, mais de manière plus traditionnelle : c’est-à-dire dans le blanc des yeux.

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Laurence Godin-Tremblay
Laurence Godin-Tremblay

Laurence termine présentement un doctorat en philosophie. Elle enseigne également au Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal. Elle est aussi une épouse et une mère.