

Brigitte Bédard
D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.
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Des messes inclusives sous la neige
Avec la série de confinements exigés par la Santé publique depuis le printemps 2020, on a vu de belles initiatives venant de quelques paroisses catholiques. Mais quand le passeport vaccinal est devenu obligatoire pour entrer dans un lieu de culte, le 20 décembre 2021, on a commencé à voir se déployer une véritable résistance catholique… face à la tiédeur spirituelle et aux giboulées de janvier. On pourrait dire que celui qui a ouvert le bal est l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, avec sa messe de Noël. On pouvait le voir sur YouTube, arborant son couvre-chef de trappeur, invitant les dizaines de fidèles réunis
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Trois résurrections dans une paroisse en mission
À Montréal, dans ce qu’on appelle le Nouveau-Rosemont, se trouve la paroisse Saint-Bonaventure, coin Saint-Zotique et 42e Avenue. C’est à cet endroit qu’une laïque, Élisabeth Boily, et son curé, Patrice Bergeron, ont eu l’idée d’organiser un forum pour réseauter les paroisses du Québec qui veulent « sortir de leur tombeau ». Et Dieu sait que lorsque laïcs et pasteurs embarquent côte à côte dans les mêmes folies, ça peut prendre des proportions inespérées! Dans cette église, qui aurait besoin d’être plâtrée et repeinte au grand complet, et rafistolée de tous bords tous côtés, des dizaines de vies ont été transformées depuis le jour où
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Dominique Gendron, alcoolique et outremangeuse
S’empiffrer ne suffisait plus, et se souler non plus. Religieuse ou pas, obèse ou pas, soule ou pas, il en aura fallu du temps pour que Dominique trouve enfin un sens à sa fuite sans fin et sans fond. Toute son enfance avait pourtant baigné dans les chants et les joies familiales. Son père était marguiller à la paroisse et chantait à la messe. Elle aimait cet esprit de fête, les weekends de jeunes et, évidemment, Jésus ! Puis, un jour, son père fait un infarctus. « Tout a basculé pour moi à ce moment-là. Pour la sécurité de la famille et
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The Chosen, une série catholiquement correcte
*** AVERTISSEMENT : Cet article comporte une pléthore de divulgâcheurs. *** Je l’admets, j’ai levé le nez sur la série chrétienne The Chosen pendant plus d’un an. Et maintenant, je l’avoue, je suis accro et je #bingeJesus régulièrement. Je croyais que ce serait une petite série proprette avec une belle morale chrétienne, mais non. La distribution est incroyable, les acteurs excellents. Jésus (Jonathan Roumi) est crédible, attachant, profond : il rit, il danse, il fait des blagues, il est imprévisible et ne dit jamais de quoi demain sera fait (un running gag dans la série), il rappelle à l’ordre ses disciples surprotecteurs et orgueilleux qui ne
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Marc Tousignant: un père presque parfait
De l’extérieur, certaines histoires paraissent idylliques. Curieuse, je suis allée voir un père de famille « parfaite » pour mieux comprendre c’est quoi le truc. Regard sur la paternité assumée d’un homme qui a décidé de bâtir sa maison sur le roc. Marc est papa sept fois. Le matin, il se lève avant tout le monde pour s’assurer d’une douche bien chaude. Ensuite, il prend un temps, iPod en tête, en compagnie du Tout-Autre. Après, il descend à la cuisine pour faire le lunch de sa grande fille. Ce matin, il a fait son fromage. Entre deux brassées ? Pratique d’accordéon. Je lui
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Olivier, à fleur de peau : la réadaptation du cœur d’un grand brulé
Le 26 avril 2006, à l’âge de 22 ans, Olivier Lessard tombe dans une flaque d’essence en feu. Il se transforme en torche humaine. Il venait pourtant de rencontrer Dieu et songeait même à lui donner toute sa vie. Histoire d’un ressuscité. Adolescent, il avait mis le bon Dieu de côté, mais pour faire plaisir à sa grand-mère, il s’était inscrit au parcours Alpha de sa paroisse. « C’était vraiment intéressant ! J’ai été touché par Dieu. Une flamme s’est rallumée en moi, et ça m’a amené à me questionner sérieusement. Je n’avais plus envie de vivre une vie sans Dieu, centrée sur le
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Les sœurs visiteuses
Ce matin, entre les nuages tout gris de novembre et le petit givre au sol, on peut voir le soleil quand même dans Hochelaga-Maisonneuve. Au bout de la ruelle, je rejoins sœur Violaine. Elle m’entraine dans l’escalier qui mène à son logement, où Dominique attend, cafetière en main. En me voyant, elle se dépêche de la déposer : « Ah ! j’oubliais mon masque » ! Elle enfile le tissu en marchant vers le salon : « Viens ! On va s’assoir, et après, on ira visiter nos amis ! » Ancienne carmélite, elle est sœur de la Congrégation de Notre-Dame (CND) depuis 2002 et arrive tout fraichement de France
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Paul-Julien : de « bon à rien » à ange gardien
Véritable rescapé d’un milieu familial dysfonctionnel, Paul-Julien Osborne a grandi avec la conviction qu’il n’était bon à rien. Aujourd’hui, quand il n’est pas sur la patinoire avec ses enfants ou auprès de son épouse, il soigne et écoute des patients aux soins intensifs. Preuve que ses propres plaies ont été pansées par la grâce. Il n’était même pas encore un petit désir dans le cœur de sa maman que déjà son père menaçait de la tuer si elle devenait enceinte. Après six mois de mariage, elle est partie, mais elle ignorait qu’elle était enceinte de Paul-Julien. L’avocat qui s’occupait du
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« Chéri ! Je (ne) sens (plus) mon corps ! »
J’imagine que vous allez dire que j’ai une fixation. Vous allez même peut-être lever les yeux au ciel et croire que je n’en ai que pour mon petit nombril (et ce qui se passe en dessous). Pourtant, ce n’est pas de mon ombilic dont il s’agit, mais de mes hormones ! Elles se font la malle et ça bouscule l’humeur, le désir sexuel, l’énergie, le sommeil, l’appétit… TOUT ! Vous n’en avez rien à faire des hormones ? C’est probablement parce que : soit vous n’êtes pas encore arrivée à l’âge vénérable de la cinquantaine ; soit vous l’avez dépassée depuis belle lurette et que
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Une chambre à soi
Pour la première fois, depuis au moins 18 ans, je vous écris de ma chambre ! Ma chambre à moi ! Rien qu’à moi ! Eh bien quoi ? Vous ne comprenez pas ce que cela signifie ? Vous ne voyez donc pas ? Vous ignoriez que mon bureau avait toujours squatté une partie du salon, jamais très loin de la cuisine ? Aaaahhh ! C’est que peut-être n’êtes-vous pas mère de six enfants ! D’accord. Laissez-moi alors vous expliquer, vous faire un petit portrait de la situation de la femme en moi qui, bon an mal an, faisait tout pour garder un tant soit peu une vie à elle,
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La traversée des gens courageux
Il y a des traversées qui ne se font pas à pieds secs, mais boueux. À la Résidence Angelica, à Montréal-Nord, dans le pire de la crise, on a continué à marcher, certain d’arriver à bon port, mais sans trop savoir sur quelle sorte de terre on allait se poser. Comme dans tous les CHSLD du Québec, la vague COVID-19 s’est abattue sur celui de la communauté des Sœurs de Charité de Sainte-Marie, laissant des marques indélébiles chez le personnel. Peuple fidèle Avant d’aller rejoindre au jardin le groupe d’employés masqués et désinfectés, je croise sœur Claire, directrice générale, ainsi que Nancy
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Souffrir d’amour… pour la messe
Bon. Y’en a qui m’écrivent pour me demander ce qui se passe avec moi. Pourquoi je ne fais plus de petits vidéos humoristiques sur Facebook les vendredis ? Et pourquoi je ne publie presque plus rien ? Et pourquoi je ne fais plus de blagues ? Pourquoi ? Mais bonté divine, c’est parce que je souffre ! Et quand je souffre, eh bien je suis comme vous — je n’ai pas envie de rire. Évidemment, la joie est là, tout au fond, immuable ; cette joie du ressuscité, cette joie de me savoir sauvée, aimée, accompagnée, guidée. Cette joie d’aimer aussi. Mais ça ne change rien
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Addicte un jour, addicte toujours
Ce n’est pas parce que j’ai rencontré le bon Dieu que ça veut dire que je ne suis plus une accro, une addicte, ou une dépendante — appelez ça comme vous voulez ! Si cette période covidienne de l’humanité dévoile le meilleur et le pire des cœurs et des esprits, elle le fait aussi pour la femme qui vous écrit. Libérée ? Moi ? Oui, mais comme nous toutes — et tous aussi —, je suis prisonnière de ma chair qui ne souhaite qu’une chose : assouvir son désir du moment. Certaines sont dans la « bonne alimentation ». D’autres dans le « surentrainement physique », moi, jadis, naguère,
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Libérée de la violence conjugale
De beaux yeux bleus, une chevelure blonde toute bouclée, une voix d’or, un mari qui l’adore et de beaux enfants pétillants — oui, on pourrait dire que Raphaëlle a tout pour elle. Disons tout de suite que ça n’a pas toujours été si beau et si bon. Pour vivre heureuse, elle a dû se libérer de la violence conjugale, certes, mais juste avant, elle a dû briser ce qui la retenait captive pour vrai : elle-même. Jeune, elle avait une vie spirituelle vivante et une vie de prière intense. Puis, un jour, un truc étrange lui est passé par la tête,
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Emanuel, le padre de la joie
Confinement ou pas, Emanuel Zetino, le plus jeune prêtre du diocèse de Montréal, célèbre la messe à la cathédrale de Montréal chaque matin en direct à la télé. Tout de suite après, on peut le voir danser sur TikTok dans la sacristie, faire un meme avec son encensoir ou chanter « Aqui Estoy » sur le parvis de l’église. À 16 ans, il avait décidé d’être heureux et toujours joyeux. 20 ans plus tard, il tient promesse. Né à Montréal de parents immigrants guatémaltèques, il ne le cache pas : il a toujours voulu être prêtre. « Comme beaucoup de Latinos, mes parents étaient très pratiquants
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Carpe Diem, la maison qui n’oublie pas ses ainés
Le fumet qui s’échappe de la cuisine me rappelle qu’il sera bientôt midi. Je pousse la barrière du jardin en cherchant du regard une préposée en uniforme, sans en trouver. Au fond, sous les grands arbres, jeunes et vieux se laissent bercer par les joyeux rigodons d’une violoniste. La jeune femme n’a pas été engagée pour venir faire son spectacle, puis repartir ; c’est une intervenante qui est aussi musicienne. À la Maison Carpe Diem, la polyvalence des intervenants offre la possibilité au personnel de ne pas être cloisonné dans un seul rôle. Nicole Poirier, fondatrice et directrice, dit que j’aurais
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La barbe du barbu
Vous le saviez peut-être : la barbe du barbu est un caractère sexuel secondaire. Secondaire parce que la barbe, de toute évidence, ne participe pas directement au système reproducteur (c’est-à-dire les organes sexuels). En la portant, le barbu cherche à conquérir la dame tout en s’imposant à ses rivaux. C’est pourquoi elle apparait au moment de la maturité sexuelle. Même s’il s’agit d’un duvet, elle annonce aux dames et aux messieurs de quel bois le barbu se chauffe. Fascinant, non ? Est-ce à dire que plus la barbe est grosse, plus le barbu est imposant ? Non. Tranquillisez-vous, messieurs ! Dans son Discours sur le
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Louange à l’Angélus
La prière de l’Angélus tend à disparaitre, mais autrefois, les cloches de nos églises sonnaient matin, midi et soir en l’honneur du grand mystère de l’Incarnation du Christ. Ainsi débute cette prière : « L’Ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie », d’après le texte de l’Évangile de saint Luc (1, 28-42). L’Angélus prend sa source dans la prière de l’Ave. Il est une prière en trois versets qui se terminent par un Je vous salue, Marie et qui se conclut par une courte oraison. Origine nébuleuse On dit que saint Bonaventure, au 13e siècle, prenait soin de faire tinter la cloche — trois fois trois
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Les petits écureux
Je n’ai jamais aimé les écureuils. Ils m’ont toujours fait peur avec leurs dents de rongeurs et leurs yeux globuleux. Comme plusieurs, je les considérais comme de la vermine. Ce sont probablement mes années à Montréal qui m’ont traumatisée — pas moyen de s’assoir tranquille dans un parc, il y en avait toujours un, puis deux, et soudainement douze qui te cernaient ! Beurk ! De retour dans ma Rive-Sud natale, j’ai vécu bien des années en faisant la guerre aux écureux dévoreurs de bulbes ! Puis, arriva le printemps 2020. Un printemps — comme je vous le disais — pas comme les autres.
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Gunman n’a pas peur de mourir
1983. À 23 ans, Pierre est le criminel dangereux le plus recherché au Québec. Il s’est évadé encore une fois. Depuis ses 14 ans, les vols à main armée, les évasions, les séquestrations et les prises d’otages, c’est sa vie. Quand il est arrivé dans la prison pour adultes, la toute première fois, à 18 ans, il avait fait une entrée héroïque : il revenait de l’hôpital, car il avait été tiré à bout portant par les policiers qui avaient eu trop peur de lui avec son « 12 pompeux » artisanal entre les mains et son révolver à la ceinture. Pour les détenus, c’était Gunman. Un gars
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Le poteau d’Hydro
Par la fenêtre de ma cuisine, j’ai pu admirer, tout au long de mon confinement, le jeu de séduction d’un petit couple de moineaux. Matin après matin, petit à petit, ils ont fait leur nid dans la cabane à oiseaux qu’on avait posée sur le poteau d’Hydro. Ce poteau m’a toujours dérangée. Ça fait 12 ans qu’on habite cette maison, et je n’ai toujours pas compris pourquoi Hydro a décidé de planter son poteau juste en face de ma fenêtre. Ils auraient pu le planter un peu plus à gauche — à peine deux mètres — et ça aurait tout changé.
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Une femme évêque ?
Anne Soupa, théologienne bien connue[1], a fait connaitre sa « candidature » pour le « poste » d’archevêque de Lyon le 26 mai dernier. Elle ne demande pas l’ordination ; simplement une fonction de haute direction. Le hic, c’est que pour être évêque, il faut d’abord être prêtre. Je n’apprécie guère le militantisme dans l’Église, quel qu’il soit, mais cette bravade, je l’avoue, m’a attendri. Je me suis sentie proche de ma sœur en Christ. Son texte, qui explique ses motifs, ressemble davantage à un cri du cœur. Même si on n’est pas d’accord, ni sur le fond ni sur la forme, comment rester de glace devant
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Un féminisme pour les femmes ordinaires
La semaine dernière, on a vu déferler des offensives féministes. Selon plusieurs, la crise de la COVID-19 serait une crise « genrée » puisque le virus frapperait un sexe plus durement que l’autre. Les femmes sont victimes parce qu’elles sont majoritairement « au front », dit-on, occupant des postes traditionnellement féminins, donc moins bien payés. Relance « genrée » Noémi Mercier, dans L’actualité, rappelle que les femmes représentent 90 % des infirmières et 88 % des aides-soignantes et préposées aux bénéficiaires. Elles occupent des postes qui, avec la crise, en ont pris pour leur rhume : professeures, éducatrices, serveuses, vendeuses, coiffeuses, esthéticiennes. Évidemment, on accuse le gouvernement ; les salaires et
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Ma confession
S’il n’était pas dans les parages, je redeviendrais la perdue que j’étais. Absorbée par la vague catho du vedettariat (eh oui, ça existe !), j’oublie parfois que, sans lui, je serais seule sur l’ile de ma suffisance. Lecteur, auditeur ou téléspectateur habitué à m’entendre dire « Jésus » à tout bout d’champ, cette fois-ci je te le dis, ce n’est pas ça. Je désire te jaser de celui qui vient juste après. Ma meilleure moitié. L’épique époux. Bref, le mari. Ce n’est pas sans raison que Dieu s’est dépêché de me le trouver. Il m’a laissé languir un peu, mais pas trop. Juste