Pour ou contre la fête? 8 livres pour se décider

Œuvre phare du célèbre philosophe de la Grèce antique, Le banquet met en scène différents personnages invités à prononcer à tour de rôle un discours sur l’amour. Le titre original en grec ancien, Sumpósion, signifie littéralement «beuverie en commun»: l’éloge que les participants font d’Éros – le dieu de l’amour – est en effet facilité par le vin qui coule à flots. Socrate est celui qui réussit le mieux à tenir le vin. Son discours sur les différents niveaux d’appréciation du Beau, objet de l’amour, passera à l’histoire. Comme quoi de la fête peut aussi émerger la contemplation de la vérité! (S. G.)

La première édition de ce roman parait en 1733. Depuis, il a été adapté sous toutes les formes possibles: théâtre, cinéma, opéra. Mise à l’Index deux fois avant d’être rééditée dans sa forme définitive, l’histoire dérange autant qu’elle séduit. Le jeune chevalier Des Grieux s’éprend d’une belle volage, une passion dont la satisfaction pourrait être catastrophique. Sous un motif d’apparence noble – l’amour –, toutes les bassesses sont permises: mensonge, vol, tricherie, prostitution. Si le chevalier Des Grieux semble aimer sincèrement Manon, cette dernière, malgré son attachement, n’aime rien autant que la vie mondaine et la fête. Elle est prête à tout pour maintenir son mode de vie, et lui, prêt à tout pour elle. (J. B.)

Akihiro, huit ans, pleure la mort d’un ami. Aurait-il mieux valu qu’il ne naisse pas? «Aucune vie n’est inutile dans ce monde! Ces cigales aussi, quand elles naissent, leur existence ne dure qu’une semaine… Mais elles la vivent de toutes leurs forces!» Ces paroles de sagesse sont celles d’Osano, la grand-mère d’Akihiro. Ils vivent ensemble à Saga, un village rural du Japon. Les placards sont vides, mais le ruisseau livre des légumes abimés du marché. La pluie traverse le toit délabré, mais cela produit une jolie musique dans les seaux éparpillés sur les tatamis. Chaque mésaventure devient source de joie grâce à l’inventivité, l’humour et la générosité d’Osano. Nous faisons nôtre chacune de ses leçons, rythmées par les récoltes, les fêtes et les rencontres… Un manga captivant à dévorer dès l’âge de 10 ans. (A. B.)

L’écrivain et journaliste français Dominique Lapierre se retrouve dans Anand Nagar – c’est-à-dire «cité de la joie» –, le quartier le plus pauvre et le plus surpeuplé de Calcutta. Parmi la misère, l’insalubrité, la maladie, il rencontre des hommes et des femmes qui sont, pour lui, de véritables saints. Lapierre découvre une culture extraordinaire et le gout de ce peuple, toujours joyeux, pour la fête. Un ouvrage à succès incontournable avec plus de 50 millions de lecteurs et 31 éditions, adapté au cinéma par Roland Joffé en 1992. (B. B.)

Au gré de la plume poétique d’Ernest Hemingway, partez à la découverte du Paris idyllique des années 1920. Les descriptions sans artifice de l’auteur américain révèlent la Ville lumière – dans laquelle il vit durant sept ans, sous ses beaux et moins beaux jours – ainsi que la dure réalité de la vie d’écrivain. Pauvre et en quête de son identité artistique à l’époque, Hemingway y trouve l’inspiration pour écrire ce roman autobiographique. Amour, art, littérature et loisirs sont au cœur des conversations qu’il partage avec sa femme, ses amis écrivains et la poétesse Gertrude Stein. Férus d’écriture, dont Hemingway détaille le processus créatif, vous serez servis! (F. B.)

Le titre parait rebutant? La messe est une fête. Textes choisis de Benoît XVI et du cardinal Joseph Ratzinger fait le pari audacieux que l’eucharistie vaut mieux que n’importe quelle soirée. Cette anthologie fouillée des écrits de Joseph Ratzinger (Benoît XVI), regroupés sous les thèmes de la joie, de la fête et de la liturgie, en assure la démonstration rigoureuse. Une invitation à lire et à relire le théologien devenu pape, qui redonne ses lettres de noblesse au sacrement de l’eucharistie, souvent mal compris, en le présentant comme une réponse à notre soif existentielle. Tout sauf ennuyante, la lecture de cet ouvrage éveille à l’essence même de la fête qui, plus qu’une somme de divertissements ou de pieuses distractions, exprime le désir de trouver la vie devant l’horizon de la mort. (S.-C. B.)

Tout le monde connait le personnage et l’histoire de Pinocchio, popularisés par l’adaptation cinématographique qu’en fait Disney en 1940. Mais peu savent qu’il s’agit à l’origine d’un roman italien pour enfant, écrit en 1881 par Carlo Collodi. Si l’adaptation américaine demeure parmi les plus fidèles, on retrouve dans le roman plusieurs nuances qui accroissent l’intérêt du récit, notamment en ce qui a trait au tempérament de Pinocchio, beaucoup plus rebelle que candide. Le petit garçon de bois, en lutte contre la désobéissance et animé du désir de devenir un vrai et bon petit garçon, est en proie à la paresse, aux plaisirs faciles et à la fête sans âme. Les aventures de Pinocchio sont pour l’Italie ce que Le petit prince est pour la France, à savoir un conte éloquent empreint d’une vision chrétienne sur la condition humaine. (J. L.)

Dans un récit aux relents autobiographiques, Musset raconte l’histoire d’Octave, un jeune homme atteint du «mal du siècle», le désenchantement dans lequel lui et sa génération sont plongés alors que la foi en l’au-delà est balayée par la Terreur révolutionnaire et que l’espoir politique s’effondre avec la chute de Napoléon. Que reste-t-il à notre protagoniste? S’étourdir dans les festivités que ne manque pas d’offrir la société a le mérite d’engourdir le mal jusqu’au matin. Mais au réveil, la morsure de l’angoisse n’est que plus acérée. Même l’amour auquel Octave se donne corps et âme n’a pas suffisamment de substance pour l’arracher au néant. Portrait poignant d’une existence qu’on a privée de ses repères les plus structurants. (A.-M. R.)