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Fabrice Hadjadj

Fabrice Hadjadj est philosophe et dramaturge. Il dirige l’Institut Philanthropos, à Fribourg, en Suisse.

  • L'anniversaire, ou quand le bonheur des uns fait le malheur des autres

    Une fête d’anniversaire peut être quelque chose de sinistre. Surtout si vous résidez dans la maison de retraite de Malmköping et que vous avez 100 ans. On a organisé une réception en votre honneur. L’adjoint au maire sera là. Et même le journal local. Votre photo en page 13 vous offrira une forme démocratique de la momification des pharaons. On peut comprendre, en ces circonstances, que vous préfériez passer par la fenêtre et disparaitre sans laisser d’adresse: courir l’aventure, la dernière, sans doute, poursuivi par des membres du gang Never Again plutôt que d’être célébré comme un bronchiosaure dont on vient de déterrer les os. C’est ce que raconte Jonas Jonasson dans son roman Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire.

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    Scroll

    Ce mot, scroll, je l’ai découvert quand j’avais neuf ans. Je jouais à Donjons et Dragons. Les règles n’existaient pas encore en français. Nous devions donc les suivre dans la langue de Tolkien. Mon elfe magicien, chaotique bon, rêvait de scrolls: des rouleaux magiques recélant de puissants sortilèges. Je négligeais alors les devoirs de l’école, j’avais trop à faire avec les orques et les nécromanciens. Déjà la fuite dans l’imaginaire, me direz-vous. Mais l’homme est-il au monde à la manière des autres animaux, sans avoir à faire de longs détours par son intelligence et son imagination? D’ailleurs, cet imaginaire était

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    «No_reply»

    J’allais ajouter un couplet à ma tirade contre le dispositif technologique, quand j’ai été saisi d’un soudain scrupule. C’était à propos des messages que nous recevons et dont l’envoyeur se présente avec la mention no_reply. Il y a d’abord cet affreux «tiret bas», appelé aussi «underscore», ignoré de la bonne écriture française et qui ne souligne que le vide. Cela seul suffit à le disqualifier. Mais il ne se contente pas de cette insignifiance, il ajoute que le message n’appelle pas de questionnement ni de dialogue, et que personne, donc, n’en est responsable. L’administration dédouane ses ministres: «C’est comme ça

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