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Brigitte Bédard
D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.
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Bernard Rondeau, prof de menuiserie à Manawan
Surnommé Mario Bros. par ses élèves en référence à sa moustache stylée et à sa charmante casquette, Bernard Rondeau, prof de français et de menuiserie – non pas de plomberie comme le célèbre personnage de Nintendo! –, doit parfois prendre un pas de recul quant à son savoir-faire et à sa technique pour mieux se laisser faire. Regard sur un artisan de la transmission. Alors qu’on se présente, il est penché sur son ouvrage. Affublé de lunettes de protection surplombant une distinctive moustache, l’homme lève la tête brusquement, salue en souriant, et retourne à sa besogne. Son élève, tout aussi concentrée,
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Gamer, fan de métal et prêtre
Alors qu’il grandit dans une famille chrétienne bien rangée, père Bertrand Monnier se découvre de nouveaux centres d’intérêt au début de l’adolescence : Guns N’ Roses, puis les jeux vidéos. Aujourd’hui, à 45 ans, ce sont ces trois passions qui font de lui un prêtre hors norme, un fan de métal et un gamer redoutable. Rencontre avec le pasteur des geeks. L’ainé d’une famille de sept enfants nait à Bar-le-Duc, une petite ville de campagne dans le sud de la Meuse en France, dans une maison sans télévision où l’on vouvoie les parents et où l’on n’écoute que du classique. Servant de messe à
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Tran Lam, survivante des Khmers rouges
En 1980, dans un camp à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, Tran Lam, 10 ans, reçoit nom, prénom et âge. Les papiers, contrefaits pour elle par Bunna (nom fictif), épouse d’un demi-frère mort à la guerre, devraient lui permettre de s’envoler pour le Canada. C’est le début d’une nouvelle étape dans un véritable parcours du combattant spirituel. Retour en arrière. Au Nouvel An cambodgien, le 17 avril 1975, la mère de Tran se rend à la tombe de son père, comme le veut la coutume. Elle n’en reviendra jamais. Les Khmers rouges, des rebelles communistes d’inspiration maoïste, viennent de
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Le festin de Jessica
Fière fille de Magog, Jessica Poulin, chante partout au Québec depuis 20 ans. Tombée dans la marmite familiale de la musique à sa naissance, et après avoir traversé les épreuves d’un long détour, elle donne ce qu’elle a de plus précieux: la chaleur de sa voix et le charisme de sa présence. Quel est le premier souvenir qui te vient quand tu penses à la musique? J’ai à peu près quatre ans. Je suis en haut de l’escalier du sous-sol et j’écoute mon père qui répète en bas. Je chante pour qu’on ne m’entende pas. Au plus profond de moi,
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Le p’tit père Couturier, cordonnier des pauvres et des sans-abris
Son presbytère est un musée et l’homme, une encyclopédie vivante. Chaque objet a une histoire, chaque affiche de concert a un sens. C’est parce que l’abbé Jean-Pierre Couturier a porté plusieurs chapeaux: organiste, soliste, chef de chorale, compositeur, membre de l’Union des artistes, administrateur et… cordonnier des itinérants. Il a reçu Le Verbe chez lui et nous a raconté chaque anecdote avec moult détails. Portrait d’un homme hors du commun. Même s’il jouait à faire la messe avec des biscuits soda et du Quick aux fraises quand il était petit, ce n’est qu’à 42 ans que Jean-Pierre Couturier est devenu
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René Pétillon, meurtrier en liberté
En 1989, René Pétillon est condamné à perpétuité pour double meurtre. Ce qu’il découvre de lui-même et de la vie, en dedans, lui rend sa liberté, bien avant qu’il ne sorte du pénitencier. Parcours d’un homme sans espoir, devenu semeur d’espérance. La nuit où il assassine son compagnon de fortune et la revendeuse qui vient d’entrer, René n’est pas qu’un peu sous l’effet de la drogue; tous ses pores en sont imbibés, chacune des parcelles du peu d’esprit qui lui reste est percutée. Les médias le saisissent sur le vif alors qu’il sort du fourgon de police, en ce matin
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Nelly Gillant: de maitre reiki à disciple de Jésus Christ
Maitre reiki, c’était plus qu’une profession pour Nelly. C’était une vocation. Pour faire le bien, pour répandre la lumière, la paix et l’amour. Partout. Pendant dix ans, ce n’était que pur bonheur pour elle. Elle «soignait» les âmes en peine, chercheuses de sens et de vérité. C’était le rêve de son enfance, le souhait de sa mère: «Un jour, tu seras médecin, pour guérir maman», lui avait-elle dit. Avec des clients à la tonne, un excellent revenu, et surtout ce pouvoir de guérir, Nelly Gillant vivait le rêve de sa vie. Il aurait fallu être folle pour quitter tout ça
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Pardonner l’inceste
Il n’y a même pas une petite miette d’animosité dans le regard d’Élise quand elle parle de ses agresseurs. Son corps d’enfant a été abusé, son âme violée, sa sexualité bousillée par l’inceste. Elle aurait raison de les haïr. Mais non. C’est la pitié qui prend le dessus, comme une vague tristesse aussi, devant ces hommes qui ne se sont jamais repentis et qui, finalement, n’auront pas gouté, contrairement à elle, au bonheur d’une vie nouvelle. Les dernières révélations ont poussé Élise à couper les liens avec sa famille. Quand c’est trop, c’est trop. «Je suis née dans une famille
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Des gangs de rue à la bande de marmots
Avec ses deux sacs poubelles et sa boite en carton, Mathieu était loin du prestige des gangs de rue de Montréal. Itinérant depuis des mois, il venait d’atterrir à Verdun, sur le perron du presbytère des moines barbus en bures grises. Il était prêt à tout. Sa carrière criminelle avait été brève. Il n’était pas très bon, se plait-il à dire. Il avait arnaqué son entourage au grand complet. «Je squattais chez l’un, puis chez l’autre. J’ai même volé ma mère. J’ai trahi la confiance de tous. Je me suis retrouvé seul», laisse-t-il tomber, avec ce regard tendre des criminels
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Mgr Frank Leo, un évêque au cœur de mère
Que Mgr Frank Leo, le tout nouvel évêque auxiliaire de Montréal, parle français, anglais ou espagnol, son petit accent italien ne trompe pas. Il a grandi dans le quartier Villeray, juste à côté de la Petite Italie, où ses parents avaient décidé de s’installer, arrivés tout droit de Naples. Ordonné en 1990 à l’âge de 25 ans, il n’a jamais eu de doute quant à sa vocation. C’est en paroisse, à l’église Notre-Dame-de-la-Consolata, rue Jean-Talon, coin Papineau, à l’âge de douze ans, qu’il a fait, dit-il, les deux plus importantes prises de conscience de sa vie: «J’ai réalisé que chaque
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Le visage du pardon
Tout allait bien chez les Drolet. Autour, on disait que c’était une famille modèle. Couple heureux. Yvan et Nicole sont de bons chrétiens. Et six enfants avec ça! Une maison chaleureuse dans une campagne généreuse. Geneviève, cinquième enfant de la fratrie, dit même que sa famille, c’était La petite maison dans la prairie en peinture. Et puis, par un matin d’été – c’était en 1980 –, un drame horrible projette la famille en enfer. Louis-Nicolas, le petit dernier, sort de la maison et monte dans la voiture familiale, dont la porte avait été mal fermée. En jouant avec les clés, il s’aperçoit
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Monique A. Papatie, survivante des pensionnats
Petite valise toute neuve à la main, Monique avait cinq ans quand elle est montée dans l’autobus pour le pensionnat autochtone de Saint-Marc-de-Figuery, pas très loin d’Amos. Son oncle lui avait aussi acheté une belle paire de chaussures, des chaussettes, et un gilet. Sa maman lui avait même confectionné, pour l’occasion, une magnifique jupe traditionnelle. Cet automne-là serait différent de tous les autres. Monique, comme tous les enfants de la communauté de Kitcisakik, ne retournerait pas en forêt pour l’hiver. De nomade à sédentaire Âgée de 69 ans, Monique A. Papatie se souvient d’avoir beaucoup pleuré à son arrivée. «Ce qui
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Dominique Gendron, alcoolique et outremangeuse
S’empiffrer ne suffisait plus, et se souler non plus. Religieuse ou pas, obèse ou pas, soule ou pas, il en aura fallu du temps pour que Dominique trouve enfin un sens à sa fuite sans fin et sans fond. Toute son enfance avait pourtant baigné dans les chants et les joies familiales. Son père était marguiller à la paroisse et chantait à la messe. Elle aimait cet esprit de fête, les weekends de jeunes et, évidemment, Jésus ! Puis, un jour, son père fait un infarctus. « Tout a basculé pour moi à ce moment-là. Pour la sécurité de la famille et
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Marc Tousignant: un père presque parfait
De l’extérieur, certaines histoires paraissent idylliques. Curieuse, je suis allée voir un père de famille « parfaite » pour mieux comprendre c’est quoi le truc. Regard sur la paternité assumée d’un homme qui a décidé de bâtir sa maison sur le roc. Marc est papa sept fois. Le matin, il se lève avant tout le monde pour s’assurer d’une douche bien chaude. Ensuite, il prend un temps, iPod en tête, en compagnie du Tout-Autre. Après, il descend à la cuisine pour faire le lunch de sa grande fille. Ce matin, il a fait son fromage. Entre deux brassées ? Pratique d’accordéon. Je lui
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Olivier, à fleur de peau : la réadaptation du cœur d’un grand brulé
Le 26 avril 2006, à l’âge de 22 ans, Olivier Lessard tombe dans une flaque d’essence en feu. Il se transforme en torche humaine. Il venait pourtant de rencontrer Dieu et songeait même à lui donner toute sa vie. Histoire d’un ressuscité. Adolescent, il avait mis le bon Dieu de côté, mais pour faire plaisir à sa grand-mère, il s’était inscrit au parcours Alpha de sa paroisse. « C’était vraiment intéressant ! J’ai été touché par Dieu. Une flamme s’est rallumée en moi, et ça m’a amené à me questionner sérieusement. Je n’avais plus envie de vivre une vie sans Dieu, centrée sur le
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Paul-Julien : de « bon à rien » à ange gardien
Véritable rescapé d’un milieu familial dysfonctionnel, Paul-Julien Osborne a grandi avec la conviction qu’il n’était bon à rien. Aujourd’hui, quand il n’est pas sur la patinoire avec ses enfants ou auprès de son épouse, il soigne et écoute des patients aux soins intensifs. Preuve que ses propres plaies ont été pansées par la grâce. Il n’était même pas encore un petit désir dans le cœur de sa maman que déjà son père menaçait de la tuer si elle devenait enceinte. Après six mois de mariage, elle est partie, mais elle ignorait qu’elle était enceinte de Paul-Julien. L’avocat qui s’occupait du
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Libérée de la violence conjugale
De beaux yeux bleus, une chevelure blonde toute bouclée, une voix d’or, un mari qui l’adore et de beaux enfants pétillants — oui, on pourrait dire que Raphaëlle a tout pour elle. Disons tout de suite que ça n’a pas toujours été si beau et si bon. Pour vivre heureuse, elle a dû se libérer de la violence conjugale, certes, mais juste avant, elle a dû briser ce qui la retenait captive pour vrai : elle-même. Jeune, elle avait une vie spirituelle vivante et une vie de prière intense. Puis, un jour, un truc étrange lui est passé par la tête,
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Emanuel, le padre de la joie
Confinement ou pas, Emanuel Zetino, le plus jeune prêtre du diocèse de Montréal, célèbre la messe à la cathédrale de Montréal chaque matin en direct à la télé. Tout de suite après, on peut le voir danser sur TikTok dans la sacristie, faire un meme avec son encensoir ou chanter « Aqui Estoy » sur le parvis de l’église. À 16 ans, il avait décidé d’être heureux et toujours joyeux. 20 ans plus tard, il tient promesse. Né à Montréal de parents immigrants guatémaltèques, il ne le cache pas : il a toujours voulu être prêtre. « Comme beaucoup de Latinos, mes parents étaient très pratiquants
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Gunman n’a pas peur de mourir
1983. À 23 ans, Pierre est le criminel dangereux le plus recherché au Québec. Il s’est évadé encore une fois. Depuis ses 14 ans, les vols à main armée, les évasions, les séquestrations et les prises d’otages, c’est sa vie. Quand il est arrivé dans la prison pour adultes, la toute première fois, à 18 ans, il avait fait une entrée héroïque : il revenait de l’hôpital, car il avait été tiré à bout portant par les policiers qui avaient eu trop peur de lui avec son « 12 pompeux » artisanal entre les mains et son révolver à la ceinture. Pour les détenus, c’était Gunman. Un gars
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Rencontre au front avec Victoria
Victoria est travailleuse sociale. On pourrait facilement dire qu’elle n’est pas « au front », elle, mais après l’avoir écoutée parler de ses clients et de leur détresse pendant 30 minutes, on change d’avis. « Au début de la crise, les appels tournaient autour de la crainte d’attraper le virus, de perdre son emploi, ou encore de mourir. On était en gestion de l’anxiété. Avec le temps, j’ai constaté que le confinement provoquait encore plus de détresse. » « Quand on arrive à ce niveau-là […] de la crise, on entre dans les choses beaucoup plus profondes. Ce n’est plus de l’ordre de la santé
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Rencontre au front avec Elisabeth Lefort et Pierre-Luc Labrecque
Après des jours à tout changer dans l’école, Elisabeth était enfin prête, et sa classe de maternelle aussi. Le lendemain midi, le gouvernement annonçait que la rentrée était reportée à septembre. « J’ai accueilli la nouvelle avec un grand soulagement même si j’avais l’impression qu’on avait fait tout ça pour rien ! » S’inquiéter pour les autres Elisabeth était inquiète plus pour son prochain que pour elle-même. « Je ne suis pas à risque. Je suis jeune et je suis toujours entourée d’enfants enrhumés, avec des débuts de grippes ou de gastro, des bronchites ou des streptocoques ! À la fin d’une journée, mes vêtements
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Rencontre au front avec Antoine Poulin
Antoine attend le résultat de son test de dépistage de la COVID. S’il est positif, la Santé publique considère que toute sa famille l’est, ce qui veut dire sa femme et leurs trois jeunes enfants. La semaine dernière, pour faire face aux grands besoins de l’hôpital où il travaille comme intervenant en soins spirituels depuis 11 ans, on lui a demandé s’il acceptait d’être délesté comme « Aide à la mobilité » en physiothérapie, dans la COVID. « Sur le coup, je ne voulais pas. Je voulais continuer à voir mes patients. Ma femme et moi, on a prié. Qu’est-ce que le Seigneur voulait, lui ? » Le
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Rencontre au front avec Sarah Michel
Quand Sarah, 16 ans, a obtenu son poste au comptoir du prêt-à-manger d’un supermarché bien connu, elle ne s’attendait pas à vivre tout ce branlebas de combat. « Au départ, je devais faire des heures précises, mais disons qu’avec les mesures sanitaires à respecter, les choses ne se sont pas passées comme prévu. Chaque jour, on m’assignait à un endroit différent, selon les urgences. » « Mes patrons éteignaient des feux. Nous, les employés, tous assez jeunes, on devait faire vite. Un jour, j’étais au prêt-à-manger, le lendemain j’étais garde de sécurité à l’entrée. Un matin, on est venu me chercher à mon
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Rencontre au front avec André, postier
André est fidèle au poste depuis 30 ans. Il est « chef d’équipe », mais autrefois, on appelait ça « maitre de poste ». Derrière son comptoir, c’est habituellement un homme enjoué et engageant qui nous accueille, mais avec la pandémie, pour la première fois de sa vie, c’était la peur qui le dominait. « Les médias ne parlaient que d’infirmières, de préposés ou autres services de santé, mais moi, postier, j’étais aussi un service essentiel, j’étais aussi en première ligne ! « À part mettre les enveloppes et les colis dans les casiers, le gros de mon travail, c’est le service à la clientèle. Il y
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