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Sr Suzanne & Mont-Carmel: «la justice évangélique dépasse la loi!»
«Ah! non… ça ne passera pas!» Quand sœur Suzanne Loiselle a reçu l’avis d’éviction de son logement à la résidence Mont-Carmel de Montréal, son sang n’a fait qu’un tour. Ce n’est pas vrai qu’on l’évincerait, à 78 ans, avec 200 autres résidents. L’avis remis le 31 janvier dernier par huissier à 8 h du matin indiquait qu’au 31 juillet, l’immeuble de 15 étages cesserait d’être une résidence pour personnes âgées (RPA) agréée par le gouvernement. Le choix des locataires était simple: partir… ou rester, à condition d’absorber une augmentation de loyer de 3 % en renonçant à l’ensemble des services offerts dans la maison. Bref, un surcout
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Pauline Jaricot: le père d’une petite miraculée témoigne
Le dimanche 22 mai 2022, lors de la messe de béatification de Pauline Jaricot, laïque consacrée née à Lyon le 22 juillet 1799, une jeune fille portait dans ses mains une croix qu’elle a déposée délicatement sur un présentoir tout près de l’autel. Cette adolescente se nomme Mayline Tran. Déclarée en état de mort cérébrale à l’âge 3 ans, elle a été sauvée grâce à un miracle attribué à l’intercession de Pauline Jaricot. Son père, Emmanuel, a publié un livre dans lequel il décrit cette odyssée miraculeuse. Il s’est confié au Verbe. Nous sommes le 29 mai 2012. C’est un
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La préservation du patrimoine religieux, un défi communautaire
«Sauvez mon âme!» Titre d’une chanson de l’auteur-compositeur-interprète Luc De Larochellière, cette injonction pourrait également être le cri du cœur lancé par des centaines d’églises désacralisées ou excédentaires. Aujourd’hui, plusieurs églises – de moins en moins fréquentées – sont devenues de véritables croix que les diocèses ne peuvent plus, ne veulent plus, porter sur leurs épaules. Ils les vendent au plus offrant. Devant l’hécatombe, Le Verbe s’est entretenu avec des experts en patrimoine bâti afin de savoir s’il est encore possible de sauver leur «âme». Le ciel est gris en ce 1er mars 2019. La neige recouvre encore les rues. Les quelques piétons
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Mission: passeuses de vie
Mourir, c’est pour chacun la première et la seule fois. Peut-on alors réussir sa mort comme on fait tout pour réussir sa vie? Pourtant, ce n’est pas nous qui la réussirons. C’est elle qui ne nous ratera pas. Quel témoignage peuvent alors nous apporter celles qui se vouent à accompagner cette vulnérabilité extrême en servant la personne au plus bas d’elle-même ? Cynthia et Nisrine tenteront de nous dépeindre cet entredeux si mystérieux: l’une étant thanadoula et doula; l’autre, infirmière en soins palliatifs. Les larmes annoncent souvent les premiers mots de vérité. «Oui, il y a un cri vers Dieu», assure Nisrine,
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«Toutes les 5 minutes, un chrétien est assassiné à cause de sa foi»
Selon les dernières statistiques, il y aurait 360 millions de chrétiens persécutés dans le monde. Devant cette réalité, des organisations non gouvernementales, appuyées par des Églises chrétiennes, se mobilisent afin de porter secours aux victimes de l’intolérance religieuse. Cette audacieuse mission évangélique, souvent méconnue, leur apporte aide et soutien. Alors que des fidèles catholiques étaient réunis pour l’office de la Pentecôte, au printemps dernier, à l’église St. Francis, située dans le sud-ouest du Nigéria, des individus lourdement armés et munis d’explosifs ont fait irruption dans le lieu de culte. L’attaque a fait au moins 40 morts et une soixantaine de blessés. Quelques semaines
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La ferme Berthe-Rousseau: prendre la fragilité à la racine
Dans le Centre-du-Québec se trouve un lieu où il fait bon mettre sa vie en jachère. À la ferme Berthe-Rousseau de Durham-Sud, on laisse derrière soi le chaos urbain et mental pour cultiver la terre, s’occuper des animaux et vivre ensemble, tout simplement. Pour un mois, deux… parfois six, on prendra le temps nécessaire pour se restaurer. C’est une parfaite journée d’été, à l’air de la campagne. Sur les lieux, l’atmosphère est paisible. Les quatre résidents actuels et les intervenants en profitent, ils jouent à la patate chaude. Ici, on apprend à savourer la grâce des temps libres. Louis-Félix Valiquette,
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Comment Le Verbe change des vies
Magazine, radio, vidéos et réseaux sociaux: tous les moyens sont bons pour relier la foi et la culture. Mais quelles répercussions ont toutes ces communications? Chaque année, Le Verbe médias présente un rapport annuel qui illustre en chiffres, en mots et en tableaux son rayonnement. Mais notre curiosité nous a conduits à vouloir en savoir plus. Nous sommes donc allés à la rencontre de nos abonnés pour découvrir notre impact concret dans leurs vies. Récits de lecteurs et d’auditeurs pour qui Le Verbe médias est un trait d’union entre le Christ et le monde d’aujourd’hui. Aider à guérir À la pharmacie En période
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Vivre sa foi dans l’Ouest canadien
Si on imagine bien quelques cowboys louant le Seigneur sur des airs country, venus à la messe à cheval avec leurs plus beaux chapeaux, la foi en Alberta ne peut se résumer à ces clichés (quoique vrais de temps en temps !). Qui sont les croyants d’Alberta? Au pays des cowboys et des montagnes, Dieu a aussi dressé sa tente. Zoom sur la réalité des croyants d’une partie de l’Ouest canadien. L’Alberta est une «terre d’immigration», lance de prime abord Ambroise, installé à Calgary depuis un peu plus d’un an. Le jeune homme originaire de France cherche naturellement, à son
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L’Église du Nicaragua persécutée par le régime sandiniste
En pleine crise économique, la pire depuis 30 ans, le Nicaragua est secoué par une tempête politicoreligieuse qui perdure depuis 2018. Les premières victimes de ce drame en plusieurs actes sont les évêques et les prêtres qui ont élevé la voix contre le président Daniel Ortega. Le Verbe a interviewé des témoins directs et indirects afin de comprendre les tenants et aboutissants de la fronde gouvernementale contre l’Église catholique du Nicaragua. « Au cours des dernières années, il y a eu 190 attaques contre l’Église. Il y a eu des expulsions de clercs et de religieuses, d’évêques, et même du nonce
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Faites l’amour, au nom de Dieu !
Le titre aura probablement attiré votre attention : faire l’amour, c’est bon, c’est beau, c’est fort et ça intrigue. Certains courants spirituels en ont même fait une religion. Dans le vaste jardin du Cantique des cantiques se côtoient mystérieusement autant le délice de la jouissance que les blessures les plus profondes. Si l’atteinte du « 7e ciel » a quelque chose de transcendant, elle offre pourtant un caractère bien incarné ! Comme m’a dit récemment un interlocuteur, « la communion des corps, ça commence bien avant le lit ! » Question (de) préliminaire(s) : est-ce qu’on devrait inviter Dieu dans le lit conjugal ? Si certains couples prient avant de faire l’amour
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Les boulangères du bon Dieu : confection d’hosties chez les carmélites de Dolbeau
De l’extérieur, le bâtiment n’a l’air de rien. Un plain-pied brun et blanc aux fenêtres étroites. Sur le toit, une cloche retentit. Entre les murs, onze sœurs avancent doucement, prennent place dans les stalles de la chapelle. Un doux silence s’installe. Le tictac de l’horloge est le seul mouvement perceptible. Derrière ce calme d’apparence statique, on devine une vie intérieure active, foisonnante. Les carmélites se préparent à recevoir la communion, premier ingrédient de leur fécondité spirituelle, fruit du travail de leurs propres mains. Même si les contemplatives chantent derrière les barreaux du cloitre, on perçoit une proximité sans entrave. Après
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Yvan de Manawan: «On ne peut pas imposer la guérison»
Lors de sa visite au Canada, le pape présentait ses excuses aux Autochtones pour la conduite déplorable des membres de l’Église impliqués dans les pensionnats. Il a pris le temps d’entendre les survivants et ainsi de s’engager avec les peuples autochtones sur le chemin de la guérison et de la réconciliation. En amont de cette visite, Le Verbe s’est rendu à Manawan, en territoire Atikamekw, pour prendre le pouls de la communauté. En 2020, la communauté de Manawan a perdu Joyce Echaquan, dans de tristes conditions. Elle était mère de sept enfants. Jaunie par le soleil, sa photo habite l’espace
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Les dernières vêpres du pape avec l’Église de Québec
C’est avec les fidèles de l’Église locale et nationale que le pape a célébré les vêpres à Québec, le 28 juillet, les exhortant à la joie de l’évangile dans le contexte québécois de sécularisation. Le Vieux-Québec a retrouvé sa tranquillité. Des passants sont croisés ici et là sur la route, sans doute indifférents à la dernière action liturgique que le pape s’apprêtait à poser avant son départ de Québec. D’autres souhaitent l’apercevoir une dernière fois, fervents, alors qu’il déambulait dans les rues en face de la cathédrale quelques minutes auparavant, faisant entorse au protocole de sécurité. À l’intérieur de la basilique-cathédrale
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Justice réparatrice entre les Autochtones, les Allochtones et l’Église
Dans les communautés autochtones, les sévices vécus dans les pensionnats ont marqué des générations qui, à leur tour, ont transmis ces séquelles aux suivantes. Si bien qu’aujourd’hui des communautés entières en sont affectées. Comment briser ce cycle? Les ateliers Retour à l’esprit veulent renverser le processus: réconcilier chacun avec son histoire pour transformer une communauté entière. François Paradis, prêtre franco-manitobain et oblat de Marie-Immaculée, se sent concerné par la réconciliation entre les Autochtones et l’Église depuis son ordination en 1972. «Dès mes premiers jours de ministère, j’ai observé les conséquences et les dégâts des écoles résidentielles: il y avait beaucoup de ressentiments et
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Le pape à Québec: rencontre de deux pèlerinages
Des mains d’applaudissements. Des cris. Des pleurs. Des accolades. C’est dans cette ambiance que des marcheurs autochtones ont terminé leur pèlerinage de 275 km, le 27 juillet, sur les plaines d’Abraham, quelques heures avant l’arrivée du pape. Ils étaient immanquables avec leurs gilets orange fluo, évoquant la couleur d’un chandail particulier : celui qu’une grand-mère a offert à sa petite fille disparue le jour de son départ pour le pensionnat. Depuis Mashteuiatsh, traversant une partie du parc des Laurentides (ou du Nitassinan), les marcheurs ont parcouru en moyenne 45 km par jour en se relayant, dormant dans des campements traditionnels. Solidaires des survivants des pensionnats et de
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Messe du pape à Sainte-Anne: de l’échec à l’espérance
Deux jours après la fête de sainte Anne et et saint Joachim, qui a été soulignée avec envergure au stade du Commonwealth à Edmonton, le pape François célébrait aujourd’hui la messe en la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré. Haut lieu de dévotion à sainte Anne pour les peuples autochtones, ils sont nombreux à s’y déplacer chaque année. Seule messe ayant lieu dans la province de Québec au cours de ce voyage apostolique, la célébration a naturellement réuni les principaux dignitaires des États québécois et canadien, un certain nombre de personnalités connues du grand public, de nombreux fidèles, mais aussi, et surtout, une vaste
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Le pape exhorte les Canadiens à honorer leurs ancêtres
« Nous sommes les enfants d’une descendance à préserver. » Le pape François a choisi de vivre cette journée sous le signe de sainte Anne, grand-mère de Jésus. Pas de coïncidence ici ! Le 26 juillet a été soigneusement choisi. En effet, pour les peuples des Premières Nations, les aînés sont la richesse et la grand-mère est la figure de la sagesse par excellence. Rappelons que le souverain pontife a d’ailleurs institué le 4e dimanche de juillet Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées. Une ambiance plus grand public pour ce troisième et dernier jour du pape en Alberta, avant de s’envoler vers le
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Pèlerinage au lac Sainte-Anne en amont de la visite papale
« Vous êtes ici chez vous » lance le père Les Kwiatkowski aux pèlerins venus pour la première fois au lac Sainte-Anne. Dans la petite église, à nos côtés, la communauté paroissiale compte une cinquantaine de personnes, pas plus. Difficile d’imaginer les dizaines de milliers de personnes qui afflueront aujourd’hui. Heureusement, le lieu a l’habitude des masses de pèlerins qui viennent chaque année autour de la fête de sainte Anne. Il est là pour ça : un grand bâtiment ouvert, tout fait de bois. Mais tout de même, il y a de l’effervescence dans l’air ! Les pavés sont comme des sous neufs. Tout est en
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Une journée de deuil pour le pape à Maskwacis
Recueilli et en prière au cimetière de l’ancien site du pensionnat à Maskwacis, le Saint-Père commence officiellement son périple au Canada. « Je suis ici parce que la première étape de ce pèlerinage pénitentiel au milieu de vous est celle de renouveler la demande de pardon et de vous dire, de tout mon cœur, que je suis profondément affligé. » Une journée intense en émotions pour le pape François et toutes les communautés autochtones qu’il a rencontrées. En très grande foule, à Maskwacis, dans l’ancien site du pensionnat autochtone Ermineskin. En plus petit comité à l’Église du Sacré-Cœur. Presque en famille, tellement la communauté paroissiale
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Visite papale: une arrivée au son des tambours
C’est devant un comité plutôt restreint que le pape François a posé son pied, ou plutôt sa chaise roulante, sur le sol canadien ce dimanche 24 juillet. Le Verbe était là. Au milieu du cliquetis incessant des caméras, des murmures de quelques journalistes en direct et des tambours, le Saint-Père a été accueilli. Après des minutes d’attente et de fébrilité dans l’air, on n’entend plus une mouche voler. C’était pourtant la fourmilière à peine quelques instants plus tôt. Un vrai théâtre aux séquences soigneusement organisées. Arrive soudain le pape François que des ronronnements d’avion ont annoncé. Il entre en fauteuil roulant. Rien de bien
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«Je ne sais pas ce qu’est une famille»: Des survivants des pensionnats témoignent
«Survivants». Le mot est fort. Il est difficile d’imaginer et si douloureux d’entendre les témoignages de ces personnes qui ont vécu des « traumas inimaginables » dans leurs nombreuses années en pensionnats autochtones. Des blessures encore vives qui ont eu des retombées catastrophiques de génération en génération. La terminologie « traumas intergénérationnels » n’est pas anodine. « Vous savez, nous avons vécu des souffrances physiques. Mais les souffrances spirituelles et mentales sont encore plus grandes. Nous voyons notre jeune génération aller dans la drogue et l’alcool à cause de l’effet du trauma ». Ce sont les mots de l’ainé et survivant Rod Alexis, de la Nation sioux
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Quand le pape demande pardon
Le 1er avril dernier, le pape François a présenté ses excuses aux différentes nations autochtones victimes des pensionnats, «pour le rôle que différents catholiques, notamment avec des responsabilités éducatives, ont joué dans tout ce qui vous a blessés, dans les abus et dans le manque de respect de votre identité, de votre culture et même de vos valeurs spirituelles». Cette demande de pardon a suscité et suscite encore bien des réactions. Comment doit-on l’interpréter? Le Verbe s’est penché sur cette question. Il y a des demandes de pardon qui marquent plus que d’autres. C’est le cas notamment de celles qui proviennent de la
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Visite papale: regards des églises locales
Il l’avait annoncé dès le début de son pontificat. Jorge Mario Bergoglio allait être un pape des périphéries, pour les périphéries. Ayant murement discerné les besoins actuels de l’Église universelle, il allait mettre au centre de ses priorités l’accueil des pauvres et des plus vulnérables. Ses différents voyages apostoliques n’ont pas fait exception à cette règle. En effet, le pape François n’a pas manqué de se rendre dans des zones de haute tension, telles que l’Irak et la République centrafricaine. Dans un tout autre ordre d’idée, le contexte canadien demeure marqué par le besoin de guérison d’une humanité blessée. Aux
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Vaincre le sida à coups de rires et de prières
En 1982, le Canada déclarait ses premiers cas de sida, un syndrome qui fera des dizaines de millions de victimes dans le monde. Se mobilisant pour venir en aide aux malades, souvent abandonnés par leur famille, des communautés religieuses, des prêtres et des laïcs ouvrent des maisons d’hébergement. Aujourd’hui, d’autres consacrés prennent la relève, alors que la science permet aux malades de vivre une vie presque normale. Un des tout premiers acteurs de cette période mouvementée que je rencontre est le père Julien-Claude Bédard. Il est membre de la congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur (ou Sacré-Cœur de Jésus, comme ils
