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Aucune révolution à l’horizon : que restera-t-il de la crise ?
Avec la réouverture des restos, gyms, cinémas et lieux de culte, on peut dire que le confinement est passé, même si des mesures de distanciation demeurent. L’heure est aux bilans et perspectives : que restera-t-il de cette crise ? Va-t-elle transformer de manière profonde et durable notre monde ? Pas de révolution Difficile aux premiers abords de ne pas être cynique. Le déconfinement nous a prouvé que la logique économique allait toujours avoir le dessus dans un monde matérialiste. Les révolutions sociales, écologiques ou spirituelles attendues n’auront manifestement pas lieu. Depuis le début du confinement, la seule préoccupation des gouvernants comme des citoyens
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Faire les séries
Imaginez une saison de sport qui dure en moyenne 82 matchs, mais qui peut se terminer après 13 ou 43 parties. Tous peuvent participer aux séries. Certains y travaillent avec cœur en espérant y prendre part, d’autres s’entrainent de manière exemplaire sans trop savoir s’il y a des séries. Étonnamment, beaucoup sont persuadés de l’impossibilité d’une après-saison. Qu’importe, quand les séries commencent, trois voies s’annoncent, et elles n’ont rien d’éliminatoire. Avec la populaire locution latine carpe diem […], il faut bien se rappeler aussi sa cousine memento mori. La première mène directement à la coupe, source de joie éternelle. La seconde nous
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Patrimoine négligé : un rapport vicié au passé
Pas un mois, pas une semaine ne se passe sans que l’actualité ne ramène à l’avant-scène une vieille église ou une maison ancestrale sur le point de s’effondrer ou d’être démolies par des barons de villages ou des promoteurs sans scrupules. On s’indigne, on pointe du doigt Jean et Jacques, mais l’hécatombe se poursuit, comme si de rien n’était. Le dernier rapport de la Vérificatrice générale (VG) ne fait donc que confirmer ce que nous savions déjà : notre État « national » néglige le patrimoine bâti. Vous souhaitez qu’un bâtiment soit classé et protégé ? Deux fois sur cinq, vous risquez d’attendre au moins
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Le défi de la fragilité
La pandémie du coronavirus dont nous subissons actuellement les effets nous aura mis en présence de notre universelle fragilité. Notre propre fragilité et celle des gens qui nous sont chers nous ramènent à l’essentiel, et nous rappellent qu’en dernière instance seuls l’amour et l’amitié peuvent donner son plein sens à l’existence humaine. Comment pourrait-on affirmer, à la suite de Pascal, que « l’homme passe infiniment l’homme » (Pensées, Lafuma 131 ; Brunschvicg 434) ? L’expérience de l’amitié authentique est ce qui nous révèle le mieux à nous-mêmes, car elle porte au jour le soi humain profond qui se découvre dans la relation éthique que chacune et
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Un féminisme pour les femmes ordinaires
La semaine dernière, on a vu déferler des offensives féministes. Selon plusieurs, la crise de la COVID-19 serait une crise « genrée » puisque le virus frapperait un sexe plus durement que l’autre. Les femmes sont victimes parce qu’elles sont majoritairement « au front », dit-on, occupant des postes traditionnellement féminins, donc moins bien payés. Relance « genrée » Noémi Mercier, dans L’actualité, rappelle que les femmes représentent 90 % des infirmières et 88 % des aides-soignantes et préposées aux bénéficiaires. Elles occupent des postes qui, avec la crise, en ont pris pour leur rhume : professeures, éducatrices, serveuses, vendeuses, coiffeuses, esthéticiennes. Évidemment, on accuse le gouvernement ; les salaires et
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Ma confession
S’il n’était pas dans les parages, je redeviendrais la perdue que j’étais. Absorbée par la vague catho du vedettariat (eh oui, ça existe !), j’oublie parfois que, sans lui, je serais seule sur l’ile de ma suffisance. Lecteur, auditeur ou téléspectateur habitué à m’entendre dire « Jésus » à tout bout d’champ, cette fois-ci je te le dis, ce n’est pas ça. Je désire te jaser de celui qui vient juste après. Ma meilleure moitié. L’épique époux. Bref, le mari. Ce n’est pas sans raison que Dieu s’est dépêché de me le trouver. Il m’a laissé languir un peu, mais pas trop. Juste
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De l’importance d’avoir des après-midis libres
On sait que la terre tourne autour d’elle-même à une vitesse de plus de 1000 km/h. Simultanément, elle voyage autour du soleil à un rythme de 108 000 km/h. On estime que le système solaire, lui, fonce à travers la galaxie à une vitesse qui varie entre 720 000 km/h et 900 000 km/h. Et notre amas de galaxies se balade dans le cosmos à quelque chose comme 2,1 millions de km/h. On a beau prendre une pause pour attacher nos lacets anagogiques, on n’est jamais tout à fait immobiles. Notre situation dans l’univers n’est rien d’autre que la pointe d’une flèche qui avale les kilomètres à un
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La fin des possibles
Il y a deux mois, je pensais que pour moi tout était possible. J’ai de l’argent, j’ai du temps.Je n’ai ni enfants ni engagements.Pas même un appartement. Tout est possible, me disais-je naïvement. Je peux aller où je veux, faire ce que je veux.Je peux dorer sur les plages des Seychelles, danser sur le pont d’Avignon.Je peux marcher sur le chemin de Compostelle, prier au mur des Lamentations. Il y a deux mois, je croyais que tout était possible. Mon seul défi était de me décider devant ce choix surabondant,de me fixer dans mes désirs changeants. Aujourd’hui, j’ai encore plus
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Petit éloge de Laurent Duvernay-Tardif, un héros actuel
Ces derniers temps, on a beaucoup souligné le travail de ces « anges gardiens » qui veillent sur nos parents, amis, voisins dans les CHSLD et dans les hôpitaux de plus en plus surchargés. Cette semaine, Laurent Duvernay-Tardif fait la une du Sports Illustrated. Le grand gaillard des Chiefs de Kansas City, premier joueur de la NFL à avoir obtenu son diplôme de médecine, acceptait de prêter mainforte aux préposés aux bénéficiaires et autres infirmières débordées. C’est absolument admirable. De Louis Cyr à Maurice Richard, nos héros masculins étaient souvent issus des basfonds, sans éducation. Bien qu’admirables, leurs succès reconduisaient souvent une conception un peu
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La dignité dans ma maison
Et l’autre reste là, Le meilleur ou le pire, Le doux ou le sévère. Cela n’importe pas, Celui des deux qui reste Se retrouve en enfer. Jacques Brel Plus les jours passent, moins les nouvelles sont bonnes, il me semble. Les CHSLD, qui font la une des journaux à la place des stars de cinéma, sont le théâtre d’horreurs indescriptibles. On réalise qu’il y a un sérieux problème dans la manière dont on s’occupe de nos vieux, à l’échelle nationale. Tout le monde trouve que c’est épouvantable, que ça n’aurait jamais dû se rendre jusque-là ; on essaie de mettre des Band-aids sur l’hémorragie
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Découverte du vaccin contre la coronanxiété
Le coronavirus se répand partout dans le monde et propage avec lui un virus spirituel : la coronanxiété. Zoom sur cette autre épidémie qui attaque nos âmes plus que nos corps. La courbe de coronanxiété Avec la peur de la mort qui envahit les esprits, c’est une véritable épidémie de peur qui se répand. Alors que depuis quelques années, nous entendons parler d’« écoanxiété », depuis quelques semaines nous assistons à une nouvelle forme de pathologie sociale que l’on pourrait nommer la « coronanxiété ». Trois facteurs aggravants peuvent expliquer que la courbe de coronanxiété augmente plus vite que celle du coronavirus : La surabondance médiatique à
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L’heure de notre mort
Le grand écrivain israélien David Grossman vient de publier dans Libération un article remarquable intitulé Questions pour temps d’épidémie dans lequel il constate que la pandémie sévissant actuellement dans le monde entier a rendu la mort « très tangible ». On est en droit d’espérer qu’il en restera quelque chose de salutaire et qu’on saura reconnaitre par la suite encore mieux la grandeur des soins palliatifs proprement dits en leur respect authentique de tout être humain à l’heure de sa mort. Le point d’orgue Cela dit, le dernier acte de notre humaine vie est la mort, instant final qui détermine tout ce qui a précédé, ainsi
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Ces choses de la psychose pandémique qui m’exaspèrent
S’il y a un genre littéraire négligé, c’est bien celui de la liste. Voici donc celle des choses qui m’exaspèrent dans notre réaction commune à la situation flottante et anxiogène qui nous tarabuste l’existence. François Legault qui répète chaque jour que cette crise représente le plus grand combat de notre vie Je ne sais pas ce qui me décourage le plus. Que plusieurs parmi nous pensent cela, ou que ça soit peut-être vrai. On se rappelle que la consigne principale est de rester à au moins deux mètres les uns des autres. À l’ère du numérique, de la commande en
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Semaine sainte en détresse
La Semaine sainte est l’occasion de revivre la Passion et la Résurrection de Jésus-Christ. Ce point culminant de la vie chrétienne l’est encore davantage dans le contexte actuel de pandémie. Comment unir intimement d’un côté la détresse et la misère humaines, et de l’autre la liturgie et la musique ? La Semaine sainte prend une coloration sombre, très réelle, en raison de la grave pandémie qui secoue le monde en profondeur. Par le confinement généralisé, ces quelques jours sont l’occasion où les moins affectés par la crise peuvent scander intérieurement la douloureuse marche qui va des manifestations de liesse du dimanche
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La vie intérieure retrouvée
En ces temps de pandémie, je plains ceux qui se définissent uniquement par l’action ou par leur « utilité » dans le monde, ceux qui n’ont pas de vie intérieure. Je ne suis pas de ceux qui confondent vie intérieure et vie spirituelle, même si l’une et l’autre peuvent se superposer chez les croyants. Par vie intérieure, j’entends cet univers intime, ce lieu bien à soi, nourri par les expériences que nous avons vécues, mais aussi par les temps libres de réflexions sur la vie, son sens, ses finalités. Une certaine anthropologie chrétienne opposait le corps et l’esprit. S’il fallait bien se
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Résister avec résilience à la pandémie
Je ne pense pas que ça va bien aller. Je n’ai pas l’enthousiasme de mon conseiller financier qui m’invite à acheter des actions au rabais parce que « c’est une pandémie, pas une crise économique ». J’envie la légèreté de ceux qui célèbrent, malgré tout, l’arrivée du printemps. Je n’ai pas l’optimisme béat, car je pense à tous ces gens qui vont mourir, seuls, face contre terre. À ces malades du cancer qui auraient été habituellement sauvés, mais qui ne pourront pas être opérés à temps. Je pense à mes amis qui viennent de perdre leur emploi et dont l’avenir, à court et
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Les qualités du chef et le prix de la liberté
Une pandémie est, peut-être avec une guerre, le moment où les qualités des chefs politiques apparaissent avec le plus d’éclat. C’est maintenant, plus que jamais, que l’on se réjouit d’être gouverné par un bon chef… ou que l’on regrette d’en avoir un mauvais. Mais qu’est-ce qu’un bon chef, en fait ? Est-ce un chef compétent et honnête ? Bien sûr, mais là n’est pas l’essentiel face à une crise comme celle de la COVID-19. Deux qualités, cruciales mais difficiles à combiner, sont plus importantes : l’humilité et le courage. Il s’agit de l’humilité d’écouter les experts avec déférence. Un chef politique, avec tout
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Force majeure
Dans ces moments dramatiques, on dirait que Dieu distribue des grâces spéciales. À l’hôpital cette semaine pour une transfusion à notre bébé, j’en ai profité pour prendre le pouls d’une situation sans précédent. (N’ayez crainte, j’ai bien frotté mes mains avec une dose règlementaire de solution hydroalcoolique.) Malgré toute cette histoire virale, je voyais l’infirmière commencer ses heures supplémentaires avec le sourire. Bien sûr, elle aura droit à sa prime. Toutefois, en la voyant soigner les patients, je vous garantis que ce n’est pas le fric qui la motive. D’abord, reconnaissance infinie à tous ceux qui vont perdre une heure
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Comment (ne pas) survivre à ses enfants
Paradoxalement, ce temps de désorganisation nationale « impose » à plusieurs parents d’avoir leurs enfants à la maison. Pour certains, cela n’implique que quelques marmots de plus à accueillir dans un quotidien de mère au foyer. Pour d’autres, il s’agit d’un réel bouleversement, en plus d’un générateur supplémentaire d’anxiété. Je vous propose donc ici quelques trucs pour vous aider à passer ce temps indéterminé avec toute votre marmaille à la maison ! Mettons d’abord quelques petites choses au clair : Le titre de cette chronique. Le mot survivre se définit par « vivre au-delà de… » : je ne souhaite à aucun parent de survivre à ses enfants. Au fond,
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Le dépassement de la surpopulation
COVID-19 : horreur de la majorité, mais bénédiction pour un petit nombre. Après tout, qui dit pandémie, dit morts, n’est-ce pas ? Et puis, il y aura bien quelques faillites au travers de la crise, avec quelques suicides à la clé. Non, je ne plaisante pas ; je n’aime pas vraiment l’humour noir. Aux dires de certains, la planète est surpeuplée. Cette surpopulation fait courir le monde à sa perte. Cette perspective inquiétante incite des couples à refuser la procréation : nous sommes trop nombreux et cela va mal finir, alors n’ajoutons pas un être de plus sur la terre. Et puis, il y a tant
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Les 7 avantages collatéraux de la quarantaine
Le gouvernement du Québec vient de déclarer l’urgence sanitaire. Si vous êtes malades, revenez de voyage ou avez 70 ans et plus vous devez rester à la maison bien barricadé derrière vos écrans et capitonné dans votre papier de toilette. La pandémie, on est d’accord, c’est pas cool. Ça vient avec son lot de petits et grands désagréments. Alors pour mieux avaler la pilule et vous changer les idées, j’ai pensé vous proposer mon top 7 des avantages collatéraux qu’apporte la crise de la quarantaine. (Pour les dommages collatéraux en boucle, syntonisez plutôt RDI et LCN.) P.-S. Ce texte a beaucoup trop d’hyperliens sur lesquels vous
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Chronique d’un déni éclairé
Des savants avertis par la pluie et le ventAnnonçaient un jour la fin du mondeLes journaux commentaient en termes émouvantsLes avis, les aveux des savantsBien des gens affolés demandaient aux agentsSi le monde était pris dans la rondeC’est alors que docteurs savants et professeursEntonnèrent tous en chœur« Le soleil a rendez-vous avec la lune… » - Charles Trenet Les professionnels de la santé nous parlent régulièrement du choix éclairé. Ce concept signifie la libre décision du patient, informé de toutes les possibilités et de leurs conséquences, sur les traitements qui lui seront administrés. C’est donc la chronique d’un déni éclairé que je
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Accoucher, c’est naitre de la souffrance
La première fois que j’ai accouché, j’ai vite compris qu’il y avait dans cet évènement quelque chose de plus grand que le « simple » fait de faire sortir un enfant de mes entrailles. Loin de moi l’idée de réduire l’importance du processus physiologique de l’accouchement, mais cet acte est avant tout existentiel. Sans avoir besoin d’y penser, on comprend vite que la vie est intimement liée à la souffrance, dès ses balbutiements. Chaque fois que j’ai accouché, après plusieurs heures de travail (sans péridurale), j’ai immanquablement frappé un mur. Découvrir le but Pourquoi endurer toute cette douleur ? Ou m’infliger cette souffrance
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Les femmes sont supérieures aux hommes
« Les femmes sont folles ! » C’est pas moi qui le dis, mais William Golding, Prix Nobel de littérature. Sans misogynie aucune, il précisait : « Je pense que les femmes sont folles si elles prétendent être les mêmes que les hommes. Elles sont tout à fait supérieures à eux et l’ont toujours été. » Les femmes sont supérieures aux hommes. J’aime cette idée, même si elle est un affront à la sacrosainte égalité moderne. Dernièrement, je suis tombé sur des scientifiques qui pensent la même chose. Selon une étude de l’Université de Duke, en Caroline du Nord, les femmes sont génétiquement plus résistantes que
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