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Brigitte Bédard
Brigitte Bédard

Brigitte Bédard

D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.

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  • pardon

    Le visage du pardon

    Tout allait bien chez les Drolet. Autour, on disait que c’était une famille modèle. Couple heureux. Yvan et Nicole sont de bons chrétiens. Et six enfants avec ça! Une maison chaleureuse dans une campagne généreuse. Geneviève, cinquième enfant de la fratrie, dit même que sa famille, c’était La petite maison dans la prairie en peinture. Et puis, par un matin d’été – c’était en 1980 –, un drame horrible projette la famille en enfer. Louis-Nicolas, le petit dernier, sort de la maison et monte dans la voiture familiale, dont la porte avait été mal fermée. En jouant avec les clés, il s’aperçoit

  • Monique

    Monique A. Papatie, survivante des pensionnats

    Petite valise toute neuve à la main, Monique avait cinq ans quand elle est montée dans l’autobus pour le pensionnat autochtone de Saint-Marc-de-Figuery, pas très loin d’Amos. Son oncle lui avait aussi acheté une belle paire de chaussures, des chaussettes, et un gilet. Sa maman lui avait même confectionné, pour l’occasion, une magnifique jupe traditionnelle. Cet automne-là serait différent de tous les autres. Monique, comme tous les enfants de la communauté de Kitcisakik, ne retournerait pas en forêt pour l’hiver. De nomade à sédentaire  Âgée de 69 ans, Monique A. Papatie se souvient d’avoir beaucoup pleuré à son arrivée. «Ce qui

  • Dominique Gendron nourriture

    Dominique Gendron, alcoolique et outremangeuse

    S’empiffrer ne suffisait plus, et se souler non plus. Religieuse ou pas, obèse ou pas, soule ou pas, il en aura fallu du temps pour que Dominique trouve enfin un sens à sa fuite sans fin et sans fond. Toute son enfance avait pourtant baigné dans les chants et les joies familiales. Son père était marguiller à la paroisse et chantait à la messe. Elle aimait cet esprit de fête, les weekends de jeunes et, évidemment, Jésus ! Puis, un jour, son père fait un infarctus. « Tout a basculé pour moi à ce moment-là. Pour la sécurité de la famille et

  • marc

    Marc Tousignant: un père presque parfait

    De l’extérieur, certaines histoires paraissent idylliques. Curieuse, je suis allée voir un père de famille « parfaite » pour mieux comprendre c’est quoi le truc. Regard sur la paternité assumée d’un homme qui a décidé de bâtir sa maison sur le roc.  Marc est papa sept fois. Le matin, il se lève avant tout le monde pour s’assurer d’une douche bien chaude. Ensuite, il prend un temps, iPod en tête, en compagnie du Tout-Autre. Après, il descend à la cuisine pour faire le lunch de sa grande fille. Ce matin, il a fait son fromage. Entre deux brassées ? Pratique d’accordéon. Je lui

  • Olivier Lessard

    Olivier, à fleur de peau : la réadaptation du cœur d’un grand brulé

    Le 26 avril 2006, à l’âge de 22 ans, Olivier Lessard tombe dans une flaque d’essence en feu. Il se transforme en torche humaine. Il venait pourtant de rencontrer Dieu et songeait même à lui donner toute sa vie. Histoire d’un ressuscité. Adolescent, il avait mis le bon Dieu de côté, mais pour faire plaisir à sa grand-mère, il s’était inscrit au parcours Alpha de sa paroisse. « C’était vraiment intéressant ! J’ai été touché par Dieu. Une flamme s’est rallumée en moi, et ça m’a amené à me questionner sérieusement. Je n’avais plus envie de vivre une vie sans Dieu, centrée sur le

  • Paul-Julien

    Paul-Julien : de « bon à rien » à ange gardien

    Véritable rescapé d’un milieu familial dysfonctionnel, Paul-Julien Osborne a grandi avec la conviction qu’il n’était bon à rien. Aujourd’hui, quand il n’est pas sur la patinoire avec ses enfants ou auprès de son épouse, il soigne et écoute des patients aux soins intensifs. Preuve que ses propres plaies ont été pansées par la grâce. Il n’était même pas encore un petit désir dans le cœur de sa maman que déjà son père menaçait de la tuer si elle devenait enceinte. Après six mois de mariage, elle est partie, mais elle ignorait qu’elle était enceinte de Paul-Julien. L’avocat qui s’occupait du

  • violence conjugale Raphaëlle Gagné

    Libérée de la violence conjugale

    De beaux yeux bleus, une chevelure blonde toute bouclée, une voix d’or, un mari qui l’adore et de beaux enfants pétillants — oui, on pourrait dire que Raphaëlle a tout pour elle. Disons tout de suite que ça n’a pas toujours été si beau et si bon. Pour vivre heureuse, elle a dû se libérer de la violence conjugale, certes, mais juste avant, elle a dû briser ce qui la retenait captive pour vrai : elle-même. Jeune, elle avait une vie spirituelle vivante et une vie de prière intense. Puis, un jour, un truc étrange lui est passé par la tête,

  • Emanuel

    Emanuel, le padre de la joie

    Confinement ou pas, Emanuel Zetino, le plus jeune prêtre du diocèse de Montréal, célèbre la messe à la cathédrale de Montréal chaque matin en direct à la télé. Tout de suite après, on peut le voir danser sur TikTok dans la sacristie, faire un meme avec son encensoir ou chanter « Aqui Estoy » sur le parvis de l’église.  À 16 ans, il avait décidé d’être heureux et toujours joyeux. 20 ans plus tard, il tient promesse.  Né à Montréal de parents immigrants guatémaltèques, il ne le cache pas : il a toujours voulu être prêtre. « Comme beaucoup de Latinos, mes parents étaient très pratiquants

  • gunman

    Gunman n’a pas peur de mourir

    1983. À 23 ans, Pierre est le criminel dangereux le plus recherché au Québec. Il s’est évadé encore une fois. Depuis ses 14 ans, les vols à main armée, les évasions, les séquestrations et les prises d’otages, c’est sa vie. Quand il est arrivé dans la prison pour adultes, la toute première fois, à 18 ans, il avait fait une entrée héroïque : il revenait de l’hôpital, car il avait été tiré à bout portant par les policiers qui avaient eu trop peur de lui avec son « 12 pompeux » artisanal entre les mains et son révolver à la ceinture. Pour les détenus, c’était Gunman. Un gars

  • Victoria

    Rencontre au front avec Victoria

    Victoria est travailleuse sociale. On pourrait facilement dire qu’elle n’est pas « au front », elle, mais après l’avoir écoutée parler de ses clients et de leur détresse pendant 30 minutes, on change d’avis.   « Au début de la crise, les appels tournaient autour de la crainte d’attraper le virus, de perdre son emploi, ou encore de mourir. On était en gestion de l’anxiété. Avec le temps, j’ai constaté que le confinement provoquait encore plus de détresse. » « Quand on arrive à ce niveau-là […] de la crise, on entre dans les choses beaucoup plus profondes. Ce n’est plus de l’ordre de la santé

  • Elisabeth

    Rencontre au front avec Elisabeth Lefort et Pierre-Luc Labrecque

    Après des jours à tout changer dans l’école, Elisabeth était enfin prête, et sa classe de maternelle aussi. Le lendemain midi, le gouvernement annonçait que la rentrée était reportée à septembre.  « J’ai accueilli la nouvelle avec un grand soulagement même si j’avais l’impression qu’on avait fait tout ça pour rien ! »  S’inquiéter pour les autres Elisabeth était inquiète plus pour son prochain que pour elle-même. « Je ne suis pas à risque. Je suis jeune et je suis toujours entourée d’enfants enrhumés, avec des débuts de grippes ou de gastro, des bronchites ou des streptocoques ! À la fin d’une journée, mes vêtements

  • Antoine

    Rencontre au front avec Antoine Poulin

    Antoine attend le résultat de son test de dépistage de la COVID. S’il est positif, la Santé publique considère que toute sa famille l’est, ce qui veut dire sa femme et leurs trois jeunes enfants. La semaine dernière, pour faire face aux grands besoins de l’hôpital où il travaille comme intervenant en soins spirituels depuis 11 ans, on lui a demandé s’il acceptait d’être délesté comme « Aide à la mobilité » en physiothérapie, dans la COVID. « Sur le coup, je ne voulais pas. Je voulais continuer à voir mes patients. Ma femme et moi, on a prié. Qu’est-ce que le Seigneur voulait, lui ? » Le

  • Sarah

    Rencontre au front avec Sarah Michel

    Quand Sarah, 16 ans, a obtenu son poste au comptoir du prêt-à-manger d’un supermarché bien connu, elle ne s’attendait pas à vivre tout ce branlebas de combat.  « Au départ, je devais faire des heures précises, mais disons qu’avec les mesures sanitaires à respecter, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Chaque jour, on m’assignait à un endroit différent, selon les urgences. »  « Mes patrons éteignaient des feux. Nous, les employés, tous assez jeunes, on devait faire vite. Un jour, j’étais au prêt-à-manger, le lendemain j’étais garde de sécurité à l’entrée. Un matin, on est venu me chercher à mon

  • André

    Rencontre au front avec André, postier

    André est fidèle au poste depuis 30 ans. Il est « chef d’équipe », mais autrefois, on appelait ça « maitre de poste ».  Derrière son comptoir, c’est habituellement un homme enjoué et engageant qui nous accueille, mais avec la pandémie, pour la première fois de sa vie, c’était la peur qui le dominait. « Les médias ne parlaient que d’infirmières, de préposés ou autres services de santé, mais moi, postier, j’étais aussi un service essentiel, j’étais aussi en première ligne ! « À part mettre les enveloppes et les colis dans les casiers, le gros de mon travail, c’est le service à la clientèle. Il y

  • Marie Lyne Boucher

    Rencontre au front avec Marie Lyne Boucher

    Marie Lyne ne pouvait pas se douter qu’en devenant technicienne d’intervention en loisir dans un CHSLD, elle pourrait communier, elle, chaque jour, au Corps du Christ, alors que le reste du monde en serait privé. « Le Corps du Christ ? Je le mange ici : cet amour universel bien concret, palpable. Je découvre la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Dieu. » (Ep 3, 19) Le loisir dans un milieu de vie (le CHSLD), « c’est le sel qu’on met sur le steak ! dit Marie Lyne. Ma job, c’est de faire vivre et d’animer le milieu de vie autant par ma

  • Isabelle

    Rencontre au front avec Isabelle Bouchard

    Jusqu’au Vendredi saint, Isabelle faisait sa job d’infirmière auxiliaire au CHU de Québec comme toutes les autres. Elle avait pourtant réussi à s’adapter aux mille changements ; chaque matin, un nouveau département, de nouvelles personnes, d’autres pratiques. Ambiance lourde infinie.  « Au début de la crise, j’étais en colère. Je trouvais injuste d’être obligée de travailler, alors que d’autres étaient payés à rester chez eux ! Je voyais tout négatif et je me battais intérieurement pour sortir de cet état d’esprit. »  Puis, un jour, Isabelle a soudainement compris que tout n’était pas si noir. « Je me suis dit : “Voyons ! Je ne suis pas

  • histoire

    Histoire de famille

    Depuis trois jours, j’ai la tête dans les souvenirs, le cœur dans le passé et les yeux dans l’eau.  Je suis dans mes photos de famille. Mon salon et ma salle à manger ont l’air d’un entrepôt. J’ai sorti la grande table qu’on sort à Noël et j’y ai mis toutes les photos, les enveloppes, les albums, les boîtes. Il y a aussi cinq bacs de souvenirs de famille que j’ai sortis du garage.  Tant qu’à être enfermée encore pour trois semaines, autant en profiter pour faire ce que j’ai toujours remis au lendemain.  J’ai décidé de faire l’histoire de

  • pousses

    Petites pousses

    Après avoir fêté la résurrection du Christ en touchant presque au Ciel, on est retombés les deux pieds sur la terre assez vite. Le matin de Pâques, on reçoit un texto de notre couple d’amis, Claire et Thomas, qui nous annonce que Charles, le père de Thomas, âgé de 85 ans, a déménagé chez eux depuis mardi. J’aime Charles. Depuis toujours. Même si, depuis toujours, il ne croit pas en Dieu, ou si peu, même s’il me met en pleine face les scandales de mon Église. Même s’il nous est arrivé deux fois plutôt qu’une de nous crêper le chignon sur

  • Bon Dieu

    Le Bon Dieu dans la rue

    On est sorti pour peut-être se donner l’impression qu’on allait à la messe du dimanche des Rameaux. On a marché le long du fleuve comme on le fait tous les jours depuis le début de ce confinement. En regardant Montréal au loin. Et ici, les bernaches. On traverse la rue pour s’arrêter devant notre église fermée. On contemple le Christ qui est là, présent. Mon mari rompt le silence : « Tiens, v’là ton ami ! »  André ? Depuis le confinement, je ne l’avais pas revu, ni lui ni son compagnon de tous les jours. On s’approche. « Tu es seul ? Où est Richard ?  –

  • Légumes

    Mes légumes

    J’ai passé ma journée dans mes légumes. Ce matin, puisque je devais sortir pour le travail, je me suis dit que j’allais en profiter pour passer à l’épicerie en revenant, question d’acheter des fruits et des légumes.  En arrivant, je vois qu’on attend en file indienne à deux mètres les uns des autres sous une petite pluie fine et froide. « Ah ! Non ! Pas encore ! » Cette fois, je n’avais ni gants, ni chapeau, ni foulard, ni même de parapluie. Fouille dans l’auto partout. Pas de parapluie ! Je grogne.  Dans le hall, il y a des pastilles rouges collées au sol. On

  • sortis

    Hier, on est sortis

    Hier soir, on est sortis en douce, presque en cachette. On a fait des hotdogs aux enfants en les installant devant un film, en bas dans la salle familiale. Ils jubilaient ! Manger devant la télé ? Ça n’arrive jamais ! On a même sorti deux bouteilles de Coke pour l’occasion. La totale, quoi. Nous deux, on est remontés en leur disant qu’on sortait. Ils n’avaient même pas l’air surpris. Ils avaient plutôt l’air de dire « Ouais, ouais… bon débarras ! » Doucement, on a refermé la porte de l’escalier. On a ouvert la radio. Notre émission du samedi commençait. Des petits airs des années quarante qu’on aime

  • désert

    Le désert

    J’ai pris mon courage à deux mains. Une fois arrivée, j’étais soulagée de voir un stationnement à moitié vide. Enfin ! La folie du Costco est finie ! J’ai mis de l’essence pour pas cher, je me suis stationnée presque heureuse et je me suis dirigée vers l’entrée. Quoi ? Une barricade ? Une file interminable ? Chacun à deux mètres de distance. Chacun, le cou rentré dans son manteau. Devant la barricade de palettes de bois, des employés aux airs de bouncer. Le long de la file, d’autres, dossard orange sur le dos, transmettent leurs directives.  Au nom de ma famille, j’y vais ! Je marche

  • confinée

    Un moment pour tout

    Ça y est. Je suis une confinée. Je ne peux plus aller à mon cours de Stretch-Tonus. Ni à la piscine d’ailleurs. Je n’ose plus faire la ronde de mes épiceries zéro-déchet et encore moins de risquer ma vie au Costco pour trouver mon café préféré, ma baguette préférée ou nos baguels préférés…  C’est fini. Finies mes sécurités de maman pourvoyeuse de bouffe pour sa petite et grande marmaille.  Le défi cette semaine ? Ce n’était pas d’arriver à faire des plats dignes du resto avec les spéciaux des circulaires. Ce n’était pas non plus de répéter pour la centième fois

  • Photo: courtoisie Marie-Josée Lord.

    Voie divine, voix de diva

    Sur scène, Marie-Josée Lord est certes la più granda soprano du Québec, mais autour d’une table, entre un pot-au-feu et un saumon en croute, elle parle piano piano, à mezza-voce. Lorsqu’elle répond à mes questions sur sa foi, sur ce qui l’anime et sur Celui qui l’habite, elle est délicate, feutrée, comme si elle fredonnait un petit air secret qu’elle voulait chanter pour Dieu seul. Elle n’a pas froid à ses yeux bleus. Dès son premier album, en 2010, Marie-Josée Lord affichait ses couleurs à même son livret: «Je suis reconnaissante à l’Éternel Dieu Créateur, à mon Seigneur et Sauveur Jésus Christ qui,

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