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Brigitte Bédard
D’abord journaliste indépendante au tournant du siècle, Brigitte met maintenant son amour de l’écriture et des rencontres au service de la mission du Verbe médias. Après J’étais incapable d’aimer. Le Christ m’a libérée (2019, Artège), elle a fait paraitre Je me suis laissé aimer. Et l’Esprit saint m’a emportée (Artège) en 2022.
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La meilleure part
Chaque fois qu’elle part en voyage, Brigitte Bédard rencontre des difficultés qui s’avèrent toujours être des moments de grâce. Alors qu’elle était en France pour la tournée promotionnelle de son récent livre Je me suis laissé aimer…, elle nous offre ce troisième et dernier épisode de ses carnets de voyage (pour lire le premier, c’est par ici). Presque 7 h. Dans le train pour Caen. Je laisse derrière moi Laval, traversée par La Mayenne qui longe son château fort. Beau Pays de la Loire. C’est la troisième nuit que je ne dors que quatre petites heures. Comment je fais pour tenir debout ? Certains
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Entre Paris et Angers… on me dérange toujours
Chaque fois qu’elle part en voyage, Brigitte Bédard rencontre des difficultés qui s’avèrent toujours être des moments de grâce. Alors qu’elle est partie en France pour la tournée promotionnelle de son récent livre Je me suis laissé aimer…, elle nous offre ce deuxième épisode de ses carnets de voyage (pour lire le premier, c’est par ici). Entre Paris et Angers, j’ai presque eu le temps de finir mon texte à venir sur ma rencontre avec le peintre François-Xavier de Boissoudy, devenu, sans contredit, un ami. Mais comme toujours, on me dérange. Il y a d’abord le contrôleur. Puis, mon voisin d’à côté
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La gestion des liquides
Chaque fois qu’elle part en voyage, Brigitte Bédard rencontre des difficultés qui s’avèrent toujours être des moments de grâce. Alors qu’elle est partie en France pour la tournée promotionnelle de son récent livre Je me suis laissé aimer…, elle nous offre ses carnets de voyage. Premier d’une suite d’histoires à venir. Le voyage avait pourtant mal commencé. J’arrive à la sécurité et on me retourne de bord : dans mon bagage en cabine, il y avait trop de liquide. Le garde me tend un ziplock en me disant que je dois mettre tous les liquides, gel, crème dans ce minuscule sac de plastique. « Quoi ? Vous
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Un 8 mars avec Félicité et Perpétue, deux martyres
Je voulais parler de Félicité et de Perpétue, ces deux jeunes femmes condamnées « aux bêtes », précisément « une vache furieuse », le 7 mars 203 dans l’amphithéâtre de Carthage. L’auteur du « Récit de la passion de Perpétue » affirme que la foule n’avait pas apprécié de voir une « jeune femme si frêle et l’autre récemment accouchée, dont les mamelles laissaient tomber des gouttelettes de lait ». Elles avaient refusé de se costumer en « prêtresses de Cérès », comme le voulait l’usage. On avait retourné les deux femmes pour les vêtir d’un voile, au moins. Perpétue n’avait pas la langue dans sa poche. Quelques jours plus tôt, lors de
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« Chéri ! Je (ne) sens (plus) mon corps ! »
J’imagine que vous allez dire que j’ai une fixation. Vous allez même peut-être lever les yeux au ciel et croire que je n’en ai que pour mon petit nombril (et ce qui se passe en dessous). Pourtant, ce n’est pas de mon ombilic dont il s’agit, mais de mes hormones ! Elles se font la malle et ça bouscule l’humeur, le désir sexuel, l’énergie, le sommeil, l’appétit… TOUT ! Vous n’en avez rien à faire des hormones ? C’est probablement parce que : soit vous n’êtes pas encore arrivée à l’âge vénérable de la cinquantaine ; soit vous l’avez dépassée depuis belle lurette et que
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Une chambre à soi
Pour la première fois, depuis au moins 18 ans, je vous écris de ma chambre ! Ma chambre à moi ! Rien qu’à moi ! Eh bien quoi ? Vous ne comprenez pas ce que cela signifie ? Vous ne voyez donc pas ? Vous ignoriez que mon bureau avait toujours squatté une partie du salon, jamais très loin de la cuisine ? Aaaahhh ! C’est que peut-être n’êtes-vous pas mère de six enfants ! D’accord. Laissez-moi alors vous expliquer, vous faire un petit portrait de la situation de la femme en moi qui, bon an mal an, faisait tout pour garder un tant soit peu une vie à elle,
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Souffrir d’amour… pour la messe
Bon. Y’en a qui m’écrivent pour me demander ce qui se passe avec moi. Pourquoi je ne fais plus de petits vidéos humoristiques sur Facebook les vendredis ? Et pourquoi je ne publie presque plus rien ? Et pourquoi je ne fais plus de blagues ? Pourquoi ? Mais bonté divine, c’est parce que je souffre ! Et quand je souffre, eh bien je suis comme vous — je n’ai pas envie de rire. Évidemment, la joie est là, tout au fond, immuable ; cette joie du ressuscité, cette joie de me savoir sauvée, aimée, accompagnée, guidée. Cette joie d’aimer aussi. Mais ça ne change rien
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Addicte un jour, addicte toujours
Ce n’est pas parce que j’ai rencontré le bon Dieu que ça veut dire que je ne suis plus une accro, une addicte, ou une dépendante — appelez ça comme vous voulez ! Si cette période covidienne de l’humanité dévoile le meilleur et le pire des cœurs et des esprits, elle le fait aussi pour la femme qui vous écrit. Libérée ? Moi ? Oui, mais comme nous toutes — et tous aussi —, je suis prisonnière de ma chair qui ne souhaite qu’une chose : assouvir son désir du moment. Certaines sont dans la « bonne alimentation ». D’autres dans le « surentrainement physique », moi, jadis, naguère,
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Les petits écureux
Je n’ai jamais aimé les écureuils. Ils m’ont toujours fait peur avec leurs dents de rongeurs et leurs yeux globuleux. Comme plusieurs, je les considérais comme de la vermine. Ce sont probablement mes années à Montréal qui m’ont traumatisée — pas moyen de s’assoir tranquille dans un parc, il y en avait toujours un, puis deux, et soudainement douze qui te cernaient ! Beurk ! De retour dans ma Rive-Sud natale, j’ai vécu bien des années en faisant la guerre aux écureux dévoreurs de bulbes ! Puis, arriva le printemps 2020. Un printemps — comme je vous le disais — pas comme les autres.
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Le poteau d’Hydro
Par la fenêtre de ma cuisine, j’ai pu admirer, tout au long de mon confinement, le jeu de séduction d’un petit couple de moineaux. Matin après matin, petit à petit, ils ont fait leur nid dans la cabane à oiseaux qu’on avait posée sur le poteau d’Hydro. Ce poteau m’a toujours dérangée. Ça fait 12 ans qu’on habite cette maison, et je n’ai toujours pas compris pourquoi Hydro a décidé de planter son poteau juste en face de ma fenêtre. Ils auraient pu le planter un peu plus à gauche — à peine deux mètres — et ça aurait tout changé.
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Un féminisme pour les femmes ordinaires
La semaine dernière, on a vu déferler des offensives féministes. Selon plusieurs, la crise de la COVID-19 serait une crise « genrée » puisque le virus frapperait un sexe plus durement que l’autre. Les femmes sont victimes parce qu’elles sont majoritairement « au front », dit-on, occupant des postes traditionnellement féminins, donc moins bien payés. Relance « genrée » Noémi Mercier, dans L’actualité, rappelle que les femmes représentent 90 % des infirmières et 88 % des aides-soignantes et préposées aux bénéficiaires. Elles occupent des postes qui, avec la crise, en ont pris pour leur rhume : professeures, éducatrices, serveuses, vendeuses, coiffeuses, esthéticiennes. Évidemment, on accuse le gouvernement ; les salaires et
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Ma confession
S’il n’était pas dans les parages, je redeviendrais la perdue que j’étais. Absorbée par la vague catho du vedettariat (eh oui, ça existe !), j’oublie parfois que, sans lui, je serais seule sur l’ile de ma suffisance. Lecteur, auditeur ou téléspectateur habitué à m’entendre dire « Jésus » à tout bout d’champ, cette fois-ci je te le dis, ce n’est pas ça. Je désire te jaser de celui qui vient juste après. Ma meilleure moitié. L’épique époux. Bref, le mari. Ce n’est pas sans raison que Dieu s’est dépêché de me le trouver. Il m’a laissé languir un peu, mais pas trop. Juste
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Libérée! Délivrée!
Vous avez vu ce titre de rubrique ? « Femme libérée ». Libérée de quoi ? Délivrée de qui ? Je le dis : je viens de franchir le demi-siècle. La maternité a calmé ma libido. Les hormones de préménopause achèvent inéluctablement le travail. Et comme la Reine des Neiges, je peux chanter : « Libéréééée ! Délivrééééée!… du sexe compulsif, pulsionnel, ou si vous préférez performatif ! » Voilà. C’est dit. L’envie est partie. C’est tout. Les bouffées de chaleur sont maitres, et invariablement suivies de frissons qui me glacent tout entière. Je suis en lockout d’estrogènes. J’ai alors la tentation d’imiter la Reine des Neiges et de m’enfermer dans
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Un bon Jack pour toutes les Rose du monde entier
Quelle fille ne voudrait pas d’un bon Jack? En tout cas, Rose, la Rose du Titanic, elle a dit oui presque tout de suite. Je veux dire, elle a dit oui quand elle a vu que Jack était un «bon» Jack. Mieux. Elle a vu, ou senti, je ne sais trop, que ce gars-là, ce qui était le moteur de sa vie, le sens de son existence, l’alpha et l’oméga de sa raison d’être, ce n’était rien d’autre que l’amour. Oh! oui, on pourrait dire qu’il était un brin insouciant et qu’il vivait un peu trop de l’air du temps et qu’on
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Prendre soin de la poule
Dans son récent papier au Devoir, Francine Pelletier n’a pas tout faux, vous savez. J’ai voulu en savoir plus sur la « politique nataliste » de la CAQ. Je n’ai rien trouvé, sauf le discours du chef. En le lisant, j’ai soupiré de lassitude. Encore une fois, on veut « travailler à éliminer les différents obstacles financiers qui se dressent devant les familles du Québec qui désirent avoir un enfant ». On veut diminuer les impôts des familles, car « quand vient le moment où les couples souhaiteraient avoir d’autres enfants, ils y renoncent souvent ». On veut aider les familles parce que vous savez, « une
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J’aurais pas voulu être un artiste…
J’étais sous le choc de voir déferler les #moiaussi des victimes de quelques grands du show-business, mais la sortie de Léa Clermont-Dion m’a fouettée jusqu’aux os, car son récit, si vous avez la chance de le lire, est un arrache-cœur. L’agression sexuelle m’a choquée, évidemment, mais ce qui m’a clouée sur ma croix, c’est le rôle de Lise Payette dans tout ça. Ce matin, je ne suis plus clouée, je suis carrément crucifiée par la déclaration de Luc Plamondon à une journaliste d’un site à potins du showbizz québécois: «J’ai trouvé ça génial que les femmes sortent et dénoncent la
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Bénir le cours d’éducation sexuelle?
Le cours d’éducation sexuelle cogne aux portes de nos écoles, et certains parents religieux se sont mis à avoir peur, ou bien à faire peur aux autres. «Je suis inquiète, me dit une maman, dans quel monde mes enfants vont-ils grandir?» Je sais. Faudrait que je saute aux barricades, que je manifeste devant le parlement, et que le jour venu, je sorte mon enfant de la classe. En vérité, je vous le dis: Been there, Done that, Got the T-shirt. Quand le cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR) a été implanté, malgré 4 ans de lutte acharnée, on a
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Le problème avec le féminisme du Québec
Je vous le dis tout de suite: je suis féministe. Dire qu’on l’est, c’est aussi pire que de dire qu’on l’est pas. C’est juste pas les mêmes qui te tirent des roches. Au Québec, s’entend. Car le problème avec le féminisme québécois, c’est qu’il est sclérosé. C’est une grande statue de sel qu’on appelle la Fédération des femmes du Québec/Conseil du statut de la femme. Qui sont les femmes qui se sentent des affinités avec la FFQ/CSF? On les compte avec les doigts. Celles qui y adhèrent? C’est souvent parce qu’elles ne connaissent pas les autres féminismes. Elles croient que
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Heureux d’un printemps
Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. C’est vrai pour cette saison interminable, c’est surtout vrai pour l’univers médiatique québécois. Mais dernièrement, on a le bonheur de sentir les bonnes odeurs du printemps. Depuis plusieurs années, c’était vraiment l’hiver ici. Il n’était plus possible de regarder les chaines qui, auparavant, faisaient l’unanimité dans la populace, autant au niveau radiophonique que télévisuelle. Il y a huit ans, nous avons même décidé, sponsalement parlant, de débrancher la télé. Elle est là, certes, mais simplement pour le cinéma maison et internet. L’hiver de force Les journaux? Même chose. À part quelques
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Minimaisons pour grands bobos
Le mouvement californien des Tiny Houses est arrivé au Québec. Et comme ici tout se doit d’être « festif », l’été 2015 aura donné naissance à son premier Festival des minimaisons, à Lantier, seule municipalité qui accepte les maisons de 308 pieds carré. Vous avez bien lu: 308. Quoi! Il y a la chambre à l’étage! Bon. On ne peut pas tenir debout, mais bof! C’est « économique »! « Écologique »! C’est la façon rêvée d’avoir « accès à la propriété », martèle le Festival et les reportages des bulletins de nouvelles à la télé. Entendez-moi bien. La minimaison, en soi, c’est bien. L’économie aussi. L’écologie aussi.
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Steve Maman, héros malaimé
Le monde entier parle de Steve Maman, ce Montréalais qui fait du bizness dans les voitures de collection. Grâce à sa fortune et à l’argent qu’il récolte depuis le 5 juillet à travers sa fondation, il sauve des fillettes, des jeunes filles et des femmes (chrétiennes et yézidis) de l’esclavage sexuel. C’est que l’« État islamique », en Iraq, justifie son crime par une pseudo théologie du viol. Depuis janvier 2015, il dit avoir sauvé 128 esclaves en négociant avec les marchands de Daech. Le 5 juillet, il fondait avec toute une équipe de Montréal, Liberation of Christian and Yazidi Chilren of
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Le Grand Prix du sexe
Vous pensez que je suis scandalisée, outrée, désabusée par le trafic sexuel des femmes qui s’organise à cause du Grand Prix? Non. Je ne suis pas plus outrée que d’habitude. Mes amis Face-de-Book, eux, ont eu des soubresauts d’indignation, de dénonciation. Ça me rappelle la sortie de Fifty Shades of Grey. Ça capotait fort. Ça se scandalisait. Moi? Non. Moi, ça se passe à longueur d’année, voyez-vous. Je ne capote plus. Je ne me scandalise plus. J’ai juste mal au cœur. À l’âme. Et pis, je prie. Parce que quand on est pris, on prie. Parce que le trafic sexuel
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Déco trash-écolo
Ma mère collectionne les cloches et les coqs. Depuis toujours la cuisine est remplie de coqs, les uns plus stylisés que les autres. Certains sont de véritables œuvres d’art. Dans sa chambre trône une magnifique armoire remplie de cloches de tous les pays du monde qu’elle a visités. Moi, je collectionne les croix et les bidules religieux. Ce n’est pas par choix ou par envie de collectionner quelque chose. C’est par « hasard ». L’icône On venait d’emménager dans notre nouvelle demeure et nous devions nous rendre au dépotoir de la ville pour jeter des matériaux inutilisables. En mettant les pieds dans le
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Le sexe à l’école. L’amour nulle part.
Jeudi dernier, je devais participer à l’émission de débat Open Télé animée par Sophie Durocher, sur MAtv. Je n’ai pas pu, j’étais malade. Le sujet? L’éducation sexuelle à l’école. Lise Ravary du Journal de Montréal a écrit un billet hier sur le sujet, et je me dois d’écrire ici ce que je serais allé dire ce soir-là en studio. Lise affirme que ce sont les parents « surtout dans les domaines religieux » qui ont contesté le cours obligatoire d’éducation sexuelle très explicite que l’Ontario s’apprête à donner en septembre, dès le primaire. D’abord, le fait que ce soit surtout
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