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Églises orthodoxes : « Les lignes de fractures risquent de s’approfondir »
L’offensive russe en Ukraine accentue la crise que traverse le christianisme orthodoxe depuis 2018, année où une Église orthodoxe ukrainienne autonome a vu le jour. Pour mieux comprendre ces bouleversements, Le Verbe s’est entretenu avec deux spécialistes. « Les traces et les conséquences de ce conflit risquent d’être durables et profondes. D’une part en Ukraine même, d’autre part dans l’ensemble du monde orthodoxe », avertit d’entrée de jeu Christophe Levalois, auteur de plusieurs livres, parmi lesquels Le christianisme orthodoxe face aux défis de la société occidentale (Cerf, 2018). Depuis l’invasion russe de l’Ukraine débutée le 24 février dernier, le patriarche orthodoxe de Moscou a justifié à quelques
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Féconds autrement : au-delà de la souffrance de l’infertilité
Selon l’Organisation mondiale de la santé, il y aurait dans le monde environ 48 millions de couples qui souffrent d’infertilité. Ce drame intime touche également des époux catholiques. Fidèles à l’enseignement de l’Église en matière de procréation, ils avancent sur un chemin sinueux et rugueux qui les mène vers des oasis de grâces et de joies profondes. Le Verbe s’est entretenu avec Mathilde et Enguerrand, qui ont accepté de témoigner de leur parcours et avec le père André Gauthier, sulpicien. Mathilde et Enguerrand sont mariés depuis cinq ans. Ils habitent Paris. Tous deux travaillent dans des domaines qui les passionnent. Ils ont des
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La mobilisation pour soutenir l’Ukraine est en marche
Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le monde retient son souffle. Stupéfaites par ce coup de force, les grandes puissances occidentales ont décrété des sanctions économiques à l’encontre du président russe Vladimir Poutine et de certains de ses dirigeants les plus proches. De leur côté, les membres de la diaspora ukrainienne et les catholiques se mobilisent pour soutenir la population qui a grandement besoin d’argent et de prières. « J’ai eu des nouvelles de ma mère et de mon frère ! », me lance Anton Sheremet de son appartement à Montréal. Originaire d’Ukraine, c’est avec anxiété qu’il suit l’évolution
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Au commencement était l’amour
Mélanie et Viktor auraient-ils pu prévoir que le grand amour les attendait dans une abbaye en France, alors que lui sortait d’une Hongrie à peine libérée du communisme, et elle d’un divorce qui l’avait précipitée dans une crise existentielle ? Et Gilles ? Comment aurait-il pu deviner que, parmi toutes les femmes qu’il collectionnait, ce serait avec Thérèse, l’indépendante qui ne rampait ni devant son charme ni devant sa Ford Anglia jaune 1963, qu’il célèbrerait cette année son 53e anniversaire de mariage ? Qui peut savoir le jour ? L’heure ? Personne. Pour preuve ces trois commencements d’amour, comme trois genèses formées d’ombres et de lumières, de
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Collaboration Santé Internationale : faire une différence, un conteneur à la fois
En cette Semaine du développement international, Le Verbe a voulu rencontrer un organisme d’ici qui œuvre en solidarité avec des pays du Sud : Collaboration Santé Internationale. Depuis déjà 53 ans, l’organisme à but non lucratif récupère les surplus de matériel médical du réseau de la santé du Québec et les offre gratuitement à des pays en voie de développement, à travers le monde entier. Si CSI est aujourd’hui une organisation qui se dit laïque, la foi qui a autrefois inspiré sa fondation est toujours présente derrière les actions de ses membres. Initialement connue sous le nom de L’Assistance Médicale Internationale (L’AMI), Collaboration Santé
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Bébé « napro », bébé miracle
On connait bien la recette pour concevoir un bébé. Pourtant, ce ne sont pas tous les couples qui voient leur rêve d’enfant se réaliser aussi simplement. En 2021, l’infertilité touche environ 300 000 couples au Canada. Marie-Christine et Jean-Philippe ont vécu un parcours d’espérance d’enfant parfois douloureux, cachant dans ses retranchements un sentiment de solitude et de désert à traverser. Leur expérience les a menés vers la naprotechnologie, et ils espèrent que le chemin qu’ils ont ouvert servira à d’autres couples. L’infertilité toucherait près de 40 à 45 % des couples dans le monde. Devant cette condition de plus en plus répandue au
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Terres des Sœurs de la Charité : cultiver le bien commun
Le dossier des terres des Sœurs de la Charité de Québec a fait couler beaucoup d’encre dans les dernières années. Si nous savons, au moment de mettre sous presse, que la vocation agricole des terres sera probablement maintenue, nous sommes toujours dans l’incertitude quant à la nature du projet qui l’encadrera. Une chose est pourtant certaine : le travail assidu des religieuses réalisé jadis sur la ferme et le rôle qu’elles tenaient auprès des patients de l’hôpital psychiatrique avoisinant a de quoi inspirer. Quel potentiel cet héritage porte-t-il pour la communauté et, plus largement, en quoi réside la valeur d’une enclave
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Comme un potier: les moniales de Bethléem à Chertsey
La route qui mène chez elles est sinueuse, parfois longue. On ne les trouve pas tout de suite, on les cherche, et puis, au tournant de la dernière côte, on aperçoit l’église au loin. Sommet de la montagne, forêts à perte de vue, une petite église en pierre vit là. Il y fait doux. À la fin de juillet, Maxime et moi-même recevions le cadeau d’un séjour chez les moniales de Bethléem, à Chertsey. Ceci est notre humble témoignage. Tout de suite, on perçoit chez elles une liberté sans bornes, celle du voyage intérieur, de la lumière en tous lieux, de
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#Tradwives : des traditions de façade
Des femmes de divers pays ont parti un mouvement sur TikTok, #tradwife, qui sert de canal pour mettre de l’avant le mode de vie des femmes à la maison des années 1950. Certaines se réclament de la « sagesse ancienne » comme Alena Kate Pettitt. D’autres sont ouvertement racistes comme les #tradwives américaines. Ces influenceuses rétros ont toutefois un point en commun : elles sont en colère. On ne s’en douterait pas, mais je me plais à jouer à la reine du foyer. Je me réjouis lorsque je planifie les repas de la semaine. Je change la déco du salon suivant les fêtes du
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Des messes inclusives sous la neige
Avec la série de confinements exigés par la Santé publique depuis le printemps 2020, on a vu de belles initiatives venant de quelques paroisses catholiques. Mais quand le passeport vaccinal est devenu obligatoire pour entrer dans un lieu de culte, le 20 décembre 2021, on a commencé à voir se déployer une véritable résistance catholique… face à la tiédeur spirituelle et aux giboulées de janvier. On pourrait dire que celui qui a ouvert le bal est l’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, avec sa messe de Noël. On pouvait le voir sur YouTube, arborant son couvre-chef de trappeur, invitant les dizaines de fidèles réunis
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Quartier Saint-Michel : enrayer la violence à la source
La vie dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, est loin d’être facile. Considéré comme étant le plus pauvre de la ville, il héberge une population issue de l’immigration à près de 50 %. Au cours des dernières années, le climat social s’est détérioré et des fusillades éclatent régulièrement. C’est dans ce contexte que le Centre lasallien Saint-Michel évolue. Inspiré par le fondateur des Frères des écoles chrétiennes, saint Jean Baptiste de La Salle, il offre aux jeunes et aux familles de ce quartier l’espoir d’un avenir meilleur. Autrefois très présents dans les écoles québécoises, les Frères des écoles chrétiennes sont désormais
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Immigrer en milieu rural…avec sa foi
Des produits exotiques apparaissent sur les tablettes d’épicerie. Des accents aux tonalités hispaniques se font entendre au coin des rues. Les bancs d’une église en déclin se remplissent à nouveau. Le phénomène est maintenant bien connu des habitants des MRC de L’Érable et des Etchemins : des travailleurs étrangers viennent combler le manque de main-d’œuvre dans les entreprises. Bien plus qu’un levier économique, ces hommes et leurs familles traversent la frontière avec leur histoire, leur culture, leur langue et leur foi. Incursion dans un processus d’intégration vécu en communauté rurale. L’ambiance du parvis de l’église de Sainte-Justine, à une centaine de
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Les Valoristes, ces travailleurs de l’ombre
De Québec à Montréal, en passant par Vancouver et plusieurs villes du monde entier, les Valoristes parcourent les rues à la recherche de contenants consignés. Le revenu d’appoint qu’ils tirent de ce butin leur permet d’acheter une gâterie, qui est banale pour plusieurs d’entre nous, comme un cornet de crème glacée sous le soleil plombant où le mercure affiche 28 degrés Celsius. J’en ai rencontré quelques-uns, à Québec et à Montréal, pour mieux les connaitre. Ils s’appellent notamment François, Jean-Paul, Linda et Lise. La majorité sont dans la soixantaine, l’un d’eux est dans la trentaine. Ils n’ont pas eu la vie
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Les sorcières de TikTok
Alors qu’il était périlleux, à une époque, de se faire identifier comme sorcière, ce titre est désormais revendiqué par des influenceuses qui font un tabac sur TikTok. Les vidéos regroupées sous le mot-clic « witchtok » ont été vues plus de vingt-milliards de fois. Certains craignent que cette nouvelle tendance ne vienne corrompre la jeunesse. Que penser de ces cybersorcières qui assaillent le web ? Sur le « witchtok », on retrouve une diversité de contenus qui vont de l’astrologie à la divination, du yoga à la méditation, en passant par la lecture des cristaux. Ces pratiques visent à favoriser la guérison, augmenter l’estime de soi
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Désintox à la Fraternité Saint-Alphonse
L’enseigne Dieu est Amour apposée tout en haut de l’imposant bâtiment frappe mon attention. Cet écriteau de style ancien n’est pas un vestige d’un patrimoine religieux en désuétude. Il représente une réalité toujours actuelle, à l’origine même de La Fraternité Saint-Alphonse située à Québec. La porte du père André Morency est toujours grande ouverte pour qui souhaite se confier. Je l’interromps en rencontre avec un jeune homme les bras entièrement tatoués et les yeux pleins d’eau. Le père a l’habitude d’être dérangé : il gère le va-et-vient de cette maison où une trentaine de résidents élisent domicile le temps de repartir sur de
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Trois résurrections dans une paroisse en mission
À Montréal, dans ce qu’on appelle le Nouveau-Rosemont, se trouve la paroisse Saint-Bonaventure, coin Saint-Zotique et 42e Avenue. C’est à cet endroit qu’une laïque, Élisabeth Boily, et son curé, Patrice Bergeron, ont eu l’idée d’organiser un forum pour réseauter les paroisses du Québec qui veulent « sortir de leur tombeau ». Et Dieu sait que lorsque laïcs et pasteurs embarquent côte à côte dans les mêmes folies, ça peut prendre des proportions inespérées! Dans cette église, qui aurait besoin d’être plâtrée et repeinte au grand complet, et rafistolée de tous bords tous côtés, des dizaines de vies ont été transformées depuis le jour où
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Milléniaux et croyants
Les milléniaux font fréquemment la manchette depuis quelques années. Née entre 1981 et 1996 selon le Pew Research Center, cette génération a supplanté depuis 2019, sur le plan numérique, celle des baby-boomers aux États-Unis. Souvent considérés comme des gens qui bousculent les normes et les conventions établies, comment les milléniaux se situent-ils sur le plan de la foi ? Trois milléniaux croyants ont accepté de partager leur expérience. Aujourd’hui âgés de 25 à 40 ans, les milléniaux constituent une force démographique indéniable et savent prendre leur place dans la société. Sur le plan religieux, un sondage Léger indique qu’au Canada, seuls 26 % des milléniaux adhèrent
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Au sanctuaire des bouquins
Aux abords du Saint-Laurent, au Juvénat Notre-Dame à Saint-Romuald, se niche la librairie Secours-Missions. Contre les vents et marées de la révolution numérique, cette bibliopole à vocation culturelle, spirituelle et missionnaire subsiste telle une épave d’une qualité rare et précieuse. Le réverbère allumé est le signe que le frère Blanchet est présent. Les habitués savent qu’il l’est du lundi au vendredi, presque tous les jours de l’année, depuis 25 ans. Il faut franchir deux portes d’un gris délavé puis descendre quelques marches en béton pour le rencontrer. Le religieux de la communauté des Frères de l’Instruction chrétienne est fidèle à son
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Pèlerins de Compostelle : quand le chemin se confine
Il y a autant de raisons de partir que de pèlerins. Autant de pèlerins que de chemins. Et autant de chemins que d’êtres humains. Il y a donc autant de raisons de partir que d’êtres humains. Et puis un jour, il n’y en a eu qu’une, rien qu’une seule. Une obligation de rester. De ne pas sortir. De balancer de l’infini de la route à la finitude de l’espace de nos appartements. Et puis un jour, il y a nous. Nous tous. Seuls, avec l’autre. Confinés, comme l’autre… comme le pèlerin en chemin. Mais quand le chemin se confine, le cheminement se
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Pèlerins et touristes : une cohabitation nécessaire
Pendant que les paroisses sont désertées et les églises démolies, les grands sanctuaires du Québec sont investis par des masses de touristes en quête de beauté et d’authenticité. Chaque année, c’est en moyenne quatre-millions de visiteurs qui se relaient dans ces lieux souvent boudés par les locaux. Tendance lourde dans l’industrie, le tourisme religieux est appelé à croitre. Pour les responsables d’Église, cet afflux représente autant un défi qu’une occasion favorable. Claude Grou a été recteur de l’Oratoire Saint-Joseph du mont Royal pendant quinze ans. On visite pour différentes raisons ce sanctuaire qui abrite le tombeau de saint frère André :
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Deux missionnaires africains sur la Côte-Nord
Sur l’écran de mon ordinateur apparait le visage souriant du père Gérard Tsatselam, originaire du Cameroun. Il est missionnaire dans une contrée toute blanche nimbée de mystères et traversée par des légendes issues du fond des âges : la Côte-Nord. Le père Gérard n’est pas seul à parcourir ce très vaste territoire. D’autres hommes d’Église venus du même continent ont laissé derrière eux familles et amis pour la même mission. Parmi eux, le père Nnaemeka Cornelius Ali, né au Nigeria. Le Verbe a fait leur connaissance afin d’en apprendre un peu plus sur la rencontre improbable entre des ecclésiastiques africains et le peuple innu.
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De l’autre côté des murs : rencontres à l’Aumônerie communautaire de Québec
Contrevenir à la loi. Être en état d’arrestation. Vivre hors de la société, dans un univers soumis à d’autres codes. En ressortir transformé ou avec des séquelles. Tenter de reprendre en main sa liberté et de se réinsérer autrement dans la société. Rencontrer l’Aumônerie communautaire dans ce processus douloureux pour retrouver confiance en sa dignité, malgré le crime commis et le jugement d’autrui. Voilà ce que Stéphane et Natacha ont vécu. La première rencontre de Stéphane Bouchard avec la coordonnatrice de l’Aumônerie communautaire de Québec, Caroline Pelletier, n’est pas allée de soi. L’ex-détenu vient de passer 15 mois derrière les barreaux
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Le racisme vu par deux Québécoises d’origine haïtienne
Durant la dernière année, le thème du racisme a souvent fait les manchettes. Que ce soit pour parler de l’affaire George Floyd ou de l’affaire Verushka Lieutenant-Duval, en passant par la polémique entourant l’existence du racisme systémique au Québec, la problématique du racisme suscite maints débats, parfois passionnés. Mais qu’en pensent les personnes qui sont directement concernées par cette réalité, à savoir les personnes issues des « minorités visibles » ? On peut facilement tomber dans le piège de penser que les « minorités visibles » parlent toutes d’une même voix. Cependant, les choses sont plus complexes et on observe, à l’intérieur même des communautés
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Désirs de célibataires
Au Québec, quatre personnes sur dix sont célibataires. Mais au fait, qu’est-ce qu’un célibataire ? Répondre à cette question n’est pas si simple, car, malgré quelques grandes lignes communes, la palette de couleurs du célibat apparait très variée : choisi, subi ou consenti ; jeune, veuf ou divorcé ; laïc, prêtre ou consacré, etc. Après avoir discuté avec quatre femmes et deux hommes célibataires, force est de constater qu’il est complexe, voire quasi impossible, de parler du célibat sans parler du désir de relation. Comme si ces deux réalités qui nous semblent souvent contraires ne peuvent faire route l’une sans l’autre. Regard sur ceux
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