

Maxime Huot-Couture
Maxime œuvre en développement communautaire dans la région de Québec. Il a complété des études supérieures en science politique et en philosophie, en plus de stages à l'Assemblée nationale et à l'Institut Cardus (Ontario).
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Sauver l’homme au masculin
Le 19 novembre, nous soulignons la journée internationale de l’homme. Une fête que l’on aborde, avouons-le, un peu à reculons, avec timidité, voire avec énervement. L’homme, un être dont on ne sait plus quoi faire, et que certains voudraient même «effacer». Pourtant, il y a bien des raisons de célébrer. Pour les connaitre, il ne faut pas s’empêcher de parler de l’homme au masculin, un masculin qui ne l’emporte pas sur le féminin, mais auquel on peut tout de même s’accorder. La masculinité ne se porte pas très bien. En juin dernier, la Semaine québécoise de la paternité avait pour
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La localisation du monde
C’était il y a à peine 30 ans. La promesse d’un monde sans frontières accroissant la prospérité et le bonheur de tous battait son plein. Un mot était sur toutes les lèvres: mondialisation. La rapidité avec laquelle cette promesse s’est évanouie est fascinante. Aujourd’hui, le changement de paradigme est clair: place à la localisation! Le gouvernement du Québec a récemment adopté le projet de loi 12 visant à favoriser l’achat local sur les marchés publics. On sait ce qu’en auraient pensé, il y a peu, la plupart des élites politiques et financières: «rétrograde!», «passéiste!», «chauvin!». Les temps ont changé. «Buy American», «Produits
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Année 2021 : la pornographie en procès
S’appuyant sur des études scientifiques qui se multiplient depuis quelques années, Le Verbe a plusieurs fois fait le procès de la pornographie dans ses pages. Les accusations sont nombreuses et la preuve est accablante : promotion de la culture du viol, exploitation sexuelle des mineurs, vision dégradée de la femme, dépendance… Or, voilà que 2021 nous quitte en nous laissant de bonnes raisons d’espérer : ce procès a maintenant lieu dans nos institutions judiciaires et politiques. Certes, n’exagérons pas l’ampleur de ce changement : il ne s’agit pas ici de la pornographie en général, mais de ce que les anglophones appellent « Big Porn », c’est-à-dire les
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La gnose et les complots
Les théories du complot sont actuellement presque aussi virulentes que la Covid-19. De plus en plus d’adeptes issus de milieux divers adoptent une méfiance radicale envers les autorités civiles et les médias. Comment comprendre ce phénomène ? Un concept, tiré des boules à mites de la civilisation occidentale, peut nous aider : la gnose. Dans un article récent, appréciable à plusieurs égards, le philosophe Martin Steffens qualifiait de gnosticisme certains réflexes élitistes de l’Église catholique en temps de pandémie : utilisation de la technologie pour pouvoir assister à la messe, avantage implicite aux plus jeunes, aux plus rapides, etc. À mon avis, ce versant négatif de
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Des bombes et des petits fruits : écoextrémisme, révolution ou écologie intégrale ?
Compostage, tourisme responsable et pailles en carton : changement réel des mentalités ou bonne conscience petite-bourgeoise ? Insuffisant, dans tous les cas, pour certains activistes qui ont pris la menace environnementale très au sérieux, peut-être trop au sérieux. Les militants d’hier déposaient une petite fleur dans le canon des pistolets ; ceux d’aujourd’hui prennent le pistolet pour défendre la fleur. Coup d’œil sur les mouvements d’écologie radicale et sur les idées et les sentiments qui les animent. La révolution est un vieil idéal. Or, notre époque présente ceci de nouveau que la société n’est plus seulement à transformer radicalement, mais à préserver rapidement. Sur le
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Le retour du bien commun
Vous connaissez la devise des mousquetaires ? « Un pour tous et tous pour un ! » En ce temps de crise sanitaire, l’ensemble de la population est invitée à se rallier à ce cri et à jurer allégeance à une étrange entité : le bien commun. Notion parfois honnie, oubliée ou incomprise, le bien commun est ce pour quoi tant de personnes font aujourd’hui de nombreux sacrifices et efforts. Le bien commun, une sorte de beau-frère éloigné qui ne se pointe qu’en temps de crise ? Non pas. Dans les faits, ce bien est présent dans nos vies à tout instant, mais il est un
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Courir après le temps: du YOLO à l’éternité
Le regretté Dédé Fortin des Colocs chantait: « La vie c’est court, mais c’est long des p’tits bouttes ». Et même quand l’espérance de vie augmente, on trouve que « ça va vite ». Tout s’accélère, tout bouge. S’il faut tant planifier, c’est que le futur n’est jamais loin. Une chose est sûre : le monde moderne a changé notre rapport au temps. Mais comment ce changement a-t-il pu se produire ? Les jours et les nuits se succèdent pourtant comme avant ; ma montre ne va pas plus vite que les cadrans solaires de l’Égypte antique. Intrigant, non ? En cherchant des explications, on se rend compte
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Une guerre peut-elle être juste?
Phénomène humain aussi tragique que tenace, la guerre a façonné l’identité géographique, sociale et politique de notre monde. Une longue tradition de pensée, nourrie par l’Église catholique et plusieurs philosophes, soutient que la guerre est acceptable dans certaines conditions. Justifie-t-on l’injustifiable? La doctrine de la guerre juste puise dans le droit des gens romain, le jus gentium, qui concernait les nations étrangères et leurs ressortissants. Sur fond de stoïcisme, le droit des gens se fonde sur l’existence de lois naturelles valant pour tous les êtres humains, ce qui inclut les ennemis et les prisonniers. On doit toutefois la première élaboration systématique
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La loi, l’Occident et l’islam
Le 18 novembre dernier, quelques jours seulement après les attentats de Paris, le philosophe français Rémi Brague (1) s’est déplacé à Montréal pour y donner une conférence intitulée Three Foundations of Law (2). Le Verbe a assisté pour vous à cet évènement. Provenant de Paris, il n’aura mentionné les récents attentats qu’à la toute fin de son allocution (3). Or il n’avait pas besoin de le faire. Tout le propos que le professeur Brague venait de développer pouvait aider à comprendre cette tragédie, qui ne serait pas tant l’histoire d’une confrontation entre les « valeurs » de l’Occident et la « barbarie » d’un
