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Les sœurs visiteuses
Ce matin, entre les nuages tout gris de novembre et le petit givre au sol, on peut voir le soleil quand même dans Hochelaga-Maisonneuve. Au bout de la ruelle, je rejoins sœur Violaine. Elle m’entraine dans l’escalier qui mène à son logement, où Dominique attend, cafetière en main. En me voyant, elle se dépêche de la déposer : « Ah ! j’oubliais mon masque » ! Elle enfile le tissu en marchant vers le salon : « Viens ! On va s’assoir, et après, on ira visiter nos amis ! » Ancienne carmélite, elle est sœur de la Congrégation de Notre-Dame (CND) depuis 2002 et arrive tout fraichement de France
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De la place pour tous à la table du Cardinal
C’est une soirée semblable à une fête du jour de l’An : repas copieux en plusieurs services, coupes de vin débordantes, prestation musicale des plus enlevantes. Si l’évènement À la table du Cardinal peut avoir l’air d’un club sélect, il faut regarder au-delà des apparences. Quand le cardinal convie à sa table, c’est pour que l’enthousiasme soit partagé avec d’autres. Cette année, distanciation oblige, l’évènement a la particularité d’être ouvert à tous et prend la forme d’une collecte de fonds. Quiconque fait un don, peu importe la valeur, sera invité à une soirée virtuelle, tenue le 20 mai prochain. Les participants auront droit à
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Celles qui font naitre des mères : l’accouchement avec sagefemme au Québec
Accoucher à l’extérieur d’un hôpital demeure un choix marginal au Québec. Pourtant, les douze maisons de naissance présentes sur le territoire peinent à répondre à la demande, toujours croissante, pour des suivis de grossesse avec une sagefemme. Cet engouement, discret mais certain, n’a rien de fortuit. Lumière sur cette profession vieille comme le monde et sur la relation unique qui unit les sagefemmes à celles qu’elles accompagnent. C’est un peu par hasard qu’Alixanne s’est retrouvée avec un suivi de sagefemme. Enceinte de son premier enfant à 21 ans, elle appelle à la maison de naissance pour obtenir un suivi de grossesse.
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Les hauts et les bas du télétravail
Selon l’Institut national de santé publique du Québec, environ 40 % des Québécois travaillent à distance depuis un an (alors qu’avant mars 2020, ce taux se situait plutôt entre 10 et 15 %). Selon plusieurs experts en la matière, le télétravail est là pour rester. Une majorité de Québécois (79 %) se disent d’ailleurs favorables à maintenir le télétravail après la pandémie, nous apprend un récent sondage Léger. Mais ce nouveau mode de travail ne comporte pas que des avantages. Un discernement attentif s’impose. Attirant, voire séduisant au premier regard, le télétravail compte un nombre croissant d’adeptes. Les avantages de ce mode de travail
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Génocide arménien : les neiges éternelles de la mémoire
Du 24 au 25 avril 1915, environ 600 notables arméniens de Constantinople sont arrêtés, déportés et massacrés. Ainsi débute le premier génocide du 20e siècle qui, jusqu’en 1923, fera 1,5 million de morts. Chaque printemps, les Arméniens se souviennent qu’on a voulu les exterminer, laissant cinq générations profondément marquées. D’autant plus que, un siècle après les évènements, leur bourreau, le gouvernement turc, nie toujours. Regard sur cette page d’histoire à travers la mémoire de deux Arméniens. « Mon arrière-grand-père, qui était le pacha (maire) de la ville de Marache et député au Parlement turc, a eu la tête tranchée. Ils l’ont mise
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Réconcilier les ennemis par le chant et la musique
Ils sont juifs, musulmans, chrétiens. Ils partagent un rêve : que l’âme de la création soit pacifiée par le chant et la musique. Parmi ces ambassadeurs de la paix se trouvent Miguel Ángel Estrella et Khaled Roumo. Miguel Ángel est un chrétien né en Argentine. Khaled est un musulman né en Syrie. Malgré leurs différences, ils ont plusieurs points en commun. L’amour de la musique est certes le plus apparent, mais il y en a un autre qui, de prime abord, ne saute pas aux yeux : ils ont été appelés par Dieu pour une mission prophétique, c’est-à-dire jouer et chanter pour
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Les proches aidants : effacés et essentiels
Un repas, un transport, une coiffure, un bain, une visite : de simples gestes du quotidien, mais qui, donnés à des personnes en perte d’autonomie, comptent grandement. Ils sont estimés à 1,13 million au Québec, ces dévoués de l’ombre qui offrent une aide gratuitement sans compter leurs heures. Incursion dans l’univers des proches aidants, ces autres anges gardiens des services essentiels. « Est-ce que nous sommes à Saint-Pierre-de-Broughton ? » demande la mère de Julien Foy, regardant inquiète par sa porte-fenêtre. Depuis que le diagnostic d’Alzheimer de sa mère est tombé, Julien vit dans l’appartement au-dessus de chez elle. Il l’accompagne fidèlement du lever au
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Beyrouth: quand l’espoir est incertain
Beyrouth, 7 mois après le « 4 aout 2020, 18h07 »… Les Libanais attendent toujours une réponse sur l’une des plus grandes explosions non nucléaires de l’histoire. L’enquête est prise aux rouages politiques de la corruption et des intérêts outre-nationaux dans un pays qui tombe sous le joug d’une culture d’impunité. Seuls sont tenus responsables ceux qui n’ont pas un plus grand qu’eux pour les « justifier ». Face à ce tableau morbide, pourtant, le ground zero n’est pas abandonné aux rats et aux vautours… Quand l’espoir est incertain, l’espérance se met à briller. Je reviens sur mes pas vers ce jour où nous nous sommes croisés, Samer
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La solidarité internationale à l’épreuve du « nationalisme vaccinal »
« Si nous n’acceptons pas le principe de la solidarité entre les peuples, nous ne pourrons pas sortir meilleurs de cette crise. » – Pape François Alors que le cap des 100 millions de cas et 2 millions de morts vient d’être franchi, le monde est entré dans une course folle pour l’accès aux vaccins contre la Covid-19. Les nombrilismes nationaux de certains pays riches et l’abandon d’une grande partie de la population mondiale déjà appauvrie sont mis à nu. La pandémie de Covid-19 représente une menace sans précédent pour la santé, la sécurité et le bienêtre de toute l’humanité. Dans plusieurs pays
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Des hommes à l’Atelier : sortir de l’isolement
Texte et photos de Marie-Josée Roy Il y a tout près d’une dizaine d’années, la ville de Rivière-du-Loup s’est donné une ambitieuse mission : sortir de l’isolement et de la solitude les hommes de 50 ans et plus. C’est en compilant les résultats d’une consultation publique réalisée par l’organisme VADA (villes amies des ainés) que le constat frappe : la Municipalité n’offre aucune activité pour les hommes retraités. À peu près au même moment, Marie-Noëlle Richard, agente de développement communautaire, assiste à une conférence où elle entend parler du mouvement australien Men’s Sheds. Dirigés principalement par des hommes et pour les hommes âgés, les
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Récit de trois étudiants qui ont rencontré Dieu à l’étranger
L’exil est rarement un simple voyage ou un déplacement, mais une aventure toujours divinement rocambolesque. Rencontre avec trois étudiants « étrangers » au Québec. À 17 ans, Razafiarisoa Felana quitte Madagascar avec la soif de vivre quelque chose de grand. Étant donné qu’elle vient d’une famille très modeste, quitter son pays est presque impensable. Toutefois, elle excelle dans ses cours, ce qui lui permet d’obtenir une bourse et de partir en Algérie. Au bout de deux ans et demi, elle doit rentrer chez elle, mais elle veut plus : « En même temps, faire quoi ? Je n’avais pas les moyens. Alors, c’est là que l’aventure
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Les Chevaliers ne laissent aucun voisin derrière
Devant la pandémie que nous traversons, chacun a sa propre façon de réagir : se terrer sous une couverture en regardant Netflix, se porter volontaire pour soutenir ceux qui sont plus durement touchés, procrastiner en télétravail… Qu’en est-il des Chevaliers de Colomb ? Les œuvres de ces hommes qui ont toujours eu à cœur d’aider leur prochain en seraient-elles au point mort ? Le Verbe a rencontré trois d’entre eux qui nous racontent comment ils ont su tirer parti de cette nouvelle situation. En mars dernier, le Chevalier suprême, Carl A. Anderson, lance un nouveau programme intitulé « Ne laissez aucun voisin derrière ». Il souhaite ainsi
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Les enfants qui aident les enfants
Parce que leur pays s’est développé au point où l’on parle maintenant de « miracle africain », le Rwanda est aujourd’hui une terre d’asile pour près de 150 000 réfugiés. Au moyen d’un camp de jour organisé par l’Enfance missionnaire, les jeunes du diocèse de Byumba participent activement à intégrer leurs camarades d’origine congolaise. De novembre à janvier, ils sont quelques centaines à se regrouper chaque semaine pour vivre des activités ludiques et éducatives. Chaque rassemblement débute par une prière pour tous les enfants du monde. Comme au Canada, des jeux et des cris de ralliement marquent le quotidien du camp. Le groupe entame
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La traversée des gens courageux
Il y a des traversées qui ne se font pas à pieds secs, mais boueux. À la Résidence Angelica, à Montréal-Nord, dans le pire de la crise, on a continué à marcher, certain d’arriver à bon port, mais sans trop savoir sur quelle sorte de terre on allait se poser. Comme dans tous les CHSLD du Québec, la vague COVID-19 s’est abattue sur celui de la communauté des Sœurs de Charité de Sainte-Marie, laissant des marques indélébiles chez le personnel. Peuple fidèle Avant d’aller rejoindre au jardin le groupe d’employés masqués et désinfectés, je croise sœur Claire, directrice générale, ainsi que Nancy
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Les chemins de la désillusion : de l’étranger au Canada
Le mythe de l’eldorado est apparu en Amérique du Sud au 16e siècle et a été relayé par les conquistadors partout en Europe pendant près de 400 ans. Ce mirage a conduit bien des hommes à leur perte. Aujourd’hui, c’est l’Occident qui se dresse telle une cité d’or pour des millions de personnes à la recherche d’une vie meilleure. Qu’elles proviennent de l’Équateur, du Cameroun ou de la Syrie, les personnes qui immigrent au Canada sont nombreuses à vivre une désillusion. Quatre d’entre elles ont accepté de nous partager les aléas de leur intégration à la vie québécoise. Un rêve José et
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Religieuses au cœur de la pandémie: isolées, mais pas seules
Le Québec compte actuellement 7 973 religieux et religieuses, ce qui représente 70 % de tous les religieux du Canada. Plus de la moitié d’entre eux sont âgés de plus de quatre-vingts ans. Les couvents, maisons et résidences où ces personnes habitent sont particulièrement vulnérables à la pandémie de Covid. Trois religieuses qui ont dû composer avec l’intrusion du virus dans leurs milieux de vie ont accepté de nous partager comment elles vivent ce temps d’isolement. Sœur Doris Lamontagne est la sœur supérieure des Petites Franciscaines de Marie de Baie-Saint-Paul. Au moment où je m’entretiens avec elle, elle vient de vivre sur Zoom
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Comment assurer l’avenir du patrimoine religieux ?
Chaque année, au Québec, une quarantaine d’églises ferment leurs portes. Néanmoins, plusieurs projets de requalification du patrimoine religieux voient le jour. Trois représentants de projets en économie sociale et un urbaniste ont discuté des enjeux liés au patrimoine religieux dans le cadre d’une conférence en ligne animée par Félix Bussières, directeur général au Pôle des entreprises d’économie sociale de la région de la Capitale-Nationale. Tous s’entendent pour dire que le patrimoine religieux est en péril au Québec, mais que l’économie sociale — liée de près aux valeurs des communautés religieuses — s’avère une avenue intéressante pour sauvegarder à la fois
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Qui se soucie des marins ?
«Marin est le second métier le plus dangereux au monde. Le premier est pêcheur.» Cette phrase assassine est extraite du documentaire Cargo. La face cachée du fret, réalisé en 2016 par le réalisateur français Denis Delestrac. Pourtant, très peu de personnes connaissent la vie de ces hommes et de ces femmes et encore moins leurs besoins physiques et spirituels. C’est pour venir en aide aux marins qu’un petit groupe de laïcs catholiques écossais a créé en 1920 l’Apostolat de la mer. L’organisation est aujourd’hui de plus en plus connue sous le nom de Stella Maris, selon le vocable marial signifiant «étoile de la mer».
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Coparentalité : des enfants sans amour ?
Avec la montée constante du taux de séparation, les mariages en baisse et la hausse des familles recomposées, un nouveau modèle familial essaie de se faire un chemin. Après l’amour sans l’enfant, l’enfant sans le sexe, voici la coparentalité, ou plutôt l’enfant sans amour. Des groupes Facebook ont été créés pour mettre en contact des hommes et des femmes — toutes attirances sexuelles confondues — voulant devenir parents, sans toutefois être en couples. Une plateforme Web est également née en 2014, Coparentalys, suivie un an plus tard de sa page Facebook. Son fondateur, Frédéric Bianco, a d’abord desservi la région
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4200 enfants enchantés par l’arbre des Chevaliers
Du 14 novembre au 22 décembre, plus de 250 bénévoles se mobilisent pour que l’arbre enchanté installé au 3eétage de Place Laurier illumine, avec des cadeaux tout neufs, le Noël de 4200 enfants. Pour une 30e année consécutive, les Chevaliers de Colomb issus des Assemblées de Lévis, Québec-Charlesbourg, Beauport, L’Ancienne-Lorette et Portneuf travaillent ensemble pour permettre aux plus démunis de vivre un temps des fêtes féérique. L’équipe présente lors du lancement de l’arbre enchanté 2020 était enjouée de s’affairer à la préparation des cadeaux. C’est avec un accueil des plus chaleureux et des yeux rieurs que Monsieur Michel Cantin, organisateur principal de l’arbre enchanté
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Un aller simple pour le Yukon
Sara Poirier et Javier Rebolledo auraient pu choisir de mener une vie confortable, comme le souhaitent la plupart des jeunes familles. Ils ont plutôt troqué leurs sécurités pour un exil vers l’inconnu, une vaste étendue sauvage, là où naissent les aurores boréales. « Une fois que tu es dans le Nord, c’est sûr que tu te dis qu’il n’y a pas grand-chose. Il y a beaucoup de nature, c’est superbe, mais il y a des désavantages aussi. On est loin. Si on avait été envoyés en Europe, ça aurait peut-être été plus proche. Neuf heures de vol et trois avions, ça
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Les mauvaises connexions : étudier à distance au temps de la covid
« M’entends-tu ? » « Attends, je vais te rappeler. » « Je crois que ça fonctionne ! » Aucune rencontre en ligne ne commence sans un peu de cafouillage, et mes entrevues avec ces étudiants ne font pas exception. J’ai voulu discuter avec eux de leurs nouvelles réalités scolaires. Même si Édouard, Anne et Raphaël ont des parcours bien différents, ce qu’ils ont à dire à ce sujet se rejoint. La perte d’un milieu de vie Édouard est en première année au cégep. Parce qu’il se passionne pour tout et refusait de choisir, il a débuté cet automne un programme exigeant en sciences, lettres et arts. « L’école,
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Le vote de trois catholiques américains au Québec
Ce n’est pas un secret : les catholiques américains ont contribué à la victoire de Donald Trump en 2016. Le président n’a jamais cessé depuis de s’attirer les grâces de l’électorat chrétien en se faisant le porte-étendard du mouvement pro-vie. L’avortement semble donc revêtir une importance particulière dans le choix électoral de la plupart des chrétiens, voire des catholiques. Le Québec est toutefois moins divisé sur cet enjeu : les catholiques américains vivant au Québec sont-ils différents ? À qui ira leur vote ? Le Verbe a discuté avec trois d’entre eux. À la mi-octobre, au moment de l’entrevue, Shannon Johnson, 25 ans, et Denise Pierre,
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L’idéal spirituel de l’Ordre des Chevaliers de Colomb
Présent au Québec depuis 1897, l’Ordre des Chevaliers de Colomb compte plus de deux-millions de membres dans le monde. Ses activités caritatives, ses soupers spaghettis et ses généreuses donations sont bien connus du grand public. Cependant, l’idéal spirituel qu’il propose à ses membres l’est beaucoup moins. Le Verbe a cherché à en savoir davantage sur cet aspect méconnu et pourtant essentiel de ce mouvement international. Fondé en 1882 à New Heaven au Connecticut par le père Michael J. McGivney, béatifié le 31 octobre 2020, l’Ordre des Chevaliers de Colomb est présent dans plus de 15 pays. Au Québec, le nombre de
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