On passe à la vitesse grand V!

Comment trouvez-vous notre nouveau site web?

Je donne mon avis
Fermer
Magazine
Page précédente
  • scroll

    Chillax

    Quand Douve, mon adjointe, m’a pour la première fois intimé cet ordre, j’ai dû lutter pour ne pas lui opposer un visage tout chiffonné de perplexité. Que voulait-elle me dire? Bien entendu, le texte ici ne suffit pas, il faudrait restituer le contexte, le ton de sa voix à la fois impérative et enjouée, son sourire malicieux où perçait la conscience de me troubler par une dernière invention du langage familier (informal) américain, et surtout vous peindre ma propre attitude, le froncement de mes sourcils et cette carrure de ma mâchoire qui avaient provoqué la mystérieuse parole. Sur le moment,

  • Aide médicale à mourir: peut-on discuter d’une décision personnelle?

    Dernièrement, Patrick Lagacé a découvert, non sans une vive colère, la nouvelle campagne de Vivre dans la dignité qui propose un guide pour qui souhaiterait dissuader un proche de recourir à l’aide médicale à mourir. « Fichez la paix aux mourants et aimez-les », nous somme Lagacé. Aujourd’hui, exprimer à un proche son opinion défavorable, c’est manquer de compassion. Une conscience éclairée Qu’y a-t-il de mal exactement à exprimer à un proche ses réticences? Lagacé dénonce une intrusion dans la conscience d’autrui. L’aide médicale à mourir, écrit-il, dépendrait d’une « décision intensément personnelle ». « On la prend pour soi », ajoute-t-il, « Les proches? Ils doivent

  • Votre colère est un don

    Au tournant du siècle, ma conscience sociale d’ado est informée par les luttes et le son de Rage Against the Machine, groupe de rap métal aux revendications anticapitalistes et antiimpérialistes assumées. À cette époque lointaine, non seulement j’avais des cheveux, mais ils étaient longs comme les cordes de ma guitare électrique et insoumis comme mon vieil amplificateur dont la distorsion fonctionnait une fois sur deux. Aujourd’hui, le morceau Freedom irrigue ma rédaction. Entre deux riffs de guitare bien pesants de Tom Morello, un silence soudain permet au chanteur Zack de la Rocha de chuchoter, très près du micro: «Your anger

  • Qu’est-ce qui arrive à «la fin du show» ?

    Nous sommes le 25 avril, je lis les journaux et les médias sociaux. Partout, on parle du dernier album des Cowboys fringants et, surtout, de leur chanson phare La fin du show. Un meme apparait dans mon fil Facebook, qui met chacun au défi de regarder le vidéoclip sans pleurer. Intriguée — et parce que j’étais moi-même à l’adolescence une grande fan des Cowboys —, j’écoute attentivement la dernière chanson de Karl Tremblay. Toutefois, loin de m’attendrir, elle me glace le sang. L’évidence du néant ? En particulier, le dernier couplet me surprend par sa dureté : Adieu frères de larmes et de sangOu

  • Le Verbe : 100 % intelligence humaine

    Elle était déjà là depuis un moment. On la côtoyait sans l’apercevoir. On l’apercevait sans l’identifier. Et si on l’identifiait, c’était sans la comprendre. L’«intelligence artificielle» (IA) fait partie de nos vies depuis quelques années. Le changement s’est fait en douceur: des logiciels plus rapides, un trajet de retour à la maison qui évite mieux la circulation, des autocorrecteurs plus performants, des publicités toujours mieux ciblées sur nos réseaux dits sociaux. Pas de grand bond en avant ni de révolution; plutôt une évolution exponentielle. L’embrayage à la phase suivante ne s’est pas fait en douceur. Mise en service il y

  • aimer

    Jusqu’à aimer l’assassin?

    Juillet 1979, tout le Québec est sous le choc. Gilles Pimparé et Normand Guérin viennent d’assassiner deux adolescents sur le pont Jacques-Cartier: Chantale Dupont, 15 ans, et Maurice Marcil, 14 ans. Après avoir été agressés et étranglés, ils sont jetés vivants 50 mètres au-dessus du fleuve et meurent noyés. Le double meurtre est si brutal que des journalistes qualifient ce crime d’impardonnable. Mais les Québécois sont encore plus choqués quand, quelques jours plus tard, les parents de Chantale déclarent pardonner aux meurtriers de leur fille. Ils étaient en train de prier un Notre Père quand ils ont été touchés au cœur par la

  • scroll

    L’anti-FOMO

    En êtes-vous bien sûr? N’avez-vous pas mieux à faire? Parce que lire ce texte, c’est ne pas en lire d’autres, peut-être plus intéressants, et surtout ne pas écouter les dernières infos, visionner les dernières vidéos, bien plus exciting, sinon inspiring. Je sens d’ailleurs votre œil qui prend déjà la tangente, coupe à travers les lignes pour suivre la diagonale jusqu’au bas du texte à droite. Allons bon, vous n’avez pas entendu? Vous n’avez pas senti? Cela vient de vibrer sur la table. Ça peut être important: un attentat, un ballon d’or, mamie qui vous appelle… Ouf! Une notification vous a

  • On s’est mariés parce qu’on ne s’aimait pas

    Il est 5 h 30 du matin, ma fille de 18 mois hurle à pleins poumons. Elle a les yeux croutés et collés. Elle a attrapé la conjonctivite de son frère. Mon mari malade, qui dormait dans le salon, va la prendre. Mon fils de trois ans se lève bientôt, lui qui nous a réveillés toute la nuit. Pour faire pipi, pour qu’on replace ses couvertures, pour qu’on trouve Alexandre le mouton et parce qu’il avait le besoin urgent de me dire, au beau milieu de la nuit : « Parfois, les amis à la garderie ne partagent pas. » — Et toi,

  • héros

    Héros sans cape

    Parc du Massif du Sud, mercredi après-midi. Les élèves sont visiblement contents d’avoir terminé leur randonnée. Quelques-uns se sont dépassés et en sont fiers. Mais la plupart râlent et s’épanchent. Ils ont cru mourir, cette activité était une pure torture. Avec mes collègues, on prend ça avec un grain de sel. On sait qu’ils seront nombreux à s’inscrire encore la prochaine fois. Le gardien du chalet où nous nous réchauffons nous interpelle. La scène lui rappelle l’époque où il était lui-même intervenant dans une polyvalente. Il nous félicite de persévérer dans le monde de l’éducation: «C’est une vocation! Avant, vous

  • Faites ce que je dis…

    Si le Christ revenait aujourd’hui, trouverait-il la foi sur la terre? Probablement. Mais une question presque aussi grave me turlupine. Si Nietzsche revenait aujourd’hui, trouvait-il des chrétiens joyeux et charitables? J’arrive à l’urgence. Je m’en confesse, ce pépin de santé de mon fils de huit ans m’inquiète assez pour que je fasse quelques excès de vitesse en chemin. Ça ne valait pas la peine de se dépêcher. J’ai passé quatorze heures à bougonner intérieurement contre «le système». Autour de moi, les éléments du décor semblent avoir été placés comme dans un mauvais théâtre, pour montrer une caricature d’hôpital vétuste. Les

  • «tout inclus»

    La face cachée des «tout inclus»

    Je n’aime pas l’hiver. J’ai tout essayé pour m’y faire: choisir des vêtements chauds, apprivoiser le ski de fond, m’astreindre à des marches en nature. Je finis toujours par aller dehors par devoir plus que par plaisir. Dès janvier, je fantasme sur l’été à venir. Quand mars arrive, je n’en peux plus. Je planifie un voyage dans le Sud, dans un «tout inclus», en me faisant croire que je vais y aller. J’ai cédé deux fois, en 2012 et en 2018, et me suis envolée pour La Havane. Écueils des voyages à rabais Si nous sommes si nombreux à visiter les

  • aimer

    La beauté sauvera le monde

    En visitant cet été un musée (dont je tairai le nom), cela m’a frappé : mais où est passée la beauté ? Espèce en voie de disparitions dans les expositions d’art et les défilés de mode, elle ne semble survivre que dans les œuvres de la nature et les monuments de l’histoire. On l’oublie trop souvent, mais la beauté est subversive. Contre le dogme du relativisme, elle dévoile la splendeur de la vérité. Contre l’empire de l’économique, elle oppose la gratuité. Contre le culte de la vitesse, elle objecte la contemplation. Impossible de ne pas s’arrêter devant un coucher de soleil, un

  • Comme une odeur de musc

    Les morceaux de poulet masala bronzent docilement sur le grill alors que je grille une clope locale. (Rassurez-vous, pour la santé de la planète, je ne fume que des cigarettes roulées dans une usine de Québec. On ne pourra pas dire que je ne fournis pas ma part d’efforts.) Donc, ça flambe et ça fume tandis que j’alimente un vain sentiment de virilité… en attendant d’alimenter la smala avec mon masala. Mais comme l’ère est à la fluidité, je me plais aussi à casser le stéréotype de genre en accompagnant ce moment de début-de-fin-d’été d’un délicat gin tonique concombre en

  • héros

    Où sont nos plus belles années?

    Les débuts d’année scolaire, empreints de promesses, m’émeuvent. Il faut voir les petits nouveaux, aussi inquiets que fiers, arriver par la grande porte. La fin des vacances marque leur entrée dans l’adolescence. À partir de maintenant, ils ne seront plus traités comme des enfants. Pour les encourager, on en trouvera toujours quelques-uns pour leur dire qu’ils s’apprêtent à vivre «la plus belle période de leur vie». Cette réflexion, pleine de bonnes intentions, est traversée de sous-entendus qui méritent d’être discutés. Jugement de valeur La mémoire faisant bien les choses, les souvenirs que nous chérissons sont souvent tronqués, déformés. Nous nous

  • Réussir ses disputes

    On n’a pas toujours besoin d’un gros alibi. Cette fois-là, par exemple, on écoutait les nouvelles à la radio. « En prendre moins, mais en prendre soin », disait Legault. Il parlait des écureuils dans les parcs ou des itinérants, je ne sais plus trop. Toujours est-il que ça m’a donné l’idée d’une bonne plaisanterie : « Chérie, si on en faisait moins, mais, à la place, on en prenait soin? » Il faut dire qu’on attend le septième enfant. Il n’en fallait pas plus. Ne soyez pas dupes, toutefois, comprenez-moi bien.S’immisçait dans cette farce un message.Car sans doute mes allures de chrétienDe cette tâche

  • héros

    Mon Québec déraciné

    Je suis nostalgique de l’époque où le nationalisme était, au Québec, associé à la gauche politique. À cause de notre statut minoritaire, nous pouvions nous identifier à d’autres peuples en marche pour la libération. Aujourd’hui, le spectre politique a changé. Cette année, je n’ai pas osé souligner la Saint-Jean en suspendant un fleurdelisé à mon balcon, de peur que ce soit mal interprété. Je crains d’être associée aux idéologues qui cultivent un sentiment national fondé sur la peur de l’altérité. Les boucs émissaires On accuse le gouvernement actuel de faire dans la catho-laïcité. Ce concept traduit un mouvement vers l’équilibre

  • Mon enfant préféré

    Je suis le père de deux enfants. Ma fille est née en 2017 et mon fils en 2019. Je confesse une pensée qui a alourdi ma conscience : j’ai préféré ma fille à mon fils. Durant les deux premières années suivant la naissance de mon fils, ma fille m’était plus agréable et plus intéressante que lui. J’avais honte de la préférer ainsi et je me sentais coupable devant mon fils. Les années ont passé et, finalement, mes sentiments se sont clarifiés. Je ne préfère pas ma fille. Je préfère les enfants plus âgés. Je préfère les enfants qui parlent. Par

  • Tous aux frontières!

    Après plus d’une semaine à rouler les sacs de couchage et à remplir la glacière, à faire l’inventaire des souliers d’eau, des casquettes et des maillots, viendra le moment de crier: «On part!» Vœu pieux. On ne partira pas. Du moins, pas tout de suite. Il y a une crise. Sur la banquette arrière, madame la marquise ne veut surtout pas être assise à côté d’un spécimen aussi rustre et odorant que monsieur son grand frère, lequel lui retourne une vacherie avec un désamour réciproque. À ce moment précis, je regrette de ne pas avoir récupéré l’un des millions de

  • Pro-choix : soyez plus convaincants!

    Il faut se réjouir de voir les médias, et maintenant certains politiciens, prendre position en faveur de la liberté d’expression. En annulant le rallye de Harvest Ministries International au Centre des congrès, sous prétexte d’une affiliation entre cette église protestante et le mouvement pro-vie, le gouvernement Legault a certainement outrepassé les limites de son pouvoir. Je me désole cependant de noter dans l’espace public une autre forme de censure, plus insidieuse, parce qu’implicite. Partout, on dépeint les partisans pro-vie comme des « extrémistes de droite » ou des « ultrareligieux », de manière à discréditer d’avance leurs arguments. La société québécoise nourrit volontairement une

  • Êtes-vous coupables d’aveuglement volontaire?

    Est-ce que je peux être tenu responsable du mal que je commets sans le savoir? Pour répondre à cette question, menons un exercice de pensée. Imaginons qu’un homme veuille commettre une fraude en incendiant son commerce pour toucher une prime d’assurance. Durant la nuit, il se faufile dans l’immeuble et il aperçoit quelques signes d’activité inhabituelle. Il n’y porte pas attention et met le feu. Le lendemain, on découvre que l’un des employés se trouvait dans l’immeuble cette nuit-là, afin de terminer des tâches et qu’il a péri dans les flammes. Cet homme est-il seulement coupable d’avoir déclenché un incendie

  • Ariane Beauféray

    Les raisons de ne pas adorer

    C’est l’hiver sur le volcan Osorno, au Chili. Nous descendons la montagne silencieusement, pieds dans la neige. Le ciel est d’un bleu intense; le mont, couronné d’un nuage. D’un groupe de marcheurs voisin, une voix forte s’élève: «Vous cherchez Dieu? Il n’y a pas de Dieu! La nature: voici mon Dieu!» Je relève les yeux vers la montagne. Le silence, la grandeur, la magnificence; oui, quelque chose de divin s’imprime sur la rétine. Je réalise alors que Moïse, Élie et même Jésus ont grimpé leurs monts pour adorer. Mais l’émerveillement passif devant la création ne suffit pas. Pour adorer, il

  • La mort pas ordinaire d’Yves Bélair

    Patrick Lagacé, chroniqueur-vedette à La Presse, entre autres occupations médiatiques, publiait dernièrement une série de trois textes portant sur la vie d’un homme peu ordinaire. Yves Bélair est né avec une paralysie cérébrale dans les années 1950 et a malgré tout mené une vie remplie d’accomplissements, d’autonomie et de don de soi. L’éducation qu’il avait reçue de sa mère, qui avait levé un doigt d’honneur bien droit à tous les pronostics des médecins, y est certainement pour beaucoup. Le journaliste tente donc, en trois chroniques (1, 2, 3), de rendre hommage à cet homme « qui s’est battu pour sa

  • Une Église de lâches

    *Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, Le Verbe médias s’engage à bâtir des ponts au service de la communion. Apprenez-en plus sur notre ligne éditoriale, qui prône un dialogue ouvert et la diversité d’expression, tout en cherchant l’unité dans la vérité et la charité. En 2017, des chrétiens coptes traversent un désert en Égypte afin de se rendre à un monastère. Des islamistes armés les arrêtent et les interrogent: croient-ils en Jésus Christ? Oui! Renieront-ils leur foi pour se convertir à l’Islam? Non! Aucun ne flanche. On en tue sept, dont deux enfants. C’est par le récit de cet

  • vacances

    Ces vacances tant accablantes : à quoi je m’attends en fait ?

    À l’évocation du mot «vacances», il y a comme une fête dans ma tête. La vie, dans tout ce qu’elle a de bon et de savoureux, semble s’offrir à moi dans une multitude de possibilités. Cela a quelque chose de grisant, de vivifiant. Mais dans les faits, quand vient le temps de planifier mes vacances, je me mets en mode évitement. Me mobiliser pour les organiser sérieusement devient une tâche d’une lourdeur… À la fin de mes journées bien chargées, m’assoir devant mon ordinateur pour explorer concrètement les avenues qui s’offrent à notre famille m’horripile. Monastère, pays lointain, grande ville,

Page suivante

Aidez-nous avec un don

Le Verbe, un média 100 % gratuit

Je veux donner