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L’Afrique, ce grand pays
C’est dans ces termes que la rédaction du Verbe m’a proposé ce petit contrat de journalisme : « On aimerait t’envoyer en Afrique pour faire un reportage sur les projets des Œuvres pontificales missionnaires. » L’anthropologue en moi a ri en se disant « L’Afrique, ce grand pays… ». Comme l’illustre cette carte conçue par le journaliste britannique Mark Doyle, l’Afrique est un continent aussi grand que la Chine, les États-Unis et l’Inde… rassemblés ensemble. On y trouve un milliard d’habitants répartis dans cinquante-quatre pays et parlant près de deux-mille langues. J’ai évidemment voulu en savoir plus. C’est alors qu’on m’a parlé du Rwanda et de ses
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Le « périmètre festif », c’est Cadiz au complet
Cela fait une semaine que nous sommes entrés en Carême. Avant d’entamer ces semaines axées sur la prière, le jeûne et l’aumône, certains auront peut-être profité des jours gras. À Cadiz, d’où je vous écris, le Carnaval est une véritable institution. Quand on m’a demandé si, au Canada, nous avions aussi de telles festivités, j’ai répondu « si… pero no ». Il faut dire que le Carnaval de Québec suscite chez moi une profonde indifférence. J’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet: Quand j’écoutais mes parents se remémorer leurs souvenirs carnavalesques, j’étais intriguée par cet événement dont ils se souvenaient par-delà
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Dans les coulisses de la lutte
La lutte fait partie de notre culture et de notre histoire. Sport-spectacle populaire ou théâtre acrobatique postmoderne, elle déchaine plus que jamais les passions des Québécois. Incursion dans les coulisses de ce show dont vous êtes le héros ! « Aimes-tu le théâtre ? Si oui, tu vas aimer la lutte ! » Voilà comment mon ami Emmanuel Lamontagne a réussi à m’attirer dans le monde légendaire de la lutte québécoise. Robert Lepage est du même avis, lui qui a voulu la mettre à l’honneur dans la programmation du Diamant: « La lutte, pour moi, c’est le théâtre dans sa forme la plus brute. » Brute, c’est le
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Monsieur G. veut partir à la maison
Au début de l’hiver, monsieur G. apprenait que son cancer de l’œsophage était passé en phase terminale. Ses cinq enfants assurent une présence quotidienne à ses côtés. Or, ce n’est pas suffisant pour éviter une hospitalisation : il fallait trouver une infirmière pour lui prodiguer les soins que son état nécessite. C’est à ce moment qu’entre en scène Caroline, infirmière et accompagnante en fin de vie. Zoom sur une fin de vie vécue dignement. Infirmière depuis plusieurs années, Caroline est directrice du programme d’accompagnement en fin de vie (thanadoula) à l’école Cybèle. Depuis plus de deux mois, elle se rend chaque soir
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Femmes en noir
«Si tu veux être parfait, va, vends tout ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux; puis viens, suis-moi» Mt 19, 21 L’asphalte laisse place au gravier sur la route sinueuse que je dois emprunter pour me rendre dans un endroit qui m’est encore inconnu. J’ai beau conduire, je ne fais que suivre machinalement le plan déniché sur Internet. Sans GPS, je réalise que ma carte routière en bon vieux papier est un signe précurseur de mon entrée dans un monde assez différent du mien: le monastère orthodoxe Vierge Marie la Consolatrice. Le
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Le Pont, de presbytère à refuge
À l’automne 2017, le diocèse catholique de Montréal transformait un ancien presbytère en centre d’accueil pour demandeurs d’asile. Le Verbe a rencontré les artisans de paix qui y œuvrent. Arthur Durieux. Si Arthur est un habitué des projets communautaires, il n’en demeure pas moins que le Pont représente un nouveau défi pour celui qui est diplômé en études internationales et en gestion de risque. «C’est le premier projet dont j’ai la responsabilité, alors c’est un peu spécial. C’est un milieu qui correspond parfaitement à mes ambitions et j’aime l’idée que les bénéficiaires de nos services soient ici, à proximité, contrairement à
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École à la maison : apprendre par coeur
C’est l’heure du déjeuner chez les Bourget. Michelle sert des toasts aux enfants pendant qu’Alexandre en profite pour les questionner sur ce qu’ils ont appris récemment. Bref, un matin normal dans une famille qui a choisi de faire l’école à la maison. Avant d’attaquer le programme de la journée, les petites abeilles se mettent chacune à leur tâche. Paul vide le lave-vaisselle, Mélodie sort les poubelles, Laurent passe l’aspirateur. Ayant terminé plus tôt le lavage, Jeanne en profite pour s’exercer au piano. Quand l’école est à la maison, on apprend autant dans les livres que dans les jeux, dans le
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Des écolos s’emparent d’une abbaye
Construit autour d’une abbaye cistercienne du 12e siècle, le village de La Bénisson-Dieu est situé en plein centre de la France. C’est dans ce village de 500 habitants que se sont installées trois familles amies pour fonder le premier écohameau catholique. Ayant les mêmes défis et questionnements spirituels, elles ont décidé de partir à la campagne pour suivre intégralement Laudato Si. Qu’est-ce qui a bien pu pousser les Nollé, les Jamain et les Scherrer à s’installer tout près de la magnifique région des Monts du Lyonnais? À peine arrivé et le déjeuner consommé, le ton est donné : « L’écohameau de La
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Défis écologiques et ecclésiaux au cœur de la jungle
Un texte de Jason Noble Le 15 octobre 2017, le pape François a lancé le chantier d’un synode sur l’Amazonie qui se tiendra du 6 au 27 octobre 2019. L’évènement inédit se déroulera autour du thème «Amazonie: nouveaux chemins pour l’Église et pour une écologie intégrale». Pourquoi l’Église se préoccupe-t-elle de la zone panamazonie? Déjà, le document préparatoire fournit un premier élément de réponse: «En Amazonie, la notion d’écologie intégrale est une clef pour répondre au défi consistant à protéger l’immense richesse de sa biodiversité environnementale et culturelle. Du point de vue environnemental, l’Amazonie est non seulement “source de vie au cœur de l’Église”
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« Ces gens-là ont besoin de dignité » – Gilles Kègle
Il existe bien des manières de mourir. Parmi les plus tristes, il y a surement celle de partir dans l’ombre la plus totale, sans personne à qui dire une dernière parole, sans personne pour pleurer notre mort. C’est pour briser cette solitude même dans la mort que la fondation de Gilles Kègle a organisé vendredi dernier en basse-ville de Québec une messe spéciale des défunts. S’il pleuvait vendredi, il y avait des parcelles de soleil à l’intérieur de l’église Saint-Roch. Imprégné par cette douce lumière, l’infirmier de la rue tente de se recueillir en pensant aux défunts qu’il va bientôt présenter.
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Métissé serré: le catholicisme au Mexique
Le Mexique est un pays fait d’infinis mélanges et assis sur un double héritage. Un pied dans l’Amérique séculaire des Aztèques et l’autre posé sur la vieille Espagne des conquêtes. Une main qui entretient la religiosité païenne et l’autre tendue vers l’Église catholique. D’ailleurs, le pontificat de François – lui-même Latino-américain – n’a pas manqué de donner un nouvel élan au catholicisme dans la région; une bouffée d’air frais pour les Latinos, malgré l’essor fulgurant des christianismes évangélistes.Mais comment expliquer la survie d’un catholicisme aussi exubérant dans un Mexique considéré comme le pays le plus laïque de l’Amérique latine? Le Verbe s’est envolé
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Une monnaie locale pour les démunis
Signe que l’entraide est loin d’être morte en 2019, une nouvelle monnaie locale a vu le jour ce printemps dans le quartier Saint-Roch de Québec: Entrai-Dons. Le projet pilote met en circulation 1000 jetons. Une quarantaine de personnes se sont déplacées pour le lancement du 30 mars au parvis de l’église Saint-Roch. «L’action entrepreneuriale peut améliorer la santé économique de la société. En un an, on a pu améliorer la vie de 250 personnes, soutenir directement 155 personnes et donner du pouvoir d’agir à 33 personnes d’entreprises en économie sociale de la région de Québec», a résumé Victoria Thân, l’une
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Revue scientifique sur la théorie du genre
Qu’est-ce que le sexe? Qu’est-ce que le genre? Sont-ils indépendants? Hommes et femmes existent-ils, ou ne sommes-nous que des constructions sociales, physiquement différenciées pour des raisons purement reproductives? Ces questions n’agitent pas que les philosophes, mais aussi les scientifiques de tous horizons. Par le biais de cette revue de littérature scientifique sur le sexe et le genre, tentons d’y voir un peu plus clair. En linguistique, le genre lexical différencie les êtres selon leur sexe : un élève est de sexe masculin, alors qu’une élève est de sexe féminin. De son côté, le genre grammatical est une caractéristique intrinsèque des noms qui permet d’utiliser correctement adjectifs, verbes
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Heureux les doux: les chrétiens du Jharkhand
Texte et photos de Mario Bard / AED État du Jharkhand, nord-est de l’Inde, automne 2017. Elle est belle et me regarde directement dans les yeux. J’ai beau répéter dans mon anglais hésitant: «Est-ce que je peux prendre une photo de vous?» le seul signe qu’elle fait est de porter ses mains ensemble, de les joindre comme en prière et de me regarder en souriant, tandis que des étudiantes épivardées courent prendre place pour la cérémonie. Clic sur le vif du visage de cette femme. De retour au lieu où nous logeons pour la nuit, je m’empresse de regarder la
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Chips, liqueur, Jésus
De quoi avions-nous envie quand nous étions adolescents? Essentiellement, nous pourrions résumer cela à trois trucs tout simples: être entre ados, être traités comme des adultes, ne pas se faire bourrer par les grands sur les choses importantes de la vie. C’est, en gros, ce que propose le parcours de la postconfirmation ayant débuté au printemps 2018 dans la paroisse de Notre-Dame de Beauport, à Québec. Zoom sur une expérience pastorale qui, à peine entamée, récolte déjà ses premiers fruits. En théorie, le sacrement de la confirmation constitue le point de départ de la vie missionnaire des disciples du Christ, désormais
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Mourez maintenant et économisez gros!
Samedi 3 novembre, lendemain de la Commémoration des fidèles défunts. Je secoue mon parapluie et tend mon billet à une dame souriante qui me lance de sa voix claironnante : « Bienvenue au Salon de la mort, madame! » Et j’entre dans l’immense salle du Palais des congrès de Montréal, prête à découvrir ce que ce très médiatisé salon a à offrir. Je visite scrupuleusement chaque station. Il y a de tout, du plus convenu au plus surprenant. Plusieurs compagnies sont présentes pour vanter leurs services de préarrangements funéraires, d’autres pour pavaner leurs urnes écologiques ou faites à la main, certains
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Fruits de la terre
En cette saison estivale 2018, on recense 14 000 travailleurs et travailleuses migrants agricoles, répartis dans plusieurs dizaines de fermes maraîchères presque partout sur le territoire du Québec. Ces ouvriers agricoles travaillent en moyenne 70 à 80 heures par semaine, six jours par semaine. Le dimanche 8 juillet dernier, ils étaient nombreux à se joindre à la 16e édition du Pèlerinage annuel des travailleurs agricoles latino-américains, célébré à l’Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, sous le thème « Les fruits de la terre et du travail des hommes ». Comme le veut la tradition, une grande variété de produits agricoles ont été déposés au
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Un vrai travail de moine
En se rendant à l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac, dans les Cantons de l’Est, on se doutait bien qu’on gouterait à la beauté d’un lieu où tout – l’architecture, la liturgie, la nature – invite à la contemplation. Mais ce reportage a aussi été l’occasion de découvrir la grande dignité accordée au travail manuel dans la vie des moines, dont le quotidien est rythmé par la célèbre devise ora et labora et lega (prie, travaille et étudie). Depuis plus de 50 ans, les moines de l’abbaye de Saint-Benoît-du-Lac s’adonnent à la fabrication du cidre mousseux selon la méthode champenoise de la double
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Visite à Dharavi
Vue du ciel, Dharavi a l’air d’un amas indistinct de tôle et de boue. De loin, le million de personnes qui y vivent et y travaillent se confondent dans une masse aux contours flous. Pour l’Occidental moyen, le bidonville incarne le summum de la misère. Les personnes qui y habitent ne sont souvent dignes que de pitié. Grâce au tourisme, il est maintenant possible de poser un regard sur cette réalité et, ce faisant, de la reconnaitre comme valable. On qualifie généralement de bidonvilles les quartiers où l’on retrouve une très forte densité de population, un accès restreint aux services publics
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Rebâtir, un coeur à la fois
À l’église Saint-Thomas-d’Aquin à Québec, de jolies pousses herbacées fraient leur chemin dans les fissures du parvis. La vie y est plus forte que le béton qui s’érode. Pendant qu’on parle de gestion de la décroissance, des clochers à sauver ou du départ des communautés religieuses, la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin annonce prophétiquement l’évangile de la croissance à une assemblée fournie, tous les dimanches. Récit d’une paroisse québécoise qui prend en main sa reconstruction. Le 24 mai dernier, un frénétique roulement de tambours secoue les tables du Bistro du curé, au sous-sol de l’église Saint-Thomas. On s’apprête à annoncer le montant amassé
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Entre Mossoul et Amman: l’exil des chrétiens d’Orient
Lorsque je voyage, j’aime me frotter à différentes communautés chrétiennes pour apprendre leur tradition et connaitre la réalité concrète de ces frères et sœurs. Je chérissais l’idée d’aller à la rencontre des chrétiens d’Orient depuis un moment. Je voulais rencontrer les gens et voir les visages derrière les statistiques présentées dans les médias. Lors d’un récent périple, j’ai eu la chance d’être accueilli dans plusieurs missions de l’organisme SOS-Chrétiens d’Orient en Jordanie ainsi qu’en Irak. Des rencontres marquantes m’ont permis de comprendre ce qu’ils ont vécu ces dernières années, d’écouter leurs rêves, de prier à leur côté et, par le
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Shabbat shalom
Un texte de Léa Robitaille Un samedi ensoleillé, je reviens de la synagogue Beth Israel de Québec avec le pain brioché qu’on a béni après la lecture de prières. C’est moi, la jeune femme sans confession, à qui on a offert la hallah, tranchée et salée pour nous. Tu viens d’où? C’est la première question qu’on m’a posée. Malgré des traits faciaux de Polonaise, un look figé dans le siècle dernier et une dent pour les baguels, je ne suis assurément pas juive. En effet, qu’est-ce que je fais là, le jour du Shabbat? « C’est Paul qui m’a invitée. » Paul Estrin c’est mon pote juif.
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Le SPOT fait renaitre le parvis
Le choix du SPOT (Sympathique place ouverte à tous) est maintenant connu. Après le succès de Saint-Roch (2015), de Saint-Sauveur (2016) et du Vieux-Québec (2017), le comité organisateur a retenu le quartier de Limoilou pour l’édition 2018. C’est à l’Espace parvis de l’église Saint-Charles que se tiendront les festivités gratuites du 15 juin au 25 aout prochain. Cette place publique éphémère est un projet des étudiantes et étudiants en architecture de l’Université Laval. Pour en savoir davantage sur ce projet qui souhaite mettre de l’avant le patrimoine architectural du site, nous avons rencontré les co-coordonnatrices générales du projet, Gabrielle Tessier et Isabelle
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De Kitcisakik au Vatican
Octobre 2017. Pendant cinq jours, j’ai accompagné un groupe d’une quinzaine d’élèves en territoire anishinabe. La rencontre de ce peuple des Premières Nations a bousculé nos représentations du Québec. D’un côté, nous avons été émerveillés par les richesses cette culture millénaire. De l’autre, nous avons été bouleversés par les récits souffrants qui ont traversé nos échanges. La très grande majorité des aînés que nous avons rencontrés sont passés par les pensionnats. Ceux qui y ont échappé ont été cachés par leurs parents, avec qui ils se sont enfuis en forêt. Non sans émotion, on nous a décrit les stratagèmes employés
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