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Photo : Pexels

La joie que tout le monde cherche

Trente minutes. C’est le temps qu’il m’a fallu pour passer de l’exaltation à la morosité.

Nous revenons d’un voyage. Une cinquantaine de compagnons, émerveillés par l’Espagne et heureux d’avoir prié avec le pape et des milliers d’autres jeunes. À l’aéroport, je suis séparée du groupe. Sur le pont principal de notre avion, mes amis chantent et rient. Je m’installe à regret à ma place, sur le pont supérieur. Trentaine d’inconnus, ambiance feutrée, écrans captivants… La joie qui m’habite disparait bien rapidement.

La joie n’est-elle donc qu’une émotion passagère? Ou bien peut-on la garder toujours?

La joie comme émotion

Le Larousse nous dit de la joie qu’elle est un «sentiment de plaisir, de bonheur intense, caractérisé par sa plénitude et sa durée limitée, et éprouvé par quelqu'un dont une aspiration, un désir est satisfait ou en voie de l'être».

On la chérit, la joie. Alors, on s’agite. Compétition, projet, promotion; exaltation par le dépassement. Musique, discussions animées, substances diverses; intensité de l’instant présent. La vie vaut la peine d’être vécue, puisqu’on peut ressentir aussi fortement.

Pourtant, notre quête est un peu tragique. Quand on recherche la joie, on ne l’obtient pas toujours, et elle finit de toute façon par nous échapper. À quoi bon, tout cela?

«Sous l’influence de la vérité contemplée, l’homme ne perçoit plus maintenant de toutes parts que l’horrible et l’absurde de l’existence. […] Le dégoût lui monte à la gorge. […] L’art s’avance alors comme un dieu sauveur et guérisseur» (Nietzsche, La naissance de la tragédie).

L’art selon Nietzsche, c’est ce qui donne du sens au monde. Source mystérieuse et transcendante. À l’époque, c’était le long opéra wagnérien, dans lequel le spectateur plonge et ressort transformé. La réalité continue pourtant de nous faire mal, alors nous plongeons encore et encore. L’art d’aujourd’hui? Festivités arrosées aux basses tonitruantes, retraites de yoga, expériences sexuelles toujours plus extravagantes. Il faut du piment, la paix intérieure, se dépasser, et tout cela en même temps. Cycle sans fin; le dieu de Nietzsche ne nous guérit pas vraiment.

Ce dieu ne nous comble pas parce qu’il ne nous donne qu’une émotion. Nous recherchons une expérience qui est par nature éphémère, en plus d’être autoconstruite. La joie, la vraie joie, celle qui ne passe pas, ce n’est rien de tout cela.

Astuces pour cultiver la joie

Si rien ne peut perturber cette joie profonde du croyant, il va sans dire que nos émotions, elles, sont bien changeantes. «Soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent», précise saint Paul (Rm 12,15). Pas question d’afficher un sourire forcé dans la souffrance, mais pas question non plus de se complaire dans la mélancolie. Voici quelques astuces pour que la joie se fasse mieux sentir dans nos cœurs.

Dans nos imprévus

Un automobiliste se rabat sans prévenir. Un collègue nous répond sèchement. Un enfant nous critique insolemment. Tant de petites situations – pas si graves! – où notre égo en prend un coup. Une méthode de prière toute simple pour que la colère ne s’installe pas: désolé, pardon, merci, je t’aime. «Désolé. J’ai peur, je suis en colère»; cette situation me désole, mais je l’accueille. «Pardon pour mes pensées négatives, mon regard dur ou les mots que j’ai prononcés. Merci pour la paix que donne le pardon. Je t’aime, mon Dieu, et toi aussi qui m’as causé du tort; je souhaite ton bien.» Préparez-vous: refuser la discorde et choisir l’amour, cela retourne le cœur!

Dans la routine

Le quotidien n’est pas toujours exaltant. «À tout moment et pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, rendez grâce à Dieu le Père», nous dit à nouveau saint Paul (Ép 5,20). La gratitude est un moyen efficace pour détendre notre cœur. On peut rendre grâce à chaque repas et noter les joies de notre journée dans un carnet. La gratitude est aussi un bon outil devant les difficultés. Une énième brassée de linge à plier? «Merci, Seigneur, pour cette abondance qui nous facilite la vie.» Une homélie ennuyeuse? «Merci pour ce prêtre qui offre sa vie à Dieu et à l’Église.» Des textes bibliques qui me perturbent? «Merci de me mettre face à mes incompréhensions et de me permettre de mieux te chercher et de te suivre, Seigneur.»

Ariane Beauféray
Ariane Beauféray

Ariane Beauféray est doctorante en aménagement du territoire et développement régional. Elle s’intéresse à l’écologie intégrale et met au point de nouveaux outils pour aider la prise de décision dans ce domaine. Collaboratrice de la première heure, elle est désormais membre permanente de l’équipe de journalistes du Verbe médias.