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Michaël Fortier
Michaël Fortier

Michaël Fortier

Michaël Fortier détient une maitrise en littérature française. Son mémoire porte sur les écrivains catholiques français. Il poursuit des études en droit.

  • La Salette

    La Vierge de La Salette: fontaine de contradiction

    À mi-chemin entre Grenoble et Gap, en Provence, se tient, dos aux Alpes et face au Drac, un humble village du nom de Corps. Non loin de là, dans la montagne, on rencontre un hameau où ne vivent pas cent personnes. Ce hameau, c’est La Salette. C’est là que la Vierge, en 1846, a choisi d’apparaitre; à 1800 mètres d’altitude très précisément. Le site respire la majesté, avec ses sommets qui s’étendent à perte de vue au-dessus des nuages; on y sent le frisson des ombres sacrées. Il existe aujourd’hui un sanctuaire à cet endroit. On y accède par un chemin

  • Flannery O'Connor

    Flannery O’Connor, la dame aux paons

    On est en 1946, dans une résidence étudiante de l’Université d’Iowa. Une jeune femme de 21 ans, enfermée dans une chambre exigüe donnant sur l’unique toilette de l’étage, griffonne dans un calepin bon marché quelques « prières » d’un ton singulier. « Cher Dieu, je suis incapable de vous aimer comme je le voudrais. Vous êtes le mince croissant d’une lune que j’aperçois, et mon moi est l’ombre projetée par la terre qui m’empêche de voir cette lune tout entière. Le croissant est très beau, et peut-être est-ce là tout ce qu’une personne comme moi devrait en voir ; mais ce dont j’ai peur, cher

  • Ernest Hello

    Ernest Hello : le génie inconnu

    Les flâneurs et les oisifs qui goutent le charme des après-midis passés à parcourir les rayons des bouquineries ont peut-être déjà croisé, quelque part au fond d’une étagère poussiéreuse, le nom (qui n’est pas anglais mais breton) d’Ernest Hello sur la couverture de bouquins. À l’époque de la Seconde Guerre mondiale, l’éditeur montréalais Variétés avait profité d’une clause dans la Loi canadienne des mesures de guerre pour rééditer, sans avoir à verser de droits d’auteur, les classiques et les grandes œuvres littéraires de la France qui, sous l’occupation allemande, avait interrompu ses relations commerciales avec le Canada. L’écrivain et penseur

  • Nicolás Gómez Dávila

    Nicolás Gómez Dávila : écrivain traqueur des ombres sacrées

    « Le réactionnaire n’est pas un nostalgique rêvant de passés abolis, mais celui qui traque des ombres sacrées sur les collines éternelles. » Nicolás Gómez Dávila Le 17 mai 1994, à l’âge de 80 ans, s’éteignait, dans l’anonymat, un des plus grands écrivains catholiques du dernier siècle, le Colombien Nicolás Gómez Dávila. Lorsqu’on songe à l’œuvre qu’il a laissée derrière lui, un mot du jésuite Baltasar Gracián nous vient immédiatement à l’esprit : « Ce qui est bon est doublement bon s’il est bref. » Cette maxime, il semble que l’écrivain colombien l’ait prise à la lettre. En effet, cet homme dont les jours se sont écoulés

  • L’heureuse réunion des brulots

    L’événement le plus considérable de cette rentrée littéraire est sans conteste la publication des Essais et pamphlets de Léon Bloy (1846-1917) dans l’excellente collection « Bouquins » des éditions Robert Laffont. Cette parution vient souligner de belle manière le centenaire de la mort du Mendiant ingrat, en plus de combler une importante lacune éditoriale. En effet, les œuvres de Bloy s’avéraient jusqu’ici difficiles à trouver ; plusieurs volumes certes avaient déjà été publiés ici et là, mais souvent chez de petits éditeurs français, dans de faibles tirages et dans des éditions de qualité très inégale auxquelles le public québécois avait rarement accès.

  • Quand notre âme fait de l’acouphène

    On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. Georges Bernanos Le Festival d’été de Québec est commencé. Pendant une dizaine de jours, il ne sera plus possible de déambuler parmi les beaux endroits de la ville sans se faire agresser par la musique américaine, la même qui nous suit en tous lieux, tout au long de l’année, comme une ombre, une ombre qui conspirerait contre notre intériorité. À ce temps-ci de l’été, j’envie ceux qui peuvent s’en aller. J’essaie de chasser de mon

  • Photo: Fotolia

    La vie intellectuelle (pour les nuls)

    J’appartiens à une génération d’étudiants qui n’a pas connu de professeurs. Les maitres auxquels nous avons eu affaire exerçaient la fonction d’enseignant ; ils se définissaient d’abord comme des « passionnés » et se montraient dès lors moins soucieux de nous former, de nous donner une éducation solide et cohérente, que de nous « transmettre leur passion ». Ces professeurs que je n’ai pas eu la chance de rencontrer, je me fais un devoir de leur réserver une section de ma bibliothèque, où j’accumule précieusement leurs ouvrages, dans l’intention non seulement de les relire, mais encore de les léguer à mes enfants un jour. Parmi

  • Photo: Fotolia

    Petit éloge de l’autodafé

    Le texte qui suit appartient au genre désuet de l’apologue. C’est une introduction à une réflexion sur la parole que j’ai l’intention de mener dans une série d’articles à paraitre prochainement. Le problème du collectionneur de livres, ce n’est pas le temps ; c’est l’espace. Le collectionneur ne s’inquiète pas d’accumuler des livres qu’il ne lira probablement jamais : des œuvres de deuxième ou de troisième ordre, par exemple, ou encore des ouvrages correspondant à des gouts passagers. Que ces livres l’attendent un mois, un an, dix ans, voire toute une vie sur les étagères de sa bibliothèque, cela lui est égal.

  • Photo: Image du film Les innocentes (tirée de Facebook)

    Les innocentes

    De loin c’est quelque chose, et de près ce n’est rien. – La Fontaine Pologne, 1945. Des soldats de l’armée soviétique ont envahi un couvent de bénédictines et violé les religieuses à répétition pendant trois jours. Elles auraient dû être fusillées ; elles ont survécu. Plusieurs sont devenues enceintes. Dans neuf mois viendront les accouchements, et avec eux le déshonneur du couvent où le vœu de chasteté a été rompu. Telle est la trame de fond du dernier film d’Anne Fontaine, qui est sorti la semaine dernière au Québec. L’idée est originale ; on pense à une sorte de pendant féminin à

  • Photo: Portovenere (par Michaël Fortier)

    Portovenere

    Eugenio Montale (Gênes, 1896 – Milan, 1981) est l’un des plus grands poètes italiens du XXe siècle. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1975. Avec Salvatore Quasimodo, autre récipiendaire du Nobel (1959), et Giuseppe Ungaretti il fait partie de ce qu’on a appelé « l’école hermétique italienne ». Le poème de Montale présenté ici est tiré du recueil qui l’a rendu célèbre, Ossi di seppia (Os de seiche, 1925).   Portovenere (E. Montale)   Là surgit le Triton de l’onde qui lèche le seuil d’un temple chrétien, et chaque heure à venir est ancienne. Chaque doute te conduit par la main ainsi qu’une jeune amie.  

  • Illustration: Marie-Hélène Bochud

    Léon Bloy: sur les traces de l’Invisible

    Léon Bloy est né en 1846 et est mort il y a un peu plus d’un siècle, en 1917. Ces dates ne sont pas tout à fait anodines. La première correspond à l’année de l’apparition de la Vierge à La Salette; la seconde marque l’année des trois secrets de Fátima. Entre ces deux évènements à caractère apocalyptique, une vie passée à attendre l’Apocalypse et à en guetter les signes. Il n’y a que des symboles La coïncidence a de quoi surprendre. D’autant plus qu’elle se rapporte à un homme qui ne croyait pas au hasard – ce « nom moderne du

  • Journal d’un vieil homme de Bernard Émond

    Ceux qui fréquentent les salles de cinéma ont vu, au cours des quinze dernières années, la figure de Bernard Émond se détacher nettement de l’horizon du film québécois. Horizon plus ou moins dominé par les familles éclatées, les crises de la quarantaine, les jeunes artistes à l’identité sexuelle ambivalente, les road trips dans l’Ouest canadien et les personnages quelconques désireux d’échapper à leur routine pour s’épanouir librement dans leur quelconquitude. Il faut dire que, dans ce contexte, passer pour un cinéaste de grand fonds n’avait rien d’une tâche colossale. Il suffisait de dire quelque chose qui n’équivalût pas exactement au

  • Le destin de l’Église dans le monde moderne

    On entend souvent dire que l’Église est inadaptée au monde moderne. À moins de sous-entendre par là que l’Église a un quelconque «retard à rattraper» sur le monde moderne – idée aussi banale qu’insignifiante –, c’est exact. Le monde moderne a tenu son pari de se construire contre elle. N’est-il pas l’aboutissement d’une philosophie – celle des Lumières – qui s’est édifiée contre l’Église (contre signifie à la fois en opposition à et en prenant appui sur) tout en retenant une bonne partie de son enseignement, de sa morale, de ses valeurs ? En ce sens, il n’est pas exagéré de

  • Rémi Brague et Le règne de l’homme

    Il y a un siècle déjà Chesterton écrivait : « Supprimez le surnaturel, il ne reste que ce qui n’est pas naturel. » Ce à quoi Rémi Brague pourrait aujourd’hui ajouter: « Supprimez ce qui dépasse l’homme, il ne reste plus d’homme. » Telle est, grossièrement résumée, la thèse qu’il défend dans son dernier ouvrage, Le Règne de l’homme, sous-titré : Genèse et échec du projet moderne. Titre paradoxal, puisque ce « règne de l’homme » que le philosophe Francis Bacon (1561-1626) souhaitait que l’on réalisât, correspond précisément à la disparition de l’homme. Émancipation totale? Le « règne de l’homme », c’est son émancipation par rapport à tout ordre qui lui

  • Photo: fotolia

    Des aveugles juchés sur des épaules de géants

    25 remarques désobligeantes sur le temps qu’il fait 1. L’amour transforme la contingence d’un être en une nécessité. 2. Seule vaut l’esthétique qui vise un au-delà de l’esthétique. 3. Sans Dieu, il n’y a ni blasphème, ni péché, ni transgression. Dussent-ils s’en aviser, la plupart des artistes et littérateurs contemporains se retrouveraient aussitôt sans emploi. 4. Mieux qu’aucune autre, la musique jazz possède la faculté d’embourgeoiser n’importe quelle atmosphère. 5. Aujourd’hui, est qualifié d’« érudit » quiconque possède un viatique intellectuel d’une douzaine de livres. 6. Le démocrate est « un homme comme tout le monde ». C’est pourquoi il a le droit de

  • Photo: Pixabay (Hans -CC)

    L’université n’est pas un lieu de culture

    Il est de bon ton, au sein de la classe soi-disant pensante, de faire du parti libéral un repoussoir absolu de l’intelligence. La méthode n’est pas sans charme, mais le réflexe de canaliser vers un parti politique en particulier une sorte d’inquiétude diffuse ne doit pas nous abuser. On accuse l’austérité d’être une mesure « idéologique ». Certes, mais cela ne veut pas dire grand-chose, à moins de croire qu’il est suffisant de pointer la nature « idéologique » de l’austérité pour être soi-même à l’abri de l’« idéologie ». On peut être pour ou contre l’austérité, cela dépend de l’orientation qu’on souhaite donner à l’État.

  • Photo tirée de Facebook

    Jean Tremblay et les bienpensants

    Je suis de plus en plus enclin à croire que les interventions de Jean Tremblay ont la propriété de faire lever, comme on le dit d’un pain, la médiocrité des sphères soi-disant pensantes. Le scénario est toujours le même: chaque intervention est prestement condamnée par les journalistes et les fonctionnaires de l’intelligence qui peuplent les cégeps et les facultés de sciences humaines, avant de faire l’objet de récupérations individuelles au sein de l’immense cohorte des magnanimes qui en profitent pour se faire du capital humanitaire aux dépens du maire Tremblay. C’est une symphonie de médiocrité à cinquante mouvements, brillamment interprétée

  • À la défense de Christian Grey

      On n’arrive pas à Dieu à toutes les époques par le même chemin. – Nicolás Gómez Dávila   Je voudrais ici me faire l’avocat de ces 50 nuances de Grey dont je n’ai, à mon grand désarroi, jamais lu une page. Question de gout: le genre « Marquis de Sade pour petites princesses » n’a jamais été ma tasse de thé. Il est de bon ton aujourd’hui d’affirmer qu’on ne peut parler d’une œuvre sans l’avoir lue. Pourquoi accorder autant d’importance à l’activité de lecture? En fait, on peut parler d’une œuvre qu’on n’a pas lue pour la même raison qu’on

  • Contre l’obscurantisme

    Réponse à Yves Gingras,  «La théologie, une faculté anachronique »   Me surprendra toujours cette condescendance avec laquelle les Québécois s’acharnent contre le catholicisme au nom de la Science. Ou bien le feu de Prométhée ne les éclaire pas suffisamment, ou bien ils ont pris l’habitude de le porter les yeux fermés. Dussent-ils l’examiner un peu plus, ils s’apercevraient que la science s’est développée non pas contre, mais à côté de la religion. Copernic était chanoine et ses travaux lui ont valu d’être sollicité par les ecclésiastiques pour la réforme du calendrier. Galilée était financé par des protecteurs catholiques. Ses démêlés

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