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Grandeurs et misères des menstruations
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. Les règles. Une semaine de saignements, de crampes et de fatigue. Je parle pour moi. Pour d’autres, c’est une semaine de douleurs intenses. « Pires qu’une appendicite, et j’en ai déjà faite une », me disait une amie au secondaire. Une semaine de draps tachés, tellement les menstruations sont abondantes. Une semaine d’humeur changeante,
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La boule de crème glacée
« C’était ça, son drame ? Une boule au chocolat tombée d’un cornet de biscuit ? Les misères de la paix me dégoûtaient. » – Georges, Le quatrième mur Depuis mars 2020, une chose m’irrite sans que je sois capable de mettre le doigt dessus. Et puis, j’ai trouvé. C’est arrivé en lisant Le quatrième mur, de Sorj Chalandon. On y raconte l’histoire de Georges, un homme de théâtre français qui poursuit le rêve de jouer Antigone dans les ruines d’un Beyrouth en guerre. Offrir une minute de paix à un monde violent et déchiré. Nous sommes en 1982, le Liban est en pleine guerre civile. L’intervention de l’armée israélienne,
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La chicane (pas le groupe, la vraie)
Être né dans une grande famille comporte de nombreux avantages. Parmi ceux-ci, il y a celui, indéniable, de pouvoir raconter une histoire à propos d’un frère ou d’une sœur tout en maintenant un flou artistique sur son identité. C’est entre autres pour cela que mon épouse et moi avons décidé d’offrir le même privilège à nos enfants. L’autre jour, je discutais donc avec une de mes sœurs de sujets tous plus légers les uns que les autres : masculinité toxique, immigration, dérives bioéthiques. Puisqu’on ne se voit pas souvent, on ne perd pas trop de temps avec le placotage météorologique. Et comme c’est
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La vérité si je mens
L’une des caractéristiques des sociétés à tendance totalitaire est sans contredit le mensonge systémique. La troublante série à saveur historico-apocalyptique Tchernobyl produite l’an passé par HBO l’illustre parfaitement. Lors d’un long séjour à Cuba sous le régime castriste, j’ai été frappé non seulement par les mensonges quotidiens dans les médias, certes, mais aussi par ceux de chaque citoyen dans ses conversations les plus banales. D’un côté, les gouvernants trafiquent la vérité pour cacher leur incompétence, réprimer la résistance et justifier l’injustifiable ; de l’autre, les gouvernés racontent des histoires pour se dérober à la surveillance des voisins, s’assurer un salaire et conserver moult
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Picasso, corps étranger
L’image est simple et transparente, mais hypnotique. Sous le trait qui se veut innocent se cachent en réalité plusieurs couches de connaissance. Le tableau donne à voir un jeune homme à chapeau, un pinceau entre les doigts, qui retient sa main comme s’il avait été pris sur le fait, tout près de s’abandonner à la volupté de son art. Le sourire est malicieux, l’œil rieur et complice. C’est le visage de l’enfant-roi qui dit : « Oui, je le sais, ce “quelque chose” que je m’apprête à faire ne se fait pas, et cependant je le fais, pour ma propre joie comme
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Cette année, je commence à fumer !
Ça fait deux ans (2020/2021) que je prends des résolutions qui n’ont pas de bon sens. Alors cette année je me suis dit :« Arrête de vouloir être original.Fais donc comme tout le monde pour une fois. »Or, sur quoi porte la résolution la plus traditionnelle des Québécois ? La cigarette bien sûr ! Le seul problème, c’est que je ne fume pas.Mais c’est certainement pas ça qui va m’arrêter. Cette année, je prends la résolution de commencer à fumer. Je sais, c’est vraiment pas facile.Presque plus personne n’y arrive. Ça pue. Ça coute cher. Ça donne le cancer.En plus, on se fait toujours juger
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Passeport et lieux de culte: « Redoutons surtout le mal qui ronge le Corps du Christ. »
Le moine russe Silouane l’Athonite (1866-1938), après des années d’épreuves et de tentations, complètement découragé de sa condition et à court d’espérance, reçoit du Christ lui-même ces mots mystérieux : « Tiens ton âme en enfer et ne désespère pas. » Tout l’inverse de ce que gueulaient les badauds au Calvaire : « Sauve-toi toi-même, si tu es le Fils de Dieu, et descends de la croix ! » (Mt 27,40) C’est devenu un poncif de le dire : la crise révèle et exacerbe ce qui était déjà là en latence. Notre incapacité individuelle et collective à envisager la moindre souffrance a été révélée et décuplée depuis le premier
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Ami lecteur
Le Verbe m’a fait une offre que je ne pouvais refuser : une chronique diffusée à l’échelle internationale et traduite en plusieurs langues, en échange de millions de dollars. Si étranger que je sois aux basses considérations de ce monde, j’ai accepté, non sans imposer une réduction spectaculaire de cachet. Il a été entendu, en outre, que ma chronique serait diffusée au Québec. Je remercie la rédaction d’avoir révisé son offre à la baisse. Mon ironie ne t’aura pas échappé, ami lecteur. En écrivant dans ce magazine, où la culture parle à la foi et la foi à la culture, je m’invite
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Ne lisez pas cet article si vous êtes en fin de session !
Noël approche. C’est la folie dans les magasins. Mais pour une partie de la société, ce ne sont pas les cadeaux qui pressent. C’est la fin de session. Pour la population étudiante, décembre rime en effet avec examens, oraux, travaux et… café. J’en sais quelque chose. J’entame cette année ma dixième année à l’université… Et par conséquent, ça fait aussi dix ans que je donne à Noël des cartes à ma famille dans lesquelles il est écrit : « Voici le cadeau que tu auras éventuellement, quand j’aurai le temps d’aller dans les magasins… » Une vertu spéciale Je ne ferai pas pleurer
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En présence réelle
L’hiver approche. Rassurez-vous, ce n’est point pour vous servir une énième chronique nostalgique sur le phénomène Game of Thrones que je vous dis cela. Il s’agit d’un simple constat. L’hiver approche, et progressivement la vie sociale migre vers l’intérieur. Cette pensée m’est venue quand, par une belle fin d’avant-midi, mère indigne que je suis, j’ai décidé d’emmener mon fils de six mois dans un resto du quartier, un haut lieu de restauration rapide pas santé pantoute. En me délectant d’un « hotdog-frites », j’y ai croisé des retraités venus socialiser, des étudiants heureux de s’éloigner de l’école l’espace d’un midi. « Lorsque j’arrive à transcender
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Un pusher d’écrans à l’école
Plus tôt cet automne, le ministère de la Santé consultait des experts (psychiatres, pédiatres, neurologues, etc.) au sujet de la surutilisation des écrans chez les jeunes. Si le résultat de cette consultation révèle une véritable catastrophe générationnelle, cela n’a pas empêché Québec de poursuivre la distribution d’appareils électroniques dans les écoles. Le constat dressé par ces spécialistes de la santé physique et mentale était sans équivoque : « les écrans nuisent à la vue, au sommeil, au poids et aux habiletés langagières. Ils augmentent le risque de développer une dépendance, de l’anxiété et une mauvaise estime de soi. » Devant un tel état des lieux
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Question autochtone : laisser le péché chanter sa plainte
Principe de Joyce, matchs de hockey précédés d’une reconnaissance qu’on joue sur un territoire autochtone non cédé, revêtir un chandail orange lors de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, reconnaissance d’un racisme systémique à l’endroit des Autochtones, etc. Toutes ces mesures ne sont pas mauvaises en soi et témoignent que la question commence à travailler notre société. Le passé revient ainsi nous hanter, mais savons-nous le saisir adéquatement ? Il y a effectivement trois problèmes à cela. Trois tentations D’abord, la tentation est grande de tomber dans le manichéisme des bons et des méchants, des spoliés et des spoliateurs. Concernant
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Le nombril du monde
J’ai toujours été fier de mes origines. Selon la légende familiale, mon ancêtre, Étienne de Lessart, venait de Normandie et s’est installé en 1645 en Nouvelle-France sur les terres de la seigneurie de Beaupré. C’est d’ailleurs lui qui a donné le terrain de deux arpents sur lequel fut édifiée la petite chapelle qui deviendra le grand sanctuaire dédié à sainte Anne, où des miracles n’ont jamais cessé d’abonder. Comme moi, Étienne était francophone, catholique et colonisateur. (Il faut bien avouer que je suis un peu « colon » sur les bords !) Ces traits distinctifs m’aident à ne pas me sentir seulement comme
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Je suis incapable d’être une mère
Il y a un an, j’ai donné naissance pour la première fois. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne me doutais pas du tout de ce qui m’attendait. Je n’avais aucune idée des difficultés devant moi. J’étais juste contente d’acheter des livres pour enfants en italien… Un peu naïvement, je me disais : la majorité des gens font des bébés et s’en sortent. Pourquoi serait-ce différent pour moi ? Pleine d’orgueil, je pensais même : « En plus, moi, je suis quand même vertueuse. Je n’ai pas besoin d’alcool, de télévision, de divertissements et j’aime la sagesse. Je suis meilleure que la
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Tel père, telle fille
Pour lancer notre saison radiophonique d’On n’est pas du monde, l’un de mes collègues est venu nous parler du film québécois Le guide de la famille parfaite. La curiosité désormais piquée, je n’ai pas hésité longuement à le choisir lors d’une récente escapade netflixienne. Et je n’ai pas regretté une seconde (j’abonde entièrement dans le sens de la critique de mon autre collègue Florence). Comme parent, et j’oserais dire comme père, il m’a fait réfléchir sérieusement, d’autant que je venais de lire un livre de Meg Meeker sur la relation père-fille. Meg Meeker Meg Meeker est une médecin pédiatre spécialiste de l’adolescence. Plus de 30 ans d’expérience
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Le temps de l’éternité
L’été est déjà derrière nous depuis quelques semaines. Nous revoilà bien plongés dans le nécessaire mais potentiellement néfaste temps chronologique des obligations. Potentiellement néfaste si l’on oublie que le temps n’est pas seulement composé de secondes, de minutes, d’heures, de jours, de mois et d’années. Il est élastique, vertical, invisible, multidimensionnel. Il ne se réduit pas à la quantité ni à la linéarité. Les Grecs anciens avaient quatre notions du temps : Le chronos : celui de la succession et du découpage en minutes, heures, etc., celui de l’avant et de l’après (mais jamais du pendant). Le kaïros : du nom d’un dieu qui représentait
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Attendez un peu avant de vous détester
La crise sanitaire se prolonge. Les privations – consenties ou imposées – pèsent de plus en plus. La patience des uns et des autres tire à sa fin. Entre vaccinés et non-vaccinés, le ton se durcit. Sur la scène politique, la tension monte. Dans ce contexte, les meilleures relations sont mises à l’épreuve. Des proches qui avaient une relation chaleureuse en viennent à se détester. C’était déjà vrai quand on parlait des mesures de confinement et ça devient beaucoup plus vrai maintenant qu’on parle de passeport vaccinal et d’obligation vaccinale. Les enjeux ne sont ni légers ni abstraits. On parle
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Les déracinés de l’été
Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), en date du 2 juillet 2021, plus de 500 ménages du Québec se sont retrouvés à la rue faute d’avoir pu trouver un logement. Derrière ce nombre, il y a des personnes : Une femme qui a la même adresse depuis 30 ans et qui a reçu un avis d’éviction pour rénovation. Un gros promoteur immobilier vient de racheter l’immeuble, qu’il souhaite diviser en plus petits appartements. Une famille venue d’un pays en guerre qui, dans sa recherche de logement, se heurte à la fois à la discrimination et à la rareté des grands logements. Un
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Le remède Soljenitsyne
Quatre ans après avoir été expulsé de l’Union soviétique pour avoir publié L’archipel du Goulag, l’écrivain Alexandre Soljenitsyne prononçait à l’Université Harvard un discours intitulé Le déclin du courage. Les élites intellectuelles d’alors ont été choquées par cette prise de parole dans laquelle il se posait en dissident, aussi bien des idéologies de « la foire du Parti » à l’Est que de « la foire du Commerce » à l’Ouest. Déjà en 1978, ce 70e lauréat du prix Nobel de littérature observait que le confort de la société occidentale commençait à « ôter son masque pernicieux ». Il discernait les symptômes d’une culture en décrépitude dans l’abrutissement télévisuel, l’absence de grands
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Plaidoyer pour qu’on respire par le nez
Bien que les gamins aiment rarement faire le ménage, il peut arriver qu’un enfant de trois ans à qui on a demandé de ramasser les jouets du salon soit concentré sur sa tâche au point de piquer une crise quand un de ses frères ramasse à sa place une auto qui trainait. Il peut aussi arriver qu’une hystérie s’ensuive, que les uns tapent sur les autres et que tous se mettent à crier, même les parents. On excusera ceux-ci de sauter l’étape du bain et du brossage de dents et de les envoyer se coucher avec pas d’histoire. Mais je
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Ne manque que la finition
« Et puis, tu as passé de belles vacances ? Tu t’es bien reposé, j’espère ! » Bien sûr. Il ne manque que quelques moulures, des rideaux, une ou deux tablettes. J’ai presque terminé de construire la chambre des gars, au sous-sol. Presque. Mais croyez-moi (notez ici l’effort d’autopersuasion), je vous jure que ça achève vraiment. Tout en bricolant, je méditais ces mystérieuses paroles d’un vieux prêtre italien à la paroisse, quand j’étais plus jeune : « Le Christ veut nous rencontrer dans le sous-sol de notre être. » J’aurais préféré au salon, c’est plus joli. Revenons à la finition. Cette ultime étape de chaque projet de
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Pénurie de parents
On entend beaucoup parler, depuis quelque temps, du manque criant de places en garderie. Ou plutôt de la pénurie de personnel, qui occasionne la limite du nombre d’enfants acceptés dans les milieux de garde. On accuse le gouvernement de ne pas agir, de maintenir des conditions de travail trop peu intéressantes pour les éducatrices, d’embourber ceux qui voudraient ouvrir des CPE dans les méandres d’une bureaucratie digne des 12 travaux d’Astérix. Oui, oui, et oui. D’accord. C’est bien vrai tout ça : ça prend de meilleures conditions de travail pour s’occuper des enfants, de l’avenir de notre société, de ces minichouchoux futurs payeurs
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Le cégep : la croisée des chemins
À mon frère, qui entre au cégep cette année Ces jours-ci, c’est la rentrée pour les étudiants du cégep. J’ai encore ma carte d’étudiante dans mon portefeuille, carte qui date déjà de 11 ans. Sur la photo, je porte mes boucles d’oreilles en forme de feuille de pot et ma chemise beige, qui me donnait un look hippie. J’ai le sourire fendu jusqu’aux oreilles et le regard légèrement vitreux… Un nouveau commencement. C’est ce que signifiait pour moi le cégep. Dès la fin du secondaire, je me suis sentie libérée. Libérée de la pression sociale. Libérée du désir de popularité. Je
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Un embryon pour le ciel
« Ce que je veux dire aux mamans qui ont perdu des enfants, c’est cela : nous avons été mamans, nous avons reçu ce don. Le temps n’importe pas : un mois, deux mois, quelques heures… Ce qui compte, c’est le fait que nous avons reçu ce don. Un tel don ne s’oublie pas. » – Chiara Corbella Quand j’ai appris que j’étais enceinte, un peu après la Pentecôte, j’ai ressenti une grande joie, non sans toutefois une certaine angoisse. « Un autre ? Le premier n’a que huit mois et je suis déjà tellement fatiguée. Comment ferons-nous ? Deux pauvres étudiants en philo sans travail fixe
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