
La résurrection pour les nuls
Chaque année à Pâques, les chrétiens célèbrent la résurrection de Jésus. Trois jours après sa passion et sa mort sur la croix, il revient à la vie et sort miraculeusement de son tombeau. Quels sont les fondements de cette croyance et en quoi se distingue-t-elle de la réincarnation des religions orientales? Petite présentation de la résurrection pour les nuls.
Avant de devenir chrétien, je ne m’interrogeais pas sur l’origine de la fête ni sur ce qui est réellement célébré ce jour-là. C’était un jour férié et l’occasion d’offrir du chocolat aux enfants. D’ailleurs, quand on m’a dit que la fête de Pâques était plus importante que Noël pour les chrétiens, j’ai eu du mal à le croire.
Le point central de la foi chrétienne est la crucifixion de Jésus, le Vendredi saint, suivie par son retour d’entre les morts le jour de Pâques. Jésus, qui était Dieu, mais aussi un véritable homme, a vaincu la mort.
Après son décès, comme tout être humain, son âme s’est séparée de son corps, avant de s’y unir à nouveau trois jours plus tard. Il est ainsi revenu à une vie pleinement humaine sur terre, mais avec un corps glorieux, c’est-à-dire pourvu de quelques caractéristiques spéciales comme l’incorruptibilité, l’agilité et la clarté.
Voilà ce qu’on appelle la résurrection.
Le corps glorieux, réincarnation?
Le corps ressuscité – glorieux – de Jésus est pleinement fonctionnel. Le Nouveau Testament le rapporte à plusieurs reprises: il mange avec ses disciples et leur parle. Quand Thomas, un des douze apôtres, a un doute sur son existence réelle, il l’invite à le toucher pour lui prouver qu’il n’est pas un pur esprit. On doit d’ailleurs à cette scène biblique la vieille expression: «fais pas ton Thomas! »
Pour les chrétiens, la résurrection est double, car celle de Jésus implique leur propre résurrection. Lorsque Jésus reviendra sur Terre une deuxième fois à la fin des temps, comme il l’a promis, les défunts retrouveront leur corps, mais sans aucune infirmité physique ou mentale. Et ce nouveau corps sera cette fois immortel.
À première vue, ce retour dans un corps après la mort peut faire penser au concept de réincarnation des religions orientales comme l’hindouisme et le bouddhisme. Pourtant, en y regardant de plus près, il s’agit de concepts très différents.
Selon l’Encyclopédie Britannica, la réincarnation consiste en la renaissance de l’âme, au sens de conscience, dans un autre corps après la mort. Cette enveloppe peut être humaine, animale, voire végétale. Même lors d’une réincarnation sous forme humaine, le corps n’est pas le même que le précédent. On voit là une première différence majeure avec la résurrection où le corps est le même, mais délivré de sa condition mortelle.
De plus, la réincarnation n’est pas un événement unique, contrairement à la résurrection. Selon les religions orientales, les âmes entrent dans un cycle de réincarnation jusqu’à ce qu’elles soient libérées de tout mal. La nature de l’être dans lequel elles se réincarnent dépend des actes posés durant les vies antérieures. C’est le karma.
Bénédiction ou malédiction?
Là où les occidentaux pourraient voir cette réincarnation comme une chance de s’améliorer, les orientaux voient plutôt une malédiction. Le prêtre Don Paul Denizot, recteur du sanctuaire de Montligeon en France, l’explique très bien dans cette vidéo. Par ailleurs, comme presque tout est effacé à chaque réincarnation, les souvenirs et liens affectifs sont perdus. La révélation chrétienne enseigne toutefois qu’après la mort, l’âme conserve la mémoire de tout son passé et des personnes aimées.
La réincarnation est d’ailleurs un moyen et non une fin. Au terme du cycle de réincarnation, l’âme purifiée est libérée de son corps et entre dans le Nirvana où elle se dissout dans un absolu impersonnel. Dans la perspective chrétienne, l’âme ne cesse jamais d’exister et conserve son individualité. À la fin des temps viendra la résurrection et elle retrouvera son corps, mais glorifié et immortel.
Nous sommes donc devant deux conceptions très différentes de la dignité du corps. Le principe de la réincarnation dont l’aboutissement est la libération définitive du corps implique une vision négative du corps. Pourquoi se débarrasser de quelque chose de bon? Dans la vision chrétienne, le corps est une donnée positive. Il sera purifié et tout ordonné à la vie spirituelle, mais aucunement supprimé.
Une part de mystère demeurera toujours, mais la révélation chrétienne est sans équivoque: Dieu s’est incarné pour nous ouvrir les portes de l’éternité, corps ET âme. C’est à une intime communion que le chrétien est appelé, non à une dissolution.