
Revendications trans et positivité corporelle: des modes qui passent
Positivité corporelle, activisme LGBTQ+, diversité culturelle… Plusieurs organisations délaissent ces enjeux jugés dépassés. Assiste-t-on à un changement social? À un retour en arrière? Il est aussi possible que ce soit le simple déclin de modes mises de l’avant par la génération Y, puis rejetées par la génération Z. Ces revendications sociales n’évoluent toutefois que sur la forme sans que le fond ne change vraiment. Quelles conclusions peut-on en tirer?
Attaquons d’abord le body positive movement — mouvement de positivité corporelle —, qui fait la promotion de l’acceptation de tous les types de corps. Il provient du fat acceptance movement, qui vise depuis les années 1970 à améliorer la qualité de vie des personnes grosses aux États-Unis. Il dénonce notamment les standards de beauté, la culture des régimes minceur et le manque de soins appropriés pour les personnes en surpoids.
La mort du body positivity
Dans les années 2000, le message de ce mouvement se transforme. De fat is beautiful, qu’on peut traduire par «les gros sont beaux», on passe à «tous les corps sont beaux». Cette invitation à aimer son corps, peu importe son apparence, est allègrement partagée sur les réseaux sociaux à partir des années 2010 par le mot-clic #bodypositive. N’est-ce pas naturel et important de s’accepter tel que l’on est? De s’estimer, peu importe ses formes ou son pourcentage de gras?
Si l’intention est bonne et permet parfois d’ouvrir la discussion sur ce qu’est la beauté, les conséquences de la positivité corporelle ne sont malheureusement pas toujours heureuses. Dans certains cas, il dérive vers un déni extrême de la réalité, et ce, même au sein de centres de recherche universitaires. Certains remettent en question le lien entre le taux de graisse corporelle et la santé des individus, une hypothèse réfutée par les études médicales à de multiples reprises. On peut se trouver très beau en surpoids, s’accepter tel que l’on est, mais cela ne signifie pas pour autant que l’embonpoint n’a aucun impact sur la santé.
L’obésité, particulièrement, est reliée à plus de 200 maladies et conditions chroniques. Un fait que bien des influenceurs de ce mouvement ont compris trop tard. Ils sont plusieurs à être décédé dans les dernières années, conséquence de leur diabète ou de complications cardiovasculaires. Certains n’ont même pas atteint 30 ans. Le mouvement est en train de mourir, au sens le plus littéral.
Le mouvement est en train de mourir, au sens le plus littéral.
Le grand retour de la minceur
Fatigue face aux revendications, besoin de développer de nouvelles avenues marketing, simple retour de balancier? La raison n’est pas très claire, mais le culte de la minceur refait manifestement surface depuis quelques années. Les personnalités adeptes de l’Ozempic pullulent comme les influenceurs de mise en forme. Le message? C’est possible — moyennant du temps et de l’argent — d’être en contrôle de son corps et de son apparence. Bref, si l’on est gras, si l’on est gros, c’est qu’on manque de volonté. Un message qui n’est évidemment pas sans conséquence sur notre rapport au corps. C’est aussi une simplification de la réalité. Il suffit de prendre un médicament contre le diabète pour perdre du poids – mais, surtout, ne parlons pas des potentiels effets secondaires à long terme. Une bonne routine au gym permet de gagner en muscles; pas besoin de nommer la dépendance à l’activité physique par son nom (la bigorexie!).
Sur les podiums de défilés aussi, on est passé d’une mode à une autre. Les fashion weeks boudent les mannequins grandes tailles, et c’est le retour des filles élancées dans les publicités comme sur les couvertures de magazines.
D’une obsession de l’inclusion sans remise en question, nous voici de retour à l’obsession de l’atteinte d’un idéal par nos propres moyens.
Du body positive, on est revenu à la minceur. D’une mode qui refuse que certains corps soient plus beaux ou en santé que d’autres, on passe à une mode qui refuse les formes et les tailles variées de la féminité comme de la masculinité. D’une obsession de l’inclusion sans remise en question, nous voici de retour à l’obsession de l’atteinte d’un idéal par nos propres moyens. Un idéal souvent inatteignable, surtout quand certains mannequins de mode féminine sont en fait des personnes de sexe masculin s’injectant de hautes doses d’estrogènes et de progestérone. Ces castrats sont parfaits pour les designers: jambes interminables, haute taille et peu de formes. De quoi rendre anxieuses bien des petites filles.
Et parlant de mannequins trans, une autre mode millénariale est en train de passer…
Trans ne rime plus avec tendance
Récemment, le professeur en sciences sociales Eric Kaufmann, de l’Université de Buckingham, montrait un rapide déclin du nombre d’étudiants se déclarant transgenres aux États-Unis. Utilisant une base de données regroupant 50 000 étudiants provenant de 250 universités américaines, il a trouvé que le nombre d’étudiants s’identifiant à un autre genre qu’homme ou femme (p. ex. transgenre, non binaire) a connu une ascension fulgurante en 2023. En 2025, les résultats reviennent au niveau de 2020, réduisant de moitié les effectifs en deux ans. Les résultats sont similaires concernant les orientations sexuelles queers.
Cette tendance s’observe dans les états rouges comme dans les bleus, dans tous les campus, parmi les étudiants républicains comme démocrates. Est-ce que d’autres facteurs pourraient expliquer cet abandon de l’identification trans? L’analyse du professeur Kaufman montre que, par rapport à 2023, les étudiants ne semblent pas en meilleure santé mentale, ne sont pas plus religieux et ne sont pas particulièrement plus hostiles à la liberté d’expression. Il en conclut que nous assistons tout simplement à la fin d’une mode. À son avis, les étudiants sont aussi woke qu’avant, mais moins trans et queer.
Si les étudiants ne souhaitent plus s’identifier aux identités trans et aux orientations sexuelles inhabituelles, cela ne signifie pas pour autant que l’idéologie queer a disparu ni que les questionnements identitaires n’existent plus. Ce n’est pas parce qu’on rejette des revendications jugées désuètes qu’on sait pour autant dans quelle direction aller.
Quelle leçon retiendra celui dont les revendications sont démodées et remplacées par d’autres?
D’ailleurs, ces changements n’affectent pas qu’une génération. Le monde entier embrasse ces nouvelles tendances. Par exemple, le comité olympique devrait annoncer au début de 2026 de nouvelles règles de participation aux Jeux. Elles impliqueront notamment l’interdiction pour les personnes de sexe masculin de compétitionner dans les catégories féminines, peu importe leur identification de genre. Ces règles concerneront aussi les personnes présentant un trouble de développement sexuel, ce qui devrait éviter des polémiques comme lors des épreuves de boxe féminine de 2024. Il n’y a pas vraiment eu de découverte scientifique majeure depuis l’année dernière concernant les différences de capacités sportives entre les hommes et les femmes. Le climat social permettant l’adoption de nouvelles règles de participation, par contre, a changé.
«Vanité des vanités, tout est vanité! Quel profit l’homme retire-t-il de toute la peine qu’il se donne sous le soleil? Une génération s’en va, une génération s’en vient, et la terre subsiste toujours. […] Ce qui a existé, c’est cela qui existera; ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera; rien de nouveau sous le soleil.» (Ecc 1, 2-4;9)
Ce sont les premiers mots de L’Ecclésiaste, un livre de la Bible. Bien que rédigés il y a plus de 2200 ans, ces versets sont terriblement d’actualité. Quelle leçon retiendra celui dont les revendications sont démodées et remplacées par d’autres? Se jettera-t-il sur les suivantes? On peut se permettre d’espérer la recherche d’une direction qui ne sera pas passagère. N’y a-t-il pas une boussole universelle, quelque part, permettant de viser un réel progrès social?
Parlant de tendance qui ne s’essouffle pas, la Bible, justement, garde sa place d’année en année au sommet du palmarès des ventes de livres! Il y a peut-être quelque chose à creuser de ce côté.
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