
Marie-Madeleine, femme de Jésus?
Dans son célèbre roman Da Vinci Code, sorti en 2003, Dan Brown affirme que Jésus aurait été marié à Marie-Madeleine. D’où a-t-il puisé son inspiration et, surtout, est-ce avéré historiquement? Revenons sur le parcours de celle qui a été la première à témoigner de la résurrection du Christ et que saint Thomas d’Aquin a surnommée «l’apôtre des apôtres».
Je suis encore athée et j’en sais peu sur la religion catholique quand sort l’adaptation cinématographique du Da Vinci Code, en 2006. Je connais cependant le nom des quatre Évangiles de la Bible, les Évangiles dits canoniques: Matthieu, Marc, Luc et Jean. Aussi, lorsque l’un des personnages mentionne un certain Évangile selon Philippe, je comprends d’emblée qu’il ne s’agit pas d’un récit officiel sur la vie de Jésus.
Selon cet Évangile, Jésus aurait épousé Marie-Madeleine, l’une de ses disciples. L’Église ayant voulu cacher cette relation, qui mettait à mal l’idée d’un Christ célibataire – sur laquelle elle s’appuierait pour imposer le célibat aux prêtres –, aurait décidé d’exclure ce récit dans la Bible. Mais qu’en est-il vraiment?
Un Évangile selon Philippe existe bel et bien, toutefois les propos rapportés dans le roman ne correspondent pas tout à fait à ceux du texte. On y mentionne certes que Jésus aurait aimé Marie-Madeleine «plus que les autres» et qu’il l’aurait embrassée, mais il n’est nulle part fait mention d’un mariage. De plus, il s’agit peut-être simplement d’un baiser sur la joue.
Autre disparité, la raison du rejet de ce texte n’est pas celle invoquée par l’auteur. C’est plutôt la vision de Jésus que cet Évangile présente, en rupture avec l’enseignement apostolique sur plusieurs points, qui lui a valu de ne pas être retenu.
Un peu d’histoire biblique
Qu’est-ce que l’enseignement apostolique? Après la Pentecôte – 50 jours après Pâques, l’Esprit Saint promis par Jésus est donné –, les apôtres se dispersent et enseignent tout ce qu’ils ont appris de Jésus. Ils témoignent de sa mort sur la croix, de sa résurrection et de son ascension dans le ciel. Ces récits forment l’enseignement apostolique reconnu par l’Église catholique.
En parallèle, certains mettent par écrit des éléments, paroles et actes, de la vie Jésus: les Évangiles. Matthieu et Jean ont été rédigés par des apôtres, alors que les deux autres l’ont été par de proches collaborateurs : Marc, un ami de Pierre et Luc, un ami de Paul. L’ensemble de ces récits, qui comprend aussi des lettres – épitres – forme un tout cohérent appelé l’enseignement apostolique. Ils constituent le Nouveau Testament de la Bible.
Avec le temps, d’autres récits ont commencé à circuler, souvent par des personnes n’ayant aucun lien avec les apôtres ou leurs disciples. Beaucoup rejetaient l’humanité de Jésus, affirmant qu’il s’agissait d’une simple illusion et non d’une vraie nature. Ainsi, le Christ n’aurait subi ni la Passion ni la mort sur la croix. Or, c’est en contradiction directe avec le message central du christianisme transmis par les apôtres.
Alors, si la thèse exposée par Dan Brown dans son roman ne correspond pas à la vérité historique, qui est vraiment Marie-Madeleine?
L’apôtre des apôtres
Dans les Évangiles canoniques, Marie-Madeleine est présentée comme une des disciples du Christ, délivrée par lui de sept démons (Luc 8, 1-2). Elle est notamment présente au pied de la croix avec la Vierge Marie et l’apôtre Jean. Mais surtout, Marie-Madeleine est la première à qui le Christ manifeste sa résurrection. Selon Jean, elle est seule devant le tombeau vide le matin de Pâques et donc seule lors de la première apparition du Ressuscité. Elle ne le reconnait d’ailleurs pas tout de suite, le prenant d’abord pour le jardinier (Jean 20, 14-15).
Elle le reconnait lorsqu’il l’appelle par son nom et Jésus l’envoie ensuite annoncer aux apôtres la nouvelle de sa résurrection. Le rôle d’un apôtre étant justement de témoigner de la vie et de la résurrection de Jésus, saint Thomas d’Aquin a décidé de la surnommer «l’apôtre des apôtres».
Le tombeau de sainte Marie-Madeleine se trouve dans le monastère de la Sainte-Baume, dans le sud de la France. Le visiter serait sans doute une manière plus authentique de découvrir son histoire que dans le roman Da Vinci Code!