

Brigitte Bédard
D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.
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Patrick sur les genoux
On ne comprend pas comment un homme peut supporter de voir sa femme avec un autre. On se dit qu’il est idiot, ou bien qu’il est fou. Je l’ai rencontré, cet homme. Je lui ai parlé longuement, et je peux dire qu’il est tout sauf idiot. Patrick, c’est le mari de Caroline parmi les loups. Celle qui, du jour au lendemain, ne l’aimait plus. Celle qui l’a mis à la porte pour se laisser aller, pendant quatre mois, dans les jeux sadiques et dangereux de son amant. Patrick, pendant ce temps-là, il était sur les genoux. Il n’avait rien vu venir.
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Caroline parmi les loups
[Pour voir la version de cet article publié dans le numéro d’hiver 2018 Amour Libre, cliquez ici.] Il n’y a pas qu’à la guerre, au milieu des massacres à la machette, que l’on peut serrer la main du diable. On peut aussi le faire au bout d’un clavier, quand on veut soudainement changer de vie. Caroline le dit: il était un vrai démon, ce gars-là, et c’est encore le démon – celui du midi, cette fois – qui l’a poussée dans son lit. Mariée depuis deux ans avec Patrick (lire la version de Patrick sur les genoux), elle n’en pouvait plus de
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Sortir du trou, être un bon screw
Version numérique du texte publié dans le numéro d’été 2017 du magazine Le Verbe d’été 2017. En prison, c’est la loi de la jungle. Regard sur l’univers hermétique des milieux carcéraux à travers les yeux de deux screws dont la foi a tout changé dans leur façon d’y travailler. Ce n’est pas tous les jours qu’un screw s’ouvre à vous. Pardon! Un «agent des services correctionnels», mieux connu sous le nom de «gardien de prison». Marilyn et François* l’ont fait. Nous avons parlé quelques heures. Nous aurions pu étaler ça sur des jours. Chacun pourrait écrire un livre à sensation, ou
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Les vieux pieux
Marie Rose vient d’avoir 93 ans. Jean-Claude s’achemine vers 87 ans. Ils ont 60 ans de mariage, 7 enfants et 27 petits-enfants. Quand ils se retrouvent tous au jour de l’An, au chalet familial, on ajoute les belles-mères, les cousins et les amis, ça fait beaucoup. «On s’est mariés le 24 juin 1957 à la Saint-Jean-Baptiste!» clame Jean-Claude, l’œil d’un bleu brillant, un brin nationaliste. «C’est très symbolique. À cette époque, la Saint-Jean-Baptiste n’était pas une fête nationale; c’était la fête du patron des Canadiens français!» Marie Rose, plus pragmatique peut-être, réplique avec douceur, comme dans un murmure: «C’est surtout parce qu’on savait que tout le
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Lydie, un ange chez les bisomiques
Les Gagnon ont 16 enfants. Lydie est la petite dernière. Elle a dix ans. Avec ses yeux bridés, son rire contagieux et son visage tout rond, on la reconnait: c’est la trisomique. Pour vous couper l’herbe sous le pied, elle se présente, tout sourire: «Bonjour, je m’appelle Lydie et je suis trisomique.» Nécessairement, on passe à une autre question. Pour un chromosome de plus Pour Monique et Alain, avoir 15 enfants n’allait pas de soi, mais en recevoir un 16e qui, selon les dires, est un malheur garanti, ça leur faisait porter un joug pas léger du tout. «Après l’échographie, on avait
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J’ai vu mourir un chrétien
d’après une entrevue d’Antoine Malenfant. La croix de Ricardo Corea Cruz On l’avait vue venir. La mort de Ricardo, ce n’était pas une surprise. Il n’y a pas de scoop ici, désolé. Quelques jours avant de passer au Père, Ricardo a accepté de nous parler de sa santé… Et il était parfaitement conscient qu’au moment où notre numéro serait publié il serait déjà parti. Sérénité déconcertante. Chez lui, au Honduras, Ricardo étudiait la médecine. Un jour, il a senti l’appel de Dieu. Sa grand-mère, tranquillement, l’a alors initié à la foi. Ricardo a entrepris un cheminement spirituel en paroisse.