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Rien n’arrive pour rien?

L’automne dernier, dans ces mêmes pages, je vous confiais mes problèmes d’infertilité. Je concluais: «Un enfant, si Dieu le veut.» Quelques jours après la rédaction de ce texte, je tombais enceinte. Était-ce un clin d’œil divin? Vraiment, suffisait-il de demander pour recevoir (Mt 7,7)? Malheureusement, la joie fut de courte durée. Des messages de condoléances ont succédé aux félicitations. Quand on m’a transportée aux urgences, une course contre la montre était entamée. Une grossesse ectopique, ça ne pardonne pas. Il fallait opérer, pour éviter que je meure au bout de mon sang.

Depuis ma civière, j’ai pensé à cette parole, qu’on entend parfois lors de funérailles: «L’Éternel a donné. L’Éternel a repris» (Jb 1,21).

Dieu serait-il cruel?

Les malheurs de Job

Job est un personnage de l’Ancien Testament. Droit et fidèle, il traverse plusieurs épreuves qui se présentent comme autant de persécutions: on vole son bétail, ses enfants sont tués, Job lui-même est foudroyé par la maladie. Au début, ses proches se montrent empathiques. Ils viennent de loin pour l’accompagner dans le deuil et veiller. Mais rapidement, ils cherchent une explication logique aux souffrances de leur ami. Si le malheur accable Job, c’est probablement parce qu’il a péché. S’il était aussi pieux qu’on le dit, Dieu l’aurait protégé. S’il ne le fait pas, Job a forcément des vices pour lesquels il doit être puni.

Encore aujourd’hui, n’entend-on pas que «rien n’arrive pour rien»?

Le pouvoir de la prière

Notre époque sécularisée n’échappe pas à ces raisonnements. Loin des Écritures, ils ressurgissent sous la forme de la «loi de l’attraction», une doctrine populaire selon laquelle la pensée positive peut transformer la réalité. Pour les adeptes de ces pratiques, quand on veut, on peut. Et si on ne peut pas, c’est qu’on ne veut pas assez fort.

Des mouvements chrétiens ont récupéré cette croyance selon laquelle nous sommes les principaux responsables de nos succès comme de nos échecs: celui qui prie avec ferveur sera comblé de bénédictions matérielles. C’est ce qu’on appelle parfois l’«évangile de la prospérité». Ainsi, on reconnaitrait le croyant authentique à la marque de sa voiture. Exit l’option préférentielle pour les pauvres.

La faute à pas de chance

Je ne crois pas vraiment que Dieu ait directement repris la vie que je portais. Le récit de Job nous enseigne que ce n’est pas ainsi que le Tout-Puissant agit. Mais je ne crois pas non plus que j’aurais pu faire quoi que ce soit pour influencer le cours des évènements. Et ça, c’est étonnamment réconfortant.

Le mal, en soi, est absurde. Des drames, il en survient tous les jours. Personne n’est épargné, pas même les justes comme Job.

Depuis ma civière, je n’aurais pas pu me sauver moi-même. Je n’ai pu qu'accueillir: la sollicitude du médecin, la présence de mes proches, les attentions de mes collègues. Là, l’amour a agi.

La maladie m’a permis de redécouvrir que je ne suis pas seule.

N’est-ce pas une bonne nouvelle?

Valérie Laflamme-Caron
Valérie Laflamme-Caron

Valérie Laflamme-Caron est formée en anthropologie et en théologie. Elle anime présentement la pastorale dans une école secondaire de la région de Québec. Elle aime traiter des enjeux qui traversent le Québec contemporain avec un langage qui mobilise l’apport des sciences sociales à sa posture croyante.