Faut-il se réjouir de la mort de Charlie Kirk?

C’est le chaos chez moi. Il faut dire qu’on mange de la morue. Pas le repas préféré de mes enfants, sauf pour ma fille de trois ans, qui confond toujours avec le poulet. Tout le monde est enfin sorti de table, presque indemne, quand je reçois une notification du groupe de discussion des Verbomoteurs. Douce échappatoire, que je me dis! Sauf que je tombe des nues en le lisant: Charlie Kirk a été assassiné alors qu’il discutait sur un campus. Le temps s’arrête.

Les cris de mes enfants me ramènent brusquement à la réalité. Je les amène au parc, comme promis plus tôt. Pendant qu’ils jouent, je regarde sur mon cellulaire les vidéos de sa mort. Je suis consternée. Un homme de 31 ans – mon âge exactement –⁠, que je connaissais pour l’avoir déjà vu débattre dans différentes vidéos, a été tué.

Montée de la violence

Malheureusement, d’une certaine manière, l’évènement ne me surprend pas. Les tensions montent aux États-Unis depuis plusieurs mois. La circulation des armes et la récurrence des tueries ajoutent toujours plus de violence à la polarisation politique.

Mais cet assassinat, me semble-t-il, fait grimper d’un échelon cette violence. Le symbole en soi choque: voici un homme qui dialogue, qui tend un micro à ses adversaires politiques, et ce, avec respect. Fallait-il le tuer pour cela? Ses idées lui méritaient-elles la mort?

Poser la question, c’est y répondre.

La réaction des médias

Je dois l’avouer, la réaction de plusieurs médias ici, au Québec, me déçoit. Rapidement, on a qualifié Kirk d’extrémiste de droite, de propagandiste, de chrétien traditionaliste. Un article propose une liste de ses opinions dites irrecevables. Je m’étonne, en lisant, d’en partager plusieurs. Est-ce que je mérite la mort, moi aussi?

Certains journalistes, encore au Québec, insistent sur le «dangereux triptyque» que Kirk mettait de l’avant : Dieu, la famille et la patrie. En les voyant s’indigner devant une telle philosophie, je mesure le gouffre qui me sépare d’eux. Aimer Dieu, sa famille et sa patrie ferait tomber, par définition, dans l’extrémisme? Qu’y a-t-il pourtant de plus juste et de plus raisonnable que d’aimer son créateur  – si l’on y croit –⁠, sa famille et sa patrie? Certes, des dérives sont possibles. Mais en soi, n’est-ce pas bon?

Héros ou crapule?

Les témoignages sur la vie de Charlie Kirk fusent d’un côté comme de l’autre. Des chrétiens et catholiques américains que je respecte, par exemple l’évêque Robert Baron et l’apologiste Trent Horn, le dépeignent comme un homme vertueux.

D’autres personnes dénoncent au contraire son appui indéfectible, irraisonnable parfois, à Donald Trump ou à Israël. Certains déforment ses propos en les citant hors de leur contexte. Dans cette cacophonie, il devient difficile de se faire une idée du personnage.

Héros ou crapule? Qui était-il?

Je ne partageais pas tout de la foi de Charlie Kirk. D’ailleurs, il n’était pas catholique, mais protestant évangélique. Cette dénomination chrétienne lui donnait une certaine liberté interprétative qui lui permettait peut-être d’endosser plus facilement les agissements de Trump. La lettre du pape François adressée aux évêques américains au sujet des déportations, par exemple, n’avait aucun poids à ses yeux. C’est sa divergence de vues sur ce sujet et d’autres avec le Vatican qui le rendait d’ailleurs incapable d’adhérer au catholicisme. Même si, sous d’autres aspects, il se rapprochait du catholicisme de plus en plus, notamment dans son éloge récent à la Vierge Marie.

Ces nuances sembleront banales pour la plupart des Québécois, devenus, dans les dernières décennies, ignorants des questions religieuses. Est-ce normal d’ailleurs que si peu de journalistes dans notre province ne se spécialisent dans ces questions? Qu’on le veuille ou non, la politique s’en trouve toujours imprégnée, en particulier chez nos voisins du sud. Cet angle mort mérite davantage de considération.

Cela dit, force est de constater que Charlie Kirk était courageux. Et je demeure abasourdie devant sa mort, qui constitue une véritable injustice.

Il faut le souligner: tout meurtre est un vol. Charlie Kirk n’appartenait pas à son meurtrier. Ce dernier l’a volé à sa femme et à ses enfants en particulier, mais à tout son entourage aussi.

Prions pour l’âme de Charlie Kirk et pour sa famille. Prions aussi pour la conversion de son meurtrier ainsi que pour l’apaisement du peuple américain.

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Laurence Godin-Tremblay
Laurence Godin-Tremblay

Laurence termine présentement un doctorat en philosophie. Elle enseigne également au Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal. Elle est aussi une épouse et une mère.