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Gabriel Bisson
Physiquement bellâtre, intellectuellement ambitieux, socialement responsable, moralement innovateur, Gabriel croit aux choses qu'on peut prouver, mais aussi à certaines choses qu'on peine parfois à rationaliser. Ingénieur, il met son amour des lettres et du dessin au service de notre média.
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La laïcité et ses promesses
Depuis les évènements récents à l’école Bedford, la laïcité est sur toutes les lèvres. Tout le monde en parle, mais sait-on réellement ce qu’elle est, ce qu’elle implique ? Ces questions sont pourtant fondamentales, surtout qu’elles concernent directement l’éducation de nos enfants. Nouvel éclairage sur cet enjeu. Parler de laïcité dans un contexte d’enseignement appelle des nuances particulières. Un regard par-dessus notre épaule nous permet d’abord de constater que la coupure entre l’école et la religion n’a pas été aussi nette qu’on le pense. Dans Récit d’une émigration, le sociologue Fernand Dumont relate également les rencontres et les relations fertiles qu’il a
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Réussir ses disputes
On n’a pas toujours besoin d’un gros alibi. Cette fois-là, par exemple, on écoutait les nouvelles à la radio. « En prendre moins, mais en prendre soin », disait Legault. Il parlait des écureuils dans les parcs ou des itinérants, je ne sais plus trop. Toujours est-il que ça m’a donné l’idée d’une bonne plaisanterie : « Chérie, si on en faisait moins, mais, à la place, on en prenait soin? » Il faut dire qu’on attend le septième enfant. Il n’en fallait pas plus. Ne soyez pas dupes, toutefois, comprenez-moi bien.S’immisçait dans cette farce un message.Car sans doute mes allures de chrétienDe cette tâche
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La boule de crème glacée
« C’était ça, son drame ? Une boule au chocolat tombée d’un cornet de biscuit ? Les misères de la paix me dégoûtaient. » – Georges, Le quatrième mur Depuis mars 2020, une chose m’irrite sans que je sois capable de mettre le doigt dessus. Et puis, j’ai trouvé. C’est arrivé en lisant Le quatrième mur, de Sorj Chalandon. On y raconte l’histoire de Georges, un homme de théâtre français qui poursuit le rêve de jouer Antigone dans les ruines d’un Beyrouth en guerre. Offrir une minute de paix à un monde violent et déchiré. Nous sommes en 1982, le Liban est en pleine guerre civile. L’intervention de l’armée israélienne,
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Plaidoyer pour qu’on respire par le nez
Bien que les gamins aiment rarement faire le ménage, il peut arriver qu’un enfant de trois ans à qui on a demandé de ramasser les jouets du salon soit concentré sur sa tâche au point de piquer une crise quand un de ses frères ramasse à sa place une auto qui trainait. Il peut aussi arriver qu’une hystérie s’ensuive, que les uns tapent sur les autres et que tous se mettent à crier, même les parents. On excusera ceux-ci de sauter l’étape du bain et du brossage de dents et de les envoyer se coucher avec pas d’histoire. Mais je
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La sècheresse
Dans l’univers niché des sciences de l’espace (espace comme dans « ça prend de la place » et pas comme dans « la lune et les étoiles »), on trouve une branche dédiée à la diagonalité. C’est-à-dire l’étude des choses placées à angle par rapport à la perpendiculaire. Les livres dans une bibliothèque, les oranges dans un présentoir, etc. Cette science théorique trouve son application dans plusieurs idées pratiques, comme les stationnements à angle, là où les rues sont trop étroites. Ce modèle s’est multiplié, au point où l’on sait maintenant qu’une voiture obliquée prend moins d’espace que la même voiture perpendiculaire, le nez
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Le progrès sur une butte de terre
En cette ère d’ouverture à l’autre, d’éveils aux privilèges blancs, de mondialisation et du mélange des genres, on retrouve deux camps relativement opposés, qui ont chacun leurs mascottes attitrées. D’un côté, ceux qui choisissent l’ouverture, l’accueil sans réserve et le multiculturalisme et de l’autre, ceux qui pensent qu’il faut être ouverts aux autres mais là y a des limites tsé, faut se respecter en tant que peuple et s’affirmer. Dans le premier groupe, on retrouve des sbires de la trempe de Justin Trudeau, Marc Cassivi et compagnie. Dans le coin opposé, des vieux bandits à la François Legault, Mathieu Bock-Côté,
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Cyrille déjoue les pronostics
En septembre dernier, Gabriel et son épouse Florence ont tous deux publié un texte (« Spin Doctor » et « Tu n’auras jamais à être parfait ») dans lequel ils réagissaient à l’annonce de la venue de Cyrille, leur dernier enfant auquel on a diagnostiqué un spinabifida. Voici le compte rendu des derniers évènements. Observer n’est pas un geste passif. Le regard porte un jugement, il agit sur le sujet auquel il s’intéresse. Fixez d’un air neutre une personne dans l’autobus pour voir. Les premiers moments de notre vie se passent dans l’obscurité. À l’intérieur du ventre de notre mère.
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Guide pratique pour une saine censure
On l’a vu dans les dernières semaines, les mots et les images ont un poids. Ils sont chargés. Ils pèsent sur les nerfs tendus de notre équilibre émotif. Les mots mettent en colère. Que ceux qui ont pour occupation de mettre des idées sur une feuille se le tiennent pour dit. Il suffit d’une minute d’inattention et on se met les pieds dans les plats. Ou pire. Ce sont toutefois deux choses bien différentes que de connaitre les tabous et de les éviter en toute circonstance. Pour ce faire, il est absolument nécessaire d’exercer une vigilance sans faille. Petit exercice
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Spin doctor
C’est rien qu’une bande dessinée– Plume Latraverse Le technicien et moi on s’était mis de connivence. Le plan était d’attendre le moment qui la surprendrait le plus, qui la prendrait de court. Il a donc commencé comme d’habitude à vérifier les organes, mesurer le crâne, prendre la fréquence cardiaque. Puis il a demandé « voulez-vous savoir ou on vous garde la surprise ? » On voulait savoir. « Il a le spinabifida », qu’il a dit. Ça a fait son effet. Moi j’ai trouvé, pour être de circonstance, que ce n’était pas très professionnel, d’annoncer ça comme ça. Je lui ai bien laissé savoir. Mais
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Y a-t-il une vie après le CHSLD ?
On parlait à la radio, ce matin, du combat de Jonathan Marchand. Cet homme de 43 ans, atteint de dystrophie musculaire et d’insuffisance pulmonaire, est contraint d’habiter dans un CHSLD pour être branché sur un respirateur artificiel 24 h sur 24. Il est posté, depuis mercredi, devant l’Assemblée nationale en guise de protestation et d’appel à l’aide. Je me suis dit qu’il réclamait probablement un assouplissement des règles pour l’aide médicale à mourir. Son handicap est trop lourd à porter, les critères sont arbitraires et inhumains, le gouvernement manque de compassion. Bref, le témoignage rempli de pathos qui réussit habituellement à
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Au secours de la Saint-Jean-Baptiste
La fête de la Saint-Jean-Baptiste est le théâtre, depuis plusieurs années déjà, d’une ambigüité systémique. On fête une nation qui n’en est pas (encore) une. On souligne une fierté québécoise dont on oublie la source. Et les autorités insistent pour que le message soit inclusif et terne, parce que la plus grande crainte de ces fonctionnaires feutrés est de déplaire à quelqu’un. Dès lors, la table est prête pour le débat habituel. Ce jeu politique du consensus beige et de la plus basse platitude commune se trouve critiqué par les zélés de la cause souverainiste, et ceux qui insistent pour qu’on
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De l’importance d’avoir des après-midis libres
On sait que la terre tourne autour d’elle-même à une vitesse de plus de 1000 km/h. Simultanément, elle voyage autour du soleil à un rythme de 108 000 km/h. On estime que le système solaire, lui, fonce à travers la galaxie à une vitesse qui varie entre 720 000 km/h et 900 000 km/h. Et notre amas de galaxies se balade dans le cosmos à quelque chose comme 2,1 millions de km/h. On a beau prendre une pause pour attacher nos lacets anagogiques, on n’est jamais tout à fait immobiles. Notre situation dans l’univers n’est rien d’autre que la pointe d’une flèche qui avale les kilomètres à un
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Ces choses de la psychose pandémique qui m’exaspèrent
S’il y a un genre littéraire négligé, c’est bien celui de la liste. Voici donc celle des choses qui m’exaspèrent dans notre réaction commune à la situation flottante et anxiogène qui nous tarabuste l’existence. François Legault qui répète chaque jour que cette crise représente le plus grand combat de notre vie Je ne sais pas ce qui me décourage le plus. Que plusieurs parmi nous pensent cela, ou que ça soit peut-être vrai. On se rappelle que la consigne principale est de rester à au moins deux mètres les uns des autres. À l’ère du numérique, de la commande en
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Chronique d’un déni éclairé
Des savants avertis par la pluie et le ventAnnonçaient un jour la fin du mondeLes journaux commentaient en termes émouvantsLes avis, les aveux des savantsBien des gens affolés demandaient aux agentsSi le monde était pris dans la rondeC’est alors que docteurs savants et professeursEntonnèrent tous en chœur« Le soleil a rendez-vous avec la lune… » - Charles Trenet Les professionnels de la santé nous parlent régulièrement du choix éclairé. Ce concept signifie la libre décision du patient, informé de toutes les possibilités et de leurs conséquences, sur les traitements qui lui seront administrés. C’est donc la chronique d’un déni éclairé que je
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La crise climatique au service de l’âme
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. Mt 10,28 La crise climatique que l’on vit actuellement, avec ses acteurs, ses drames quotidiens et ses produits dérivés, nous forcera à terme à remettre en question notre mode de vie. Comme la nature nous l’a si souvent fait sentir, notre âme et notre esprit demandent mieux. L’élan écologique aura fini par mettre hors-jeu le consumérisme, le capitalisme vorace et le tout-aux-vidanges, produit intérieur brut de la désillusion qui s’ensuit. Ce n’est pas
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Quand YouTube fait son cinéma
« Vous aviez raison, vous. N’importe quelle donnée devient importante si elle est en connexion avec une autre. La connexion change la perspective. Elle induit à penser que chaque aspect du monde, chaque voix, chaque mot écrit ou dit n’a pas le sens qui apparait, mais nous parle d’un Secret. Le critère est simple : soupçonner, toujours soupçonner. On peut lire par transparence même un panneau de sens interdit. » – Umberto Eco, Le Pendule de Foucault Dans une pub de Tim Hortons, un prétendu chanteur rock déclame : « j’ai toujours été un rêveur, mais je n’aurais jamais imaginé ce que la vie me
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Qu’est-ce que les parents connaissent au sexe?
Dans la déferlante actuelle contre l’Archidiocèse de Montréal, qui a indirectement osé s’inviter dans le débat sur l’éducation sexuelle des enfants, une question implicite a été soulevée et mérite qu’on s’y attarde. Elle pourrait se formuler ainsi : qu’est-ce qu’une institution peut avoir à dire sur le sexe? Surtout lorsqu’il s’agit d’une institution dont on ne compte plus les péchés sexuels de certains de ses membres et dont l’enseignement est en décalage complet avec les mœurs d’aujourd’hui. Selon Gabriel Bisson, un réel appel à une sexualité intégrale mérite un plus large écho. Semble-t-il qu’on ait, dans le processus, oublié que l’objet
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Mépriser les parents
L’éducation sexuelle en milieu scolaire peut-elle être comparée à l’enseignement des mathématiques ? L’école a-t-elle la prérogative de l’éducation des enfants ou devrait-elle se limiter à soutenir le projet éducatif des parents ? Notre collaborateur répond ici à l’éditorial d’Alexandre Sirois, publié hier dans La Presse. Monsieur Sirois, Comment réagiriez-vous si vous appreniez que l’on enseigne à votre enfant à tirer de la carabine à l’école primaire ? Absurde, n’est-ce pas ? On pourrait penser qu’il relève du jugement des parents de décider quand, avec qui et de quelle manière leur enfant devrait-il être initié à la carabine. Vous me direz que