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Antoine Malenfant
Antoine Malenfant

Antoine Malenfant

Animateur de l’émission On n’est pas du monde et directeur des contenus, Antoine Malenfant est au Verbe médias depuis 2013. Diplômé en sociologie et en langues modernes, il carbure aux rencontres fortuites, aux affrontements idéologiques et aux récits bien ficelés.

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  • Quand le vingt s’est tiré…

    Deux-mille-vingt-et-un. Deux-zéro-deux-un. Vingt-vingt-et-un. Pas plus commodes à écrire qu’à lire, les nombres inscrits en long et en large n’ont pas la cote. Souvent avec raison (la raison et les chiffres s’entendent à merveille, semble-t-il), on leur préfère les chiffres arabes, bien formés, pour s’informer du temps qu’il fait (moins 21) ou du temps qui fuit (20 h 21). J’aime bien écrire les chiffres en lettres. À chacun ses petits plaisirs. Je me sens baveux quand je fais ça. Rien de très subversif, mais juste un brin baveux. Ça m’offre l’illusion de redonner aux lettres leurs lettres de noblesse. … il faut le

  • Jusqu’aux limites du monde

    Confins. Du latin confinium : « frontières ». Le Grand Confinement a eu l’heur de nous poser bien des questions, dont celles que je retiens ici : quel rapport entretenons-nous avec les lieux que nous habitons, avec ceux où nous nous réunissons pour travailler, avec ceux où nous prions en communauté ? Les limites qui bordent ces espaces sont-elles des entraves étouffantes ou un cadre duquel nous pourrions tirer grand profit ? * L’enjeu des limites, des frontières — ou parfois de leur absence — est peut-être l’un des plus formidables pour penser notre époque. Nous la pensons, cette époque, si souvent en termes relatifs au temps :

  • Force majeure

    Dans ces moments dramatiques, on dirait que Dieu distribue des grâces spéciales. À l’hôpital cette semaine pour une transfusion à notre bébé, j’en ai profité pour prendre le pouls d’une situation sans précédent. (N’ayez crainte, j’ai bien frotté mes mains avec une dose règlementaire de solution hydroalcoolique.) Malgré toute cette histoire virale, je voyais l’infirmière commencer ses heures supplémentaires avec le sourire. Bien sûr, elle aura droit à sa prime. Toutefois, en la voyant soigner les patients, je vous garantis que ce n’est pas le fric qui la motive. D’abord, reconnaissance infinie à tous ceux qui vont perdre une heure

  • À mes petites pinottes

    Mes très chères filles, Dans quelques jours, le 8 mars, le monde entier prendra un gros 24 heures bien compté pour réfléchir aux droits des femmes. En pareilles circonstances, il est d’usage de rappeler que, même si les luttes menées par vos aïeules ont permis de grands changements sociaux, il vous reste encore de belles batailles à mener. Vous êtes habituées d’entendre votre père vous dire quoi faire — et surtout quoi ne pas faire. À l’aube de ce jour spécial, je vous fais grâce de mes sempiternelles injonctions et remontrances. Je n’aurai pour unique conseil que celui-ci : soyez bien attentives à

  • Les trois plaies de la méfiance

    Deux jours à peine s’étaient écoulés depuis la mise au jour du scandale et un commentateur lâchait un « maintenant que la poussière est retombée »… J’en ai presque ri. Mais, compte tenu des circonstances moroses, je me suis retenu. Probablement comme vous, j’ai lu des centaines de commentaires sur l’affaire qui secoue la cathosphère ces jours-ci. Dans ces cas, je m’étonne d’oublier parfois que l’ère des réseaux sociaux en est une de réactions. Des réactions à la chaine. Comme une chaine de montage industrielle, mécanique, prévisible.  Les communiqués laconiques (pardonnez le pléonasme) réagissent au rapport d’enquête. La première vague de commentateurs,

  • Le gestionnaire, le magistrat et le guérisseur

    Il était une fois, dans une contrée fraiche et belle, un homme qui avait été choisi par ses pairs pour diriger le village. Les villageois, pas peu satisfaits de leur suffrage et déchargés du gouvernement des affaires, pouvaient désormais vaquer à leurs occupations quotidiennes entre quiétude et divertissement. Bien que certains paysans fussent affligés des maladies à la mode cette année-là, et que d’autres souffrissent du mal horrible de vieillir, le village se trouvait plutôt bienportant. Vint un magistrat qui, oyant les complaintes bien senties de quelques malheureux, fut ému au point d’en appeler à l’ouverture du Grand Code du

  • Chaise musicale protocolaire

    « Quand marcher sans autre butPlus de passé, demain fourbu » – Céline Dion, « Les derniers seront les premiers » (1996) Le Devoir nous apprenait récemment qu’une partie de chaise musicale avait eu lieu dans le bureau du chef du Protocole. Des gens de party, je vous le dis. Les épiscopes du Protocole, ce sont eux qui organisent les fiestas officielles de l’État, les bamboulas du Salon rouge et autres remises de médailles, de rubans et de guirlandes. À ces excitantes cérémonies, ils s’assurent que les dignitaires d’ici et d’ailleurs soient bien assis, le-dos-droit-les-oreilles-molles, dans l’ordre le plus parfait. Bref, à quelques détails près, c’est un job

  • L’Halloween m’emmerde (et je lui rends bien)

    J’ouvre ma radio de char. Une animatrice populaire demande aux chroniqueurs s’ils ont eu un party d’Halloween en fin de semaine passée… ou si ça ira plutôt au prochain weekend. Sapristi. La question n’était pas « avez-vous un party d’Halloween avec vos collègues, ou avec vos familles? », mais plutôt « quand fêterez-vous l’Halloween? ». Je pourrais vous déballer pendant plusieurs phrases à quel point l’Halloween c’est le comble de la célébration du mauvais gout, une compétition de décos en plastique cheap, une dépense folle en temps/argent/énergie pour aller ramasser des cochonneries qu’on a pourtant déjà chez soi et qu’on offrira au petit Mathias-le-Pokémon

  • Attaque à l’Oratoire: le temps des fruits

    L’attaque au couteau de ce matin à l’Oratoire Saint-Joseph est affligeante. Je suis soulagé d’apprendre que le père Grou est hors de danger et je prie pour son prompt rétablissement. Sans aucun doute, cet évènement fera couler beaucoup d’encre dans les prochains jours. On essaiera, collectivement et individuellement, de réfléchir aux motifs de l’agresseur, de décortiquer la séquence de ses actions. Toutes ces démarches sont parfaitement légitimes. Je crains toutefois que l’on passe à côté de la réelle portée d’un tel évènement si on réduit notre analyse aux éléments idéologiques, sociologiques ou même psychiatriques de l’affaire. La descente La première

  • Vile mairie

    Quand les murs de nos mairies seront tous beiges, purs et propres, lisses et fades, vides d’histoire, d’art, de sang et de larmes, mais pleins de présomption de neutralité. Quand les places de nos villes seront des centres d’achat, des boutiques, des foires et des cirques parce que nous aurons enfin déboulonné les dernières statues des oppresseurs, bouffeurs de « territoires non cédés » et autres conquérants en délire mystique. Quand, pour accueillir le malheureux, le dépouillé des droits élémentaires et alimentaires, la veuve, l’orphelin et l’étranger, quand pour l’inviter à prendre un repas à la maison et à se reposer autour

  • L’article de la mort

    Au moment d’écrire ces lignes, je suis à l’article de la mort. Mauvais jeu de mots, convenons-en tout de suite, pour vous étaler ma vie privée, ou plutôt celle de mes plus intimes recoins, bref j’ai la gastro. Piètre et juteuse entrée en matière. Sujet amené. Chaque fois que je suis un tantinet malade, chaque fois que je souffre dans mon corps (nez qui coule, gorge qui tousse, ongle incarné qui pousse), c’est plus fort que moi, je pense à ceux qui sont vraiment malades. Ça me donne comme une impression de communion avec ceux qui souffrent en silence, loin

  • La distinction et les rebellocrates

    J’écris dans un centre d’achats. Je me la joue poète dans un espace aussi dénué de poésie qu’un centre commercial. Je suis un être plein de contradictions. Devant moi, défile un étudiant chaussé des Doc Martens d’un punk-à-chien tout en arborant un manteau Canada Goose qu’il aurait pu avoir volé à un bourgeois de la upper middle-class. Mais c’était le sien. Tout comme les bottes. C’est à ce moment que je comprends qu’en termes de contradiction, je suis un amateur. De la même manière que je suis attablé devant une pile de bouquins savants avec un gros casque d’écoute de

  • La crèche, ça chlingue

    Le tapage publicitaire, le bruit partout des cantiques sirupeux, et le chapelet de partys en décembre sont-ils une préparation pour une fête ou plutôt un maquillage pour masquer notre désespérance ? Petite méditation en odorama sur le mystère de l’Incarnation. Tout comme la Parole, l’Espérance nait dans le silence. En marge de tout ce tourbillon. Et Noël, c’est le Verbe divin qui prend chair dans le silence de la nuit. Pas à midi, au zénith ; pas à l’heure où les boites de comm envoient généralement leurs communiqués de presse. Pas à l’heure du bulletin de nouvelles non plus. Ce point central

  • Économie du salut

    Avant de commencer, laissez-moi prendre des nouvelles de vos proches poches. Comment va votre vieux pépère RÉER? Vos petits enfants placements se portent bien? Votre tendre épouse épargne est toujours aussi ravissante? Aujourd’hui, on jase d’un livre qui jase de fric. De montagnes de fric. Je vous parle d’un petit fascicule publié chez Salvator qui reprend un texte intitulé Questions économiques et financières, sorti début 2018 des presses vaticanes. Déjà, je vous vois venir avec une première question économique : « combien ça coute? ». Pas cher, pas cher. Comptez sur moi et comptez vos cennes noires, c’est un bon investissement. Quelques piécettes, à peine plus

  • L’ordre et les regrets

    Le nouveau président brésilien Jair Bolsonaro, élu dimanche dernier, affiche ouvertement sa foi chrétienne. Trump du Sud? Montée de la droite ou échec de la gauche? Une analyse d’Antoine Malenfant, observateur passionné du pays de la samba. Ordem e progresso. La devise du Brésil a été maintes fois moquée. « L’ordre et le progrès » se sont transformés en « Désordre et régression » ou « L’ordre jamais, le progrès plus tard », etc. Sans l’ombre d’un doute, les quatre prochaines années seront marquées par la remise en « ordre » de la maison. Du moins, il s’agit d’une ferme promesse de Jair Bolsonaro, nouveau président élu du plus populeux

  • La saison de la morve

    Je ne prends jamais de congé de maladie. Mais ce matin, étant trop dédié à la gestion de mes mucus nasaux, j’ai dû me résoudre à rester à la maison pour me reposer un peu. Séquelle de lendemain-de-lendemain-de-veille-d’élections ou héritage microbien de mes petits morveux domestiques? Mystère. Constatant l’impossibilité de me reposer à la maison (il y en a quand même trois qui ne sont pas encore à l’école…), j’ai finalement décidé d’aller me reposer au bureau. Bref, comme d’hab. Et puisque j’ai une talle de tâches qui m’attend et que mon cerveau enrhumé me chuchote de ne rien entreprendre d’utile,

  • Heureux ceux qui pleurent

    La petite Émilie voit le jour à Montréal en 1800. L’enfant perd sa mère à l’âge de quatre ans. Puis, dix ans plus tard, son père décède aussi. À 23 ans, elle épouse Jean-Baptiste. Les deux premiers fils du couple ne vivent qu’une saison avant de mourir. Le troisième enfant nait en octobre 1826. Un an plus tard, l’époux d’Émilie rend son dernier souffle. L’automne suivant, son dernier fils, âgé de 21 mois, décède à son tour. Job Si le livre biblique de Job est un récit qui n’a rien d’historique, l’histoire d’Émilie Tavernier-Gamelin, elle, est bel et bien arrivée. Mais elle

  • «Cet assassin est votre fleur»

    Je m’apprêtais à répondre à un ami qui s’indignait de cette nouvelle formulation du Catéchisme de l’Église catholique disant que la peine de mort, dans le contexte actuel de notre monde, n’est plus admissible. J’aurais baragouiné mollement quelque chose comme: « le Christ n’a-t-il pas payé de son sang la condamnation que nous méritions tous? » Puis, la Providence, dans sa magnanimité sans bornes, laissa tomber entre mes mains ce morceau de littérature comme il s’en fait trop peu de nos jours. Le vieux bourru de Léon Bloy (qu’on ne peut certainement pas accuser d’être adepte des Bisounours) semonce ici, en des

  • Les saints ne sont pas des anges

    Je donne toujours ce conseil aux nouveaux époux: Disputez-vous autant que vous le voulez. Si les assiettes volent, laissez-les. Mais ne laissez jamais la journée finir sans faire la paix! – Pape François Il y a de ces moments où on dirait que rien ne fonctionne. Hier soir, on rêvait de coucher les enfants à une heure décente, on fantasmait à l’idée d’un peu de quiétude autour de la table du souper et, d’une manière plus fantaisiste encore, on espérait que la recherche d’une paire de bobettes propres pour A. (6 ans) qui sort du bain ne se transforme pas en fouille

  • Sommes-nous encore capables d’attendre?

    Le carême 2018 a quelque chose d’anachronique. Alors que se déroulait ces jours-ci à Austin (Texas) le fameux pèlerinage de technophiles SXSW, l’Église catholique, jamais vraiment de son temps, propose une lente et pénible montée vers le calvaire. D’un côté, les jeunes élites mondiales de l’intelligence artificielle, du capital de risque et du bitcoin se shootaient au high-speed, la tête dans le cloud. De l’autre, une institution aux allures archaïques se prépare à faire mémorial d’un évènement qui commence à dater: un homme exécuté non pas avec un sabre laser, mais cloué sur un bout de bois; vraisemblablement revenu du

  • Les choses que l’on peut dire

    Un prof de cégep peut-il exprimer, hors de sa classe, ses réserves et ses questionnements sur l’homosexualité? C’est là l’une des nombreuses questions que soulève la récente suspension de Jean Laberge, enseignant au Vieux-Montréal. Le 17 janvier dernier, le philosophe Jean Laberge publiait le billet « Suis-je homophobe? » sur sa page Facebook. Quelques jours plus tard, à la suite de plaintes de collègues et d’étudiants, il rencontre la direction de l’établissement et écope d’une suspension (avec solde) en attendant les sanctions officielles. Si le nom de Jean Laberge vous dit quelque chose, vous savez probablement déjà que le prof de philo du cégep

  • La Toussaint avec Bloy

    Tu es béni, Père,Seigneur du ciel et de la terre,tu as révélé aux tout-petitsles mystères du Royaume!– Mt 11, 25 Cher ami, Nous ne nous connaissions que depuis quelque temps lorsque tu m’as tendu un vieil exemplaire de poche de La femme pauvre de Léon Bloy. Fidèle trop catholique pour le milieu des lettres et écrivain trop libre pour les bons chrétiens des premiers bancs, Bloy avait su confisquer ton attention académique, au moins le temps qu’il te fallait pour devenir Maitre ès Pèlerin de l’absolu. Pour ma part, autant rebuté par la couverture d’un bleu défraichi illustrée par un

  • #Balance ton steak

    La campagne #BalanceTonPorc connait un franc succès sur les réseaux sociaux. Évidemment, c’est dégoutant et regrettable de constater à quel point un nombre incalculable de personnes, surtout des femmes, se font harceler et agresser. Si le problème semble particulièrement présent dans le monde du showbiz – au moment d’écrire ces lignes, La Presse nous apprend que même l’étoile polaire du vedettariat québécois aurait harcelé plusieurs personnes au cours de sa carrière –, il ne s’y limite pas. Gigot et abats Alors que certaines dénoncent « les religions » d’avoir nourri la bête du patriarcat et de la domination sexuelle pendant des siècles, d’autres

  • Chérie, j’ai réduit mon ennemi

    La droite méprise la gauche. La gauche déteste la droite. Les fascistes sont en colère contre ceux qui veulent déboulonner les statues de généraux confédérés et contre les antifas, lesquels alimentent parfois la violence qu’ils souhaiteraient pourtant éteindre. Spectacle d’une tristesse inouïe. D’abord, parce qu’une jeune femme a perdu la vie à cause de la colère d’un homme. Ensuite, parce qu’il me semble que, de part et d’autre, on s’affaire plus à démoniser l’adversaire qu’à identifier le véritable Adversaire. La vérité c’est que nous sommes tous des champions pour dénicher la merde dans la vie des autres, dans le camp

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