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Le civisme, vous connaissez ?
Depuis le début de la pandémie, les Québécois ont régulièrement été appelés à faire preuve de civisme. Très peu usité avant l’apparition de la COVID-19, ce mot est maintenant entré dans le vocabulaire du gouvernement. Aujourd’hui, rares sont les conférences de presse où il n’est pas prononcé. Le Verbe a rencontré des chercheurs et des acteurs du milieu afin d’en savoir davantage sur cette notion qui remonte aussi loin que la démocratie athénienne. « Je suis très heureuse de voir les Québécois voyager au Québec, par contre une minorité de touristes a oublié le respect et la politesse de base. Je
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Ces femmes tissées serrées : le Cercle des fermières de Beauceville
La réunion mensuelle du Cercle des fermières de Beauceville commence dans l’effervescence. Louise Boucher, présidente, obtient difficilement le silence. L’ordre du jour est chargé : introduction des nouveaux membres, présentation des activités à venir, dégustation de tire d’érable à la pause. Pour lancer la rencontre, François Proulx, séminariste stagiaire à la paroisse, partage une prière qui se termine par ces mots : Combien de mailles comportera le tricot de ma vie ?Dieu seul le sait.Père, donne-moi le courage de terminer mon tricot afin que tu le trouves digne de l’exposition éternelle. Un peu plus de cent ans après sa fondation, en 1916, le
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Joyce, la lumière d’un peuple
En 2018, je participe à un pèlerinage à Medjugorje avec une trentaine d’Attikameks de Manawan. Les côtoyer m’ouvre les yeux. Je ne connais pas ces Autochtones qui vivent à quelques centaines de kilomètres de chez moi. J’y découvre un peuple de cœur. Un peuple d’une piété sans mesure qui passe des nuits blanches à prier et à chanter. Un peuple généreux qui achète des statuettes et des chapelets par centaines pour les absents du voyage. Car derrière chaque Attikamek, il y a une communauté. Et dans le cri de Joyce Echaquan, le cri d’un peuple. J’attrape de justesse Manon Ottawa au
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Carpe Diem, la maison qui n’oublie pas ses ainés
Le fumet qui s’échappe de la cuisine me rappelle qu’il sera bientôt midi. Je pousse la barrière du jardin en cherchant du regard une préposée en uniforme, sans en trouver. Au fond, sous les grands arbres, jeunes et vieux se laissent bercer par les joyeux rigodons d’une violoniste. La jeune femme n’a pas été engagée pour venir faire son spectacle, puis repartir ; c’est une intervenante qui est aussi musicienne. À la Maison Carpe Diem, la polyvalence des intervenants offre la possibilité au personnel de ne pas être cloisonné dans un seul rôle. Nicole Poirier, fondatrice et directrice, dit que j’aurais
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Holy Hollywood
Un texte d’Anne-Laure Dollié Silence, on tourne… action ! Il était une fois des chrétiens, poussés par la passion du cinéma à déménager à Hollywood pour réaliser leur vocation : travailler dans « l’Industrie ». En jargon hollywoodien, l’industrie du cinéma se réduit à l’appellation d’« Industrie », comme si c’était un fait ; on déménage à Los Angeles pour travailler dans le cinéma, pas autre chose ! Du moins, c’est le motif du déménagement de toutes les personnes que j’ai rencontrées. Entre l’extra et l’ordinaire Mike Holley est acteur et enseignant en improvisation théâtrale. Il était déjà catholique avant d’arriver à Hollywood, mais pour lui, travailler dans l’Industrie
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La sainteté se cache là où on s’y attend le moins
C’est assise à mon bureau, téléphone sur main libre, que je rencontre Jonathan. Âgé de 25 ans et étudiant en philosophie, il souhaite partager son expérience au front pendant la pandémie qui, contrairement à d’autres, ne s’est pas terminée sur une note positive. « Un naufrage émotionnel et psychologique total », c’est ainsi qu’il commence par décrire son passage dans un centre jeunesse qui l’a transformé à jamais. Lorsque Jonathan s’inscrit sur la plateforme « Je contribue », en mai dernier, pour aller aider dans les CHSLD, il ne se doute pas qu’il va être redirigé vers le centre Le Gouvernail. Qu’est-ce que c’est ? Le
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De l’aide pour vivre
Mise à jour 17/08/20 à 15:00 : Jonathan et ses acolytes lèvent le camp. On a annoncé un plan d’action pour sortir Jonathan du CHSLD et la création d’un groupe de travail afin que Coop Assist puisse voir le jour. J’ai pris connaissance du combat mené par Jonathan Marchand pour les personnes handicapées en octobre 2019. Le Journal de Québec avait titré « Il veut de l’aide pour vivre, pas pour mourir ». On y racontait comment le quotidien de cet homme, qui vit avec la dystrophie musculaire, avait été bouleversé par une pneumonie. J’avais été consternée à la lecture de son témoignage. Sur sa
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À l’orée d’un camp de réfugiés au Rwanda
Nous avons rendez-vous près de l’église afin de rencontrer les enfants du camp de réfugiés de Gihembe. À l’heure convenue, nous les voyons arriver au loin par dizaines. Sac d’école au dos, ils courent le long du sentier qui longe la colline. Ils sont accueillis à bras ouverts par sœur Épiphanie, qui prend des nouvelles de chacun d’eux. Elle secoue la tête en riant : « Tous les enfants de la paroisse sont venus. » Il m’est impossible de distinguer les réfugiés congolais des enfants rwandais. Spontanément, la marmaille se regroupe, tape des mains et entame des chants. À priori, la scène est
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Des hommes d’intérieur : sept gars, trois canots et la Saint-Maurice
Un texte de Kevin Murray Sept valeureux aventuriers — un ainé, un prêtre et cinq moussaillons vingtenaires — ont quitté Grande-Anse, à 50 km au sud de La Tuque, pour pagayer sur la Saint-Maurice jusqu’à Québec. Véritable contrepied à l’appel du divan et du sportif de salon qui sommeille en chacun de nous, voici le récit d’une audacieuse sortie de gars qui n’ont pas eu peur de voyager à l’intérieur d’eux-mêmes. Le Verbe présente ici quelques bribes de l’épopée. Sept hommes, toutes générations confondues, du courage et peu d’expérience en canot. C’est un bon départ ! Première leçon : ne pas rester à l’ombre sans protection contre
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Entre le couvent et le bar laitier
Samedi dernier avait lieu une soirée de chant et de musique devant le couvent des Dominicains à Québec. Je me suis rendu sur la route de l’Église — à quelques kilomètres à peine des bureaux du Verbe — et Jean Bernier a pris des photos. Images d’une soirée simple qui fait du bien à ceux qui se déconfinent tranquillement. François Pouliot, dominicain, a organisé l’évènement. Ses amis musiciens ont rapidement accepté de venir jouer devant le couvent. C’est le groupe Notre Band qui a animé la soirée joyeuse et festive. Cinq musiciens le composent ; ils se sont rencontrés à la paroisse Notre-Dame-de-Foy,
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Retour sur la tragédie de Lac-Mégantic : les brasiers ardents d’une catastrophe ferroviaire
Il y a des évènements qui ébranlent pour toujours. Des moments charnières qui font dévier des rails de la vie ordinaire. Même sept ans après le drame, les citoyens de Lac-Mégantic ont encore la mémoire marquée au fer rouge. Le train qui siffle trois fois par jour, l’absence de leurs proches et les nouveaux liens tissés leur rappellent sans cesse la tragédie du 6 juillet 2013. Autour de la table, au presbytère de Saint-Agnès du Lac-Mégantic, cinq victimes de la catastrophe se remémorent ensemble cette nuit où l’on voyait clair comme en plein jour. Ils me racontent aussi comment l’espérance ne s’est jamais éteinte
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La Société Saint-Vincent-de-Paul : lutter contre la faim du monde
Qu’est-ce qui fait qu’en 2020, dans nos rythmes de vie de fou, des gens trouvent le gout d’offrir gratuitement du temps à des œuvres de charité ? Maxime Boisvert, photographe, et moi sommes partis à la rencontre de trois bénévoles de la Société Saint-Vincent-de-Paul de Montréal (SSVP), fondée en France en 1834 par le bienheureux Frédéric Ozanam et arrivée au Québec à peine douze ans plus tard. Zoom sur les plus récentes évolutions de la SSVP, mais surtout sur les visages humains de ces bénévoles investis dans la société au service des plus pauvres. Myriam « En priorité, je te dirais que
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Cultiver pour donner : un jardin d’entraide
Le projet Cultiver pour donner est parti d’une simple passion pour le jardinage et d’un désir d’entraide. Aujourd’hui, l’organisme compte neuf terrains pour la culture et distribue ses produits à de nombreux bénéficiaires à Québec. Entrevue avec Jacques Bilodeau, diacre et fondateur. Passionné de jardinage depuis de nombreuses années, Jacques Bilodeau a voulu redonner au suivant. Il y a cinq ans, avec sa femme, le diacre de la paroisse Saint-François-de-Laval a cultivé chez lui des légumes qu’il a offerts à des familles démunies de Limoilou. Le projet Cultiver pour donner venait ainsi de naitre. « J’ai travaillé pendant 13 ans au
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Manif, masques et racisme
À Sherbrooke, Montréal, Trois-Rivières et bien d’autres villes du Québec, des manifestations ont eu lieu dimanche pour dénoncer le racisme systémique et la brutalité policière. Je suis allé à celle de Québec, j’ai écouté les discours et j’ai interviewé une organisatrice et une manifestante. Compte-rendu de la manifestation et points de vue sur l’antiracisme et la religion. Comme plusieurs manifestations américaines auxquelles elles font écho, la manifestation d’hier s’est déroulée dans le sérieux, la joie et le bon ordre. « On s’était organisés pour que la manifestation soit pacifique, et on est très heureux qu’il n’y ait pas eu de casse »,
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COVID-19 : confidences de trois députés
Entre le 20 et le 29 mai dernier, Le Verbe a discuté avec trois députés de Montréal, épicentre canadien de la pandémie, dont un ministre fédéral. Ils nous ont partagé leurs peurs et leurs réflexions. Trois histoires, trois instantanés d’un drame planétaire qui n’en est pas à son dernier acte. Une communauté tissée serrée Isabelle Melançon, du Parti libéral du Québec, est députée de Verdun. La pandémie n’a pas seulement touché son travail à l’Assemblée nationale. « Depuis le début de la pandémie, j’ai une nouvelle amie. Elle s’appelle insomnie. La nuit, mon cerveau continue à travailler. Malheureusement, je me lève la nuit
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La résilience des Cèdres
La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone.On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.– Isaïe 35, 2 Ces dernières années, la situation politique et économique du Liban s’est terriblement dégradée. À cette crise s’est ajouté le coronavirus. Même si des appels au confinement ont été lancés par les révolutionnaires, les manifestations continuent. Compte rendu de la situation au Liban, qui n’est pas sans rappeler celle de l’Amérique et le mécontentement dû à l’assassinat de George Floyd. Je suis débarqué pour la première fois au Liban il y a un peu plus
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La fin d’un monde : déménagements et fermetures chez les communautés religieuses
Plusieurs communautés religieuses quittent les bâtiments qui les ont longtemps abritées, non sans une certaine nostalgie. Dès lors, le patrimoine devient culturel et non plus religieux, et là commence le rôle des pouvoirs publics. Mais ces communautés n’ont-elles pas quelque chose à nous enseigner sur la façon dont nous appréhendons le passé et l’avenir ? La fin d’un monde recèle parfois les ingrédients pour préparer celui à venir. Le Québec des années 1960 est entré dans l’avenir en refoulant son expérience particulière. Plutôt qu’être jeté aux orties, le passé exige d’être assimilé et accepté tout entier. Il ne s’agit ni de le
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Messe-zoom, la nouvelle tendance ?
Un texte d’Anne-Marie Poupart En attendant le retour des messes dans les églises, certains chrétiens ont décidé de s’organiser et de mettre sur pied des messes en ligne, via Zoom. Malgré la distance, la communion entre participants est bien réelle et les « messes-zoom » sont le lieu d’une spontanéité et d’une fraternité particulières. Cela fait maintenant plus de huit dimanches que nous ne nous sommes pas retrouvés pour la messe dominicale. Et comme on dit, un chrétien seul est un chrétien en danger. Face à cette situation, quels moyens avons-nous pour nous retrouver afin de vivre la fraternité eucharistique ? La grande
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Des enfants pour l’éternité
La situation environnementale est tellement inquiétante que plusieurs couples font désormais la grève de la reproduction. S’ils pensent que le sacrifice de leur progéniture pourrait renverser le cours des choses, c’est aussi par crainte que celle-ci ne subisse les conséquences de la fin du monde ou, enfin, la fin d’un monde. Le Verbe a rencontré trois types de parents bien différents, mais qui, chacun à leur façon, pensent que freiner la vie n’est pas une solution. Ludovic achète beaucoup de nourriture déshydratée. Détrompez-vous, ce n’est pas parce qu’il est survivaliste et qu’il appréhende l’apocalypse. Bien qu’il affirme être capable de survivre pendant deux semaines
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Fiancés, confinés et séparés
Le temps des fiançailles est béni. Mais que se passe-t-il quand soudain, à cause d’un virus mortel, le monde s’arrête ? Deux couples de fiancés ont partagé au Verbe ce qu’ils vivent en cette période de grandes incertitudes. Raphaël, 24 ans, est étudiant en génie électrique à l’Université du Québec à Rimouski. Il travaille pour une firme spécialisée dans le traitement des eaux. En 2016, la famille de Raphaël, membre du Chemin néocathécuménal, décide de s’installer à Rimouski afin d’aider Mgr Denis Grondin dans son projet d’évangélisation. Le jeune étudiant au cégep tient fermement à demeurer à Québec. Pour ce faire, il
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Accouchement et foi en temps de pandémie
Trois mères et une sagefemme croyantes offrent leur expérience de l’accouchement en ce temps de crise. Quatre récits uniques sur cette joie de donner la vie en toutes circonstances. L’accueil Noémie accouche de Théophane le jour du Mercredi des Cendres, avant la mise en place des mesures de confinement. « Ce drôle de carême » qui débute en même temps que son quatrième trimestre s’avère plus aride que prévu. « Au début de la crise, je me disais que ça ne changerait rien, car de toute façon, je ne sortais pas. Mon plus grand trajet était entre mon lit et la salle de bains.
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Un Québécois errant à Mexico
Je n’avais jamais mis les pieds au sud des États-Unis quand, au mois de février dernier, j’ai atterri à Mexico en plein après-midi. C’était avant la crise du coronavirus qui referme l’ouverture tous azimuts de notre époque. À la sortie de l’aéroport, la chaleur contraste avec l’hiver permanent de mon pays. Pour me rendre en ville, une promenade dans une voiture jaune s’impose naturellement ; plusieurs disparitions surviennent à bord des taxis rose et blanc, souvent en bien mauvais état et pourtant emblématiques de la ciudad de México. Coyoacan, une enclave multicolore À bord du véhicule, ma connaissance rudimentaire de la langue
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Être catéchumène à l’heure du confinement
En accord avec les directives édictées par le gouvernement afin de lutter contre la COVID-19, l’Assemblée des évêques catholiques du Québec a annulé toutes les célébrations publiques. Ce faisant, des centaines de jeunes et d’adultes qui devaient recevoir le baptême lors de la Veillée pascale sont actuellement confinés entre les murs de leur logis. Le Verbe a rencontré une catéchumène et deux catéchètes du diocèse de Montréal qui nous partagent leurs réflexions. « Mais pourquoi laisses-tu faire cela, Seigneur ? » Voilà le cri du cœur qu’a lancé Anne-Marie Bénédicte Aka, catéchumène de la paroisse Notre-Dame-du-Sacré-Cœur de l’arrondissement LaSalle à Montréal, devant les
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Une mzungu comme les autres
La veille de notre départ du Rwanda, le père Élie, directeur de l’antenne rwandaise des Œuvres pontificales missionnaires, nous a invités au restaurant. Il voulait nous faire oublier nos tracas en nous faisant découvrir une nouvelle table. Face à notre silence persistant, il a insisté : « Nous allons au restaurant. Ce n’est pas loin. Vous avez compris ?! » Pour tout dire, nous aurions été prêts à jeuner pour nous rendre directement à l’hôtel. Nous voulions nous connecter au wifi le plus rapidement possible afin de prendre les dernières nouvelles. Nos vols de retour étaient prévus le lendemain. Après avoir quitté Kigali, nous
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