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L’enfer, c’est l’hiver

Dans une émission pas si lointaine, en guise de question brise-glace, Simon nous demandait si on aimait l’hiver et j’avais répondu que oui, en évoquant naïvement la singularité de l’air, des paysages et du mode de vie dans lequel il nous place.

Et bien, figurez-vous que je me suis repenti de ma déclaration l’autre jour quand, pour la troisième fois en 24 heures, j’ai dû sortir pour pelleter les escaliers qui donnent accès à l’entrée de ma maison.

J’ai pour mon dire que nos aïeux n’avaient pas besoin de salle de gym ou de séances sportives pour se maintenir en forme. Ils étaient beaucoup plus actifs dans le champ ou dans la maison. Or, quand tu vas au gym, tu n’y vas trois fois dans la même journée! Il y a toujours bien des limites.

Tout ça pour dire que j’ai eu mal dans le dos quelques jours dans les derniers temps. On peut toujours se consoler en se disant qu’à Québec, à tout le moins, les résidus des deux ou trois récentes tempêtes n’ont pas trop pris de temps à être ramassés. Contrairement à nos compatriotes métropolitains.

Montréal et son tas de neige

Chaque jour, à chaque heure qui passe, le taux de neige ramassé à Montréal augmente. Un peu comme celui des émissions de gaz à effet de serre d’ailleurs. À ce sujet, quand il n’y a pas de neige, on dit que c’est à cause du réchauffement climatique. Quand il y en a trop, on dit aussi que c’est à cause du réchauffement climatique. (Je ferme ici la parenthèse.)

Bon, pour revenir au taux de neige ramassé à Montréal, les titres de certains articles nous disaient que lundi, on était à 56%; mercredi, à 76%. Si je calcule bien – ce qui n’est pas évident pour moi – c’est 20% aux deux jours.

À l’heure où vous lisez ses lignes, il reste sans doute un petit 4%. Les Montréalais vont pouvoir sortir de chez eux si le bon Dieu leur en fait la grâce d’ici la fin de la journée pour pouvoir assister aux prochains matchs des Canadiens.

Parlant des Canadiens, savez-vous ce que le Journal de Montréal nous apprenait récemment? Et bien, les entractes pendant les matchs des Canadiens favorisent le déneigement! Je raccourcis un peu, le vrai titre de l’article c’est: «Quand flusher votre toilette facilite le déneigement». En passant, oui, flusher est accepté en français, ils l’ont écrit dans leur titre puis j’ai vérifié.

Alors, depuis la fin des années 1980, la Ville de Montréal a cessé de jeter la neige sale et salée dans le fleuve - quand même une bonne idée. Et quelle est la méthode la plus facile pour l’envoyer au centre de traitement dans l’est? La jeter dans l’égout par les trous de trois énormes chutes à neige qui ont l’air de toilettes turcs à ciel ouvert.

Rien pour que notre collègue Antoine, ici présent, arrête d’appeler la neige la merde blanche.

Le journaliste écrit que – et je cite – «dans ces égouts communient le jus de vaisselle sale, l’eau de bain et de douche et le contenu des toilettes d’une bonne partie de la métropole». Un véritable «styx sanitaire», écrit-il.

L'enfer, c'est l'hiver

Le Styx, dans la mythologie grecque, est l’un des fleuves des Enfers.

C’est quand même incroyable, quand on y pense, qu’un fait météorologique si merveilleux comme la neige puisse devenir un enfer.

Ce n’est pas pour rien que Dante, l’auteur de la Divine Comédie, décrit l’enfer, non pas comme une fournaise de feu, mais comme un lieu froid et glacé qui nous empêche de bouger, donc d’entrer en relation avec les autres. Parce que c’est ça l’enfer au fond, c’est être ENFERmé sur soi-même. Comme plusieurs Montréalais récemment.

Et là, pour faire une histoire courte, c’est quoi le lien avec notre toilette et les Canadiens? C’est que si la neige s’accumule dans le conduit, ça retarde tout le déneigement, les camions doivent aller décharger plus loin. Les employés voient la différence entre la nuit et le jour assez rapidement. Bien plus encore, les soirs où les Canadiens jouent, le courant augmente pendant les entractes parce que les gens vont aux toilettes.

On pourrait même aller plus loin en disant que plus vous buvez de Molson en écoutant les Canadiens, plus vous facilitez le déneigement à Montréal. Vous voyez, «tout est dans tout». On dirait que la structure de la grande babylo - pardon métropole - fonctionne autour du pipi, du caca et des égouts qui, dans le fond, ne sont pas loin de nous rappeler l’enfer.

Désolé pour nos amis de Montréal. Pour paraphraser saint Augustin, c’est le péché que j’haïs et non pas le pécheur. On vous aime quand même…

Mais comme dit saint Paul dans sa lettre aux Romains (5, 20), là où le péché abonde, la grâce surabonde. C’est peut-être pas pour rien qu’ils ont le plus gros sanctuaire à saint Joseph au monde et une équipe de hockey désignée comme la Sainte-Flanelle.

Saint Joseph, on l’appelle aussi la terreur des démons. On entre d’ailleurs dans le mois de mars qui lui est traditionnellement consacré. Mois dans lequel il y a souvent les dernières grosses tempêtes. Coïncidence? Je ne crois pas.

Bref, comme le disait Jean-Paul Sartre, l’enfer, c’est l’hiver…

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James Langlois
James Langlois

James Langlois est diplômé en sciences de l’éducation et a aussi étudié la philosophie et la théologie. Curieux et autodidacte, chroniqueur infatigable pour les balados du Verbe médias depuis son arrivée en 2016, il se consacre aussi de plus en plus aux grands reportages pour les pages de nos magazines.