
Les technos nous rendent sourds
On vit dans le bruit.
Hiver: bal des souffleuses et des déneigeuses.
Été: valse de la tondeuse et de la tronçonneuse. Le tout sur ronron d’autoroute, bruit de fond éternel.
Et puis: les nouvelles, les notifications, les courriels, l'inscription du petit à la natation. Un vacarme d'une autre sorte, qui accapare notre esprit plutôt que nos oreilles.
Peut-on encore entendre Dieu dans tout ce bruit?
Le gout du vide
«On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.»
Ce sont les mots de Georges Bernanos, romancier et détracteur du capitalisme industriel. Un gout prononcé pour ce qui nous divertit du spirituel s'exprimait déjà en 1947, bien avant l'invention de l'ordinateur et du téléphone cellulaire. En réalité, ce gout est bien ancien.
Dans la parabole du semeur, le Christ décrit le sort de quatre graines semées dans un champ. Nous sommes le champ. Il est la semence. Selon notre accueil de cette semence, nous portons plus ou moins de fruits. La troisième graine n'en porte aucun, car elle est étouffée par les ronces du «souci du monde» et de «la séduction de la richesse» (Mt 13,22). Les tracas et les plaisirs superficiels de la vie ont eu raison de ce germe de relation avec Dieu.
Le bruit ambiant vient à bout de notre écoute.
- Illustration : Caroline Dostie
Techno, pas techno?
Ces vains désirs et ces soucis, la technologie les alimente toujours plus facilement. On peut visiter tous les pays. S'informer sur tous les sujets. Se faire livrer n'importe quoi. Se divertir, à chaque instant. La technologie semble tout nous offrir, et pourtant, ce n'est jamais assez. Faudrait-il s'en débarrasser, pour être en mesure de retrouver ce qui nous comble vraiment?
«Le danger n'est pas dans la multiplication des machines», nous dit Bernanos, «mais dans le nombre sans cesse croissant d'hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner.»
Pour être en mesure d’entendre la Parole, pour qu'elle nous fasse porter du fruit, il faut que la technologie retrouve sa place. Réapprenons à l’utiliser selon nos objectifs, plutôt que d'agir en fonction de ce qu'elle nous propose.
- Illustration : Caroline Dostie
Réduire le bruit
C’est l'heure du tri.
Est-ce que mon utilisation des technologies (cellulaire, ordinateur, télévision, radio, etc.) m’agite, fait grandir mes inquiétudes, coupe ma réflexion, alimente ma colère, produit du dégout, m’incite à pécher, génère de l’envie, me fait fuir mes souffrances, me rend indolent, me coupe des autres? Tout cela, c’est du bruit. Un tumulte qui me coupe de moi-même et de Dieu, qui m'empêche de prêter attention à ma voix comme à la sienne.
Mais ces objets, ils peuvent aussi m’aider à entrer en prière. À louer Dieu, à rendre grâce, à reprendre courage, à me remettre en question, à approfondir la Parole, à partager, à intercéder. L’outil retrouve sa place: prie-Dieu plutôt qu’étouffoir.
À nous de discerner les usages qui nous servent de ceux qui nous rendent sourds.
Quelques astuces pour plus de silence intérieur
Faire de la chambre un réel lieu de repos. «Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret; ton Père qui voit dans le secret te le rendra» (Mt 6,6). Le mode avion du cellulaire permet d’éviter d’être dérangé. C'est insuffisant? On peut aussi s’interdire le téléphone dans la chambre, couper le Wi-Fi et se munir d'un réveille-matin. La touche finale: une croix ou une icône sur la table de chevet, afin de nous rappeler de confier notre journée au lever et de rendre grâce au coucher.
Cultiver l’émerveillement. La contemplation nous ouvre à plus grand que nous-mêmes. Elle nécessite seulement de nous ouvrir à un présent inutile pendant quelques instants. Nous promener dans un parc, sans but et sans écouteurs. Contempler une peinture. Apprécier le chant des oiseaux. Écouter une symphonie. Admirer les fleurs sauvages, apprendre leurs noms. Les moments à glaner sont nombreux.
Accueillir l’ennui. Et si on arrêtait de vouloir remplir les moments qui semblent vides? Plutôt que de jouer, d’acheter, de texter ou de nous informer, profitons des transitions pour laisser notre esprit vagabonder. Nous pouvons aussi remercier Dieu, observer ce qui nous entoure, prier pour une personne ou réfléchir à ce qui pourrait soutenir une autre. Les meilleures idées peuvent surgir de notre ennui, quand nous ne cherchons pas activement à nous en soustraire.
Nourrir nos pensées de celles des autres. La routine, les difficultés et les soucis nous laissent parfois démunis. Les réflexions des autres peuvent éclairer la nôtre. Un verset biblique, un chapitre d’une biographie héroïque, un témoignage plein d’espérance, un commentaire profond sur la souffrance… Il s’agit de troquer ce qui nous met la mort dans l'âme contre des contenus riches de sens.
La techno qui soutient la prière
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