

Laurence Godin-Tremblay
Laurence termine présentement un doctorat en philosophie. Elle enseigne également au Grand Séminaire de l’Archidiocèse de Montréal. Elle est aussi une épouse et une mère.
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L’Annonce faite à Laurence
À Noël dernier, j’ai lu et relu L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel. Livre fascinant. Violaine, jeune fille d’environ 18 ans, dans un moment de joie enfantine, embrasse un pauvre lépreux, triste et déprimé. Un geste innocent, spontané. Comme un élan pour remercier Dieu de tout le bonheur dont il la comble : elle va bientôt se marier avec l’homme qu’elle aime ! Bien sûr, elle attrape elle aussi la lèpre et doit dire adieu au fiancé. C’est sa sœur qui l’épousera. Elle, elle se retrouve dans une grotte, isolée de tous, le visage déformé, les yeux consumés. Elle est aveugle et
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COVID-19: entretien avec un prêtre italien
Cloitrée depuis quelques semaines chez moi — à cause de nausées et de vomissements importants (joies du premier trimestre) —, j’envoyais régulièrement en Italie, à mon père spirituel surtout, des messages de lamentations. Jusqu’au jour où mon petit problème gastrique s’est mis à sembler bien ridicule face à la situation d’un pays aussi sévèrement touché par le coronavirus… Sachant don Francesco présentement prisonnier de son presbytère, je lui ai demandé ses lumières de théologien pour m’éclairer sur la situation actuelle, surtout d’un point de vue spirituel. Après tout, le coronavirus ne se transmettra pas de Florence à Québec par appel
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« La race des prêtres, c’est la pire »
Je n’avais autrefois rien de négatif ni de positif à dire à propos des prêtres : ils étaient là, sans que je les considère vraiment. C’était avant que je comprenne leur mission. « La race des prêtres, c’est la pire », me confiait-on encore dernièrement. C’était — cette fois du moins — une simple boutade. De la part d’un prêtre qui plus est ! Et pourtant, nombreux aujourd’hui y adhèreraient, même dans les milieux chrétiens… Encore à propos de Florence ! Personnellement, je n’ai jamais rien eu de négatif à dire contre les prêtres (hormis quelques lamentations à propos d’homélies plus ennuyantes que d’autres). Jusqu’à
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Frère André, pas juste un saint pour les matantes
Il y a quatre mois, je suis revenue au Québec, après un an d’études en Italie. À dire vrai, j’ai beaucoup appréhendé ce retour. Et je nourris encore parfois certaines craintes… Car l’Italie m’a fait redécouvrir ma foi, m’a fait sentir réellement chez moi dans l’Église. Ovviamente! Facile de s’épanouir au milieu d’une tradition riche, belle et vivante! Alors qu’au Québec, le moins qu’on puisse dire, c’est que le croyant ne se sent pas toujours comme un poisson dans l’eau… Qu’à cela ne tienne, me suis-je dit! Le chrétien goute déjà à l’éternité! Si le Québec catholique d’aujourd’hui ne comble
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La Passion selon Caligula
Un parallèle déconcertant et frappant a été établi, durant les dernières décennies, entre le Caligula de Camus et la figure du Christ. Lorene M. Birden, dans son étude « Caligula-Christ : Preliminary Study of a Parallel », va jusqu’à qualifier le héros tragique de Camus de Dark Jesus. De fait, la pièce Caligula, tout comme le Nouveau Testament, nous place devant une Passion, devant le sacrifice d’un homme pour faire venir sur terre l’Impossible. Pourquoi la Passion du personnage camusien se révèle-t-elle cependant nulle, infructueuse, voire désastreuse ? Pourquoi Caligula s’exclame-t-il à la toute fin de la pièce : « Je n’ai pas pris la voie
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Les études universitaires: un exercice spirituel
Un texte du père Francesco Vermigli, traduit de l’italien par Laurence Godin-Tremblay Comme je fréquente le monde universitaire, je rencontre quotidiennement des étudiants de toute provenance. J’ai donc l’occasion de percevoir toujours plus distinctement les aspirations que ceux-ci nourrissent, notamment leur soif de découvrir plus clairement le sens des études qu’ils ont entreprises. Dans un monde liquide, peuvent également être liquides les raisons pour lesquelles on accède à la vie universitaire, on y vit et on en sort. Par liquide, j’entends le fait d’entrer à l’université avec un certain but en tête — pas toujours bien défini — et de
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Le Meilleur des mondes à la porte
Jusqu’au 19 octobre, le Théâtre Denise-Pelletier présente la pièce Le Meilleur des mondes, adaptation théâtrale de Guillaume Corbeil du célèbre roman éponyme d’Aldous Huxley. Le roman original, écrit en 1931, frappe par son actualité. Il décrit un monde artificiel, esclave de la technologie et de la consommation. La famille n’existe plus : les bébés sont conçus dans des éprouvettes. Leur éducation — ou plutôt leur conditionnement — se fait en laboratoire. Tout est programmé. Chacun son rôle, chacun sa caste, Alpha, Bêta, Delta, Gamma ou Epsilon. Et chacun se voit programmé à aimer ce qu’il est obligé de faire, ce qui

