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Brigitte Bédard
D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.
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Le Padre Pio viril et mystique de Shia LaBeouf
Shia LaBeouf en Padre Pio? Je ne sais pas, mais moi, ce n’est pas Shia que j’ai vu, c’est le Padre. C’est Francesco Forgione, dit Padre Pio de Pietrelcina, qui crevait l’écran. Je ne suis pas une admiratrice de LaBeouf, mais en Boyd Bible Swan (Fury, 2014) ou en John McEnroe (Borg/McEnroe, 2017), le jeune acteur était épatant. En Padre Pio, Shia est tout simplement éblouissant. Franchement virile, de lui émane une force peu commune, tout empreinte de tendresse et de vulnérabilité. C’est envoutant et désarmant. En plein offertoire, à genoux, tremblant devant son Dieu, quand il verse des larmes?
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Le visage du pardon
Tout allait bien chez les Drolet. Autour, on disait que c’était une famille modèle. Couple heureux. Yvan et Nicole sont de bons chrétiens. Et six enfants avec ça! Une maison chaleureuse dans une campagne généreuse. Geneviève, cinquième enfant de la fratrie, dit même que sa famille, c’était La petite maison dans la prairie en peinture. Et puis, par un matin d’été – c’était en 1980 –, un drame horrible projette la famille en enfer. Louis-Nicolas, le petit dernier, sort de la maison et monte dans la voiture familiale, dont la porte avait été mal fermée. En jouant avec les clés, il s’aperçoit
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Monique A. Papatie, survivante des pensionnats
Petite valise toute neuve à la main, Monique avait cinq ans quand elle est montée dans l’autobus pour le pensionnat autochtone de Saint-Marc-de-Figuery, pas très loin d’Amos. Son oncle lui avait aussi acheté une belle paire de chaussures, des chaussettes, et un gilet. Sa maman lui avait même confectionné, pour l’occasion, une magnifique jupe traditionnelle. Cet automne-là serait différent de tous les autres. Monique, comme tous les enfants de la communauté de Kitcisakik, ne retournerait pas en forêt pour l’hiver. De nomade à sédentaire Âgée de 69 ans, Monique A. Papatie se souvient d’avoir beaucoup pleuré à son arrivée. «Ce qui
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Docteur Strange et la question du bonheur
Le dernier film de Marvel, Docteur Strange dans le multivers de la folie, plonge tête première dans la sorcellerie et nous révèle, sans le savoir, une grande vérité de foi. Ancienne adepte de films d’horreur, j’ai aimé les références du réalisateur Sam Raimi à Evil Dead (L’Opéra de la terreur en version québécoise, 1981), son propre film, devenu depuis un classique du genre. Les clins d’œil au légendaire Carrie (Brian De Palma, 1976) étaient encore plus savoureux. Fan de Marvel — maman de six enfants de 13 à 23 ans oblige ! — j’ai grandement apprécié le concept du voyage à travers le
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La dime : pour que les bottines suivent les babines
La dime est-elle morte de sa belle mort ? Depuis son abolition en France, dans la foulée de la révolution de 1789, s’est-elle éteinte dans la conscience des chrétiens devenus « modernes » ? Donner 10 % de son revenu est-il dépassé ? Irréaliste ? Et si se dépouiller d’une partie de son avoir permettait une chose très simple : laisser Dieu être Dieu dans sa vie ? Dans l’Ancien Testament, on payait la dime pour l’entretien du temple, des prêtres, ou on donnait les premiers fruits de la récolte, en guise de reconnaissance à Dieu. Dans les évangiles, Jésus ne remet pas en question la dime ni le
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La meilleure part
Chaque fois qu’elle part en voyage, Brigitte Bédard rencontre des difficultés qui s’avèrent toujours être des moments de grâce. Alors qu’elle était en France pour la tournée promotionnelle de son récent livre Je me suis laissé aimer…, elle nous offre ce troisième et dernier épisode de ses carnets de voyage (pour lire le premier, c’est par ici). Presque 7 h. Dans le train pour Caen. Je laisse derrière moi Laval, traversée par La Mayenne qui longe son château fort. Beau Pays de la Loire. C’est la troisième nuit que je ne dors que quatre petites heures. Comment je fais pour tenir debout ? Certains
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Entre Paris et Angers… on me dérange toujours
Chaque fois qu’elle part en voyage, Brigitte Bédard rencontre des difficultés qui s’avèrent toujours être des moments de grâce. Alors qu’elle est partie en France pour la tournée promotionnelle de son récent livre Je me suis laissé aimer…, elle nous offre ce deuxième épisode de ses carnets de voyage (pour lire le premier, c’est par ici). Entre Paris et Angers, j’ai presque eu le temps de finir mon texte à venir sur ma rencontre avec le peintre François-Xavier de Boissoudy, devenu, sans contredit, un ami. Mais comme toujours, on me dérange. Il y a d’abord le contrôleur. Puis, mon voisin d’à côté
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La gestion des liquides
Chaque fois qu’elle part en voyage, Brigitte Bédard rencontre des difficultés qui s’avèrent toujours être des moments de grâce. Alors qu’elle est partie en France pour la tournée promotionnelle de son récent livre Je me suis laissé aimer…, elle nous offre ses carnets de voyage. Premier d’une suite d’histoires à venir. Le voyage avait pourtant mal commencé. J’arrive à la sécurité et on me retourne de bord : dans mon bagage en cabine, il y avait trop de liquide. Le garde me tend un ziplock en me disant que je dois mettre tous les liquides, gel, crème dans ce minuscule sac de plastique. « Quoi ? Vous
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Un 8 mars avec Félicité et Perpétue, deux martyres
Je voulais parler de Félicité et de Perpétue, ces deux jeunes femmes condamnées « aux bêtes », précisément « une vache furieuse », le 7 mars 203 dans l’amphithéâtre de Carthage. L’auteur du « Récit de la passion de Perpétue » affirme que la foule n’avait pas apprécié de voir une « jeune femme si frêle et l’autre récemment accouchée, dont les mamelles laissaient tomber des gouttelettes de lait ». Elles avaient refusé de se costumer en « prêtresses de Cérès », comme le voulait l’usage. On avait retourné les deux femmes pour les vêtir d’un voile, au moins. Perpétue n’avait pas la langue dans sa poche. Quelques jours plus tôt, lors de
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Au commencement était l’amour
Mélanie et Viktor auraient-ils pu prévoir que le grand amour les attendait dans une abbaye en France, alors que lui sortait d’une Hongrie à peine libérée du communisme, et elle d’un divorce qui l’avait précipitée dans une crise existentielle ? Et Gilles ? Comment aurait-il pu deviner que, parmi toutes les femmes qu’il collectionnait, ce serait avec Thérèse, l’indépendante qui ne rampait ni devant son charme ni devant sa Ford Anglia jaune 1963, qu’il célèbrerait cette année son 53e anniversaire de mariage ? Qui peut savoir le jour ? L’heure ? Personne. Pour preuve ces trois commencements d’amour, comme trois genèses formées d’ombres et de lumières, de
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Des messes inclusives sous la neige
Avec la série de confinements exigés par la Santé publique depuis le printemps 2020, on a vu de belles initiatives venant de quelques paroisses catholiques. Mais quand le passeport vaccinal est devenu obligatoire pour entrer dans un lieu de culte, le 20 décembre 2021, on a commencé à voir se déployer une véritable résistance catholique… face à la tiédeur spirituelle et aux giboulées de janvier. On pourrait dire que celui qui a ouvert le bal est l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, avec sa messe de Noël. On pouvait le voir sur YouTube, arborant son couvre-chef de trappeur, invitant les dizaines de fidèles réunis
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Trois résurrections dans une paroisse en mission
À Montréal, dans ce qu’on appelle le Nouveau-Rosemont, se trouve la paroisse Saint-Bonaventure, coin Saint-Zotique et 42e Avenue. C’est à cet endroit qu’une laïque, Élisabeth Boily, et son curé, Patrice Bergeron, ont eu l’idée d’organiser un forum pour réseauter les paroisses du Québec qui veulent « sortir de leur tombeau ». Et Dieu sait que lorsque laïcs et pasteurs embarquent côte à côte dans les mêmes folies, ça peut prendre des proportions inespérées! Dans cette église, qui aurait besoin d’être plâtrée et repeinte au grand complet, et rafistolée de tous bords tous côtés, des dizaines de vies ont été transformées depuis le jour où
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Dominique Gendron, alcoolique et outremangeuse
S’empiffrer ne suffisait plus, et se souler non plus. Religieuse ou pas, obèse ou pas, soule ou pas, il en aura fallu du temps pour que Dominique trouve enfin un sens à sa fuite sans fin et sans fond. Toute son enfance avait pourtant baigné dans les chants et les joies familiales. Son père était marguiller à la paroisse et chantait à la messe. Elle aimait cet esprit de fête, les weekends de jeunes et, évidemment, Jésus ! Puis, un jour, son père fait un infarctus. « Tout a basculé pour moi à ce moment-là. Pour la sécurité de la famille et
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The Chosen, une série catholiquement correcte
*** AVERTISSEMENT : Cet article comporte une pléthore de divulgâcheurs. *** Je l’admets, j’ai levé le nez sur la série chrétienne The Chosen pendant plus d’un an. Et maintenant, je l’avoue, je suis accro et je #bingeJesus régulièrement. Je croyais que ce serait une petite série proprette avec une belle morale chrétienne, mais non. La distribution est incroyable, les acteurs excellents. Jésus (Jonathan Roumi) est crédible, attachant, profond : il rit, il danse, il fait des blagues, il est imprévisible et ne dit jamais de quoi demain sera fait (un running gag dans la série), il rappelle à l’ordre ses disciples surprotecteurs et orgueilleux qui ne
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Marc Tousignant: un père presque parfait
De l’extérieur, certaines histoires paraissent idylliques. Curieuse, je suis allée voir un père de famille « parfaite » pour mieux comprendre c’est quoi le truc. Regard sur la paternité assumée d’un homme qui a décidé de bâtir sa maison sur le roc. Marc est papa sept fois. Le matin, il se lève avant tout le monde pour s’assurer d’une douche bien chaude. Ensuite, il prend un temps, iPod en tête, en compagnie du Tout-Autre. Après, il descend à la cuisine pour faire le lunch de sa grande fille. Ce matin, il a fait son fromage. Entre deux brassées ? Pratique d’accordéon. Je lui
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Olivier, à fleur de peau : la réadaptation du cœur d’un grand brulé
Le 26 avril 2006, à l’âge de 22 ans, Olivier Lessard tombe dans une flaque d’essence en feu. Il se transforme en torche humaine. Il venait pourtant de rencontrer Dieu et songeait même à lui donner toute sa vie. Histoire d’un ressuscité. Adolescent, il avait mis le bon Dieu de côté, mais pour faire plaisir à sa grand-mère, il s’était inscrit au parcours Alpha de sa paroisse. « C’était vraiment intéressant ! J’ai été touché par Dieu. Une flamme s’est rallumée en moi, et ça m’a amené à me questionner sérieusement. Je n’avais plus envie de vivre une vie sans Dieu, centrée sur le
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Les sœurs visiteuses
Ce matin, entre les nuages tout gris de novembre et le petit givre au sol, on peut voir le soleil quand même dans Hochelaga-Maisonneuve. Au bout de la ruelle, je rejoins sœur Violaine. Elle m’entraine dans l’escalier qui mène à son logement, où Dominique attend, cafetière en main. En me voyant, elle se dépêche de la déposer : « Ah ! j’oubliais mon masque » ! Elle enfile le tissu en marchant vers le salon : « Viens ! On va s’assoir, et après, on ira visiter nos amis ! » Ancienne carmélite, elle est sœur de la Congrégation de Notre-Dame (CND) depuis 2002 et arrive tout fraichement de France
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Paul-Julien : de « bon à rien » à ange gardien
Véritable rescapé d’un milieu familial dysfonctionnel, Paul-Julien Osborne a grandi avec la conviction qu’il n’était bon à rien. Aujourd’hui, quand il n’est pas sur la patinoire avec ses enfants ou auprès de son épouse, il soigne et écoute des patients aux soins intensifs. Preuve que ses propres plaies ont été pansées par la grâce. Il n’était même pas encore un petit désir dans le cœur de sa maman que déjà son père menaçait de la tuer si elle devenait enceinte. Après six mois de mariage, elle est partie, mais elle ignorait qu’elle était enceinte de Paul-Julien. L’avocat qui s’occupait du
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« Chéri ! Je (ne) sens (plus) mon corps ! »
J’imagine que vous allez dire que j’ai une fixation. Vous allez même peut-être lever les yeux au ciel et croire que je n’en ai que pour mon petit nombril (et ce qui se passe en dessous). Pourtant, ce n’est pas de mon ombilic dont il s’agit, mais de mes hormones ! Elles se font la malle et ça bouscule l’humeur, le désir sexuel, l’énergie, le sommeil, l’appétit… TOUT ! Vous n’en avez rien à faire des hormones ? C’est probablement parce que : soit vous n’êtes pas encore arrivée à l’âge vénérable de la cinquantaine ; soit vous l’avez dépassée depuis belle lurette et que
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Une chambre à soi
Pour la première fois, depuis au moins 18 ans, je vous écris de ma chambre ! Ma chambre à moi ! Rien qu’à moi ! Eh bien quoi ? Vous ne comprenez pas ce que cela signifie ? Vous ne voyez donc pas ? Vous ignoriez que mon bureau avait toujours squatté une partie du salon, jamais très loin de la cuisine ? Aaaahhh ! C’est que peut-être n’êtes-vous pas mère de six enfants ! D’accord. Laissez-moi alors vous expliquer, vous faire un petit portrait de la situation de la femme en moi qui, bon an mal an, faisait tout pour garder un tant soit peu une vie à elle,
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La traversée des gens courageux
Il y a des traversées qui ne se font pas à pieds secs, mais boueux. À la Résidence Angelica, à Montréal-Nord, dans le pire de la crise, on a continué à marcher, certain d’arriver à bon port, mais sans trop savoir sur quelle sorte de terre on allait se poser. Comme dans tous les CHSLD du Québec, la vague COVID-19 s’est abattue sur celui de la communauté des Sœurs de Charité de Sainte-Marie, laissant des marques indélébiles chez le personnel. Peuple fidèle Avant d’aller rejoindre au jardin le groupe d’employés masqués et désinfectés, je croise sœur Claire, directrice générale, ainsi que Nancy
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Souffrir d’amour… pour la messe
Bon. Y’en a qui m’écrivent pour me demander ce qui se passe avec moi. Pourquoi je ne fais plus de petits vidéos humoristiques sur Facebook les vendredis ? Et pourquoi je ne publie presque plus rien ? Et pourquoi je ne fais plus de blagues ? Pourquoi ? Mais bonté divine, c’est parce que je souffre ! Et quand je souffre, eh bien je suis comme vous — je n’ai pas envie de rire. Évidemment, la joie est là, tout au fond, immuable ; cette joie du ressuscité, cette joie de me savoir sauvée, aimée, accompagnée, guidée. Cette joie d’aimer aussi. Mais ça ne change rien
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Addicte un jour, addicte toujours
Ce n’est pas parce que j’ai rencontré le bon Dieu que ça veut dire que je ne suis plus une accro, une addicte, ou une dépendante — appelez ça comme vous voulez ! Si cette période covidienne de l’humanité dévoile le meilleur et le pire des cœurs et des esprits, elle le fait aussi pour la femme qui vous écrit. Libérée ? Moi ? Oui, mais comme nous toutes — et tous aussi —, je suis prisonnière de ma chair qui ne souhaite qu’une chose : assouvir son désir du moment. Certaines sont dans la « bonne alimentation ». D’autres dans le « surentrainement physique », moi, jadis, naguère,
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Libérée de la violence conjugale
De beaux yeux bleus, une chevelure blonde toute bouclée, une voix d’or, un mari qui l’adore et de beaux enfants pétillants — oui, on pourrait dire que Raphaëlle a tout pour elle. Disons tout de suite que ça n’a pas toujours été si beau et si bon. Pour vivre heureuse, elle a dû se libérer de la violence conjugale, certes, mais juste avant, elle a dû briser ce qui la retenait captive pour vrai : elle-même. Jeune, elle avait une vie spirituelle vivante et une vie de prière intense. Puis, un jour, un truc étrange lui est passé par la tête,
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