
Les décennies se suivent, mais ne se ressemblent pas!
Oui, oui, vous avez bien lu: cinquante ans. Et pour les souligner, il nous paraissait nécessaire de dépoussiérer les éléments les plus éloquents de nos archives. Non pas pour livrer un rapport exhaustif de tous les évènements, mais pour témoigner de l’histoire sacrée dont nous sommes héritiers et acteurs. Cinquante ans de journalisme chrétien dans un Québec en transformation, cinquante ans de foi à travers les médias, voici une sacrée histoire!
Quand Dieu cloue un avion de ligne au sol
«Si saint Paul revenait sur la terre, il ferait du journalisme»
– Jean-Paul Ier
Un reportage sur le IIIe Congrès charismatique international tenu à Rome en 1975 était une occasion idéale pour lancer un journal religieux.
Tous m’ont fortement déconseillé de m’engager sur ce terrain. Et ils avaient raison: je n’avais pas le sou (pauvreté volontaire), j’ignorais tout de la production d’une publication et surtout, me disaient-ils, je n’avais aucune formation théologique. Mais ces avis ne parvenaient pas à entamer ma détermination. Si bien qu’après avoir providentiellement amassé la somme requise, je m’embarquais pour Rome avec quelque 500 congressistes.
Malgré un rassemblement enthousiaste, le pape n’avait pas encore exprimé de réaction officielle. Notre groupe devait partir le lendemain pour la Terre sainte. Trois avions étaient requis. J’étais sur la liste du premier décollage, prévu à 5 heures du matin.
Coup de théâtre!
Peu après l’assignation des vols, on apprenait contre toute attente que Paul VI recevrait les congressistes en audience dans la basilique Saint-Pierre à 11 heures. J’étais sidéré. Mais en tant que futur reporter, il était inconcevable que je rate l’évènement. J’eus beau faire des pieds et des mains pour intégrer le dernier vol en après-midi, rien à faire.
Cette nuit-là, je n’ai guère dormi. L’Esprit me poussait à faire des supplications à Dieu en disant: «Si c’est vraiment ta volonté que je fonde ce journal, alors permets que j’assiste à l’audience.»
Debout tôt le matin pour le décollage, nous apprenions que notre vol était différé en après-midi en raison d’une grève des employés de la compagnie aérienne. «Les premiers seront les derniers», me suis-je exclamé en reconnaissant que Dieu avait ainsi expressément répondu à ma prière.
Quant aux deux autres vols, ils étaient aussi décalés, mais plus tôt le matin. Si bien que les passagers de notre vol ont été les seuls à pouvoir être présents à l’inoubliable audience du pape, qui qualifiait à cette occasion le renouveau charismatique de «chance pour l’Église et pour le monde».
- Paul Bouchard