

Maxime Huot-Couture
Maxime œuvre en développement communautaire dans la région de Québec. Il a complété des études supérieures en science politique et en philosophie, en plus de stages à l'Assemblée nationale et à l'Institut Cardus (Ontario).
-
Andrea Bartoli: «La révolution dont nous avons besoin pour construire la paix, c’est celle d’une intériorité ouverte à l’Esprit.»
Andrea Bartoli, Ph. D., est le président de la Fondation Sant’Egidio pour la paix et le dialogue basée à New York. Expert mondialement reconnu en résolution de conflits, M. Bartoli a également été doyen de la Seton Hall School of Diplomacy and International Relations et de la George Mason University School for Peace and Conflict Resolution. Il a récemment participé en tant que conférencier à la série d’ateliers en ligne offerte par le chapitre canadien de la Fondation Centesimus Annus Pro Pontifice (CAPP-Canada), «La doctrine sociale de l’Église catholique : un antidote à la polarisation». Les prochains ateliers auront lieu les
-
Sauver l’homme au masculin
Le 19 novembre, nous soulignons la journée internationale de l’homme. Une fête que l’on aborde, avouons-le, un peu à reculons, avec timidité, voire avec énervement. L’homme, un être dont on ne sait plus quoi faire, et que certains voudraient même «effacer». Pourtant, il y a bien des raisons de célébrer. Pour les connaitre, il ne faut pas s’empêcher de parler de l’homme au masculin, un masculin qui ne l’emporte pas sur le féminin, mais auquel on peut tout de même s’accorder. La masculinité ne se porte pas très bien. En juin dernier, la Semaine québécoise de la paternité avait pour
-
La localisation du monde
C’était il y a à peine 30 ans. La promesse d’un monde sans frontières accroissant la prospérité et le bonheur de tous battait son plein. Un mot était sur toutes les lèvres: mondialisation. La rapidité avec laquelle cette promesse s’est évanouie est fascinante. Aujourd’hui, le changement de paradigme est clair: place à la localisation! Le gouvernement du Québec a récemment adopté le projet de loi 12 visant à favoriser l’achat local sur les marchés publics. On sait ce qu’en auraient pensé, il y a peu, la plupart des élites politiques et financières: «rétrograde!», «passéiste!», «chauvin!». Les temps ont changé. «Buy American», «Produits
-
Année 2021 : la pornographie en procès
S’appuyant sur des études scientifiques qui se multiplient depuis quelques années, Le Verbe a plusieurs fois fait le procès de la pornographie dans ses pages. Les accusations sont nombreuses et la preuve est accablante : promotion de la culture du viol, exploitation sexuelle des mineurs, vision dégradée de la femme, dépendance… Or, voilà que 2021 nous quitte en nous laissant de bonnes raisons d’espérer : ce procès a maintenant lieu dans nos institutions judiciaires et politiques. Certes, n’exagérons pas l’ampleur de ce changement : il ne s’agit pas ici de la pornographie en général, mais de ce que les anglophones appellent « Big Porn », c’est-à-dire les
-
La gnose et les complots
Les théories du complot sont actuellement presque aussi virulentes que la Covid-19. De plus en plus d’adeptes issus de milieux divers adoptent une méfiance radicale envers les autorités civiles et les médias. Comment comprendre ce phénomène ? Un concept, tiré des boules à mites de la civilisation occidentale, peut nous aider : la gnose. Dans un article récent, appréciable à plusieurs égards, le philosophe Martin Steffens qualifiait de gnosticisme certains réflexes élitistes de l’Église catholique en temps de pandémie : utilisation de la technologie pour pouvoir assister à la messe, avantage implicite aux plus jeunes, aux plus rapides, etc. À mon avis, ce versant négatif de
-
Le virus est aux portes… ouvrons-les !
Il fallait s’y attendre : à l’heure où le virus frappe encore, on demande aux croyants un sacrifice plus grand qu’aux cinéphiles. Mauvaise nouvelle pour ceux dont la mission est d’en annoncer une bonne ! D’autant plus que tous les efforts de collaboration semblent avoir été vains. Le sentiment qui surgit est compréhensible : indignation face aux efforts non reconnus, déception face à une autre fragmentation de nos communautés, incompréhension quant à la difficulté de communiquer avec le gouvernement. C’est une réaction bien humaine, mais est-ce vraiment une réaction chrétienne ? Oui, nous avons fait preuve de responsabilité, mais est-ce que la charité nous
-
Des bombes et des petits fruits : écoextrémisme, révolution ou écologie intégrale ?
Compostage, tourisme responsable et pailles en carton : changement réel des mentalités ou bonne conscience petite-bourgeoise ? Insuffisant, dans tous les cas, pour certains activistes qui ont pris la menace environnementale très au sérieux, peut-être trop au sérieux. Les militants d’hier déposaient une petite fleur dans le canon des pistolets ; ceux d’aujourd’hui prennent le pistolet pour défendre la fleur. Coup d’œil sur les mouvements d’écologie radicale et sur les idées et les sentiments qui les animent. La révolution est un vieil idéal. Or, notre époque présente ceci de nouveau que la société n’est plus seulement à transformer radicalement, mais à préserver rapidement. Sur le
-
Le retour du bien commun
Vous connaissez la devise des mousquetaires ? « Un pour tous et tous pour un ! » En ce temps de crise sanitaire, l’ensemble de la population est invitée à se rallier à ce cri et à jurer allégeance à une étrange entité : le bien commun. Notion parfois honnie, oubliée ou incomprise, le bien commun est ce pour quoi tant de personnes font aujourd’hui de nombreux sacrifices et efforts. Le bien commun, une sorte de beau-frère éloigné qui ne se pointe qu’en temps de crise ? Non pas. Dans les faits, ce bien est présent dans nos vies à tout instant, mais il est un
-
Courir après le temps: du YOLO à l’éternité
Le regretté Dédé Fortin des Colocs chantait: « La vie c’est court, mais c’est long des p’tits bouttes ». Et même quand l’espérance de vie augmente, on trouve que « ça va vite ». Tout s’accélère, tout bouge. S’il faut tant planifier, c’est que le futur n’est jamais loin. Une chose est sûre : le monde moderne a changé notre rapport au temps. Mais comment ce changement a-t-il pu se produire ? Les jours et les nuits se succèdent pourtant comme avant ; ma montre ne va pas plus vite que les cadrans solaires de l’Égypte antique. Intrigant, non ? En cherchant des explications, on se rend compte
-
Leonard Cohen et le Dieu absent
On ne sait plus parler de Dieu. Et même lorsque, à l’occasion, une personnalité publique s’y essaie, on croirait à tout coup entendre une oraison funèbre : maintenant que Dieu est mort, soulignons ses vertus et à quel point la « spiritualité » nous manque. Leonard Cohen, lui qui a aussi suscité des commentaires posthumes avec la sortie de l’album Thanks for the Dance en novembre dernier, a su mieux parler de Dieu que la plupart de nos contemporains. Il serait pour lui absurde d’affirmer la mort de Dieu. En fait, Dieu est bien vivant dans l’œuvre de Cohen, mais en tant qu’absent. La différence,
-
Guerre totale à l’exploitation sexuelle
Le Canada, « plaque tournante de l’exploitation sexuelle »? Montréal, « Bangkok de l’Ouest »? Ces tristes épitaphes, qui ressurgissent actuellement dans la sphère publique, ont de quoi nous faire réfléchir sérieusement. C’est d’ailleurs ce que compte faire la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs récemment mandatée par le gouvernement québécois. Alors qu’elle a débuté ses travaux dernièrement , on peut se demander si elle sera à la hauteur de l’urgence morale qui se dévoile devant nous. Il faut saluer la décision de la CAQ, sous l’initiative de plusieurs députés, d’avoir créé cette commission. Elle suscitera nécessairement des discussions difficiles.
-
La Cour ratifie la mort sur demande
Un accident sur la voie publique. Plusieurs personnes blessées, souffrantes. Pas de temps à perdre : les unités médicales arrivées sur place démarrent les machines à euthanasie et mettent fin à ce spectacle déshonorant la dignité humaine. Plus loin, des « maisons de repos » accueillent tous ceux qui désirent mettre fin à leur jour, désespérés ou simplement las de vivre. Après tout, n’est-ce pas la même chose? Ces scènes sont tirées du roman de Robert Hugh Benson, Le Maître de la Terre, écrit en… 1907. La réussite de Benson, outre son excellente narration, est d’avoir montré avec brio la
-
La course contre la mort
Pâques est un temps de paradoxe. D’un côté, on se prépare tranquillement à célébrer la résurrection (du Christ ou du cocothon, selon les allégeances). De l’autre, on continue de s’engager communément dans une véritable course contre la mort. On ne peut éviter la mort pour toujours? Soit! Nous la rattraperons et la battrons au chrono, le temps d’une piqure ou d’un gel cryogénique. Étrange évolution de notre rapport à la mort, qui a pourtant longtemps été considérée comme une alliée pour les plus hauts desseins de l’humanité. Les Anciens et la mort Qui aujourd’hui peut se dire familier avec le
-
Un État fort, vraiment?
Le 28 mars au matin, à Québec (nuageux, risques de tempête), un nouveau projet de loi sur la « laïcité de l’État » était déposé sur les planches de travail de l’Assemblée nationale. Journalistes, organismes de défense de ceci et de cela, partis politiques, commentateurs de bas de page et autres twitteux étaient prêts à reprendre le combat, les armes déjà affutées par les rondes précédentes. Le gouvernement caquiste s’est-il lancé dans une impasse, prenant le risque de défigurer le visage bienveillant de la Belle Province? Rappelons les grandes lignes du projet de loi no21, « Loi sur la laïcité de l’État », connues depuis
-
Populisme ou la vie en jaune
Alors qu’en France la mobilisation des « gilets jaunes » se poursuit depuis près de quatre mois, le Royaume-Uni avance divisé et sans filet vers une sortie de l’Union européenne. La politique, sur le Vieux continent comme sur le Nouveau, semble être aux prises avec un problème « inédit » : le peuple. Pour le meilleur selon certains, pour le pire selon d’autres. Les gouvernements ou les mouvements qualifiés aujourd’hui de « populistes » présentent des traits distincts qui rendent difficile une définition claire. Certains groupes sont plus proches de l’anarchisme et avancent une critique radicale de l’État comme institution illégitime. Parmi eux, l’imaginaire assorti à des
-
La Sagesse de Marie
Premier jour de l’année. Le jour de toutes les espérances et de toutes les résolutions. Le jour des coups de barre (festivités obligent) et des coups de gueule (au destin). Heureusement, l’Église sort aujourd’hui l’artillerie lourde : la fête de « Marie, mère de Dieu ». Ce cadeau est des plus adéquats pour débuter l’année, car la Reine du Monde nous a aussi été donnée pour mère. Aujourd’hui plus que jamais, l’Église a besoin de sa Mère pour remplir sa mission divine, au-delà des échecs et des controverses. Plus précisément, elle doit être éminemment proche de celle que l’on nomme aussi « Trône de
-
Une laïcité d’idiots?
Au Québec, les polémiques autour de la « laïcité » de l’État ressurgissent avec une fréquence et une vigueur impressionnantes. Récemment, c’est la Coalition Avenir Québec qui, à l’aube de la période électorale, a mis la laïcité en vitrine de sa campagne. On se dispute alors sur les spécificités du « modèle québécois », mais peu remettent absolument en question ce qui est devenu une référence commune de la politique moderne. Pourtant, la laïcité en elle-même est bien loin de garantir le bien commun et l’épanouissement des personnes. Tout d’abord, il faut bien sûr distinguer la laïcité comme doctrine de prudence politique (l’Église ne
-
Une guerre peut-elle être juste?
Phénomène humain aussi tragique que tenace, la guerre a façonné l’identité géographique, sociale et politique de notre monde. Une longue tradition de pensée, nourrie par l’Église catholique et plusieurs philosophes, soutient que la guerre est acceptable dans certaines conditions. Justifie-t-on l’injustifiable? La doctrine de la guerre juste puise dans le droit des gens romain, le jus gentium, qui concernait les nations étrangères et leurs ressortissants. Sur fond de stoïcisme, le droit des gens se fonde sur l’existence de lois naturelles valant pour tous les êtres humains, ce qui inclut les ennemis et les prisonniers. On doit toutefois la première élaboration systématique
-
Aimer son corps comme soi-même
Dans une lettre d’opinion publiée le 11 mai par Le Devoir, l’écrivaine Martine Delvaux dénonce les codes et les normes vestimentaires des écoles québécoises. En plus de cibler les jeunes filles, cette pudibonderie cacherait en fait, selon l’auteure, l’incapacité des adultes (c.-à-d. les enseignants) de voir les corps autrement que comme un objet de désir sexuel. On retrouve toutefois une certaine confusion dans le propos de Mme Delvaux, ce qui n’aide pas le débat sur la présence de codes vestimentaires dans nos écoles et sur notre rapport au corps en général. Notons d’abord que les codes vestimentaires sont généralement
-
Le malaise québécois
Le 20 mars dernier, le magazine canadien-anglais Maclean’s s’est encore une fois proposé de recenser dans un article les vices de la société québécoise. À partir de quelques prémisses qui incluent une tempête de neige et une autoroute bloquée, le chroniqueur Andrew Potter* en conclut à un profond malaise social au Québec. On s’en doute, l’article a reçu un accueil glacial dans la Belle Province. Le premier ministre a parlé de « préjugés » véhiculés dans « un texte de mauvaise qualité » alors que François Legault, chef de la CAQ, l’a éloquemment qualifié de « torchon ». Si l’auteur s’est rapidement rétracté et a présenté
-
La loi, l’Occident et l’islam
Le 18 novembre dernier, quelques jours seulement après les attentats de Paris, le philosophe français Rémi Brague (1) s’est déplacé à Montréal pour y donner une conférence intitulée Three Foundations of Law (2). Le Verbe a assisté pour vous à cet évènement. Provenant de Paris, il n’aura mentionné les récents attentats qu’à la toute fin de son allocution (3). Or il n’avait pas besoin de le faire. Tout le propos que le professeur Brague venait de développer pouvait aider à comprendre cette tragédie, qui ne serait pas tant l’histoire d’une confrontation entre les « valeurs » de l’Occident et la « barbarie » d’un