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Illustration : Judith Renauld/Le Verbe

Le conclave en trois étapes : entre manoeuvres humaines et mystère divin 

Le Saint-Siège est vacant. À la mort d’un pape, tout un processus s’amorce. Entre les rites funéraires et l’annonce du prochain successeur de Pierre se tient une rencontre qui rend tout le monde fébrile : le conclave. Incursion dans un mystère où l’humain et le divin se côtoient d’une façon exceptionnelle.

Issu du latin, « conclave » est formé des mots «cum» (avec) et «clave» (clé) et désigne un endroit fermé à clé. C’est à la fois le lieu où se tient l’assemblée des cardinaux et l’assemblée elle-même qui doit élire le nouveau pape.

Un protocole original

Un épisode houleux autour de l’élection du pape Grégoire X, en 1271, est à l’origine du protocole qui encadre maintenant cette transition. À l’époque, les cardinaux mettent près de trois ans pour déterminer le successeur de Clément IV. Exaspérés, les habitants de Viterbe, ville où se tiennent les délibérations, enferment les cardinaux et vont jusqu’à les priver de nourriture pour les obliger à se mettre d’accord.

La version contemporaine est moins extrême, mais une chose demeure : les cardinaux électeurs n’auront pas de contact avec l’extérieur tant que l’élection n’aura pas eu lieu. Ils demeureront confinés tant et aussi longtemps qu’ils ne seront pas tombés d’accord. Dans la célèbre chapelle Sixtine, ils passeront au vote quatre fois par jour, jusqu’à ce qu’une majorité qualifiée des deux tiers soit obtenue.

Un vote solennel

Lorsqu’un cardinal porte son bulletin de vote à l’autel, il prononce à voix haute les mots suivants : « Je prends à témoin le Christ Seigneur qui me jugera, que je donne ma voix à celui que selon Dieu, je juge devoir être élu. » Ce n’est pas qu’un vote, mais un discernement qui engage tout l’être.

À chaque vote, les bulletins sont brulés dans un poêle. L’ajout des fumigènes appropriés donne à la fumée la couleur qui informe de la décision. Noire : les délibérations se poursuivent ; blanche : le nouveau pape est élu. L’annonce sera proclamée du haut du balcon de la place Saint-Pierre avec le fameux « habemus papam » (nous avons un pape).

Avant le conclave, un autre protocole

Il faut attendre entre 15 et 20 jours après la mort du pape pour que commence le conclave. D’ici là, d’autres éléments protocolaires doivent être respectés.

1.     Le décès du pape doit être constaté par le camerlingue. Auparavant, il se rendait au chevet du pape et l’appelait trois fois par son nom, mais cette pratique maintenant est obsolète. Aujourd’hui, le camerlingue atteste qu’il est bel et bien décédé, puis l’annonce officiellement. Il assure ensuite la transition en attendant l’élection du nouveau souverain pontife.

2.    Les novemdiales, soit neuf jours de deuil, sont observés à partir des funérailles. La tradition veut que le pape soit enterré à Saint-Pierre de Rome, mais ce n’est pas toujours le cas. En raison de sa grande dévotion pour la Vierge Marie, François a expressément indiqué en 2022 que son corps reposera à la basilique Sainte-Marie-Majeure.

3.     Un intervalle de quelques jours est requis pour permettre aux cardinaux électeurs de préparer le conclave, dans la prière et le recueillement. Ils sont actuellement au nombre de 135.

Un choix humain, éclairé par le divin

Des hommes de toutes les nations, avec leurs personnalités et leurs idées propres, se retrouvent soudainement dans un contexte de proximité inhabituel. C’est peut-être au détour d’un repas ou d’une discussion informelle que se révèleront des éléments importants de leur pensée et de leur vision.

Est-ce à dire que le sort futur de l’Église dépend uniquement d’impressions et de sentiments proprement humains ? Ce serait négliger l’importance du secours de la prière, qui accompagne chaque étape du processus.

La responsabilité est immense. Qui possède les qualités d’un candidat à la hauteur du rôle de vicaire du Christ ? Chercher un être humain exempt de tout défaut est une tâche impossible. Aucun des candidats n’est au-dessus de la condition humaine. C’est à partir de son humanité que le prochain chef visible de l’Église devra se laisser éclairer et guider dans sa mission par la volonté divine.

Stéphanie Grimard
Stéphanie Grimard

Après avoir enseigné la philosophie au collégial durant plusieurs années, Stéphanie est maintenant journaliste chez nous! Toujours à la recherche du mot juste qui témoignera au mieux des expériences et des réalités qu’elle découvre sans cesse.