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Le sexe est-il un jeu d’enfant ?
Vous avez peut-être vu passer un article louangeant le dernier livre de Patrick Doucet. Drapé d’ouverture d’esprit, le jupon d’un nouveau moralisme (que Guillebaud nommerait l’injonction à la jouissance) dépasse toutefois un peu. J’ai souligné quelques points spécialement surprenants. Le titre: La vie sexuelle des enfants ? Tout ce qu’on aimerait sans doute savoir, mais qu’on ne souhaite peut-être pas entendre. D’entrée de jeu, on laisse entendre que le lecteur est une sorte de Janus voyeur/pudibond. C’est flatteur. Mais un brin condescendant. Extravagances: « Quand des adultes consentants sont en cause, on apprend à accepter même des extravagances. On souhaiterait toutefois préserver les enfants
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Mon maudit voyage de noces
Nous avions prévu ce voyage bien avant qu’il fasse sa demande, parce qu’il nous semblait bon d’avoir un projet commun. Nous souhaitions découvrir le sud-ouest des États-Unis, plus particulièrement le Colorado et le Nouveau-Mexique. Il y a un an, nous n’avions pas de voiture. J’étais convaincue de mon incapacité à conduire. Un jour, il m’a surprise avec un minivan trouvé sur kijiji, payé cinq-cents dollars et convertible, avec un peu d’imagination, en campeur. Quelques semaines plus tard, nous nous sommes fiancés. Je me suis inscrite à des cours de conduite. Notre grand road trip se ferait voyage de noces. Ça
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À quoi diable servent les chrétiens ?
« À quoi diable servent les chrétiens s’ils ne peuvent pas vous venir en aide quand vous avez mal? » C’est la question qui tue. La question qui tue littéralement. C’est la question qui a tué Aaron Driver le 10 août dernier. Une souffrance abandonnée Le Toronto Star rapportait cette semaine une entrevue inédite obtenue l’an dernier avec le jeune Aaron Driver. Aaron Driver qui a été abattu par les policiers alors qu’il préparait un attentat terroriste. Aaron Driver qui venait d’une famille chrétienne, mais qui s’est converti à l’Islam radical. Radical au point de rendre souffrance pour souffrance, selon
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Le bus habitable
Je suis paumé comme jamais. Parait que ça prend maintenant trois piasses et demie pour embarquer dans un transport en commun de pauvre. Je n’en ai que deux. Nous sommes quelques heures avant que Trudeau ne me sorte de la pauvreté avec ses bonis dollars. Nous sommes hier. Dieu merci, j’ai un trésor au fond de mon portefeuille : une vieille carte à puce en carton. Tout fier, je la brandis comme une médaille devant le senseur. La lumière rouge s’allume. Plus fier pantoute. « Billets épuisés ». Quand une carte électronique est une métaphore de l’état de son détenteur… Je me retourne,
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Gens du pays, c’est votre tour…
…de vous laisser parler d’Amour ! Non pas d’un petit, mais du grand. Pas un amour de circonstance, ni non plus celui qui verse dans l’indifférence, mais celui qui nous amène au dépassement ; tout le monde aujourd’hui, ou presque, désavoue cette idée que nous sommes faits pour un petit pain. J’ai toutefois l’impression qu’on se contente de plus en plus des miettes qui tombent de la table. * Permets-moi, petite sœur Québec, de te parler honnêtement en cette journée de ta fête, parce que la vérité, me semble-t-il, est au fondement de l’amour. Permets-moi aussi de t’appeler petite sœur,
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Le soft-eugénisme (un peu) démasqué
Radio-Canada présentait il y a quelques temps un reportage de Tamara Alteresco qui a retenu mon attention. (1) Grosso modo, on y présentait des parents qui, malgré un dépistage prénatal positif au cours duquel on avait trouvé une trisomie 21 à leur enfant, ont poursuivi la grossesse. Soft-eugénisme L’eugénisme, étymologiquement, c’est la bonne naissance. C’est, pour le dire vite, l’ensemble des méthodes ou pratiques qui interviennent pour améliorer le patrimoine génétique de l’espèce humaine, en vue d’un idéal… d’un homme nouveau. Si 90 % d’entre eux optent pour l’avortement, ceux qui choisissent de poursuivre la grossesse dénoncent le manque de soutien et les
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Le pape manque de jugement?
« Le pape ouvre la porte à la contraception. » « Le pape change la doctrine sur la communion aux divorcés remariés. » « Le pape affirme qu’il n’y a plus de péché dans les unions libres et l’homosexualité. » Pas une semaine ne passe sans que les médias se méprennent sur le sens des paroles du Saint-Père. Erreur coupable ou non coupable ? La faute est-elle aux médias ou n’est-ce pas plutôt le pape qui manquerait de jugement et de clarté quand il s’exprime ? Herméneutique bienveillante La première chose à considérer c’est que lorsque le Pape répond oralement à des journalistes ou improvise une brève homélie,
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L’effet Matthieu
Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. – Mt 13, 12 Au départ, le Christ aurait utilisé la formule pour inciter ses disciples à ouvrir l’oreille. Plus on écoute la Parole de Dieu, plus on en tire bénéfice. En 1968, le sociologue Robert K. Merton faisait référence à l’évangile selon saint Matthieu pour illustrer les mécanismes selon lesquels les universités les plus prestigieuses ont tendance à accroitre leur domination. Depuis, ce qu’on appelle désormais l’« effet Matthieu » (le disciple était collecteur d’impôts, ça ne
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Le problème avec le féminisme du Québec
Je vous le dis tout de suite: je suis féministe. Dire qu’on l’est, c’est aussi pire que de dire qu’on l’est pas. C’est juste pas les mêmes qui te tirent des roches. Au Québec, s’entend. Car le problème avec le féminisme québécois, c’est qu’il est sclérosé. C’est une grande statue de sel qu’on appelle la Fédération des femmes du Québec/Conseil du statut de la femme. Qui sont les femmes qui se sentent des affinités avec la FFQ/CSF? On les compte avec les doigts. Celles qui y adhèrent? C’est souvent parce qu’elles ne connaissent pas les autres féminismes. Elles croient que
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Le féminisme et l’écueil utérin
Mon problème avec le féminisme? Écoutez… Comment vous dire? Bon. D’abord, je suis catho. Affirmer que je pars avec deux prises et quatre fausses balles relève de l’euphémisme. Qui plus est, la nature, cette coquine, m’a confié la responsabilité d’une chose entre mes jambes que ni Nathalie Petrowski, ni la ministre de la Condition féminine ne possèdent. C’est donc pour toutes ces raisons, et pour bien d’autres, que je tenterai de m’exprimer sur le sujet avec autant d’humilité que le sujet requière. Essayant, du coup, d’éviter de pécher en contrevenant au Petit catéchisme québécois de bienséance médiatique. Nous sommes en
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Voir le monde (à travers des yeux radiocanadiens)
Je me réjouis des changements effectués à Voir ces jours-ci. En fait, il était grand temps que quelque chose se passe chez ce navire-amiral de la diffusion culturelle au Québec. Ont-ils été inspirés par Le Verbe pour opérer ces changements? Dieu seul le sait! Quoi qu’il en soit, je suis franchement content qu’ils aient décidé de ralentir le tempo, d’épaissir la publication, de soigner le graphisme et d’approfondir un peu le contenu. Voilà pour les points-bananes. Si on n’avait pas nous-mêmes copié l’idée à quelques revues françaises, en 2014, on leur enverrait une mise en demeure pour plagiat. On va
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Je ressens, donc #JeSuis
Lors des divers évènements tragiques ayant eu lieu l’année dernière, un nouveau mode d’expression de la sympathie fut de signifier au monde entier que #NousSommes ceci ou cela: #JeSuisCharlie, #JeSuisParis, #JeSuisMalien, etc. En guise de solidarité envers les victimes, les réseaux sociaux s’enflammaient en quelques minutes seulement à la suite d’un attentat terroriste, d’une attaque, d’une catastrophe naturelle. Depuis lors, le célèbre cogito, ergo sum de Descartes semble remanié à la saveur de notre siècle épidermique: sentio, ergo sum; je sens, donc je suis. Les émotions sont aussi intenses qu’éphémères. Jusqu’au prochain massacre. Le bémol avec les dièses Je ne fustige pas
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Sexplora la conformiste
Vous avez écouté la grand-messe dominicale de Tout le monde en parle (remarquez que je ne publie pas l’hyperlien de l’émission…), faisant l’éloge des chirurgies de changement de sexe pour enfants et de la soft-porn financée par l’État? Moi non plus. J’étais trop occupé à plier du linge en regardant les premiers épisodes de Like-moi. En fait, pour être franc, je n’ai réussi qu’à plier deux serviettes pendant que mon épouse-ex-employée-du-mois-chez-Simons pliait trois paniers bien tassés de caches-couches et de chaussettes dépareillées. Like-moi, antidote à TLMEP? Mais revenons-en à Like-moi. Outre l’excellent thème musical rétro « Ça fait boom boom pow »
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Heureux d’un printemps
Mon pays, ce n’est pas un pays, c’est l’hiver. C’est vrai pour cette saison interminable, c’est surtout vrai pour l’univers médiatique québécois. Mais dernièrement, on a le bonheur de sentir les bonnes odeurs du printemps. Depuis plusieurs années, c’était vraiment l’hiver ici. Il n’était plus possible de regarder les chaines qui, auparavant, faisaient l’unanimité dans la populace, autant au niveau radiophonique que télévisuelle. Il y a huit ans, nous avons même décidé, sponsalement parlant, de débrancher la télé. Elle est là, certes, mais simplement pour le cinéma maison et internet. L’hiver de force Les journaux? Même chose. À part quelques
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La mort tout de suite, un bain plus tard
Moins long d’obtenir une injection létale qu’un bain? Il semble qu’au Québec, de nos jours, ce soit le cas. Le premier ministre Couillard avait annoncé en campagne électorale qu’il ferait des soins à domicile (SAD) une des priorités en santé de son gouvernement. Moins de deux ans plus tard, un reportage nous apprend (ou nous rappelle, pour madame Tremblay qui le savait déjà) que l’attente pour les services de maintien à domicile des CLSC peut durer jusqu’à 8 mois. « Le cout net d’une place en CHSLD public pour une personne âgée varie de 42 000 $ à 71 000 $ par année », rapporte-t-on dans l’article
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Un couple pas comme les autres
Encouragés par le récit d’Emmanuelle et Nicolas, qui ont bravement osé parler de leur « parentalité » postmoderne dans Marie Claire, Simon et Marie-Hélène ont décidé eux aussi de sortir de l’ombre. Histoire rocambolesque d’un couple de marginaux qui défie toutes les normes en vigueur. Un témoignage troublant. Simon et Marie-Hélène* ont la mi-vingtaine. Elle finit un bac en histoire et lui est ouvrier depuis deux ans dans une usine de pièces d’autos. Ils se sont rencontrés dans une soirée de prière, à la paroisse, en mars 2011, puis se sont mariés l’été dernier. Marie-Hélène se rappelle encore la réaction de ses
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Le thermostat, la COP21 et les échalotes
Dans notre vieille bicoque bicentenaire, l’hiver traverse les murs. Ma femme, goutte au nez et orteils bleus, me dit parfois : « est-ce qu’on se paie un ou deux degrés? ». Ça veut dire, grosso modo : le chauffage nous ruine déjà, mais pour ce soir, on se sent un peu foufous, on fait spécial, on crinque le thermostat à 22. En pater familias bienveillant, et soucieux d’éviter la pneumonie à nos héritiers, j’accepte volontiers. Alors, c’est la fête pendant quelques heures. Et le confort nous endort… jusqu’au réveil brutal de la réception du « bill d’Hydro ». *** Paris, Conférence sur le climat. Aujourd’hui, peut-être
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Le sexe, du bout des doigts
J’ai été chaviré par le documentaire de Sophie Lambert, diffusé à Télé-Québec cette semaine (deux volets déjà en ligne ici). Comment un portrait aussi triste peut-il susciter en moi autant d’espérance? Voici 5 pistes de réflexion autour de L’amour au temps du numérique. Si c’est loin d’être la première fois qu’on traite de la sexualité des jeunes dans un film québécois, L’amour au temps du numérique aborde la question comme jamais auparavant. Puis, rarement on a vu une réalisatrice réussir à s’approcher autant de ses sujets (parfois un peu trop), jusqu’à leur faire oublier la caméra. Juste pour ça, ça
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La frustration de l’impuissance
Lorsque je prends connaissance des horreurs commises par l’État islamique, je ressens un désir impérieux d’agir afin d’y mettre fin. Les égorgements filmés en série, l’esclavage sexuel normalisé par la théologie et la destruction d’un patrimoine historique millénaire font partie des crimes auxquels cette déviation de l’islam nous habitue. Les attentats du 13 novembre à Paris ont exacerbé ce désir d’action. L’immoralité de l’État islamique est telle que même Al-Qaïda le dénonce. Aussi légitime soit-il, je me demande s’il est sage de se laisser guider par un tel désir d’action. Au courant des derniers mois, j’ai plaidé avec ferveur pour
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Le silence
Deux semaines. Même pas quinze jours et déjà, on n’en parle pas de la même manière qu’au début. Et dans 15 jours, on n’en parlera peut-être plus du tout. Même si on ne peut pas dire que c’était une immense surprise (Brague, de Montbrial), les attentats de Paris ont violemment secoué l’Occident. Dans le tourbillon médiaticopolitique des jours suivants, nous avons assisté au triste spectacle de la haine et de la simplification. Certes, ces innombrables coups de gueule de nos prêcheurs modernes et autres faiseurs d’opinions nous ont privés du silence et de la distance nécessaires à la saine réflexion.
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Scoop : les cathos sont pas toujours fins
Une récente recherche scientifique révèle que les enfants de familles croyantes sont moins altruistes que ceux provenant de familles athées. Non seulement nous ne sommes pas surpris de ces conclusions, mais nous nous en réjouissons! Onde de choc. Consternation. Alors que tout le monde, depuis des lustres, pensait que nous étions parfaits, il semblerait que non. Alors que certains d’entre nous, les « bons catholiques », s’étaient même autocanonisés ante-mortem, c’était un leurre. Vous pensez encore que votre voisin (oui-oui, ce Ned Flanders qui va à la messe chaque dimanche) est un saint? Méfiez-vous. Une enquête scientifique, gentiment critiquée ici, récemment mise
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Comment diluer de l’essence
C’est bien connu, l’être en tant qu’être alimente les passions dans les cafés étudiants des facultés de philo autant que l’essence du Canada a fait carburer les conservateurs depuis 10 ans. Mais le brut canadien, une fois le baril dégonflé, a un peu de tar sands dans l’engrenage. Et en ce qui concerne l’essence du pays, c’est-à-dire ce qu’il est en tant que pays étant, j’ai dû être distrait : même avec 78 longues journées de campagne, je n’ai rien entendu sur le sujet. Entre calinours et psychorigides Plus de deux mois à se faire promettre « plus d’argent dans nos poches ». Mais
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Le Baptiste et l’Incarnation
Que le tout-Canada s’intéresse soudainement au baseball a quelque chose d’attendrissant. Tu me diras : « j’suis ça depuis longtemps, moi, le baseball ». Je te croirai. Même quand tu mens. Car confessons-le, ce n’est pas un péché, nous suivons le baseball-en-général comme nous suivons le baseball-en-particulier. La saison est une métaphore de la partie : Pas possible d’être assidu, ni de rester assis. Pour la partie, on se lève pour quérir une broue, puis on revient à sa place pour constater qu’on a manqué le seul coup sûr de la soirée. Pour la saison, on allume la tivi quand la seule équipe du
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Enfin, la jeunesse éternelle!
Bonnes nouvelles pour ceux qui aiment les mauvaises nouvelles. Deux labos états-uniens ont fait simultanément une percée majeure dans le domaine de la longévité. En greffant deux souris l’une sur l’autre, nous dit-on dans une complaisance scientiste ahurissante, typiquement radiocanadienne, les chercheurs ont réussi non seulement à ralentir le vieillissement, mais à inverser ses effets. La méthode est d’une simplicité désarmante : on prend une vieille souris, on lui fait passer une batterie de tests. On fusionne ensuite son système sanguin à celui d’un spécimen plus jeune. Après un mois seulement, elle passe de nouveau les tests et on constate que
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