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Une monnaie locale pour les démunis
Signe que l’entraide est loin d’être morte en 2019, une nouvelle monnaie locale a vu le jour ce printemps dans le quartier Saint-Roch de Québec: Entrai-Dons. Le projet pilote met en circulation 1000 jetons. Une quarantaine de personnes se sont déplacées pour le lancement du 30 mars au parvis de l’église Saint-Roch. «L’action entrepreneuriale peut améliorer la santé économique de la société. En un an, on a pu améliorer la vie de 250 personnes, soutenir directement 155 personnes et donner du pouvoir d’agir à 33 personnes d’entreprises en économie sociale de la région de Québec», a résumé Victoria Thân, l’une
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Revue scientifique sur la théorie du genre
Qu’est-ce que le sexe? Qu’est-ce que le genre? Sont-ils indépendants? Hommes et femmes existent-ils, ou ne sommes-nous que des constructions sociales, physiquement différenciées pour des raisons purement reproductives? Ces questions n’agitent pas que les philosophes, mais aussi les scientifiques de tous horizons. Par le biais de cette revue de littérature scientifique sur le sexe et le genre, tentons d’y voir un peu plus clair. En linguistique, le genre lexical différencie les êtres selon leur sexe : un élève est de sexe masculin, alors qu’une élève est de sexe féminin. De son côté, le genre grammatical est une caractéristique intrinsèque des noms qui permet d’utiliser correctement adjectifs, verbes
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Heureux les doux: les chrétiens du Jharkhand
Texte et photos de Mario Bard / AED État du Jharkhand, nord-est de l’Inde, automne 2017. Elle est belle et me regarde directement dans les yeux. J’ai beau répéter dans mon anglais hésitant: «Est-ce que je peux prendre une photo de vous?» le seul signe qu’elle fait est de porter ses mains ensemble, de les joindre comme en prière et de me regarder en souriant, tandis que des étudiantes épivardées courent prendre place pour la cérémonie. Clic sur le vif du visage de cette femme. De retour au lieu où nous logeons pour la nuit, je m’empresse de regarder la
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Chips, liqueur, Jésus
De quoi avions-nous envie quand nous étions adolescents? Essentiellement, nous pourrions résumer cela à trois trucs tout simples: être entre ados, être traités comme des adultes, ne pas se faire bourrer par les grands sur les choses importantes de la vie. C’est, en gros, ce que propose le parcours de la postconfirmation ayant débuté au printemps 2018 dans la paroisse de Notre-Dame de Beauport, à Québec. Zoom sur une expérience pastorale qui, à peine entamée, récolte déjà ses premiers fruits. En théorie, le sacrement de la confirmation constitue le point de départ de la vie missionnaire des disciples du Christ, désormais
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Mourez maintenant et économisez gros!
Samedi 3 novembre, lendemain de la Commémoration des fidèles défunts. Je secoue mon parapluie et tend mon billet à une dame souriante qui me lance de sa voix claironnante : « Bienvenue au Salon de la mort, madame! » Et j’entre dans l’immense salle du Palais des congrès de Montréal, prête à découvrir ce que ce très médiatisé salon a à offrir. Je visite scrupuleusement chaque station. Il y a de tout, du plus convenu au plus surprenant. Plusieurs compagnies sont présentes pour vanter leurs services de préarrangements funéraires, d’autres pour pavaner leurs urnes écologiques ou faites à la main, certains
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Fruits de la terre
En cette saison estivale 2018, on recense 14 000 travailleurs et travailleuses migrants agricoles, répartis dans plusieurs dizaines de fermes maraîchères presque partout sur le territoire du Québec. Ces ouvriers agricoles travaillent en moyenne 70 à 80 heures par semaine, six jours par semaine. Le dimanche 8 juillet dernier, ils étaient nombreux à se joindre à la 16e édition du Pèlerinage annuel des travailleurs agricoles latino-américains, célébré à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, sous le thème « Les fruits de la terre et du travail des hommes ». Comme le veut la tradition, une grande variété de produits agricoles ont été déposés au
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Un vrai travail de moine
En se rendant à l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, dans les Cantons de l’Est, on se doutait bien qu’on gouterait à la beauté d’un lieu où tout – l’architecture, la liturgie, la nature – invite à la contemplation. Mais ce reportage a aussi été l’occasion de découvrir la grande dignité accordée au travail manuel dans la vie des moines, dont le quotidien est rythmé par la célèbre devise ora et labora et lega (prie, travaille et étudie). Depuis plus de 50 ans, les moines de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac s’adonnent à la fabrication du cidre mousseux selon la méthode champenoise de la double
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Visite à Dharavi
Vue du ciel, Dharavi a l’air d’un amas indistinct de tôle et de boue. De loin, le million de personnes qui y vivent et y travaillent se confondent dans une masse aux contours flous. Pour l’Occidental moyen, le bidonville incarne le summum de la misère. Les personnes qui y habitent ne sont souvent dignes que de pitié. Grâce au tourisme, il est maintenant possible de poser un regard sur cette réalité et, ce faisant, de la reconnaitre comme valable. On qualifie généralement de bidonvilles les quartiers où l’on retrouve une très forte densité de population, un accès restreint aux services publics
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Rebâtir, un coeur à la fois
À l’église Saint-Thomas-d’Aquin à Québec, de jolies pousses herbacées fraient leur chemin dans les fissures du parvis. La vie y est plus forte que le béton qui s’érode. Pendant qu’on parle de gestion de la décroissance, des clochers à sauver ou du départ des communautés religieuses, la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin annonce prophétiquement l’évangile de la croissance à une assemblée fournie, tous les dimanches. Récit d’une paroisse québécoise qui prend en main sa reconstruction. Le 24 mai dernier, un frénétique roulement de tambours secoue les tables du Bistro du curé, au sous-sol de l’église Saint-Thomas. On s’apprête à annoncer le montant amassé
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Entre Mossoul et Amman: l’exil des chrétiens d’Orient
Lorsque je voyage, j’aime me frotter à différentes communautés chrétiennes pour apprendre leur tradition et connaitre la réalité concrète de ces frères et sœurs. Je chérissais l’idée d’aller à la rencontre des chrétiens d’Orient depuis un moment. Je voulais rencontrer les gens et voir les visages derrière les statistiques présentées dans les médias. Lors d’un récent périple, j’ai eu la chance d’être accueilli dans plusieurs missions de l’organisme SOS-Chrétiens d’Orient en Jordanie ainsi qu’en Irak. Des rencontres marquantes m’ont permis de comprendre ce qu’ils ont vécu ces dernières années, d’écouter leurs rêves, de prier à leur côté et, par le
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Shabbat shalom
Un texte de Léa Robitaille Un samedi ensoleillé, je reviens de la synagogue Beth Israel de Québec avec le pain brioché qu’on a béni après la lecture de prières. C’est moi, la jeune femme sans confession, à qui on a offert la hallah, tranchée et salée pour nous. Tu viens d’où? C’est la première question qu’on m’a posée. Malgré des traits faciaux de Polonaise, un look figé dans le siècle dernier et une dent pour les baguels, je ne suis assurément pas juive. En effet, qu’est-ce que je fais là, le jour du Shabbat? « C’est Paul qui m’a invitée. » Paul Estrin c’est mon pote juif.
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Le SPOT fait renaitre le parvis
Le choix du SPOT (Sympathique place ouverte à tous) est maintenant connu. Après le succès de Saint-Roch (2015), de Saint-Sauveur (2016) et du Vieux-Québec (2017), le comité organisateur a retenu le quartier de Limoilou pour l’édition 2018. C’est à l’Espace parvis de l’église Saint-Charles que se tiendront les festivités gratuites du 15 juin au 25 aout prochain. Cette place publique éphémère est un projet des étudiantes et étudiants en architecture de l’Université Laval. Pour en savoir davantage sur ce projet qui souhaite mettre de l’avant le patrimoine architectural du site, nous avons rencontré les co-coordonnatrices générales du projet, Gabrielle Tessier et Isabelle
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De Kitcisakik au Vatican
Octobre 2017. Pendant cinq jours, j’ai accompagné un groupe d’une quinzaine d’élèves en territoire anishinabe. La rencontre de ce peuple des Premières Nations a bousculé nos représentations du Québec. D’un côté, nous avons été émerveillés par les richesses cette culture millénaire. De l’autre, nous avons été bouleversés par les récits souffrants qui ont traversé nos échanges. La très grande majorité des aînés que nous avons rencontrés sont passés par les pensionnats. Ceux qui y ont échappé ont été cachés par leurs parents, avec qui ils se sont enfuis en forêt. Non sans émotion, on nous a décrit les stratagèmes employés
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Les Rameaux de Qaraqosh
En Irak depuis déjà quelques semaines pour une mission avec l’organisme SOS-Chrétiens d’Orient. Je signe aussi le splendide photoreportage Entre Mossoul et Amman que vous pouvez consulter dans le magazine du printemps sur la guerre. Je rapporte des images saisissantes de la grande fête des Rameaux ayant eu lieu dans la ville de Qaraqosh (Irak) dimanche dernier. Véritable célébration de paix dans cette ville éprouvée par des années de conflits, l’entrée en Semaine Sainte de ces centaines de chrétiens – toujours présents dans la plaine de Ninive malgré les persécutions – se déroule toutefois sous surveillance armée. On a d’ailleurs trouvé une bombe cette semaine
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L’incroyable procès de Colette L. Samson
Entre deux bourrasques de neiges, le soir du 8 février dernier, est passé quasi inaperçu un événement d’une beauté et d’une rareté inouïe. Il était 19 heures, lorsque j’ai franchi le seuil de l’église Saint-Sauveur. J’étais surprise de m’y trouver seule. Cependant, avant que j’aie le temps de me dévêtir, un vieil inconnu avançait vers moi et me lançait de son plus bel accent Acadien : «Bon enfin, y’a du monde icitte!» Secouant la neige de son chapeau et prenant place à mes côtés comme un ami de toujours, il ajouta : «Y’avait pas mal plus de monde quand ‘est morte!
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Au coeur de Tibhirine
[NDLR: Ce texte est tiré du numéro d’été 2016 de la revue Le Verbe. La version numérique de ce numéro est disponible gratuitement ici. ] À notre arrivée à l’abbaye Notre-Dame de l’Atlas, des militaires nous accueillent froidement, mitraillettes en bandoulière. Le ton est donné: le fameux monastère de Tibhirine, vingt ans après l’assassinat de sept moines cisterciens, demeure un point hautement sensible en Algérie. Le film Des hommes et des dieux avait déjà bien mis en scène les évènements de mars 1996 – et les angoisses qui ont précédé et suivi l’enlèvement –, contribuant, du coup, à garder bien vivante la
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Centre Le Cristal : redonner la vie en abondance
De Montréal, la route est longue pour se rendre à Dolbeau-Mistassini. Arrivé à destination, j’ai la soudaine sensation d’être rendu au bout du monde: au sein de cette bourgade du Lac-Saint-Jean se trouve le centre Le Cristal. Unique au Québec, voire au Canada, ce centre a la vocation de favoriser le rétablissement et l’intégration des êtres fragilisés par une maladie mentale grave et persistante. J’ai rendez-vous avec sœur Karine, de la communauté des Augustines, qui gère l’établissement. Lorsque enfin je franchis la porte de leur monastère, le soleil vient tout juste de terminer sa course quotidienne. C’est sœur Claire qui m’accueille.
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Phares de nuit : accompagnement pour couples et familles
Au sein de l’Église catholique du Québec, plusieurs mouvements proposent aux hommes et aux femmes (mariés, séparés, divorcés ou conjoints de fait) une forme de vie spirituelle et communautaire. Ces groupes empruntent des avenues différentes pour appuyer le couple et la famille dans leur vie quotidienne et dans leur cheminement de foi. Certains mouvements axent leurs interventions à la fois sur la relation de couple et sur la spiritualité, tandis que d’autres veulent aider les familles de manière plus générale à vivre bien ancrées dans le Seigneur. Animées par des laïcs et appuyées par des consacrés, ces organisations sont présentes
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Santé mentale : « On a pris l’étiquette comme un prêt-à-porter! »
En interviewant la psychologue Marie Leclaire et le médecin Philippe Karazivan, j’espérais obtenir des réponses tranchées à mes questions épineuses sur les soins en santé mentale. Mais chercher des solutions uniformes à des problèmes si divers s’apparente à manquer de mots devant la souffrance psychique d’un proche ou d’un ami. Il n’y a pas de recette miraculeuse. Et si l’absence d’un protocole tout prêt à suivre s’arrimait mieux à notre finalité humaine qui est de chercher librement le bonheur? Dans cette voie, il existe heureusement des pistes pour reconsidérer les soins en santé mentale. Dépasser la langue médicale À quel
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Nul n’est une ile: diagnostic d’une société malade
«Vous croyez, monsieur, qu’une rencontre de 20 minutes va résoudre la question de mon bonheur? Des pilules pour être plus fonctionnelle, pour atteindre le plein potentiel, est-ce vraiment nécessaire?» C’est la réaction que j’ai eue devant l’assurance de mon nouveau médecin prêt à me signer la prescription de mon «éventuelle libération». Je peux comprendre son intention. Il avait entre les mains un dossier parsemé d’épisodes de souffrances psychologiques et de résistances acharnées aux pilules bleues, rouges ou jaunes. Certes, j’ai passé ma vingtaine à préférer souffrir périodiquement plutôt que de m’assurer un bonheur aseptisé; à osciller entre les creux et les
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Une messe au Tibet
Chaque année, le père Nicolas Buttet (modérateur de la Fraternité Eucharistein, en Suisse) organise un pèlerinage en Chine. En aout dernier, le groupe d’une quinzaine de jeunes qui l’accompagnait comptait deux Québécois: notre collaborateur à l’émission On n’est pas du monde, Stéphane Morin-Ouellet, et moi-même. Le périple de vingt-cinq jours dans les montagnes à la frontière de la province de Yunnan et du Tibet a permis de rejoindre plusieurs petites communautés catholiques isolées, de rencontrer les paysans et d’y célébrer l’eucharistie avec eux. [NDLR: Ce reportage est extrait du numéro d’automne 2017 de la revue Le Verbe. La version numérique de ce numéro
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L’Amérique invisible
Reportage de Simon Paré-Poupart, David Dufresne-Denis et Hubert Samson (paru dans l’édition de la revue d’été 2017) Beau soleil d’été du mois d’aout, doux climat, chaud, mais pas trop humide, d’une région peu habitée, mais connue pour son tourisme. «The Vacation Land», comme le revendique chacune des plaques d’immatriculation des véhicules que l’on croise. Pourtant, non loin des sites touristiques et des parcs naturels, dont le fameux Acadia National Park, des gens vivent en marge de ce qu’un touriste pourrait s’attendre à voir au Maine. En arrêtant la voiture dans ce qui apparait être un petit village, on se fait rapidement
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Une visite chez les Visitandines
Texte et photos de Marie-Josée Roy La petite communauté des sœurs de La Visitation de Sainte-Marie de La Pocatière compte 15 sœurs, dont 13 professes solennelles et deux professes temporaires qui portent le voile blanc. Faire partie des Visitandines, «c’est un désir intérieur, un projet de vie», dira mère supérieure Jocelyne Bergeron. En effet, le processus d’entrée est très long et graduel. De six à sept ans sont nécessaires avant d’obtenir le voile noir qui souligne l’attachement définitif et inconditionnel à Dieu. Sœur Carole Doucet a terminé sa formation en 2011. Maintenant âgée de 48 ans, elle donne raison à la parole de saint François
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Adopte un ado
Texte de Valérie Laflamme et photos de Marion Desjardins (parus dans l’édition printemps 2017 du magazine) Nous arrivons à la résidence à 16 h 20, fidèles à nos habitudes. Les élèves déambulent à la queue leu leu dans le grand corridor. Il y a deux ans, leur uniforme scolaire attirait l’attention. Aujourd’hui, ils font partie du décor. À la salle commune de la résidence pour ainés, je dis un mot d’introduction, pour la forme. Marie-Claire, la responsable des loisirs, m’offre un café. Nous nous installons confortablement et contemplons nos protégés, jeunes et vieux: ils sont en grande conversation et n’ont, de toute évidence, pas besoin
