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Antoine Malenfant
Antoine Malenfant

Antoine Malenfant

Animateur de l’émission On n’est pas du monde et directeur des contenus, Antoine Malenfant est au Verbe médias depuis 2013. Diplômé en sociologie et en langues modernes, il carbure aux rencontres fortuites, aux affrontements idéologiques et aux récits bien ficelés.

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  • Sommes-nous encore capables d’attendre?

    Le carême 2018 a quelque chose d’anachronique. Alors que se déroulait ces jours-ci à Austin (Texas) le fameux pèlerinage de technophiles SXSW, l’Église catholique, jamais vraiment de son temps, propose une lente et pénible montée vers le calvaire. D’un côté, les jeunes élites mondiales de l’intelligence artificielle, du capital de risque et du bitcoin se shootaient au high-speed, la tête dans le cloud. De l’autre, une institution aux allures archaïques se prépare à faire mémorial d’un évènement qui commence à dater: un homme exécuté non pas avec un sabre laser, mais cloué sur un bout de bois; vraisemblablement revenu du

  • Les choses que l’on peut dire

    Un prof de cégep peut-il exprimer, hors de sa classe, ses réserves et ses questionnements sur l’homosexualité? C’est là l’une des nombreuses questions que soulève la récente suspension de Jean Laberge, enseignant au Vieux-Montréal. Le 17 janvier dernier, le philosophe Jean Laberge publiait le billet « Suis-je homophobe? » sur sa page Facebook. Quelques jours plus tard, à la suite de plaintes de collègues et d’étudiants, il rencontre la direction de l’établissement et écope d’une suspension (avec solde) en attendant les sanctions officielles. Si le nom de Jean Laberge vous dit quelque chose, vous savez probablement déjà que le prof de philo du cégep

  • La Toussaint avec Bloy

    Tu es béni, Père,Seigneur du ciel et de la terre,tu as révélé aux tout-petitsles mystères du Royaume!– Mt 11, 25 Cher ami, Nous ne nous connaissions que depuis quelque temps lorsque tu m’as tendu un vieil exemplaire de poche de La femme pauvre de Léon Bloy. Fidèle trop catholique pour le milieu des lettres et écrivain trop libre pour les bons chrétiens des premiers bancs, Bloy avait su confisquer ton attention académique, au moins le temps qu’il te fallait pour devenir Maitre ès Pèlerin de l’absolu. Pour ma part, autant rebuté par la couverture d’un bleu défraichi illustrée par un

  • #Balance ton steak

    La campagne #BalanceTonPorc connait un franc succès sur les réseaux sociaux. Évidemment, c’est dégoutant et regrettable de constater à quel point un nombre incalculable de personnes, surtout des femmes, se font harceler et agresser. Si le problème semble particulièrement présent dans le monde du showbiz – au moment d’écrire ces lignes, La Presse nous apprend que même l’étoile polaire du vedettariat québécois aurait harcelé plusieurs personnes au cours de sa carrière –, il ne s’y limite pas. Gigot et abats Alors que certaines dénoncent « les religions » d’avoir nourri la bête du patriarcat et de la domination sexuelle pendant des siècles, d’autres

  • Chérie, j’ai réduit mon ennemi

    La droite méprise la gauche. La gauche déteste la droite. Les fascistes sont en colère contre ceux qui veulent déboulonner les statues de généraux confédérés et contre les antifas, lesquels alimentent parfois la violence qu’ils souhaiteraient pourtant éteindre. Spectacle d’une tristesse inouïe. D’abord, parce qu’une jeune femme a perdu la vie à cause de la colère d’un homme. Ensuite, parce qu’il me semble que, de part et d’autre, on s’affaire plus à démoniser l’adversaire qu’à identifier le véritable Adversaire. La vérité c’est que nous sommes tous des champions pour dénicher la merde dans la vie des autres, dans le camp

  • Salut pop Jésus

    À la petite école, on nous a saturés de l’expression «Bonne Nouvelle» dans les cours de catéchèse (ou étaient-ce des cours de bricolage, je ne sais trop). Tellement qu’on ne peut plus entendre ces deux mots sans imaginer madame Ghislaine nous distribuant des silhouettes du Jésus/Ken Barbie à colorier, le teint rose, les sourcils bien épilés et les cheveux blonds, propres comme une pub d’Herbal Essence. Bien sûr que Jésus devait avoir la peau des avant-bras bien douce. Mais est-ce là une caractéristique distinctive du Fils de Dieu? Je connais des tas de bonnes personnes autour de moi qui ont

  • Le labour sans labeur

    Le Canada serait appelé à devenir un joueur majeur dans les secteurs de la robotisation et de la malnommée « intelligence artificielle ». Drôle de destin. J’imagine que ce n’est pas exactement ce que Champlain, Jeanne-Mance et Cartier avaient en tête lorsqu’ils se sont tapé la grande traversée… Quoi qu’il en soit, la Banque du Canada annonçait ce printemps que les vingt prochaines années seraient dédiées à l’innovation technologique et à l’automatisation. La sous-gouverneure de l’institution, Carolyn Wilkins, expliquait toutefois que ces changements majeurs – maladroitement appelés « progrès » technologiques – allaient non seulement couter de nombreux emplois, mais aussi augmenter les inégalités

  • Montréal, mon culinaire

    Vu de Québec, le 375e de Montréal me fait autant d’effet que l’anniversaire de 3 ans et 9 mois de ma chère fille : faut vraiment se péter les joues à gonfler des ballounes pour ça? Mais si ça vous divertit un peu, si ça change le mal de place, si ça met un baume sur votre Coderre, si ça vous donne l’impression d’être à Régisgrad le temps d’un été, je vous dis comme le pape François : « qui suis-je pour juger? ». Faites ce qui vous plait avec l’oseille du peuple, on n’est pas regardants. On serait bien malvenus de vous faire

  • Lettre à Catherine Dorion (pis à KPMG, tant qu’à faire)

    Ceux qui cherchent à tout prix à honorer notre passé catholique, s’ils veulent le faire sincèrement, devraient lâcher les crucifix et nous rappeler ce que disait Jésus sur les riches, et nous rappeler aussi, tant qu’à faire, ce que disait Jésus sur ceux qui défendent la religion juste pour les apparences, juste pour se tailler une place dans le monde. Catherine Dorion, comédienne et blogueuse au Journal de Québec (citation tirée de Facebook, 3 mars 2017, en réponse à l’indignation à géométrie variable de certains québécois) – Catherine Dorion, comédienne et blogueuse au Journal de Québec (citation tirée de Facebook,

  • Dompter la bête

    C’est un peu toujours la même histoire. Un évènement tragique secoue une ville. Les grandes chaines d’information dépêchent des équipes sur le terrain. Les médias sociaux s’enflamment. Dans les heures qui suivent, même si on ne sait toujours à peu près rien sur les motifs de la tuerie, plusieurs articles se bousculent dans notre fil de nouvelles… alors que des victimes luttent encore pour leur vie aux soins intensifs. La poussière Tous ces camions-antenne qui couvrent la nouvelle et toutes ces voitures de police déployées dans la ville soulèvent beaucoup de poussière sur Québec. Les analyses hâtives lancées dans ce brouillard

  • Bienvenue à Écono-land

    « Nous ne suggérons pas que les patients et les médecins considèrent le cout lorsqu’ils prennent la décision – très personnelle et intime – de demander l’aide médicale à mourir, insiste le Dr Trachtenberg. Mais la réalité est telle que notre système de santé a des ressources limitées et que les décideurs se servent toujours d’évaluations économiques pour décider s’ils offriront un service. » C’est ainsi que se termine un article de Radio-Canada intitulé L’État pourrait faire des économies grâce à l’aide médicale à mourir. Les groupes de médecins contre l’euthanasie, certains organismes (sans affiliation religieuse) de promotion de la dignité de

  • Kintsugi

    Kintsugi : en japonais, jointure en or. Méthode de réparation des porcelaines et des céramiques brisées au moyen de laque faite de poudre d’or. En amour comme en céramique, tout passe. Tout casse. * Il y a 11 ans aujourd’hui, un 11 novembre, on frenchait pour la première fois, assis sur un trottoir de Sainte-Foy, au milieu de la nuit. Ensuite, pendant 2 ans, le stationnement chez tes parents fera office de parloir. Et la poutine du Ashton, celui juché en haut de la rue de la Suète, sera l’exutoire de nos élans passionnels maladroitement contenus. Puis, le grand jour. Puis

  • Safia Nolin n’est pas Plume Latraverse

    J’écoutais Simon Jodoin au micro du 15-18 de Radio-Canada. Il faisait la comparaison flatteuse (et fortuite, semble-t-il) entre Plume et Safia. Voilà, effectivement, deux chanteurs québécois qui remettent en question l’ordre établi. À la différence près, je dirais, que Plume n’est pas surpris lorsque son irrévérence est conspuée sur la place publique. Sincèrement, je suis d’accord avec Safia sur plusieurs des idées qu’elle porte… aussi élégamment qu’un t-shirt de Gerry Boulet. Si certaines de ses opinions sont plus difficiles à endosser sans vérification préalable (sa sœur serait une « grosse conne »), d’autres, néanmoins, sont plutôt aisées à partager. Par exemple : Safia Nolin a

  • Joseph contre les robots

    Un peu plus tôt cet automne, je m’asseyais avec mon fils de huit ans pour regarder avec lui ses premiers devoirs de troisième année. Ça vaut toujours la peine de prendre un peu de temps pour échanger avec les enfants sur ce qu’ils apprennent en classe… Tant bien que mal, je tente d’appliquer dans ma vie familiale ce qui me semble être aussi un principe valable pour l’enseignement: il ne peut y avoir de transmission sans amour, sans un don. Dans cet état d’esprit, j’ouvre avec lui un joli petit manuel: L’école d’hier, l’école de demain. Ça promet. Évidemment, dans

  • Le sexe est-il un jeu d’enfant ?

    Vous avez peut-être vu passer un article louangeant le dernier livre de Patrick Doucet. Drapé d’ouverture d’esprit, le jupon d’un nouveau moralisme (que Guillebaud nommerait l’injonction à la jouissance) dépasse toutefois un peu. J’ai souligné quelques points spécialement surprenants. Le titre: La vie sexuelle des enfants ? Tout ce qu’on aimerait sans doute savoir, mais qu’on ne souhaite peut-être pas entendre. D’entrée de jeu, on laisse entendre que le lecteur est une sorte de Janus voyeur/pudibond. C’est flatteur. Mais un brin condescendant. Extravagances: « Quand des adultes consentants sont en cause, on apprend à accepter même des extravagances. On souhaiterait toutefois préserver les enfants

  • Le bus habitable

    Je suis paumé comme jamais. Parait que ça prend maintenant trois piasses et demie pour embarquer dans un transport en commun de pauvre. Je n’en ai que deux. Nous sommes quelques heures avant que Trudeau ne me sorte de la pauvreté avec ses bonis dollars. Nous sommes hier. Dieu merci, j’ai un trésor au fond de mon portefeuille : une vieille carte à puce en carton. Tout fier, je la brandis comme une médaille devant le senseur. La lumière rouge s’allume. Plus fier pantoute. « Billets épuisés ». Quand une carte électronique est une métaphore de l’état de son détenteur… Je me retourne,

  • Le soft-eugénisme (un peu) démasqué

    Radio-Canada présentait il y a quelques temps un reportage de Tamara Alteresco qui a retenu mon attention. (1) Grosso modo, on y présentait des parents qui, malgré un dépistage prénatal positif au cours duquel on avait trouvé une trisomie 21 à leur enfant, ont poursuivi la grossesse. Soft-eugénisme L’eugénisme, étymologiquement, c’est la bonne naissance. C’est, pour le dire vite, l’ensemble des méthodes ou pratiques qui interviennent pour améliorer le patrimoine génétique de l’espèce humaine, en vue d’un idéal… d’un homme nouveau. Si 90 % d’entre eux optent pour l’avortement, ceux qui choisissent de poursuivre la grossesse dénoncent le manque de soutien et les

  • L’effet Matthieu

    Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. – Mt 13, 12 Au départ, le Christ aurait utilisé la formule pour inciter ses disciples à ouvrir l’oreille. Plus on écoute la Parole de Dieu, plus on en tire bénéfice. En 1968, le sociologue Robert K. Merton faisait référence à l’évangile selon saint Matthieu pour illustrer les mécanismes selon lesquels les universités les plus prestigieuses ont tendance à accroitre leur domination. Depuis, ce qu’on appelle désormais l’« effet Matthieu » (le disciple était collecteur d’impôts, ça ne

  • Le féminisme et l’écueil utérin

    Mon problème avec le féminisme? Écoutez… Comment vous dire? Bon. D’abord, je suis catho. Affirmer que je pars avec deux prises et quatre fausses balles relève de l’euphémisme. Qui plus est, la nature, cette coquine, m’a confié la responsabilité d’une chose entre mes jambes que ni Nathalie Petrowski, ni la ministre de la Condition féminine ne possèdent. C’est donc pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, que je tenterai de m’exprimer sur le sujet avec autant d’humilité que le sujet requière. Essayant, du coup, d’éviter de pécher en contrevenant au Petit catéchisme québécois de bienséance médiatique. Nous sommes en

  • Voir le monde (à travers des yeux radiocanadiens)

    Je me réjouis des changements effectués à Voir ces jours-ci. En fait, il était grand temps que quelque chose se passe chez ce navire-amiral de la diffusion culturelle au Québec. Ont-ils été inspirés par Le Verbe pour opérer ces changements? Dieu seul le sait! Quoi qu’il en soit, je suis franchement content qu’ils aient décidé de ralentir le tempo, d’épaissir la publication, de soigner le graphisme et d’approfondir un peu le contenu. Voilà pour les points-bananes. Si on n’avait pas nous-mêmes copié l’idée à quelques revues françaises, en 2014, on leur enverrait une mise en demeure pour plagiat. On va

  • Je ressens, donc #JeSuis

    Lors des divers évènements tragiques ayant eu lieu l’année dernière, un nouveau mode d’expression de la sympathie fut de signifier au monde entier que #NousSommes ceci ou cela: #JeSuisCharlie, #JeSuisParis, #JeSuisMalien, etc. En guise de solidarité envers les victimes, les réseaux sociaux s’enflammaient en quelques minutes seulement à la suite d’un attentat terroriste, d’une attaque, d’une catastrophe naturelle. Depuis lors, le célèbre cogito, ergo sum de Descartes semble remanié à la saveur de notre siècle épidermique: sentio, ergo sum; je sens, donc je suis. Les émotions sont aussi intenses qu’éphémères. Jusqu’au prochain massacre. Le bémol avec les dièses Je ne fustige pas

  • Sexplora la conformiste

    Vous avez écouté la grand-messe dominicale de Tout le monde en parle (remarquez que je ne publie pas l’hyperlien de l’émission…), faisant l’éloge des chirurgies de changement de sexe pour enfants et de la soft-porn financée par l’État? Moi non plus. J’étais trop occupé à plier du linge en regardant les premiers épisodes de Like-moi. En fait, pour être franc, je n’ai réussi qu’à plier deux serviettes pendant que mon épouse-ex-employée-du-mois-chez-Simons pliait trois paniers bien tassés de caches-couches et de chaussettes dépareillées. Like-moi, antidote à TLMEP? Mais revenons-en à Like-moi. Outre l’excellent thème musical rétro « Ça fait boom boom pow »

  • La mort tout de suite, un bain plus tard

    Moins long d’obtenir une injection létale qu’un bain? Il semble qu’au Québec, de nos jours, ce soit le cas. Le premier ministre Couillard avait annoncé en campagne électorale qu’il ferait des soins à domicile (SAD) une des priorités en santé de son gouvernement. Moins de deux ans plus tard, un reportage nous apprend (ou nous rappelle, pour madame Tremblay qui le savait déjà) que l’attente pour les services de maintien à domicile des CLSC peut durer jusqu’à 8 mois. « Le cout net d’une place en CHSLD public pour une personne âgée varie de 42 000 $ à 71 000 $ par année », rapporte-t-on dans l’article

  • Un couple pas comme les autres

    Encouragés par le récit d’Emmanuelle et Nicolas, qui ont bravement osé parler de leur « parentalité » postmoderne dans Marie Claire, Simon et Marie-Hélène ont décidé eux aussi de sortir de l’ombre. Histoire rocambolesque d’un couple de marginaux qui défie toutes les normes en vigueur. Un témoignage troublant. Simon et Marie-Hélène* ont la mi-vingtaine. Elle finit un bac en histoire et lui est ouvrier depuis deux ans dans une usine de pièces d’autos. Ils se sont rencontrés dans une soirée de prière, à la paroisse, en mars 2011, puis se sont mariés l’été dernier. Marie-Hélène se rappelle encore la réaction de ses

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