

Michaël Fortier
Michaël Fortier détient une maitrise en littérature française. Son mémoire porte sur les écrivains catholiques français. Il poursuit des études en droit.
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Quand notre âme fait de l’acouphène
On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Georges Bernanos Le Festival d’été de Québec est commencé. Pendant une dizaine de jours, il ne sera plus possible de déambuler parmi les beaux endroits de la ville sans se faire agresser par la musique américaine, la même qui nous suit en tous lieux, tout au long de l’année, comme une ombre, une ombre qui conspirerait contre notre intériorité. À ce temps-ci de l’été, j’envie ceux qui peuvent s’en aller. J’essaie de chasser de mon
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La vie intellectuelle (pour les nuls)
J’appartiens à une génération d’étudiants qui n’a pas connu de professeurs. Les maitres auxquels nous avons eu affaire exerçaient la fonction d’enseignant ; ils se définissaient d’abord comme des « passionnés » et se montraient dès lors moins soucieux de nous former, de nous donner une éducation solide et cohérente, que de nous « transmettre leur passion ». Ces professeurs que je n’ai pas eu la chance de rencontrer, je me fais un devoir de leur réserver une section de ma bibliothèque, où j’accumule précieusement leurs ouvrages, dans l’intention non seulement de les relire, mais encore de les léguer à mes enfants un jour. Parmi
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Rémi Brague et Le règne de l’homme
Il y a un siècle déjà Chesterton écrivait : « Supprimez le surnaturel, il ne reste que ce qui n’est pas naturel. » Ce à quoi Rémi Brague pourrait aujourd’hui ajouter: « Supprimez ce qui dépasse l’homme, il ne reste plus d’homme. » Telle est, grossièrement résumée, la thèse qu’il défend dans son dernier ouvrage, Le Règne de l’homme, sous-titré : Genèse et échec du projet moderne. Titre paradoxal, puisque ce « règne de l’homme » que le philosophe Francis Bacon (1561-1626) souhaitait que l’on réalisât, correspond précisément à la disparition de l’homme. Émancipation totale? Le « règne de l’homme », c’est son émancipation par rapport à tout ordre qui lui
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L’université n’est pas un lieu de culture
Il est de bon ton, au sein de la classe soi-disant pensante, de faire du parti libéral un repoussoir absolu de l’intelligence. La méthode n’est pas sans charme, mais le réflexe de canaliser vers un parti politique en particulier une sorte d’inquiétude diffuse ne doit pas nous abuser. On accuse l’austérité d’être une mesure « idéologique ». Certes, mais cela ne veut pas dire grand-chose, à moins de croire qu’il est suffisant de pointer la nature « idéologique » de l’austérité pour être soi-même à l’abri de l’« idéologie ». On peut être pour ou contre l’austérité, cela dépend de l’orientation qu’on souhaite donner à l’État.
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Jean Tremblay et les bienpensants
Je suis de plus en plus enclin à croire que les interventions de Jean Tremblay ont la propriété de faire lever, comme on le dit d’un pain, la médiocrité des sphères soi-disant pensantes. Le scénario est toujours le même: chaque intervention est prestement condamnée par les journalistes et les fonctionnaires de l’intelligence qui peuplent les cégeps et les facultés de sciences humaines, avant de faire l’objet de récupérations individuelles au sein de l’immense cohorte des magnanimes qui en profitent pour se faire du capital humanitaire aux dépens du maire Tremblay. C’est une symphonie de médiocrité à cinquante mouvements, brillamment interprétée
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Contre l’obscurantisme
Réponse à Yves Gingras, «La théologie, une faculté anachronique » Me surprendra toujours cette condescendance avec laquelle les Québécois s’acharnent contre le catholicisme au nom de la Science. Ou bien le feu de Prométhée ne les éclaire pas suffisamment, ou bien ils ont pris l’habitude de le porter les yeux fermés. Dussent-ils l’examiner un peu plus, ils s’apercevraient que la science s’est développée non pas contre, mais à côté de la religion. Copernic était chanoine et ses travaux lui ont valu d’être sollicité par les ecclésiastiques pour la réforme du calendrier. Galilée était financé par des protecteurs catholiques. Ses démêlés
