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Réussir ses disputes
On n’a pas toujours besoin d’un gros alibi. Cette fois-là, par exemple, on écoutait les nouvelles à la radio. « En prendre moins, mais en prendre soin », disait Legault. Il parlait des écureuils dans les parcs ou des itinérants, je ne sais plus trop. Toujours est-il que ça m’a donné l’idée d’une bonne plaisanterie : « Chérie, si on en faisait moins, mais, à la place, on en prenait soin? » Il faut dire qu’on attend le septième enfant. Il n’en fallait pas plus. Ne soyez pas dupes, toutefois, comprenez-moi bien.S’immisçait dans cette farce un message.Car sans doute mes allures de chrétienDe cette tâche
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Mon Québec déraciné
Je suis nostalgique de l’époque où le nationalisme était, au Québec, associé à la gauche politique. À cause de notre statut minoritaire, nous pouvions nous identifier à d’autres peuples en marche pour la libération. Aujourd’hui, le spectre politique a changé. Cette année, je n’ai pas osé souligner la Saint-Jean en suspendant un fleurdelisé à mon balcon, de peur que ce soit mal interprété. Je crains d’être associée aux idéologues qui cultivent un sentiment national fondé sur la peur de l’altérité. Les boucs émissaires On accuse le gouvernement actuel de faire dans la catho-laïcité. Ce concept traduit un mouvement vers l’équilibre
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Mon enfant préféré
Je suis le père de deux enfants. Ma fille est née en 2017 et mon fils en 2019. Je confesse une pensée qui a alourdi ma conscience : j’ai préféré ma fille à mon fils. Durant les deux premières années suivant la naissance de mon fils, ma fille m’était plus agréable et plus intéressante que lui. J’avais honte de la préférer ainsi et je me sentais coupable devant mon fils. Les années ont passé et, finalement, mes sentiments se sont clarifiés. Je ne préfère pas ma fille. Je préfère les enfants plus âgés. Je préfère les enfants qui parlent. Par
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Tous aux frontières!
Après plus d’une semaine à rouler les sacs de couchage et à remplir la glacière, à faire l’inventaire des souliers d’eau, des casquettes et des maillots, viendra le moment de crier: «On part!» Vœu pieux. On ne partira pas. Du moins, pas tout de suite. Il y a une crise. Sur la banquette arrière, madame la marquise ne veut surtout pas être assise à côté d’un spécimen aussi rustre et odorant que monsieur son grand frère, lequel lui retourne une vacherie avec un désamour réciproque. À ce moment précis, je regrette de ne pas avoir récupéré l’un des millions de
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Pro-choix : soyez plus convaincants!
Il faut se réjouir de voir les médias, et maintenant certains politiciens, prendre position en faveur de la liberté d’expression. En annulant le rallye de Harvest Ministries International au Centre des congrès, sous prétexte d’une affiliation entre cette église protestante et le mouvement pro-vie, le gouvernement Legault a certainement outrepassé les limites de son pouvoir. Je me désole cependant de noter dans l’espace public une autre forme de censure, plus insidieuse, parce qu’implicite. Partout, on dépeint les partisans pro-vie comme des « extrémistes de droite » ou des « ultrareligieux », de manière à discréditer d’avance leurs arguments. La société québécoise nourrit volontairement une
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Êtes-vous coupables d’aveuglement volontaire?
Est-ce que je peux être tenu responsable du mal que je commets sans le savoir? Pour répondre à cette question, menons un exercice de pensée. Imaginons qu’un homme veuille commettre une fraude en incendiant son commerce pour toucher une prime d’assurance. Durant la nuit, il se faufile dans l’immeuble et il aperçoit quelques signes d’activité inhabituelle. Il n’y porte pas attention et met le feu. Le lendemain, on découvre que l’un des employés se trouvait dans l’immeuble cette nuit-là, afin de terminer des tâches et qu’il a péri dans les flammes. Cet homme est-il seulement coupable d’avoir déclenché un incendie
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Les raisons de ne pas adorer
C’est l’hiver sur le volcan Osorno, au Chili. Nous descendons la montagne silencieusement, pieds dans la neige. Le ciel est d’un bleu intense; le mont, couronné d’un nuage. D’un groupe de marcheurs voisin, une voix forte s’élève: «Vous cherchez Dieu? Il n’y a pas de Dieu! La nature: voici mon Dieu!» Je relève les yeux vers la montagne. Le silence, la grandeur, la magnificence; oui, quelque chose de divin s’imprime sur la rétine. Je réalise alors que Moïse, Élie et même Jésus ont grimpé leurs monts pour adorer. Mais l’émerveillement passif devant la création ne suffit pas. Pour adorer, il
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La mort pas ordinaire d’Yves Bélair
Patrick Lagacé, chroniqueur-vedette à La Presse, entre autres occupations médiatiques, publiait dernièrement une série de trois textes portant sur la vie d’un homme peu ordinaire. Yves Bélair est né avec une paralysie cérébrale dans les années 1950 et a malgré tout mené une vie remplie d’accomplissements, d’autonomie et de don de soi. L’éducation qu’il avait reçue de sa mère, qui avait levé un doigt d’honneur bien droit à tous les pronostics des médecins, y est certainement pour beaucoup. Le journaliste tente donc, en trois chroniques (1, 2, 3), de rendre hommage à cet homme « qui s’est battu pour sa
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Une Église de lâches
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. En 2017, des chrétiens coptes traversent un désert en Égypte afin de se rendre à un monastère. Des islamistes armés les arrêtent et les interrogent: croient-ils en Jésus Christ? Oui! Renieront-ils leur foi pour se convertir à l’Islam? Non! Aucun ne flanche. On en tue sept, dont deux enfants. C’est par le récit de cet
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Ces vacances tant accablantes : à quoi je m’attends en fait ?
À l’évocation du mot «vacances», il y a comme une fête dans ma tête. La vie, dans tout ce qu’elle a de bon et de savoureux, semble s’offrir à moi dans une multitude de possibilités. Cela a quelque chose de grisant, de vivifiant. Mais dans les faits, quand vient le temps de planifier mes vacances, je me mets en mode évitement. Me mobiliser pour les organiser sérieusement devient une tâche d’une lourdeur… À la fin de mes journées bien chargées, m’assoir devant mon ordinateur pour explorer concrètement les avenues qui s’offrent à notre famille m’horripile. Monastère, pays lointain, grande ville,
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Nous vivons et mourons en appuyant sur des boutons
Quand j’étais adolescent, une publicité à la télévision faisait la promotion d’un dispositif permettant d’allumer ou d’éteindre les luminaires de la maison d’un simple claquement de mains. «Clap et ça s’allume, clap et ça s’éteint», chantait le pauvre acteur. Ébahis au premier abord par l’invention aux accents futuristes, nous tournions vite l’innovation au ridicule: est-ce si forçant d’actionner l’interrupteur qu’il fallait trouver une façon d’économiser ces kilojoules? Il semble que le ridicule ne tue pas. Il permet même parfois de faire des affaires en or. L’industrie de la domotique prit alors son envol en un claquement de doigts! Domotique. Nom
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La culture judéo-chrétienne : l’ultime riposte au régime totalitaire
Avec Poutine en Russie, Xi Jinping en Chine, et Kim Jong-un en Corée du Nord, force est de constater que la tentation du régime totalitaire n’est pas chose du passé. «Il apparait assez clairement, écrivait Simon Weil en 1934, que l’humanité contemporaine tend un peu partout à une forme totalitaire d’organisation sociale […], c’est-à-dire à un régime où le pouvoir d’État déciderait souverainement dans tous les domaines, même et surtout dans le domaine de la pensée.» À la différence des simples dictatures, les gouvernements à tendance totalitaire ne visent pas seulement à contrôler les actions, mais à changer les hommes
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Il est interdit d’interdire d’interdire
Les linguistes appellent polypote non pas un type ayant de nombreux amis, mais une figure de style dans laquelle un même mot est répété sous différentes formes grammaticales. Avant de le savoir, je n’en savais rien. (Ah!) Mais grâce à Internet, je n’ai pas eu à me déplacer dans ma bibliothèque municipale située au beau milieu d’un immense stationnement de centre commercial pour dégoter un dictionnaire des figures de style. J’ai simplement demandé à Internet et, comme à sa fidèle habitude, il m’a gentiment répondu. J’aime bien les bibliothèques, mais je les préfère généralement ailleurs que dans des lieux aussi
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La mère porteuse et le Club des mères
Cela fait quelques mois que mon mari et moi espérons un deuxième enfant. Bien que nous ayons attendu notre fille durant quelques années, nous avons confiance qu’elle finira un jour par devenir grande sœur. Lorsque, si Dieu le veut, j’apprendrai que je suis enceinte, je sais que je vivrai des sentiments ambivalents. Les privations, les nausées, la prise de poids, puis l’accouchement et l’allaitement… Ces expériences, vécues dans l’intimité du corps, sont pour moi une épreuve. Si je pouvais en âme et conscience sous-traiter le processus, j’en serais soulagée. Externaliser la souffrance Il me suffirait de quelques milliers de dollars
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Regretter d’être mère
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. C’est une nouvelle mode: des mères avouent publiquement regretter leur rôle. Par la voie de balados, réseaux sociaux, entrevues télévisées, articles et mêmes livres, elles revendiquent le droit de briser ce «tabou» qui entoure la maternité. L’écho des médias se fait élogieux. On acclame le courage de ces mères. Pour comprendre ce phénomène, j’ai scruté
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Le ciel, c’est les autres
L’hiver, c’est l’enfer. Ce n’est pas moi qui le dis, mais Dante dans sa Comédie. Pour lui, l’ultime cercle de l’enfer n’est pas une fournaise de feu, mais un désert de glace réservé aux traitres, ces briseurs de relation. Entièrement gelés et figés, ils ne peuvent même pas tourner la tête pour parler ou regarder autour d’eux. Ils sont tout à fait isolés, parce qu’ils ont refusé d’aimer. L’enfer est un enfer-mement sur soi, un châtiment que l’égoïste s’inflige à lui-même. Comme Aristote, je me suis toujours méfié des ermites: «Personne, en effet, ne choisirait de posséder tous les biens
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Ma semaine à l’hôpital psychiatrique
La maladie mentale est malheureusement encore un tabou dans notre société. Les centres de santé mentale, ce que l’on nommait autrefois les asiles, sont des endroits peu familiers pour le commun des mortels. Surtout, ce sont des endroits pour lesquels nous éprouvons un inquiétant mélange de préjugés et de peur. Récit de ma semaine à l’Institut universitaire en santé mentale de Québec. Je me suis retrouvé à l’Institut lorsqu’une personne de mon entourage y a été admise à la suite d’une tentative de suicide. Même si j’ai passé mon enfance dans le quartier adjacent, je n’y avais jamais mis les
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Le double discours des drag queens
Il m’embête d’ajouter un texte sur le trop commenté sujet des drag queens faisant la lecture aux enfants. Mais en matière d’éducation, surtout pour des parents chrétiens, il vaut mieux ne pas négliger ce genre de débats. L’histoire des drag queens dans les bibliothèques semble banale. Du moins, c’est ce que veulent faire croire ceux qui défendent cet exercice. Barbada, durant son passage à Tout le monde en parle, assure que cette activité est parfaitement inoffensive. Il ne s’agit, assure-t-elle, que d’un déguisement, comme à l’Halloween. En outre, les contes choisis ne contiendraient aucune intention politique. L’activité n’aurait rien à
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Une «culture de la vie»?
Comme la plupart des femmes, j’ai déjà pensé à ce que je ferais s’il m’arrivait d’être enceinte. À l’aube de la vingtaine, j’aurais vécu une grossesse non planifiée comme une tragédie et aurais possiblement choisi d’avorter. Aujourd’hui mère, je suis convaincue que l’enfant que j’ai porté constituait, dès sa conception, une vie humaine que je devais protéger. On dira que cette idée est fondée sur des croyances religieuses plutôt que sur la science. Cependant, l’histoire nous montre comment le statut de personne a pu être octroyé, ou refusé, en fonction de l’ethnie, du sexe, de l’état de santé… ou de
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Pour le retour du tramway à Québec
Le tramway a fait son entrée au Québec à la fin du 19e siècle. Après des années glorieuses dans les années 20 et 30, il a ensuite complètement disparu des rues de Québec et de Montréal dans les années 50. Si ce mode de transport a été abandonné, pourquoi souhaite-t-on le faire revenir à Québec aujourd’hui? Une réflexion sur les effets de nos déplacements ainsi qu’un petit détour historique devraient nous éclairer quelque peu sur les raisons qui nous poussent à réimplanter un tramway dans notre Capitale, à l’instar de dizaines de grandes villes européennes depuis les années 2000. Le
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Dieu est-il grossophobe?
Dieu est-il grossophobe? Aime-t-il les gros? C’est ce que je me suis demandé en lisant le livre de Mickaël Bergeron, La vie en gros, Regards sur la société et le poids. Définissons d’abord la grossophobie. Le terme calque des mots comme homophobie ou xénophobie et veut dénoncer une forme de discrimination, dans ce cas envers les gros. Cette lutte contre la grossophobie s’inscrit dans un mouvement plus large, nommé Body positive. Ce mouvement réclame notamment plus de diversité corporelle dans les médias et dans la société en général. Il s’agit de s’opposer à la culture de la minceur et des
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Ce que femme veut
*Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. Près de la moitié des femmes regrettent d’avoir eu moins d’enfants que ce qu’elles auraient désiré. Et l’autre moitié, celle qui a atteint le nombre souhaité, se sent plus accomplie. C’est ce que révèle une étude menée pour le compte de l’Institut Cardus (2023) par le montréalais Lyman Stone. Le démographe a colligé et analysé
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Cool et chrétien?
Cool et chrétien : une contradiction dans les termes? C’est, en tout cas, l’opinion de bien des gens aujourd’hui. Et c’était aussi la mienne, avant ma conversion à 18 ans. « Quoi de plus ringard qu’un chrétien? », que je pensais. C’est un fait : au Québec, beaucoup n’ont pas la foi, non en raison de quelque dogme fondamental ou de la morale de l’Église, mais tout simplement parce que le christianisme leur semble quétaine. Des bricolages enfantins, des chansons mielleuses à vomir, des sourires forcés… voilà ce que représente l’Église pour ces gens. Doit-on alors s’y résigner : être chrétien n’est pas cool? L’esprit
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L’humain dans l’univers
Il y a les enfants qui rêvent de devenir astronautes. Et d’autres, comme moi à l’époque, qui préfèrent explorer le ciel à partir de leur salon. Tout petit, je me posais déjà bien des questions existentielles, reprenant sans le savoir la question de Blaise Pascal: «Qu’est-ce qu’un homme, dans l’infini?» L’étonnement devant les mystères de l’univers est sans doute à l’origine de ma vocation philosophique… et de ma passion pour Star Wars. Quand j’ai vu, ces derniers mois, les premières images du télescope James Webb, je me suis étonné de nouveau. Quelle beauté! Comment l’expliquer? Sommes-nous seuls à pouvoir la contempler?
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