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Sarah-Christine Bourihane
Sarah-Christine Bourihane figure parmi les plus anciennes collaboratrices du Verbe médias ! Elle est formée en théologie, en philosophie et en journalisme. En 2024, elle remporte le prix international Père-Jacques-Hamel pour son travail en faveur de la paix et du dialogue.
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Au sanctuaire des bouquins
Aux abords du Saint-Laurent, au Juvénat Notre-Dame à Saint-Romuald, se niche la librairie Secours-Missions. Contre les vents et marées de la révolution numérique, cette bibliopole à vocation culturelle, spirituelle et missionnaire subsiste telle une épave d’une qualité rare et précieuse. Le réverbère allumé est le signe que le frère Blanchet est présent. Les habitués savent qu’il l’est du lundi au vendredi, presque tous les jours de l’année, depuis 25 ans. Il faut franchir deux portes d’un gris délavé puis descendre quelques marches en béton pour le rencontrer. Le religieux de la communauté des Frères de l’Instruction chrétienne est fidèle à son
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De l’autre côté des murs : rencontres à l’Aumônerie communautaire de Québec
Contrevenir à la loi. Être en état d’arrestation. Vivre hors de la société, dans un univers soumis à d’autres codes. En ressortir transformé ou avec des séquelles. Tenter de reprendre en main sa liberté et de se réinsérer autrement dans la société. Rencontrer l’Aumônerie communautaire dans ce processus douloureux pour retrouver confiance en sa dignité, malgré le crime commis et le jugement d’autrui. Voilà ce que Stéphane et Natacha ont vécu. La première rencontre de Stéphane Bouchard avec la coordonnatrice de l’Aumônerie communautaire de Québec, Caroline Pelletier, n’est pas allée de soi. L’ex-détenu vient de passer 15 mois derrière les barreaux
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Danielle, séparée mais jamais seule
« La solitude et le sentiment de n’être pas désiré sont les plus grandes pauvretés », disait mère Teresa, qui a donné sa vie pour les plus pauvres parmi les pauvres. Véritable fléau de notre époque, la solitude guette tout autant les célibataires, les divorcés, les ainés que les jeunes dans leur monde virtuel. Comment vivre avec ce sentiment qui peut surgir à toute époque de la vie ? Danielle Giguère l’a appris avec le temps et, surtout, la grâce. « Pendant des années, j’arrivais à la maison et il n’y avait personne qui ne m’attendait. Je n’avais personne à attendre non plus. Il
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De la place pour tous à la table du Cardinal
C’est une soirée semblable à une fête du jour de l’An : repas copieux en plusieurs services, coupes de vin débordantes, prestation musicale des plus enlevantes. Si l’évènement À la table du Cardinal peut avoir l’air d’un club sélect, il faut regarder au-delà des apparences. Quand le cardinal convie à sa table, c’est pour que l’enthousiasme soit partagé avec d’autres. Cette année, distanciation oblige, l’évènement a la particularité d’être ouvert à tous et prend la forme d’une collecte de fonds. Quiconque fait un don, peu importe la valeur, sera invité à une soirée virtuelle, tenue le 20 mai prochain. Les participants auront droit à
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McGivney : soutenir la veuve et l’orphelin
Les épreuves ont parfois l’effet de nous renfermer sur nous-mêmes… ou de devenir un tremplin pour aider ceux qui les traversent aussi. Toutes les difficultés vécues par Michael McGivney (1842-1890) lui ont appris à mieux aimer son prochain, au point de le conduire à la sainteté. Béatifié le 31 octobre dernier par le pape François, l’exemple de sa foi en action rayonne toujours à travers son œuvre des Chevaliers de Colomb et par les grâces qu’il donne à ceux qui le prient. Quel parcours et quelles convictions l’ont mené à donner sa vie pour les autres ? Prêtre de paroisse, Michael McGivney est mort
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Les proches aidants : effacés et essentiels
Un repas, un transport, une coiffure, un bain, une visite : de simples gestes du quotidien, mais qui, donnés à des personnes en perte d’autonomie, comptent grandement. Ils sont estimés à 1,13 million au Québec, ces dévoués de l’ombre qui offrent une aide gratuitement sans compter leurs heures. Incursion dans l’univers des proches aidants, ces autres anges gardiens des services essentiels. « Est-ce que nous sommes à Saint-Pierre-de-Broughton ? » demande la mère de Julien Foy, regardant inquiète par sa porte-fenêtre. Depuis que le diagnostic d’Alzheimer de sa mère est tombé, Julien vit dans l’appartement au-dessus de chez elle. Il l’accompagne fidèlement du lever au
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Relire l’Histoire avec Jean Sévillia : à rebours de l’historiquement correct
On parle souvent de l’Histoire, entendue avec un grand H. Il s’agit de l’histoire officielle, celle qu’on enseigne dans les écoles publiques ou dont on fait parfois l’éloge à la télé et dans les journaux. Jean Sévillia, journaliste français et auteur de nombreux essais historiques, la désigne autrement : l’historiquement correct. En remettant en question certains mythes, en appelant à la nuance, l’auteur invite surtout à passer l’histoire dans un autre prisme que celui du politiquement correct. Entretien avec Jean Sévillia, à Paris. L’entrevue se déroule entre les murs du plus vieux quotidien français, Le Figaro. Jean Sévillia vient me serrer la main, juste après
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Dieu tatoué sur le cœur
Dans son ancienne vie, Carl Fournier se promenait en Harley-Davidson et vendait de la cocaïne. Il n’aurait jamais imaginé à ce moment-là qu’il ferait une consécration à Marie dans un monastère catholique. Dans la chapelle, à genoux, devant les moines émus, Carl se remémore surement le jour où il a été rescapé des chaines du crime. J’avais déjà rencontré Carl plusieurs fois au monastère des Petits frères de la Croix à Charlevoix. Il ne passait pas inaperçu. Frais converti, il avait la fougue et propageait sa joie de vivre autour de lui. Puis, je l’ai perdu de vue pendant quelques
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Jacques et Raïssa Maritain, les amitiés pour l’éternité
Jacques et Raïssa Maritain forment un couple exemplaire par leur amour fidèle, leur passion pour la vérité et leur fécondité intellectuelle et spirituelle qui a marqué le catholicisme du 20e siècle. Le mystère de leur foi et de leur rayonnement prend tout son sens au regard des amitiés tissées. Leur vie en livre le récit et rappelle que les chrétiens existent en grappe. Jacques Maritain (1882-1973) : un philosophe, un vrai, amoureux de la sagesse. Il la recherche éperdument comme un soleil caché derrière les gratte-ciels d’une nouvelle ère sans Dieu. Petit-fils de Jules Favre, dont l’effigie rappelle l’avènement de la troisième République, fils
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La guérison de Natshin Rousselot
Natshin Rousselot n’a pas passé sa jeunesse à jouer aux Barbies. Innue de sang, de cœur et d’esprit, la petite accompagnait plutôt ses grands-parents à la chasse au petit gibier et à la cueillette de petits fruits ou de plantes médicinales. Avec eux, elle a appris à vivre sous une tente, à maitriser l’art du sapinage, à connaitre la forêt comme le fond de sa poche. D’aussi loin qu’elle se souvienne, à la fin de la saison estivale, les ainés barricadaient les fenêtres et chargeaient leurs canots pour repartir dans leur territoire au cœur de la forêt boréale. C’est sous
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Un aller simple pour le Yukon
Sara Poirier et Javier Rebolledo auraient pu choisir de mener une vie confortable, comme le souhaitent la plupart des jeunes familles. Ils ont plutôt troqué leurs sécurités pour un exil vers l’inconnu, une vaste étendue sauvage, là où naissent les aurores boréales. « Une fois que tu es dans le Nord, c’est sûr que tu te dis qu’il n’y a pas grand-chose. Il y a beaucoup de nature, c’est superbe, mais il y a des désavantages aussi. On est loin. Si on avait été envoyés en Europe, ça aurait peut-être été plus proche. Neuf heures de vol et trois avions, ça
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Joyce, la lumière d’un peuple
En 2018, je participe à un pèlerinage à Medjugorje avec une trentaine d’Attikameks de Manawan. Les côtoyer m’ouvre les yeux. Je ne connais pas ces Autochtones qui vivent à quelques centaines de kilomètres de chez moi. J’y découvre un peuple de cœur. Un peuple d’une piété sans mesure qui passe des nuits blanches à prier et à chanter. Un peuple généreux qui achète des statuettes et des chapelets par centaines pour les absents du voyage. Car derrière chaque Attikamek, il y a une communauté. Et dans le cri de Joyce Echaquan, le cri d’un peuple. J’attrape de justesse Manon Ottawa au
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Autour du cloitre des Ursulines
Trois-cent-quatre-vingt-un ans. C’est le nombre d’années que les Ursulines de Québec ont prié, enseigné, jardiné et tenu bon malgré le froid aride de nos hivers, la guerre, la disette, les incendies. Quand on marche dans les rues du Vieux-Québec d’un pas pressé, le nez collé aux façades du présent, on ne soupçonne pas que derrière l’édifice Price, le 28 rue des Jardins ou les belles demeures de la rue Sainte-Anne, se cachent des traces de cette histoire. Au-delà des murs du cloitre se révèlent des facettes méconnues de ces religieuses. L’hospitalité sacrée 28 rue des Jardins : une maison patrimoniale à la
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Élizabeth Sombart et la Fondation Résonnance : libérer (par) la musique classique
Grâce à eux, des prisonniers s’évadent. Des ainés goutent à une joie sans rides. Des malades trouvent un souffle d’espérance. Parce qu’ils croient que la musique classique ne se confine pas dans les salles de concert prestigieuses, les musiciens de la Fondation Résonnance veulent porter leur art là où il est méconnu, là où des cœurs ont soif d’être touchés. Entretien avec la pianiste Élizabeth Sombart, initiatrice de la pédagogie Résonnance. « Mme Sombart, bonjour. Heureuse de vous avoir au bout du fil. Quel dommage d’être si loin, de chaque côté de l’océan ! — Chère Sarah-Christine, un océan nous sépare, mais pour l’âme,
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Mgr Albert Tessier, prêtre et cinéaste
Albert Tessier nous a quittés depuis déjà quarante ans. Même si son apport à notre patrimoine culturel est considérable, il demeure largement méconnu aujourd’hui. Pour découvrir ce prêtre trifluvien et pionnier du cinéma québécois, Le Verbe est allé à la rencontre de deux de ses amis et anciens collaborateurs, l’historien Denis Vaugeois et l’ethnologue René Bouchard. L’héritage Le Verbe : Il est difficile de comprendre comment un homme de l’envergure de Mgr Tessier soit, aujourd’hui, pratiquement inconnu du grand public. Un tel engagement dans l’Église et dans la société civile nous semble hors du commun. Quelles étaient ses convictions spirituelles et politiques ? René Bouchard : Mgr Tessier a
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Ce que Paul Claudel avait à dire
Si l’œuvre littéraire de Paul Claudel (1868-1955) se compare esthétiquement à une fresque contenant toutes les nuances possibles, son message, lui, est univoque. « J’ai une chose à dire et il faut absolument que je la dise. » Cette chose le presse, le met en route, l’enrôle. Désormais, ses poèmes, ses essais, ses pièces de théâtre et surtout son immense correspondance se calquent sur cette chose mystérieuse, irréfutable. Depuis le 25 décembre 1886, Claudel ne peut plus se taire. Quand il franchit le porche de la cathédrale de Notre-Dame de Paris pour assister aux vêpres de Noël, il n’a pas la foi
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L’envers du miracle
Il y a eu mille manières de vivre la crise sanitaire. Certains se sont donnés au front ; d’autres, sans emploi, ont appris à pétrir le pain, à rapiécer des vêtements, à travailler le bois ; plusieurs parents ont réinventé l’art de jouer avec leurs enfants. Sara Chapdelaine, elle, a réappris à marcher, après 14 années passées à rouler en fauteuil. Par écrans interposés, Sara m’apparait en plan buste et je ne vois pas qu’elle a une prothèse. J’aurais été ébahie de l’apercevoir se lever tout bonnement pour aller chercher un verre d’eau. La dernière fois que je l’ai croisée, elle roulait dans son
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Retour sur la tragédie de Lac-Mégantic : les brasiers ardents d’une catastrophe ferroviaire
Il y a des évènements qui ébranlent pour toujours. Des moments charnières qui font dévier des rails de la vie ordinaire. Même sept ans après le drame, les citoyens de Lac-Mégantic ont encore la mémoire marquée au fer rouge. Le train qui siffle trois fois par jour, l’absence de leurs proches et les nouveaux liens tissés leur rappellent sans cesse la tragédie du 6 juillet 2013. Autour de la table, au presbytère de Saint-Agnès du Lac-Mégantic, cinq victimes de la catastrophe se remémorent ensemble cette nuit où l’on voyait clair comme en plein jour. Ils me racontent aussi comment l’espérance ne s’est jamais éteinte
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Accouchement et foi en temps de pandémie
Trois mères et une sagefemme croyantes offrent leur expérience de l’accouchement en ce temps de crise. Quatre récits uniques sur cette joie de donner la vie en toutes circonstances. L’accueil Noémie accouche de Théophane le jour du Mercredi des Cendres, avant la mise en place des mesures de confinement. « Ce drôle de carême » qui débute en même temps que son quatrième trimestre s’avère plus aride que prévu. « Au début de la crise, je me disais que ça ne changerait rien, car de toute façon, je ne sortais pas. Mon plus grand trajet était entre mon lit et la salle de bains.
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Pour la suite du monde
Je n’avais jamais voulu avoir d’enfants. D’autres autour de moi souffraient de ne pas en avoir. Je ne les comprenais pas vraiment. Je n’étais pourtant pas fermée à la vie, je savais que j’allais accueillir mon enfant si Dieu m’en faisait le don. Mais je ne désirais pas être mère plus qu’il n’en faut. Je prenais la pilule pour un problème de santé. Et ça m’arrangeait d’une certaine façon. Désolée de le dire si crument, mais les mères m’inspiraient un certain dédain. Ma journée s’ouvrait sur des projets exaltants pendant que la pauvre mère était seule avec son enfant dans
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L’Italie, Marta et sa grand-mère
Marta Gelpi, Italienne d’origine, habite en Suisse, à trois kilomètres de la frontière italienne. Elle a accepté de me partager les moments douloureux qu’elle et ses proches affrontent en ces temps où son pays a atteint le record mondial de morts des suites du coronavirus. La foi est pour elle, et sa grand-mère vivant à Milan, une lumière obscure qui, l’espère-t-elle, illuminera les vies consumées par le virus et la solitude de la dernière heure. Pour Marta et le peuple italien, le drame secouant la Chine leur semblait bien lointain il y a quelques semaines. Pour le reste du monde, celui de
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Faire grimper la courbe de la charité
L’église Saint-Thomas-d’Aquin, espace sacré, semble encore immunisée contre le virus de la peur. Plusieurs fidèles vont prier pendant que d’autres se réunissent pour discuter sur la Parole*. Pour le curé Brice Petitjean, c’est l’occasion de souder des liens entre les paroissiens et de se laisser déranger par l’Esprit saint. L’étau se resserre. Le virus prolifère. On ferme les frontières. Sur nos écrans s’alourdit le sinistre bilan. Pendant ce temps, dans une paroisse près de chez nous, des fidèles se relaient toute la journée pour prier tant que les portes de l’église leur sont encore ouvertes. Je rencontre Brice Petitjean, curé
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La véritable ascension du grimpeur anarchiste
Grimpeur suisse de renommée internationale, Didier Berthod a ouvert de nouvelles voies d’escalade : de l’Italie, à l’Australie, au Canada, en passant par les États-Unis, il a conquis les hauteurs et défié l’extrême. Mais fait intriguant, à la toute fin de son film First Acent, on l’entend répéter : Dieu a eu pitié de moi. Récit d’un grimpeur dont la dégringolade lui a ouvert le chemin de la vraie ascension. Didier Berthod. Ce nom vous est inconnu? Allez faire un petit tour sur internet. On le retrouve à la une de magazines spécialisés et dans plusieurs films. Le parcours « vertical » de Didier commence quand
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Lunette sur Galilée avec Jean-Baptiste Noé
Dans les encadrés des livres de science, on lit souvent que Galilée (1564-1642) est le père de la science moderne, que l’Église a condamné au nom de l’obscurantisme. Dans certaines représentations en art, on le voit dans un cachot ou encore à genoux devant le tribunal de l’Inquisition. Dans les débats enflammés sur la Toile, il n’est pas surprenant d’y lire qu’il a fini brulé au bucher par des catholiques zélés. Le chapeau de martyr de la science fait-il vraiment à ce savant du 17e siècle? Rencontre avec Jean-Baptiste Noé, historien, à Paris. Galilée est un grand incompris de l’Histoire. C’est
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